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  • Trahisons et cachotteries

    Parmi les onze nouvelles de Son Carnet Rouge, publié par Tatiana de Rosnay en 2014, neuf avaient fait l’objet d’un précédent recueil, Mariés, Pères de Famille (1995). Son Carnet rouge, titre bref et énigmatique – et qui est aussi celui d’une des histoires –, s’avère plus fidèle que Mariés, Pères de Famille. "Fidèle", comme le thème de ce recueil qui entend, contrairement à la précédente version, mettre les femmes au centre du jeu – et non plus les maris.

    L’adultère est décliné à travers neuf histoires tour à tour cruelles, cyniques, drôles ou tragiques. Les protagonistes de ces récits ? Le plus souvent des femmes, des mères de famille soit trompées (La Clé USB) ou suspectes d’être trompées (La jeune Fille au Pair), soit elles-même infidèles (Son Carnet rouge).

    Tatiana de Rosnay s’empare de ce sujet sulfureux, mais pas de la manière que l’on penserait : chez elle, pas d’idylles amoureuses, de cinq à sept ou de scènes torrides (si l’on excepte un passage cocasse dans « Toki-Baby ») mais des constats. Les personnages du Carnet Rouge sont au bord du vide plus que dans le brasier d’une relation sexuelle. Ce qui est en jeu est l’après, le bilan, les conséquences et, finalement, la responsabilité dans ces histoires de cachotteries et de trahisons.

    Dans la nouvelle qui porte le titre du livre, la découverte d’un journal intime met au jour la déliquescence d’un couple. Dans Le Bois, l’auteure suit un homme dans plusieurs de ses nombreuses aventures avec des prostituées, jusqu’à l’entrée en scène de l'épouse trompée. La Brune de la Rue du Ranelagh est cette mystérieuse femme qu’un mari visite régulièrement et dont son épouse apprend l’existence.

    La vie du couple subit de sérieux coups de canif

    La vie du couple subit, tout au fil de ses onze nouvelles, de sérieux coups de canif : il est d’abord question de mensonges, de dissimulations, de secrets, voire de mépris pour le pas dire de détestations et de haines ("Guy est irréprochable. Il est d’un ennui mortel. Que faire, à part le tromper, ce qui est le cas depuis belle lurette ?", Son Carnet rouge).

    Le retour de bâton est souvent terrible dans ces histoires de personnages cocufiés : ici, c’est la réaction d’une future "ex-femme" lors de la découverte d’un cheveu suspect (Le Cheveu) ; là, c’est la vengeance toute romanesque d’Hunter, une étudiante humiliée par un professeur pour le moins goujat (Le Mot de Passe). L’infidélité est terrible mais Tatiana de Rosnay a l’art d’en parler avec une sorte de détachement, voire avec un humour tout flegmatique, à l’exemple de la conversation entre Marie et Marguerite dans La Jeune Fille au Pair.

    On trouvera dans Hotel Room la marque de la romancière dans cette histoire de rendez-vous secret se transformant en drame insurmontable. Du beau suspense, comme Tatiana de Rosnay sait en faire dans ce recueil vif et acide.

    Tatiana de Rosnay, Son Carnet rouge, éd. Héloïse d’Ormesson, 2014, 190 p.
    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Juste un moment d’égarement"

     

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  • Cali transforme l’essai

    Il y avait plusieurs Cali lors de son concert à la salle des fêtes de Montargis, la suite de sa tournée placée sous le signe de Léo Ferré. Son dernier album, Cali Chante Léo Ferré était sorti en octobre dernier. Il restait à l’auteur d’Elle m'a dit de venir sur scène proposer ses adaptations d’un poète qui aurait eu 102 ans cette année.

    Mais d’abord, comment rendre hommage et réinterpréter ces classiques que sont Avec Le Temps, Les Anarchistes ou C’est Extra ? La réponse de Cali a été cet opus électrique, moderne et engagé, une vraie réussite comme nous le disions sur Bla Bla Blog.

    Le passionné de rugby à quinze transformait l’essai sur scène. Avec une énergie et une chaleur incroyable, ce n’est pas un seul Cali qui se livre mais une dizaine, et autant d’adaptations de Léo Ferré.

    Ceux qui s’attendaient à des interprétations arides, désincarnées et austères en ont été pour leurs frais. Après un démarrage sombre et bouleversant avec ces deux standards que sont C’est Extra et L’Enfance, Cali montre un Léo Ferré revitalisé, débarrassé des oripeaux du poète classique étudié à l’école. C’était un Ferré tour à tour pop, folk, rap et même punk. Une quinzaine de Ferré et de Cali différents.

    Le chanteur parvient ainsi à faire se lever le public grâce à une Jolie Môme très pogo. Véritable showman, l’artiste a offert un concert de plus de deux heures. Deux heures avec un Léo Ferré plus d’actualité que jamais.

    Prochaines dates, le 5 décembre à Perpignan
    et le 6 décembre à Saint-Orens (Haute-Garonne)

    Cali, Cali chante Léo Ferré, BMG, 2018
    https://www.calimusic.fr
    https://laviecali.wordpress.com

    Voir aussi : "Cali, métamec"

    © Photo : Jimmy Phan, photographe live Cali

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  • Fiona Monbet a plus d’une corde à son archet

    C’est en contrebandière que la violoniste Fiona Monbet entend faire sa place dans le domaine du jazz : par des voies détournées – la valse, le tango, le classique ou la musique celtique – et le moins que l’on puisse dire est que la musicienne a plus d’une corde à son arc pour y réussir.

    Prenez l’entrée de ce formidable album qu’est Contrebande : Valse, à l’introduction faussement surannée, prend rapidement l’auditeur à contre-pied. Fiona Monbet, accompagnée des autres solistes qu’il faut absolument citer – Pierre Cussac à l’accordéon, Antoine Boyer à la guitare et Damien Varaillon à la contrebasse –, insuffle, dans ce premier titre, ce qu’elle connaît sans doute le mieux : du jazz manouche irrésistible. C’est là qu’il fait préciser que la violoniste a fait ses gammes auprès de Didier Lockwood, une filiation évidente dans son deuxième album mais sans doute aussi très douloureuse quelques mois après le décès de ce dernier.

    La bande à Fiona Monbet s’empare de son deuxième opus comme on prendrait d’assaut des forteresses farouchement tenues. Celle du classique, à cet égard, est le plus éloquent. L’adaptation cool et langoureuse du Bess, You Is My Woman Now de George Gershwin marque une forme de renaissance de l’opéra Porgy and Bess. Le violon de Fiona Monbet se déploie avec virtuosité et passion, offrant à Gershwin, le plus jazzy des classiques, l’un des plus beaux hommages qui soit.

    Autre hommage : celui d’Astor Piazzolla. Cette fois, la violoniste s’attaque au tango. Vaste entreprise. Après Astoria 16, une timide entrée en matière dans l’univers de l’Argentin, Fiona Monbet s’attaque à Tango, un titre qui mériterait de figurer dans les meilleures anthologies. La première écoute ferait penser à une revisite du répertoire d’Astor Piazzolla. Seulement, là comme souvent, il faut s’intéresser aux crédits : Tango est en réalité une création originale, écrite par Antoine Boyer. Surtout, retenez autant son nom que celui de Fiona Monbet ! Violoniste diabolique, technicienne hors-pair et artiste écorchée vive, la jazzwoman, mais aussi compositrice de plusieurs extraits, colore de rouge et de noir un titre au rythme de tango d’abord timide puis s’imposant dans un dernier mouvement sensuel et fatal. Forcément fatal.

    Violoniste diabolique, technicienne hors-pair et artiste écorchée vive

    Contrebande sait alterner morceaux de bravoure et titres moins enlevés, voire très intimistes (Luiza, Mélissande ou le sobre et délicat L’Aveu). Fiona Monbet sillonne sans peur sur des mers peu communes au jazz manouche. Luiza, la reprise du standard d’Antonio Carlos Jobim, nous amène du côté du Brésil. Dans Irlandalou, "A" Song et Smoly Market, cette fois c’est vers la culture celte, matinée de country ("A" Song) qu’il faut se tourner, une culture que la musicienne franco-irlandaise connaît bien et qu’elle dépoussière avec un enthousiasme communicatif. C’est une vraie danse que cette "chanson A" lorsque Tango l’était finalement si peu ! Smoly Market, est dopé par des influences flirtant avec les traditions yiddish et balkaniques, le répertoire classique (des oreilles attentives reconnaîtront quelques mesures du 3e mouvement du 2e concerto pour piano de Rachmaninov), mais aussi le contemporain.

    À ce sujet, on félicitera Fiona Monbet et son équipée d’offrir l’expérience d’une grande modernité avec Mélissande, ballade à la fois gothique et lumineuse servie par un quatuor au diapason.

    Maintenant, un dernier conseil puisque nous approchons des fêtes : si vous souhaitez offrir à la personne que vous aimez un album cool, original et classe, vous avez sans doute trouvé ici l’idée de l’année. Mais je ne vous ai rien dit.

    Fiona Monbet, Contrebande, Crescendo / Caroline France, 2018
    En tournée à la Salle Des 4 Saisons, Le Touquet, le 27 décembre 
    Et au Sunside, Paris, les 28, 29 et 30 décembre 2018
    http://backstage-prod.com/fiona-monbet
    https://www.facebook.com/fiona.monbet

    Voir aussi : "Cinquante nuances de spleen"

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  • Anna Uchiyama, notre muse

    Muse, modèle, égérie, inspiratrice, confidente, Anna Uchiyama est une japonaise contemporaine qui propose un autre regard sur la féminité, loin des stéréotypes de la "femme objet."

    Anna Uchiyama offre à l'objectif une conversation au temps présent. Elle est une présence unique et intemporelle. Elle incarne la femme multiple et a inspiré l'ensemble des artistes nourrissant cette nouvelle exposition, visible jusqu’au 1er décembre à la Galerie Rachel Hardouin (Paris 10e).

    Femme enfant, femme nostalgique, femme fatale, femme introvertie, femme en pleine possession de son corps. Femme incarnée, dans tous les sens du terme, Anna stimule la vision créative. Une authentique muse.

    Cette exposition est une performance en soi : elle regroupe 25 artistes d'origine allemande, française, japonaise, norvégienne ou vietnamienne. Chacun y exprime son écriture, offrant à partager son univers.

    L'exposition Anna Uchiyama interroge sur notre héritage et nos liens à l'histoire de l'art érotique. Elle confronte la vision créative des artistes occidentaux et celle des artistes asiatiques.

    Le traitement noir et blanc entre en conversation avec l'art de l'estampe. Le désir explicite se mêle
    à la pudeur des sentiments.

    Cette exposition est soutenue par Bla Bla Blog.

    Anna Uchiyama
    Du 6 novembre au 1er décembre 2018
    Galerie Rachel Hardouin
    15, rue Martel, Bat.1 #4
    75010 Paris
    http://www.15martel.com

    Voir aussi : "Quand on arrive en ville"

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  • Indie King Cool

    Lorsque la rubrique de L’‎Œil du Frigo a commencé, un des premiers commentaires entendus a été : "Et le frigo dans Indiana Jones 4, alors ?"  Pertinente réflexion : notre chroniqueur de L’‎Œil du Frigo revient sur cette scène devenue culte.   

    Indiana Jones 4, ou plutôt Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, un film de Steven Spielberg, pas si vieux que ça - 2008 - qui nous compte les aventures d'un gentil héros aux cascades rocambolesques.

    Et là, on est servi : au moment d'une explosion nucléaire, notre héros se cherche un refuge. Nous autres, pauvres mortels, nous aurions déjà versé tous les fluides de notre corps à même le sol, et nous aurions péri comme ces pantins de cire que nous voyons fondre à l'image. Mais Indy (pour les intimes), lui, c'est l'espoir de l'humanité, celui qui a toujours une troisième voie, une dernière tentative, un dernier sursaut,une dernière alternative, une belle leçon de vie.

    Lorsqu'il se dirige vers le frigo, on pense tous qu'il a trouvé un passage secret, ou alors qu'il va se faire un dernier foie gras en attendant que le champignon soit grillé. Que nenni ! Indy ne regarde même pas ce qu'il y dans le frigo. D'ailleurs on peut se poser la question de savoir à quoi cela peut servir de remplir un frigo de victuailles en plastiques pour des mannequins en cire...

    Bref, ce qui compte surtout c'est le frigo et les petites indications de Spielberg : quel farceur ! Sur la porte, il est indiqué à la place de la marque : "King cool." J'ai cherché : aucune trace de réfrigérateur de la marque King Cool. Le message est clair : en cas d'explosion nucléaire, sois le "roi du frais" devant ton frigo. En deux mots : "Garde ton sang froid". Et, il y a mieux : une fois à l'intérieur, Spielberg fait un gros plan sur les indications techniques de l'engin :"Lead lined for superior insulation." Alors là, on est scotché : "Doublé de plomb pour une isolation supérieure," comme si les américains fabriquaient en série des frigos en plomb (super léger) en vue d'un explosion nucléaire.

    Alors, amis lecteurs dingues de frigos, je vous le dis : ne cherchez plus à fabriquer un abri antinucléaire dans votre jardin ou votre cave ; achetez un frigo "King cool" , un par habitant dans la maison et enfermez vous dedans jusqu'à l'explosion fatidique. Évidemment, si vous êtes éjecté dans le désert, faites en sorte de ne pas retomber : porte face au sol, vous auriez beaucoup de mal pour sortir, et si vous croisez un rongeur qui va se cacher dans son terrier, dites-vous que vous êtes sur la bonne voie de l'optimisme. Croyez en vos rêves, vos délires et ne vous fiez pas à la nourriture en plastique. Spielberg vous le dit : tout est possible, dépassez-vous. Il suffit d'avoir le bon frigo à portée de main.

    ODF

    Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, film d'aventure de Steven Spielberg, avec Harrison Ford, Shia LaBeouf, Karen Allen, Cate Blanchett et John Hurt
    USA, 2008, 123 mn

    Voir aussi :
    "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    http://www.loeildufrigo.fr/2016/12/indiana-jones-4.html 

     

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