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première guerre mondiale

  • Cheval de guerre

    roman,livre,confrérie,cheval,première guerre mondiale,michael morpurgoLe narrateur de ce roman est Joey, un cheval. Acheté au début du XXème siècle, il devient le fidèle compagnon de son jeune maître Albert. Mais la première guerre mondiale se déclenche et Joey est vendu comme cheval de guerre à l’Armée britannique. Il rejoint bientôt le front français et vit les horreurs de ce conflit, du côté allié comme du côté allemand.

    Cheval de Guerre se dévore d’une traite. Ce grand roman pacifiste parvient à rendre absurde toute idée de guerre en se plaçant du point de vue d’un animal. Un livre qui devrait être étudié dans toutes les écoles !

    À noter que Cheval de Guerre a fait l’objet d’une adaptation cinématographique de Steven Spielberg, rien que ça !

    Michael Morpurgo, Cheval de Guerre, éd. Folio Junior, 1997, 179 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/06/07/21342373.html

    Voir aussi : "Manipulation"

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  • Guerres et paix

    Roman ? Récit ? Chronique familiale ? Qui que vous soyez, ouvrez ! De Tatiana Pécastaing (paru chez LC Editions) est un peu tout cela à la fois, au point de désarçonner le lecteur dès les premières pages, lorsque la découverte d’une mystérieuse lettre (avec l’énigmatique phrase "Qui que vous soyez, ouvrez !" inscrite sur l’enveloppe) nous fait passer du Kiev soviétique de 1968 à la Russie tsariste de 1912. Cette fameuse lettre aura son explication bien plus tard dans le roman.

    Tatiana Pécastaing suit deux familles, celles précisément de deux de ses grands-parents. Il y a, d’un côté, Gustave, né en Ukraine. Son père était un opposant au régime tsariste, au point de s’approcher d’une organisation terroriste révolutionnaire menée par Alexandre Oulianov, frère de Lénine, arrêté et exécuté après une tentative d’assassinat contre le tsar Alexandre II. Le père de Gustave, Mikaël, est arrêté puis relâché, obligé de se faire discret. Or, c’est le régime tsariste que soutient son fils Gustave, à telle enseigne que lorsque la Révolution de 1917 éclate, le jeune homme s’engage auprès de l’Armée Blanche antibolchévique. En 1924, Gustave s’exile en France, abandonnant en Ukraine sa famille, et en particulier ses sœurs.

    D’un autre côté, il y a Ludmilla, issue d’une famille de Stalingrad, au sud de la Russie, famille victime de la soviétisation du pays, puis de la seconde guerre mondiale. Lorsque le conflit éclate, Ludmilla et ses proches se sont installés à Rostov-sur-le-Don. L’occupation allemande conduit la jeune femme au travail forcé en Allemagne. Libérée à la fin de la guerre, l’ancienne prisonnière de guerre ne peut que craindre son retour en URSS. Or, elle a rencontré un Français au cours de sa captivité. Elle le rejoint donc à Paris. Entre-temps, Gustave s’est marié à une Française et a même des enfants. Les deux anciens exilés se croisent en 1945 dans un village du sud-ouest. Il reste cependant leurs familles respectives restées en Ukraine et en Russie. 

    L’histoire – la grande – à hauteur d’hommes et de femmes

    L’histoire – la grande – à hauteur d’hommes et de femmes : voilà quel est l’atout essentiel du récit romancé de Tatiana Pécastaing. En dévoilant l’histoire vraie de ses grands-parents, nés en Ukraine et en Russie, elle nous entraîne dans les tourbillons d’un XXe siècle dominé par deux guerres mondiales et par deux totalitarismes aussi impitoyables l’un que l’autre.

    De Kiev au village de Saint-Martin-de-Seignanx, en passant par Moscou, Stalingrad, Sprockhövel au nord-ouest de l’Allemagne ou Paris : la destinée familiale de deux exilés, l’un ukrainien et l’autre russe, mérite d’être lue et découverte.

    Là où le récit devient incroyable et bouleversant est lorsque Gustave et Ludmilla font le voyage retour en pleine Guerre Froide pour retrouver leurs proches – ou ceux qui restent car les guerres auront été impitoyables. Les retrouvailles de Gustave, après son installation en France et une vie paisible avec une grande et belle famille, sont contées avec un grand souffle romanesque, en particulier lorsque l’auteure raccroche les wagons avec cette mystérieuse lettre du premier chapitre.

    Publié cette année, soit un an tout juste après le décès de Ludmila, Qui que vous soyez, ouvrez ! a une portée particulière. Le lecteur ne peut qu’avoir en tête la guerre en Ukraine, déclenchée en février 2022 par une Russie lorgnant vers son passé d’empire tsariste puis soviétique. Comme le rappelle Tatiana Pécastaing en préambule, les relations entre les deux pays ont été liés depuis des siècles. Raconter la fondation d’une famille aux origines russo-ukrainiennes en France a tout son sens, et prend une valeur humaine dont il est impossible de rester indifférent.   

    Tatiana Pécastaing, Qui que vous soyez, ouvrez !, LC Editions, 2023, 402 p.
    https://editionslc.fr/produit/qui-que-vous-soyez-ouvrez

    Voir aussi : "Désir ou amour, tu le sauras un jour"

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  • Les champs d’honneur

    jean rouaud,goncourt,roman,confrérie,première guerre mondiale,grande guerre,poilusRécompensé par un Prix Goncourt lors de sa sortie en 1990, le premier livre de Jean Rouaud est encore aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs romans français de cette décennie.

    Fausse chronique familiale qui dépeint la vie d'une bourgade de la Loire-Atlantique, Les Champs d'Honneur s'attache à trois personnages décédés à quelques semaines d'intervalle : le père, puis une vieille tante et enfin un grand-père. L'auteur trace les portraits de ces personnages grâce à des souvenirs anodins, cocasses ou poignants. De fil en aiguilles, des indices et des allusions nous amènent de ces petites histoires quotidiennes à la Grande Histoire : celle de jeunes hommes tuées pendant la première guerre mondiale, des morts qui hantent longtemps après leurs proches.

    Les Champs d'Honneur est un authentique chef-d'œuvre : grâce à une écriture minutieuse et virtuose, Jean Rouaud fait resurgir le traumatisme de la Grande Guerre et redonne vie aux petites gens de sa région natale. Du très, très grand art. 

    Jean Rouaud, Les Champs d’Honneur, éd. de Minuit, 1990, 192 p.
    http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Les_Champs_d%E2%80%99honneur-1816-1-1-0-1.html
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/02/13/16896111.html

    Voir aussi : "Le fils de l’homme invisible"

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  • Un Churchill costaud et massif

    S’attaquer à un morceau comme ce Churchill d’Andrew Roberts (éd. Perrin) demande une sacrée ténacité : plus de 1 300 pages en comptant l’index et une biographie. Il faut cependant bien cela pour saisir la vie d’une des figures majeures du XXe siècle, celui qui a largement permis la victoire des Alliés pendant la seconde guerre mondiale tout autant qu’il a fait entrer l’Angleterre dans la modernité.

    Un homme exceptionnel, donc, dont on peut dire qu’il a un  pied dans le XIXe siècle post-victorien et l’autre dans le XXe siècle post-colonial. Il faut citer pour la traduction française Antoine Capet pour son remarquable travail, permettant au lecteur français de découvrir ou redécouvrir "le vieux lion".

    Connaît-on réellement Churchill ? Andrew Roberts a une étonnante réponse en toute fin de l’ouvrage, lorsqu’il parle de la jeune génération : "Dans un sondage de 2008 auprès de 3 000 adolescents britanniques, pas moins de 20 % d’entre eux pensaient que Winston Churchill était un personnage de fiction…" Hormis le fait que cela remet en question les programmes scolaires anglais où Churchill a été presque totalement éliminé, apprend-on, cela reste cependant un "hommage" singulier pour le premier ministre britannique, comme si sa destinée était trop invraisemblable pour avoir été réelle.

    La biographie d’Andrew Roberts est constituée de deux parties : "La préparation" et "L’épreuve". Les jeunes années de Churchill, ce fils de l’aristocratie anglaise ayant fait ses armes sous les drapeaux, semblent être, comme l’a dit lui même l’intéressé, une période de formation avant l’épreuve de la seconde guerre mondiale. Le lecteur a peine à imaginer le futur premier ministre rondouillard de l’Empire Britannique en soldat aguerri : "À 25 ans, il s’était battu sur davantage de continents qu’aucun soldat de l’histoire, hormis Napoléon", raconte un portrait de l’époque.

    Courageux jusqu’à la témérité, Churchill devient aussi un homme de lettres autant qu’un tribun, laissant une œuvre aussi impressionnante que l’homme lui-même, récompensée par ailleurs d’un Prix Nobel de Littérature.

    Impérialiste libéral, Churchill  se lance dans la politique à l’âge de 26 ans. C'est le début d’une carrière impressionnante, non sans soubresauts et traversées du désert qu’Andrew Roberts détaille avec patience. L’homme monte les échelons : sous-secrétaire d'État aux Colonies, ministre de l'Intérieur puis Premier Lord de l'Amirauté, une nomination qui le rendra le plus heureux comme jamais, comme en témoignera plus tard son amie Violet Asquith.

    C’est sous son mandat que commence la première guerre mondiale. Il est déjà aux avant-postes de la Grande Histoire. C’est aussi et surtout une période d’apprentissage, avec des victoires (la création du MI5 et du MI6) mais aussi des erreurs (l’opération des Dardanelles en 1915, qui le marquera toute sa vie), erreurs qui lui seront profitables des années plus tard. 

    Le lecteur qui croit au destin historique, pourra s’appuyer sur cette éloquente citation de l’intéressé au moment où il accède au poste de premier ministre en mai 1940 : "J’avais l’impression d’être guidé par la main du destin, comme si toute mon existence préalable n’avait été qu’une préparation en vue de cette heure et de cette épreuve…"

    "À 25 ans, il s’était battu sur davantage de continents qu’aucun soldat de l’histoire, hormis Napoléon"

    Cette épreuve, c’est bien évidemment la seconde guerre mondiale. L’armée d’Hitler conquiert l’Europe et l’Angleterre est à deux doigts de sombrer comme la France, piteux vaincu après quelques semaines d’une bataille peu glorieuse. Churchill va se servir de son expérience pour convaincre son peuple que la défaite n’est pas inéluctable, en dépit des bombardements nazies sur Londres. "Âgé de 65 ans, il était magnifiquement préparé (…) pour les épreuves qui l’attendaient".

    Ces cinq années éprouvantes, il les affronte avec un courage frôlant la témérité, lui qui n’hésite pas à parcourir le monde en avion ou en bateau en dépit des dangers. La Bataille d’Angleterre fait l’objet de longues pages, et l’auteur ne tait pas les combats politiques, rythmés par les discours légendaires du prime minister, tout au long de ces 5 années de guerre, développées sur environ 400 pages, avec minutie et grâce à une documentation impressionnante.  

    Andrew Roberts rappelle que les États-Unis sont aux abonnés absents au début du conflit et qu’il a fallu toute la pugnacité de Churchill pour convaincre Roosevelt d’entrer en guerre, chose faite après Pearl Harbour en décembre 1941. L’essayiste souligne l’importance capitale de la Bataille de Dunkerque en mai 1940 avec l’Opération Dynamo qui a eu une importance capitale dans la résistance anglaise en ce qu’elle a permis de préserver la marine britannique. Le Blitz et la Bataille d’Angleterre constituent deux chapitres pour ce tournant décisif. Ce que le lecteur découvrira sans doute c’est la saignée dans les forces aériennes anglaises lors de la Bataille d’Angleterre ("en tout, depuis le 10 mai, la RAF avait perdu 1 067 appareils et 1 127 aviateurs"). Cela rend la résistance menée par Churchill tout à fait remarquable ("Nous sommes résolus à poursuivre le combat encore et toujours"), d’autant que le premier ministre lui-même a plusieurs fois risqué sa vie au milieu des bombardements, en raison de sa proverbiale témérité, même si des observateurs ont trouvé qu’il s’était malgré tout "assagi". L’auteur nous apprend que pendant ces 1 900 jours de guerre, il a parcouru 180 000 kilomètres en bateau, en train et en avion.

    Avec un luxe de détails, le biographe suit Churchill du 10 Downing Street au Canada en passant par Washington ou Téhéran, le chef de guerre se révélant un diplomate parfois dupé par un Staline lors de tractations narrées avec précision et un grand sens de la théâtralité, comme on le découvre lors d’une série de rencontres à Moscou.

    Andrew Roberts parle du tournant qu’a été 1942, année décisive au cours de laquelle le monde a été sur une ligne de crête, entre victoire annoncée et défaite inéluctable. Du point de vue intérieur, Churchill est critiqué ("le plus grand marchand de défaites de l’histoire anglaise" est-il dit de lui). En dépit de cela, le peuple le suit, comme le montrent des sondages de l'époque. Le débarquement en Normandie, imaginé dès le début du conflit mondial, est finalement brièvement évoqué, en dépit de son importance stratégique considérable.

    "Victoire et défaite" : tel est le titre du chapitre consacré à la période de janvier à juillet 1945. S’il est vrai que le triomphe de Churchill est l’anéantissement de l’armée nazie, pour autant le premier ministre se voit débarqué après la perte des élections par les conservateurs à l’été 1945.    

    Les derniers chapitres de ce Churchill sont consacrés aux années d’opposition, à des discours importants consacrés à la Guerre Froide naissante, aux colonies britanniques et à l’Europe. Puis, advient le retour au pouvoir de Churchill de 1951 à 1955, dans une période que l’auteur juge plus crépusculaire.

    On ressort de la lecture du livre d'Andrew Roberts éclairés par un des plus grands hommes de l’histoire britannique et sans doute du XXe siècle. Sans doute la meilleure conclusion à apporter à ce Churchill reste le portrait "multiple" qu’en a fait un autre biographe : "Homme politique, sportif, artiste, orateur, historien, parlementaire, journaliste, essayiste, joueur de casino, soldat, correspondant de guerre, aventurier, patriote, internationaliste, rêveur, pragmatique, stratège, sioniste, impérialiste, monarchiste, démocrate, égocentrique, hédoniste, romantique".  

    Andrew Roberts, Churchill, trad. Antoine Capet, éd. Perrin, 2018, 1319 p.
    https://www.andrew-roberts.net
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/churchill/9782262081195
    https://winstonchurchill.org

    Voir aussi :  "400 000 hommes à la mer"
    "Lady Di, celle qui ne voulait pas être reine"

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  • De la dynamite pour les braves

    On va être clair au sujet de L'Enfer sous terre, ce long-métrage anglais sorti cette année : sa principale qualité est dans le récit d’un fait peu connu de la Grande Guerre.

    En 1916, les armées alliées et allemandes sont embourbées dans une guerre de position : tranchées, batailles au corps à corps et à la baïonnette, attaques au gaz, vie misérable des poilus dans la boue, percées meurtrières et inutiles. Le moral des soldats, qu’ils soient anglais, français ou germaniques, est au plus bas et toutes les stratégies sont bonnes pour se sortir d’un conflit meurtrier.

    Côté britannique, une solution est proposée par le colonel Hellfire (Tom Goodman-Hill) : faire sauter à la dynamite des forts allemands ennemis. Pour cela, il décide de faire appel à une équipe de mineurs spécialisés dans les explosions souterraines qui devront former des soldats. Contre toute attente, William Hackett (Sam Hazeldine) et ses acolytes, qui n'ont pas été mobilisés et travaillent toujours en Grande-Bretagne, se portent volontaires pour effectuer eux-mêmes cette tâche dangereuse et technique. Ils sont engagés comme volontaires et partent sur le front des Flandres.

    L'une de ces mines explosant dans les Flandres a été si forte qu’elle a été entendue… jusqu’à Londres

    Peu de personnes connaissent ce fait d’arme de la première guerre mondiale. On savait que les gaz asphyxiants, les chars d’assaut et les avions – des moyens nouveaux à l’époque – avaient été utilisés par des commandements au service d’un conflit particulièrement meurtrier. Ici, c’est la dynamite qui fait figure de moyen stratégique, avec en plus des difficultés techniques qui la rend infiniment dangereux : creuser plusieurs mètres sous terre, avancer sur des centaines de mètres au risque d’être surpris par l’ennemi et surprendre l’adversaire. 19 charges ont explosé en tout (le film n'en évoque que deux), causant environ 10 000 soldats allemands. Le spectateur apprend que l’une de ces mines explosant dans les Flandres a été si forte qu’elle a été entendue… jusqu’à Londres.

    Pour mener ce récit, J. P. Watts a fait le choix d’un film académique, non sans facilités et manichéisme parfois. La réalité de la vie dans les tranchées est par contre montrée sans fard (les cadavres, les rats, la boue ou les excréments), sans compter les absurdités du commandement militaire.

    De ce récit honorablement montré, on gardera en mémoire le destin de ces braves lancés dans un conflit qu’ils n’auraient jamais dû mener et qui n'a finalement pas fait basculer le récit, comme ils l'espéraient. 

    L'Enfer sous terre, drame historique anglais de J. P. Watts, avec Sam Hazeldine, Alexa Morden, 
    Tom Goodman-Hill, eElliot James Langridge t Andrew Scarboroug, 2021, 92 mn
    https://www.canalplus.com/cinema/l-enfer-sous-terre/h/15647011_50001

    Voir aussi : "En cage"

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  • Maurice Genevoix au Panthéon et à la BnF

    maurice genevoix,bnf,panthéon,première guerre mondiale,grande guerreMaurice Genevoix, le grand écrivain de la Grande Guerre fait son entrée aujourd’hui au Panthéon, cent ans jour pour jour après l’inhumation du soldat inconnu. Simultanément, le manuscrit autographe de Ceux de 14 rejoint les collections de la Bibliothèque nationale de France grâce à un don de sa famille. Il sera exceptionnellement exposé lors de la cérémonie d’hommage à Maurice Genevoix au Panthéon.

    "Il s’agit du premier manuscrit de Maurice Genevoix à entrer dans les collections de la Bibliothèque nationale de France. Maurice Genevoix avait voué son travail à la transmission d’une mémoire. Recevoir aujourd’hui le manuscrit de Ceux de 14 est un grand honneur pour la BnF, et c’est aussi une façon de poursuivre cette œuvre de transmission. C’est donner à la Bibliothèque toute la mesure de son rôle au XXIe siècle : conserver et faire vivre auprès du plus grand nombre les œuvres littéraires qui forment notre mémoire collective", se félicite Laurence Engel, présidente de la BnF.

    Mobilisé en 1914 alors qu’il est étudiant à l’École normale supérieure, Maurice Genevoix (1890-1980) est envoyé sur le front de Meuse. Grièvement blessé en avril 1915, Maurice Genevoix tire de son expérience de la guerre des tranchées la matière d’un des plus grands témoignages sur la Première Guerre mondiale. De 1916 à 1923, cinq volumes se succèdent : Sous Verdun (1916), Nuits de guerre (1917), Au seuil des guitounes (1918), La Boue (1921) et Les Éparges (1923), qu’il choisira de réunir, après quelques remaniements, sous le titre de Ceux de 14. le livre sort en 1949.

    Ce manuscrit de la version originale du texte donne à voir le travail de l’écrivain voué "à la mémoire des morts et au passé des survivants".

    Décédé en 1980, l’écrivain, prix Goncourt en 1925 pour Raboliot et secrétaire perpétuel de l’Académie française de 1958 à 1973, fut un acteur majeur de la vie littéraire du XXe siècle. Il a contribué à entretenir le souvenir des combattants de la Grande Guerre.

    Don du manuscrit de Ceux de 14 de Maurice Genevoix
    à la Bibliothèque nationale de France
    Maurice Genevoix, Ceux de 14, éd. Omnibus, 2009, 1090 p.

    https://www.bnf.fr

    Voir aussi : "La fleur au fusil"

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  • Maîtres et serviteurs à Downton Abbey

    Allez, je me lance : Downton Abbey est très certainement l’une des meilleures séries de ces dix dernières années. À mettre en tout cas sur le podium des créations télés les plus ambitieuses artistiquement, au point d’en avoir fait un film pour le cinéma, dont je vous parlerai bientôt.

    Cette véritable superproduction historique anglaise, créée par Julian Fellowes pour qui rien n’était trop beau, n’a pas lésiné sur les moyens : costumes, coiffures du début du XXe siècle, automobiles d’époques, accessoires dignes de figurer dans Affaires conclues, sans oublier les décors, toujours somptueux. En premier lieu, il y a le château néogothique de Downton Abbey – celui de Highclere Castle dans le Berkshire, nous précise le générique de fin – véritable personnage de la série.

    Le spectateur suit la vie d’une famille aristocrate anglaise, les Crawley. Il y a le comte de Grantham Robert Crawley (Hugh Bonneville), aussi droit et collet monté qu’intègre, marié à une roturière, l’Américaine Cora Crawley née Levinson, la toujours impeccable Elizabeth Mc Govern que l’on retrouve ici dans le rôle d’une mère faussement effacée mais à l’autorité jamais démentie. Il y a aussi les trois sœurs, au caractère bien trempé : l’insaisissable Mary (Michelle Dockery), promise à un mariage de circonstance mais que le tout premier épisode va bouleverser, la jeune, généreuse et passionnée Sybil (Jessica Brown Findlay) et la secrète Edith (Laura Carmichael), qui rêve d’enfin trouver chaussure à son pied. Et, the last but not the least, il y a aussi et surtout la comtesse douairière de Grantham, Violet Crawley (Maggie Smith), véritable tête pensante et figure tutélaire, dont la rigidité apparente laisse deviner au fur et à mesure des épisodes un caractère bien plus subtil qu’il n’y paraît.

    Plusieurs générations cohabitent donc bon an mal an dans l’immense domaine de Downton Abbey, sans compter les tantes et beaux-parents, les lointains cousins, les visiteurs impromptus (dont un diplomate turc qui, dès le troisième épisode, va mettre bien malgré lui un sacré grain de sable dans la stabilité familiale) et une ribambelle d’invités pour des soirées aussi chics qu’onéreuses.

    Ceux d’en haut et ceux d’en bas

    Mais Downton Abbey ne serait pas Downton Abbey sans une invention scénaristique géniale : mettre en parallèle à l’histoire des Crawley celle de leurs serviteurs. Une armée de domestiques, femmes de chambre, valets de pied, cuisinières ou majordomes chargés de faire vivre le domaine. C’est aux étages inférieurs que vivent ces hommes et ces femmes, traités sur un pied d’égalité par les créateurs de la série. Outre les histoires d’amour contrariées (celle de William et de Daisy), les deuils, les drames et les questionnements de chacun et chacune sur leur destin respectif comme sur leur place dans une société aristocrate fermée, les auteurs mettent aussi en avant ces singuliers liens hiérarchiques avec les figures autoritaires de Charles Carlson (Jim Carter) et de Mademoiselle Hugues (Phyllis Logan) et ces affrontements parfois impitoyables sur des fonctions âprement convoitées – celle de valet de chambre par exemple. Dans l’étage inférieur des serviteurs, où les maîtres ne pénètrent que rarement, se jouent les destins de personnages attachants : John Bates (Brendan Coyle) et la femme de chambre Anna (Joanne Froggatt), la naïve Daisy (Sophie McShera) et sa robuste responsable en cuisine, Mme Patmore (Lesley Nicol), l’intrigant Thomas Barrow (Rob James-Collier) et sa "complice" Mlle O’Brien (Siobhan Finneran), dans une ambiance où le protocole rigide chez ces serviteurs n’a rien à envier à celle de leurs aristocrates de maîtres.

    La série entretient un va-et-vient régulier entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, entre riches et pauvres. Malgré tout, des relations fortes faites de confiances voire d'affection  se tissent au-delà des barrière sociales, à l’exemple du procès de Bates au cours de la saison 2. Les dialogues sont soignés et écrits à la perfection pour suivre les aléas des Crawley et de leurs serviteurs dans une Grande-Bretagne secouée par les grands événements européens : le naufrage du Titanic, la première guerre mondiale, la grippe espagnole, l’indépendance irlandaise, les débuts de l’émancipation féminine et le basculement vers un nouveau monde après la Grande Guerre.

    Sans doute l’une des meilleures séries jamais tournées, vous dis-je.

    Downton Abbey, 6 saisons, série historique de Julian Fellowes, avec Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jim Carter et Penelope Wilton, 2010-2015, Grande-Bretagne, Amazon Prime
    https://www.itv.com/downtonabbey
    https://www.primevideo.com

    Voir aussi : "Kad Merad, Baron noir et très noir"

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  • La fleur au fusil

    En ce jour de centenaire de l’armistice du 11 novembre 2018, comment ne pas parler de Jacques Tardi, dont l’œuvre s’est nourrie de l’histoire de la première guerre mondiale ?

    Le créateur d’Adèle Blanc-Sec offre avec son double volume Putain de Guerre !, co-écrit avec Jean-Pierre Verney, l’une des plus saisissantes fresques de la Grande Guerre et de ses poilus, ces soldats anonymes qui ont servi de chair à canon dans un conflit ahurissant d’horreurs.

    Putain de Guerre c’est l’histoire à la première personne d’un de ces fantassins parisiens partis sur le front. Tardi suit les pérégrinations de ce jeune homme, de son départ Gare de l’Est, la fleur au fusil, jusqu’aux grands champs de Bataille du nord et de l’est de la France.

    Écrit à la première personne, Putain de Guerre frappe d’abord par son texte écrit à la première personne : impitoyable, cynique, cruel, le discours est tout autant anti-militariste et pacifiste.

    La collaboration de Jean-Pierre Verney a été essentiel pour écrire un ouvrage de bandes dessinées où le noir et le rouge sont omniprésents et qui est aussi et surtout bourré de détails historiques. Un vrai chef d’œuvre.

    Jacques Tardi, Putain de Guerre !, deux vol.
    postface de Jean-Pierre Verney, éd. Casterman, 2008, 70 et 69 p. 

    https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Auteurs/tardi

    Voir aussi "La seconde bataille de Verdun"

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