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elisabeth ii

  • Lady Di, celle qui ne voulait pas être reine

    Un an après sa biographie sur Simone Veil, c’est sur une autre femme que s’est penchée Amandine Deslandes : Diana, que la postérité à surnommé Lady Di (Diana, éd. City). Celle qui fut princesse de Galles, mariée à Charles, héritier du trône britannique, a connu une célébrité aussi brève que flamboyante. Son décès tragique le 31 août 1997 à Paris, suite à un dramatique accident de la route, a été aussi surmédiatisé que sa vie d’altesse royale et de people.

    Une abondante littérature est revenue sur l’existence de Diana. La biographie d’Amandine Deslandes déroule avec limpidité l’histoire de cette jeune femme morte à l’âge de 36 ans et qui a bousculé, comme personne avant elle, les traditions pour le moins sclérosées de la couronne britannique.

    L’histoire débute pour elle comme un conte de fée : Diana Spencer est issue d’une double lignée aristocratique, avec des ascendances "impressionnantes" (avec notamment "un lien d’alliance avec Churchill", tout de même). Son histoire familiale est cependant déchirée par le divorce de ses parents. Ce scandale pour l’aristocratie britannique ne va pas pour autant empêcher son union avec le Prince désigné de la couronne : Charles de Windsor, le Prince de Galles.

    À l’âge de 17 ans, Diana rencontre le fils d’Elisabeth II lors d’une partie de chasse. Celui dont la réputation de coureur de jupons n’est plus à faire jette son dévolu sur cette fille simple, "fleur bleue" et timide qui lui a tapé dans l’œil : "Elle était belle, joyeuse, amusante et pleine de vie". Le hic c’est qu’une autre femme est déjà au cœur de l’existence du Prince Charles : Camilla Parker Bowles.

    Le couple Charles-Camilla aurait mérité à lui seul un chapitre entier, tant leur relation est à la fois passionnée, complexe et romanesque. La maîtresse de Charles est omniprésent dans la vie de Diana ("l’ombre au tableau"), y compris le jour de son mariage, un événement médiatisé comme jamais avant lui : le faste et la pompe royale côtoient la modernité d’une retransmission télé et d’un merchandising qui prend des proportions inédites.

    Le "mariage du siècle", en juillet 1981, est le réel point de départ d’une Dianamania : le public qui se reconnaît dans la nouvelle princesse ("[Les Anglaises] veulent toutes lui ressembler") et la presse populaire sont fascinées par cette jeune femme aux cheveux bonds et courts qui va vite devenir une égérie de la mode et une people incontournable. Une nouveauté pour l’époque, qui ne va pas être sans conséquence sur sa propre existence. "Diana est devenue le membre le plus populaire de la famille royale", ce qui n’est pas sans provoquer jalousies et désapprobations, y compris chez la reine, pourtant attachée à sa belle-fille.

    Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles

    L’auteure revient longuement sur les aspects de sa vie privée : les relations avec le Prince Charles qui font alterner froideur, dédain, incompréhension et franche haine, y compris lors des voyages officiels. La personnalité de Lady Di peut être vilipendée ("La princesse serait capricieuse, tatillonne et difficile à vivre"), le public voue une admiration sans borne à "la prisonnière de Galles".

    Les aventures et les amants de Lady Di ne sont pas oubliées (un de ses amants parle à ce sujet de "baise de protestation"). La famille princière, agrandie très vite de deux fils, William et Henry, se déchire, jusqu’à rendre public leurs affaires privées : c’est le Camillagate en 1992 puis l’interview choc de  Lady Di en 1995, qui a fait scandale 25 ans plus tard en raison des méthodes douteuses du journaliste Martin Bashir.

    Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles : luttes contre la pauvreté, sensibilisation au problème du Sida, mines anti-personnels. Finalement, c’est dans ce domaine que l’action de Diana a été la plus déterminante, quitte à faire de cette aristocrate anglaise une madone qui a bousculé les comportements (notamment lorsqu’elle "a touché un malade du Sida") et qui a fasciné autant qu’elle a permis de drainé des centaines de millions de dollars en faveur des plus pauvres et des plus faibles.

    Avec le divorce de Diana, négocié pied à pied avec la famille royale, l’existence de celle qui ne voulait et qui ne sera pas reine prend un nouveau virage, jusqu’à l’accident du Pont de l’Alma.

    Amandine Deslandes consacre un dernier chapitre sur les suites de son décès. Elle pointe du doigt la mainmise des Spencer sur sa mémoire ("Nul ne saura jamais où la princesse repose") autant que les influences de Diana sur la couronne britannique, à commencer par ces fils qui ont été les premiers marqués par leur mère, disparue trop tôt.

    Nul doute que cette biographie tombe à point nommé, alors que nous fêteront en août prochain les 25 ans de sa mort. 

    Amandine Deslandes, Diana, Princesse des larmes, éd. City, 2022, 335 p.
    https://www.amandinedeslandes.fr
    https://www.facebook.com/amandine.deslandes.marseille
    http://www.city-editions.com

    Voir aussi : "En suivant la route de Simone Veil"
    "Amandine Deslandes : « Je pense que l’on a fait de Simone Veil une icône féministe contre sa volonté »"
    "Le trône de mère"

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  • Le trône de mère

    Voilà enfin cette saison 4 de The Crown, la superproduction de Netflix consacrée au règne d’Elisabeth II, une saison qui semble avoir été peu gouttée par la famille royale. Alors que les trois première saisons avaient été accueillies avec un mélange de bienveillance et de silence poli, la suite des aventures de la Reine d’Angleterre, se déroulant cette fois au cœur des années 80, a vu les communicants de la couronne britanniques se réveiller.

    Il faut croire que Lady Di reste encore un sujet sensible du côté de la Perfide Albion. Être témoin des infidélités du Prince de Galles, héritier du trône, de ses hésitations entre la toute jeune Diana Spencer et son amour de toujours Camilla Shand (ex Parker Bowles) passe encore. Par contre, mettre en scène la pression familiale pour qu’il tienne la barre d’un mariage raté par avance et faire revivre une Lady Di sans doute trop jeune et trop décalée pour les Windsor, anorexique, paumée, se baladant en patins à roulettes, se perdant dans des relations extra-conjugales au vu et au su du Prince Charles, voilà qui a fini de défriser la couronne britannique. Mais il semble que ce soit l’existence d’une lettre de Lord Mountbatten pour le Prince Charles quelques heures avant son attentat par l’IRA qui ait quelque peu tourneboulé les proches d’Elisabeth II.

    Voilà qui a fini de défriser la couronne britannique

    Olivia Colman interprète avec justesse une reine parfois perdue dans une époque qu’elle ne reconnaît plus. Tradition et modernité se percutent tout au long des 10 épisodes de la série événement de Netflix, impeccablement mise en scène, avec des moyens d’une superproduction. Évidemment, il s’agit d’une fiction, mais comme beaucoup de biopic, serions-nous tentés d’ajouter. 

    Hormis les déboires éloquents de Lady Di (Emma Corrin) et énervants de la princesse Margaret (Helena Bonham Carter), la vraie curiosité est dans le traitement de l’autre personnage central de la série : Margaret Thatcher. Gillian Anderson, l’ex Scully d’X-Files, endosse le rôle de la Dame de Fer, figure-clé du libéralisme triomphant dans un parti conservateur et masculin.

    The Crown continue à portraitiser avec sérieux et une certaine rigueur les ors et les désordres du trône d’Elisabeth II. On a déjà hâte de voir comment seront traités les années Blair, les dernières années de Lady li et la tragédie du Pont de l’Alma.

    The Crown, série historique britannique de Peter Morgan, avec Olivia Colman, Tobias Menzies, Helena Bonham Carter, Gillian Anderson, Josh O'Connor, Emma Corrin, Marion Bailey, Erin Doherty, Stephen Boxer et Emerald Fennell, saison 4, 10 épisodes, Netflix
    https://www.netflix.com/fr/title/80025678

    Voir aussi : "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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