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  • Trois Jours Debout sur le zinc

    Debout sur le Zinc c’est de l’énergie pure, de la générosité et de la mélancolie envoyées par un groupe de potes depuis vingt ans. En février 2017, ils ont pris d’assaut pour trois jours, acoustique, électrique ou éclectique, le Café de la Danse, avec en guets-stars Fredo Burguière (Les Ogres), les Fatals Picards, Romain Humeau (Eiffel), Mamani Keïta, Grégory Jolivet, Quatuor (Patrice Mourgue, Arnaud Pierre, Aurélien Guyot, Florimond Dal Zotto), Sages comme des sauvages, Tosha Vukmirovic et Erzoj Kasimov (Slonovski Bal).

    Trois Jours Debout proposait un spectacle coloré et éclectique maintenant disponible en CD et édition limitée. Nous avons écouté l’enregistrement de la soirée acoustique qui donne un aperçu de ces concerts pendant lesquels musiciens et public sont dans une rare communion. Petits moments tragiques, existences pathétiques et grands événements poignants se succèdent pendant l’un de ces trois jours.

    Debout sur le Zinc puisent dans les influences world music (L’arbre), jazzy, yiddish (Des Larmes sur ma Manche), tzigane et pop (Le Train) pour égratigner avec une joie communicative nos petites lâchetés (Le Cran) comme ces illusoires histoires d’amour qui laissent un goût amer ("Je t’aime / Tu m’aimes / On est fait pour vivre ensemble / On se quitte / Je ne t’aime plus/ Mais je reste un peu comme ça / on est quitte / Est-ce qu’on doit vraiment s’imposer ça ?").

    Engagés et – hélas – précurseurs, Debout sur le Zinc reprennent Lampedusa qui, quelques années avant l’exode massif des populations méditerranéennes, traite des réfugiés et des "promesses du bonheur" de ces exilés maritimes ("Tes rêves sont enterrés dans une fosse commune").

    Dans ses invitations au voyage (Le Train), Debout sur le Zinc se fait militant pour la générosité, l’amour (Tu Vois Loin), la rencontre avec l’autre, la marche vers l’avant (Avance sans Moi) ou la révolte (Tout n’est pas Mort). La troupe fait tomber les frontières entre musiques traditionnelles, world music, rock et chanson française dans un album à la fois colorée et inventif.

    Debout sur le Zinc ose de belles et mélancoliques respirations, telle la berceuse au souffle orientale Brindiy à mon zenfan. Mais la danse, le rire et l’énergie à revendre ne sont jamais très loin pour aider à faire disparaître une boule à la gorge.

    Debout sur le Zinc vient également de sortir son intégrale de 11 CD (dont deux lives et un inédit), accompagnés d’un livre d’or, une manière de rendre hommage et de combler ses fans mais aussi, pour tous les autres, de faire découvrir ce groupe hors-norme.

    Debout sur le Zinc, 3 Jours Debout, live au Café de la Danse, DSLZ
    Debout sur le Zinc, Coffret 20 ans : 1997-2017

    http://www.dslz.org

    © Jessica Calvo

  • Chorus à La Défense et à La Seine Musicale

    Le Festival Chorus revient du 20 au 26 novembre à La Défense et à La Seine Musicale. Il s’agit de l’événement musical parisien de cet automne. Les organisateurs insistent sur la dimension populaire de ce festival comme à la promotion de talents émergents.

    Organisée par le Département des Hauts-de-Seine, la 29e édition du Festival Chorus se déroulera du 20 au 24 novembre à La Défense et du 24 au 26 novembre à La Seine Musicale. Fidèle à son esprit d'exigence, le Festival Chorus proposera des plateaux singuliers et audacieux, mettant en avant la diversité et le croisement des courants musicaux. Il s'adressera à des festivaliers de tous âges et de tous horizons désirant vivre une expérience musicale inédite.

    Chorus reprend ses quartiers à La Défense pour accueillir les découvertes françaises et européennes, soutenus par le Département des Hauts-de-Seine et présents sur la scène du Magic Mirror : Mat Bastard, Talisco, Demi Portion, Berywam, Dbfc, Adam Naas, Millionaire, Heymoonshaker, Maïcee, La Chica, Black Flower, Jesca Hoop, Part Company, FùGù Mango, Livingstone Et Soulya.

    En off, des concerts gratuits seront proposés à l'heure du déjeuner (12 heures) et en afterworks (18 heures), les lundi 20, mardi 21, jeudi 23 et vendredi 24 novembre. Le mercredi après-midi sera dédié au jeune public avec deux concerts : Little Rock Story à 14 heures et Smile City à 17 heures.

    Direction : la Seine Musicale

    Après plus de 1 000 concerts organisés à La Défense pendant 10 ans, le Festival Chorus met le cap cette année sur la Seine Musicale. Des concerts à prix spécial seront proposés les 25 et 26 novembre, avec une programmation particulièrement alléchante.

    Le samedi 25 novembre, à partir de 14 heures : Gregory Porter : Nat King Cole And Me, avec le Paris Symphonic Orchestra dirigé par Vince Mendoza, Amadou & Mariam, French Fuse, Catherine Ringer, Therapie Taxi, Møme, Palatine, Rover Out Of The Blue, Jahneration, Wuman, Eddy De Pretto, Nsdos, Thomas Azier, La Dame Blanche, Kokoko!, Einleit, Shannon Wright, Tim Dup, Pale Grey, Joris Delacroix, Inuït, I Am Stramgram, Aloha Orchestra, Pouvoir Magique, French 79.

    Le dimanche 26 novembre, à partir de 10 heures, trois spectacles pour le jeune public seront proposés : Lumieres! / Cartoons / Quand Je Serai Petit. À partir de 14 heures : Charles X, Action Bronson, Stuff, Tiggs Da Author, Shakka, Jesse James Solomon, De La Soul, Gracy Hopkins, Coely, Panama Bende, Romeo Elvis X Le Motel, Nadia Rose, Fixpen Sill, Caballero & Jeanjass, Soul J, Sch, Yung Resval, Cory Henry & The Funk Apostles, Tiezo, Cosmic, Mawimbi, Kery James A.C.E.S Tour, A.F.R.O.

    Chorus 2018

    Le vendredi 24 novembre, à partir de 14 heures, les 10 groupes présélectionnés dans le cadre du Prix Chorus 2018 se produiront à La Seine Musicale : Aloïse Sauvage, Amor Blitz, Equipe de Foot, FAIRE, FREEZ, Hyacinthe, Lago 2 Feu, The Psychotic Monks, Poumon, Thé Vanille. Ce sera l'occasion de découvrir en live les valeurs montantes de la scène hexagonale avant l'ultime sélection et les concerts dans le cadre de Chorus 2018. Entrée libre sur réservation : prixchorus@hauts-de-seine.fr
    Bla Bla Blog avait parlé de ce prix il y a quelques mois de cela. Ces groupes seront sur scène en chair et en os, tout comme leurs brillants aînés.  

    Festival Chorus, du 20 au 26 novembre à La Défense et à La Seine Musicale
    http://chorus.hauts-de-seine.fr
    Billetterie : https://billetterie.laseinemusicale.com/fr/recherche/CHORUS
    " Qui veut être le prochain Christine And The Queens?"

  • Le salon de la littérature érotique remet le couvert

    Après la réussite de sa première édition, le Salon de La Littérature Érotique remet le couvert le dimanche 26 novembre de 15 heures à 21 heures au 153 (Paris, 3e).

    Bla Bla Blog avait suivi en 2016 la création de cet événement, qui était à l’époque organisée autour d’une exposition de peinture du dessinateur érotique Alex Varenne. Cette année encore, la littérature érotique aura l’honneur d’être mise en avant, mais aussi démystifiée. Vaste projet pour ce genre spécialisé, souvent considéré avec méfiance, et dans lequel les femmes tiennent sans conteste le haut du pavé. Lors de sa première édition, le public se pressait dans une galerie d’art cosy mais étroite. Cette fois, c’est sur les trois étages du bar  Le 153 que se retrouveront une dizaine d’auteurs pour des rencontres et des dédicaces.

    Parmi, les personnalités et artistes présents figureront Brigitte Lahaie, actuellement animatrice sur Sud Radio, mais aussi Octavie Delvaux, qui est de retour cette année, Anne Vassivière, Virginie Bégaudeau, Guenièvre Suryous (dont Bla Bla Blog avait déjà parlé pour son ouvrage écrit à deux mains avec Flore Cherry, Guide de Survie sexuelle de l’étudiant/e), Camille Emmanuelle, les auteurs de la start-up B.Sensory, Simpere Françoise, Emma Cavalier, Etienne Liebig ou encore Julie-Anne De Sée.

    Pour faire sortir la littérature érotique des fantasmes courant à son sujet, plusieurs conférences seront proposées : "Le retour de la morale dans la littérature érotique" par Spengler Franck , "Le sexe sans enjeux est un jeu délicieux" par Simpere Françoise, "Comment poser sa voix sur de la littérature érotique ?" par Philippe Lecaplain, avec également des lectures du jeu concours Chuchote-moi.

    Les organisateurs ont également mis en place des défis d'écritures organisés toute la journée, avec des cadeaux à gagner pour celles et ceux qui voudraient s’initier à ce genre littéraire.

    Des happenings et des surprises compléteront cet événement, avec notamment une exposition de planches de BD érotique par Tabou éditions, une animation des comédiens d'Une femme extraordinaire, le cadavre exquis des fantasmes par Nathalie Giraud et Isabelle Bize.

    À partir de 21 heures, le salon se transformera en soirée libre, pour les plus motivées et les plus coriaces.

    Salon de La Littérature érotique
    Le 153, 153 rue Saint-Martin, 75003 Paris
    Dimanche 26 novembre de 15 heures à 21 heures
    Prévente : 8 €
    Sur place : 10 €

  • L’Histoire en France observée à la loupe

    L'histoire est une passion française : 85% d'entre eux déclarent s'y intéresser. En ce mois de commémoration de l'armistice 1914-1918 comme des attentats de novembre 2015, l'Observatoire B2V des Mémoires en partenariat avec l'IFOP a interrogé un panel de Français pour savoir quel est l'événement historique le plus important survenu en France ou dans le monde depuis 1900 à leurs yeux.

    La question posée par l'IFOP sur l'événement le plus marquant depuis 1900 est sans appel : la Seconde Guerre mondiale est bien la matrice de la mémoire collective des Français. Il s'en est passé pourtant depuis lors : guerres coloniales, massacres et génocides sur toute la planètes, chute du Mur de Berlin et de l'empire soviétique, vague de terrorisme, construction européenne, etc. Rien n'y fait. Même la Première Guerre mondiale pourtant régulièrement au cœur de l'actualité avec les commémorations du Centenaire n'occupe qu'une place seconde dans les représentations collectives des Français.

    46% des Français citent des événements liés aux fureurs du temps, ce qui signe la part structurante de ces violences "extraordinaires". Il s'agit précisément des deux guerres mondiales et du terrorisme, avec donc une prime à la Seconde Guerre mondiale, nuancée par l'évocation des deux guerres par 11%. Avant de revenir sur les présents, notons les absents : ainsi de la guerre d'Algérie, de l'abolition de la peine de mort ou du Front populaire, mais aussi la Shoah en tant que telle.

    Ce sont des hommes bien plus des femmes, mais aussi des jeunes (moins de 35 ans) qui citent plus la Seconde Guerre mondiale, ce qui peut sembler contre-intuitif pour les jeunes sauf à y trouver, peut-être, la place du sujet à l'école, au-delà même des programmes.

    Politiquement ce sont très sensiblement les sympathisants d'Emmanuel Macron qui sont surreprésentés. Est-ce lié à la place des commémorations depuis son élection ? Au profil sociopolitique des électeurs ?

    Les sympathisants de la France insoumise, les jeunes mais aussi les femmes, citent en plus grand nombre le terrorisme. C'est l'autre leçon du sondage : la mémoire courte des actes terroristes est présente, avec 10% de citations à une question qui ne demandait a priori qu'une réponse. C'est dire la force de cette thématique, singulièrement auprès des femmes, des 25-34 ans et des sympathisants de la France insoumise et du Front national.

    On notera cependant que la Région parisienne est sous-représentée sur cet item alors même que la majorité des attentats s'y sont produits. Cela rejoint d'autres études qui montrent qu'à la suite des attentats parisiens et avant celui de Nice, la « peur », principal sentiment cité, augmentait à mesure qu'on s'éloignait de Paris.

    Une seule question, une seul réponse le plus souvent. Et ce sont là des données passionnantes pour tous les protagonistes de la vie publique.

    Source : Denis Peschanski, historien,
    Directeur de recherches au CNRS
    et membre du Conseil Scientifique de l'Observatoire B2V

    www.observatoireb2vdesmemoires.fr

  • Une bonne coupure

    On entre dans l’univers de Nicolas Le Bault comme s’il s’agissait d’un territoire hors du temps. Rien ne ressemble à ses créations déroutantes, et c’est bien pour cela qu’il faut absolument découvrir cet artiste aux multiples facettes.

    Bla Bla Blog avait consacré une chronique à son élégant et très lynchien roman graphique Hygiène Rose, toujours disponible aux éditions Réseau Tu Dois. Nicolas le Bault s’est lancé cette fois, avec trois acolytes, Frederika (pour le texte), Frédéric Fenollabbate (pour les dessins en noir et blanc) et Stéphane Rengeval (pour les photographies), dans une nouvelle aventure artistique, White Rabbit Dream. Le premier volume, La Coupure, sort cet automne.

    Autant dire tout de suite que l’on aime ou que l’on déteste cet imaginaire fait de rêves, de cauchemars, d’illusions, de fantômes, de perversions et de personnages ambivalents. En tout cas, la patte de Nicolas Le Bault est reconnaissable entre toutes : dessins tout droit sortis de l’enfance, visages expressifs, couleurs vives. L’univers de l’enfance est récupéré, recyclé et dynamité à la TNT afin de mettre à nue toute la cruauté du monde et son absurdité. Hygiène Rose proposait, sous l’aspect d’un innocent conte pour enfant, un voyage sensuel et morbide dans lequel l’amour conduit à l’aveuglement, à la souffrance, au meurtre et au martyr. Nous nous trouvons ici dans un monde similaire mais créé en collaboration avec trois autres artistes.

    Dans le premier volume de White Rabbit Dream, présenté comme un "magazine d'art contemporain & de transgression", les quatre auteurs proposent un concept de série graphique compacte, dense et truffé d’inventions visuelles. Textes, BD, anagrammes, photographies ou dessins inspirés de l’œuvre d’Aurélie Dubois se répondent dans un récit truffé de symbolismes, de dessins faussement enfantins et d’admonestations : "Je me demande dans quel terrier tu as vécu jusque-là. On dirait que tu n’as rien vu."

    L’invitation à la coupure, qui se traduit ici par "vivre à la campagne", est le début d’un récit horrifique et "très dangereux", que Nicolas Le Bault représente sous forme d’une courte bande dessinée sanglante et sans paroles (The Bleeding Tree Horror). C’est par ellipse visuelle que les deux auteurs nous entraînent ensuite vers une histoire d’apocalypses, de meurtres et de rituels étranges "par notre Sainte-Mère-Furie… une entreprise de démolition contre l’esprit."

    C’est chez le Marquis de Sade qu’il faut chercher les influences de la seconde partie de ce volume : enfermements, univers carcéral dominé par une "caste d’Eunuques à l’envers", violence omniprésente et éducation à la perversité et au sadisme. Le premier volume de la série nous met en présence d’une narratrice, Amandine L., victime sur le chemin de la rédemption et de la fuite, alors que "le monde est en train de se restructurer". Pour en savoir plus, il faudra au lecteur patienter pour découvrir la suite de ce cycle où arts et transgressions font bon ménage. Bienvenue dans le monde enfantin, sensuel et terrifiant de Nicolas Le Bault.

    White Rabbit Dream, vol. 1, La Coupure, éd. White Rabbit Dream, 2017, 48 p. 5 €
    http://www.whiterabbitprod.com
    http://nicolaslebault.com
    https://nicolaslebault.tumblr.com
    "Au-delà du miroir"
    "La coupure de Nicolas Le Bault : cruel et enfantin !"

  • Les salauds

    Broadchurch clôt bientôt sa troisième – et ultime – saison. Dans la petite ville anglaise balnéaire et imaginaire qui a été secouée par le meurtre du petit Danny Latimer, les inspecteurs Alec Hardy (David Tennant) et Ellie Miller (Olivia Colman) doivent s’atteler à une nouvelle affaire : l’agression sexuelle d’une quinquagénaire au cours d’une soirée d’anniversaire.

    Sur ce fait divers sordide qui secoue Broadchurch, les policiers vont aller de surprise en surprise : au fur et à mesure que l’enquête avance, le nombre de suspects grossit à vue d’oeil. Le spectateur est pris à la gorge par une intrigue d’autant plus passionnant que chaque personnage secondaire semble cacher de lourds secrets. 

    Il ne reste que quelques épisodes avant de pouvoir connaître le fin mot de l’histoire de cette mini-série britannique qui fait déjà date dans l’histoire de la télé anglaise.

    Broadchurch de Chris Chibnall
    Avec David Tennant, Olivia Colman, Jodie Whittaker et Andrew Buchan,

    Saison 3, huit épisodes de 45 mn, Grande-Bretagne, 2017
    Sur France 2, deux derniers épisodes, ce lundi à 20H55

  • Le silence est un sport de combat

    Une citation du poète belge Jacques Goorma ouvre la dernière partie du récit de Mélanie Hamm, Écoute : "Les mots s’échangent. Seul le silence se partage." Cette citation pourrait servir d’exergue à l’ensemble du récit de l’auteure qui nous délivre le récit d’une jeune femme atteinte d’un handicap très peu connu. Être malentendant c’est vivre, nous dit Mélanie Hamm, avec une particularité "insoupçonnée" et invisible. C’est être ni sourd ni vraiment entendant : "Parfois sourde, parfois entendante," c’est condamner "à rester entre les deux."

    La malentendance est ici racontée avec pudeur mais néanmoins précision dans les rapports de l’auteure avec les autres : ses proches, sa famille, ses amis, ses camarades d’écoles mais également ses professeurs. Spécialisée dans les sciences de l’éducation, Mélanie Hamm consacre de nombreuses pages à l’école, à l’apprentissage et à ses difficultés à se faire une place dans une société qui peine à s’adapter à son écoute mal aisée, ce que l’auteure formule ainsi : "Un goût de citron naquit dans ma bouche, celui de la gêne d’être différente face à autrui."

    Le silence est un sport de combat, et plus encore la lutte pour apprivoiser une conversation et naviguer "entre deux mondes, le silence et le bruit." Le mot handicap n’est pas tu par l’auteur et l’apitoiement convient bien mal à ce qui est aussi une histoire d’initiation. La construction de soi, la découverte du handicap, l’ouverture vers les autres, les incompréhensions réciproques, la découverte des mots, la littérature, le lycée, l’adolescence et l’amour font d’Écoute un récit sans pathos ni leçons moralisatrices. Le lecteur trouvera aussi quelques jolis passages consacrés à… la musique classique, l’une des passions de l'auteure.

    Mélanie Hamm écrit sans doute le passage le plus poignant dans l’histoire d’une idylle marquante mais inaboutie avec un professeur brillant. Celui-ci se révèle comme englué dans un échec personnel, offrant à la lycéenne malentendante le visage d’un homme "handicapé" par ses faiblesses, ses doutes et ses lassitudes. Où la personne handicapée n’est pas là où on le pense.

    Vivant au milieu des "entendants", c’est aussi parmi les sourds que la jeune femme découvre une forme de sérénité : "J’aimais de plus en plus leur compagnie. Leur silence m’apaisait, leurs signes me ravissaient. Avec eux, je me sentais instantanément protégée du bruit et de la trépidation de la vie."

    Plus qu’un simple témoignage, Mélanie Hamm livre une analyse rare, sensible et percutante sur l’ouïe et sur l’écoute, que, paradoxalement, la malentendante a réussi à "surdévelopper" et, à force de combat, à utiliser telle une arme pour vivre et survivre : "Qu’est-ce qu’entendre ? C’est entendre avec le corps. l’oreille entend le rythme oral, le corps comprend l’expression verbale… Ma force intrigue. Faut-il que je l’écrive autrement : le silence est ma force ? Il fend les monts et les océans."

    Mélanie Hamm, Écoute, éd. Calleva, 2012, 166 p.

  • Ma consœur à la Maison Blanche

    Il ne reste plus que quelques jours pour découvrir sur Canal+ Menaces sur la Maison Blanche d’Erik Van Looy. Il ne faut pas s’arrêter sur le titre français qui pourrait faire penser à un de ces blockbusters américains des années 90, lorsque Harrisson Ford jouait le rôle des Présidents survitaminés et indestructibles.

    Sous ses airs yankees, le long-métrage que propose en ce moment la chaîne cryptée a cette première caractéristique originale d’être 100 % belge, tournée autour de Bruxelles et jouée en flamand.

    Menaces sur la Maison Blanche ose le thriller complotiste à partir d’une intrigue tenue et maligne. Lors d’une visite en Europe de la Présidente américaine (Saskia Reeves), un groupe terroriste infiltré au cœur de l’appareil d’État américain kidnappe la femme et l’une des filles du premier ministre belge (Koen De Bouw). On lui promet qu’elles seront rendues s’il assassine lui-même la Présidente américaine lors de sa visite officielle.

    Voilà le premier homme belge face à un dilemme insupportable, et avec pour toute aide celui de sa collaboratrice Eva (Charlotte Vandermeersch), enlevée elle aussi. Le premier ministre a quelques heures devant lui pour faire face à un groupe d’extrémistes bien décidés à semer le chaos en Europe, "pour réveiller le monde".

    Menaces sur la Maison Blanche est un petit bijou de série B, à la facture qui ne dépaysera pas les fans de film d’action, à ceci près que les lieux de ce thriller se situent au cœur de l’Europe, avec dans le rôle principal un fringant premier ministre, formant avec sa collaboratrice un duo attachant pris au piège dans un piège diabolique et palpitant. Comme le dit l’organisateur de ce complot : "Des avions qui s’écrasent dans des tours on a déjà vu. Mais un premier ministre obligé d’abattre la Présidente des USA, reconnaissez que c’est spécial."

    Menaces sur la Maison Blanche, d’Erik Van Looy, avec Koen De Bouw, Stijn Van Opstal, Charlotte Vandermeersch, Saskia Reeves, Adam Godley, Truus de Boer, Wim Willaert
    et Nathan Wiley, Belgique, 2016, 1h55

    Sur Canal+, jusqu'au 24 novembre