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Histoire - Page 6

  • Grandes et petites histoires des Invalides

    Pour les 350 ans de la fondation des Invalides par Louis XIV, le Musée de l’Armée s’est associé avec Artips pour lancer un cours en ligne, gratuit et accessible à tous sur l’Hôtel des Invalides.

    Un moyen de savoir tout ou presque sur ce lieu exceptionnel, depuis sa fondation par Louis XIV en 1670 à nos jours jusqu’à son rôle joué pour la Résistance pendant la seconde guerre mondiale, en passant bien sûr par son choix comme sépulture de Napoléon Ier. Le choix pédagogique ? Des leçons courtes et accessibles, des anecdotes et des storytellings.

    Le parcours virtuel proposé par "Grandes et petites histoires des Invalides" est destiné à toutes celles et tous ceux qui souhaitent prolonger leur visite des Invalides. Un simple téléphone portable permet d’accéder à ce cours proposé par Artips, une startup considérée comme le premier média culturel en ligne regroupant une communauté de plus d’un million d’abonnés.

    Le parcours "Grandes et petites histoires des Invalides" est la deuxième collaboration entre Artips et le musée de l’Armée, après "L’uniforme sous toutes ses coutures". Pour célébrer le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier en 2021, le musée de l’Armée et Artips ont pour projet un nouveau parcours où l’on découvrirait les conquêtes et les ambitions du résident permanent des Invalides.

    "Grandes et petites histoires des Invalides"
    Musée de l’Armée
    Hôtel national des Invalides
    129, rue de Grenelle 75007 Paris
    Musee-armee.artips.fr
    https://www.musee-armee.fr

    Voir aussi : "Le festival de Cannes annulé cette année mais tout de même en ligne"

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  • RIP URSS

    En 2005, Poutine annonçait que la chute de le l’URSS avait été la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle. On peut être, comme Christian Mégrelis, sceptique sur ce jugement. Il n’en reste pas moins vrai que la fin de l’Union soviétique au début des années 90 ne s’est pas accompagnée de "gigantesques holocaustes" ni d’un chaos meurtrier : l’empire le plus vaste de l’histoire couvrant 15% des terres émergées (45 fois la France) a sombré "sans qu’un seul coup de feu ait été tiré." Mais non sans mal, comme nous l’explique l’écrivain et ancien businessman.

    Pour conter ce virage géopolitique autant qu’idéologique, Christian Mégrelis a fait le choix de chroniques, de témoignages (ces "choses vues" du sous-titre), d’articles (les "intermèdes") et même d’une correspondance privée, avec cependant des lacunes, notamment sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, d’étonnants clashs ("Chirac et Mitterrand, vieux complices qui avaient franchi ensemble les marches du pouvoir en éliminant les plus compétents") ou des raccourcis critiquables ("[03/10/90] : Anschluss de la RDA par la RFA").

    Ce mélange classé par ordre chronologique constitue le récit plus vrai que nature de Naufrage de l'Union soviétique (Transcontinentale d'éditions) par un homme, amoureux de la Russie, qui se trouvait au bon endroit au bon moment, comme il le dit lui-même. Cet homme d’affaire français au CV long comme le bras commence la première partie de son livre ("Le voyage") par nous faire entrer dans ce qu’il appelle le "barnum", chargé dès 1989 de convertir en profondeur l’Union soviétique à l’économie occidentale et à la privatisation de pans entiers d’un pays moribond.

    La Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev (qui est cette réforme socialiste de l’URSS) a rapidement son pendant économique : le fameux "Plan des 500 jours", auquel a participé Christian Mégrelis et qui a été accepté en août 1990 non sans difficulté par le parti communiste de l’époque : moins d’un an après la chute du Mur de Berlin, on acte donc dans l’empire soviétique le retour au capitalisme et une assistance technique européenne, qui va rapidement se transformer en une version "hard" téléguidée par les États-Unis et par un véritable apprenti-sorcier économique, Jeffrey Sachs.

    La suite, c’est un désastre à l’échelle d’un continent ("Tout le monde avait oublié le plan des 500 jours !") : le coup d’État manqué d’apparatchiks communistes à l’été 1991, l’arrivée au pouvoir de Boris Eltsine, la réforme ambitieuse de "l’économie soviétique en 500 jours" qui se transforme en dépravation à grande échelle et le règne des oligarques (Roman Abramovitch ou Mikhaïl Khodorkovski), mais aussi la pléthore de profiteurs prenant à leur compte la privatisation de pans entiers de l’économie du pays.

    Période grise

    Le rappel de cette période grise est l’occasion pour l’ancien homme d’affaire de brosser une histoire de la Russie mais aussi de la longue période communiste, "Aujourd’hui, les Russes sont unanimes pour dire que le communisme a été la pire imposture du XXe siècle." Christian Mégrelis en parle grâce au récit de ses voyages comme dans ces portraits hallucinants de hiérarques communistes se débattant dans une URSS crépusculaire dont ils sentent la fin. L’auteur se fait cinglant lorsqu’il parle de la manière dont le régime communiste a pu exister ("La grande illusion") et se construire grâce au Goulag et à ce qu’il convient de nommer "l’esclavagisme" à grande échelle. Sans parler des absurdités d’un régime que l’auteur décrit avec une ironie cinglante lorsqu’il décrit une série de voyages en Sibérie à Saint-Pétersbourg, dans l’Oural ("L’URSS construisait des routes pour les interdire au trafic…") ou dans ces anciennes républiques soviétiques se battant pour exister à l’ombre de la Russie.

    Plus que des récits de voyages ou d’expériences, Le Naufrage de l'Union soviétique peut se lire comme un plaidoyer pour une Russie que l’auteur appelle à respecter. Et le lecteur sera sans doute surpris de lire une défense plutôt rare de Vladimir Poutine : "Le premier dirigeant russe à se préoccuper du bien-être de ses concitoyens et du partage des fruits de la croissance depuis Alexandre II", après une présidence de Boris Eltsine jugée inepte. Christian Mégrelis rappelle qu’à contre-courant des démocraties occidentales, le pouvoir est jugé de manière plutôt positive par l’ensemble des citoyens, mais très sévèrement par les hommes et les femmes d’affaire, ce qui pose bien sûr des problèmes d’investissement dans le pays et de confiance dans son économie.

    Le Naufrage de l'Union soviétique fait partie de ces documents bruts d’un témoin et acteur de l’ombre qui est aussi un message en direction de la France et des Français, afin que la Russie ne serve plus de "punching-ball", malgré ses faiblesses. Respect donc : l’URSS est morte, vive la Russie !

    Christian Mégrelis, Le Naufrage de l'Union soviétique : Choses vues,
    éd. Transcontinentale d'éditions, 2020, 261 p.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_M%C3%A9grelis

    Voir aussi : "Tintin, back in the USSR"

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  • Notez-bien Nota Bene

    Je vais vous avouer un truc : de mes cours d’histoire en fac, j’ai le souvenir assez précis de professeurs poussiéreux et de véritables antiquité vivantes qui rendaient cette matière rébarbative, même pour les plus passionné.e.s. C’est dire. En gros, plus c’était chiant, plus c’était sensé être sérieux et inattaquable.

    Telle n’est pas la vision de l’histoire de Nota Bene, la chaîne Youtube de Benjamin Brillaud, qui propose un sérieux coup de rajeunissement, prouvant aussi que vulgarisation, sciences historiques et sérieux peuvent faire bon ménage.

    Avec son physique de geek, sa voix radiophonique grave et bien placée et son vocabulaire cool, Benjamin Brillaud propose, grâce à des épisodes d’une vingtaine de minutes, de revenir sur des périodes et des thématiques parfois pointues : les invasions barbares, les complots historiques ratés ou non, les morts épiques (Étienne II de Blois, Constantin XI), le Commando Kieffer, la 2e DB, les Guerres de Vendée, Robespierre ("Robespierre était-il méchant ?") et plusieurs épisodes sur la Résistance.

    L’auditeur pourra découvrir des sujets plus inattendues comme le personnage de berserkr, le guerrier-ours viking, les épées magiques et légendaire ou Saturne, l’alligator de Hitler…

    De l’histoire dépoussiérée et décomplexée que je vous invite à découvrir, comme un peu plus d’un million d’abonné.e.s de cette excellente chaîne Youtube.

    Nota Bene, Youtube
    https://www.facebook.com/notabenemovies

    Voir aussi : "Gros big up pour Clémence Pouletty"
    "Une histoire, une histoire, une histoire…"

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  • Aung San Suu Kyi et les bouddhistes extrémistes

    Carnet de voyage autant qu’enquête d’investigation sur la Birmanie, l’ouvrage de Frédéric Debomy et Benoît Guillaume, Aung San Suu Kyi, Rohingya et extrémistes bouddhistes, (éd. Massot) jette un coup de projecteur sans concession sur l’un des pays les plus fermés d’Asie du Sud-Est et sur l’une des figures les plus mystérieuses de la politique internationale. Les 30 premières pages de ette BD ont paru dans le numéro d'automne 2018 de la revue XXI, sous le titre : La haine des cieux.

    Comme le rappellent les deux reporters français, il n’y a pas si longtemps que cela, Aung San suu Kyi, la fille du Père de l’indépendance birmane, était une dissidente vénérée, récompensée d’un Prix Nobel de la Paix (en 1991) dans un pays sous le joug de l’armée. Réhabilitée par ceux-là même qu’elle combattait, elle devient députée en 2012, puis Présidente trois ans plus tard.

    Mais ce qui devait être un renouveau démocratique et pacifique se révèle rapidement décevant. Et la clé de cette déception réside sans doute autant dans la place de l’institution militaire, toujours puissante, que dans celle des Bouddhistes extrémistes : "Avant les émeutes [en 2013], les moines prêchaient l'amour entre les communautés. Maintenant il y a certains moines qui font partie de Ma Ba Tha, même si ce n'est pas le cas de tous." Ma Ba Tha est un mouvement extrémiste bouddhiste dont le bonze Wirathu est la figure la plus connue. Ces moines se disent "nationalistes".

    Parmi les ennemis désignés de ces bouddhistes extrémistes figurent les musulmans, dont ceux de l’ethnie des Rohingya ("des bouddhistes essayaient de monter les leurs contre les musulmans"). "Wirathu est un moine influent. Au point d'avoir été surnommé « le visage de la terreur bouddhiste » par le magazine Time," est-il écrit dans la bande dessinée d’investigation.

    Frédéric Debomy et Benoît Guillaume parcourent le pays pour rencontrer dissidents, victimes, défenseurs des droits de l’homme et membres d’ONG qui, tous, à leur manière, parlent de la situation explosive dans un pays riche de plus de 130 ethnies. Et aux différences ethniques vient se confondre les différences religieuses, ce qui complique tout dans ce pays soumisà toutes les violences.

    La question de la nationalité, du fédéralisme – qui serait logique dans un État pourtant très centralisé – et de la manière dans des groupes manipulent la société, est au centre de l’enquête. Elle est mise en images et en couleurs avec une économie de moyens, comme si elle était guidée par l’urgence. Ce qui rend le livre d’autant plus passionnant.

    "Une dictatrice démocratiquement élue"

    Un musulman birman résume toutes les tensions que vivent son pays : "Ce qui n'existait pas avant, c'est que si je perds ma carte d'identité et que j'en demande une nouvelle, il n'y aura plus écrit « Bamar » [l'ethnie birmane] et « musulman » comme sur l'actuelle, mais « Indien » ou « Bengali » et « musulman ». On fait de nous des étrangers." "Les moines sont les marionnettes de l'armée" commente encore un des reporters. Des "marionnettes" qui manipulent à leur tour une population d’autant plus perméable aux discours intolérants qu’ils ont été facilités par des décennies de dictature.

    Les droits de l’homme ont encore un long chemin à faire en Birmanie. Un dissident d’origine musulman a une réflexion éloquente : "Il y a un problème de traduction aussi : les « droits » de « droits de l’homme » se traduit en birman par « opportunités »… Les gens se disent : « Pourquoi donnerait-on des opportunités particulières aux musulmans ?" No comment.

    Et c’est là qu’on en vient à Aung San Suu Kyi, l’ancienne dissidente et défenseuse des droits de l’homme. Comment cette Présidente a pu décevoir à ce point ? C’est "une dictatrice démocratiquement élue" assène Thet Swe Win, une des figures politiques de la jeune génération.

    Les journalistes français esquissent des explications au laisser-faire d’Aung San Suu Kyi, prise en tenaille entre l’armée birmane, les extrémistes bouddhistes et ses anciens soutiens frustrés par son inaction après les exactions contre les Rohingya. Peut-on la taxer de femme hautaine, trop prudente ou influencée par Wirathu et ses sbires ? Une chose est sûre : l’ancienne dissidente auréolée d’un Prix Nobel de la Paix a laissé de côté ses anciens soutiens comme les organisations de la société civile. Les plus magnanimes diront qu’elle "sacrifie sa dignité [pour le pays]", les autres qu’elle est une politicienne nationaliste et refusant toute critique. Elle "s’enferme dans un tête à tête avec l’armée", comme si son parti, la LND, n’avait besoin de personne. Et pendant ce temps là, les Birmans, et en particulier les femmes birmanes, souffrent.

    On n'a pas fini d'entendre reparler de la Birmanie, hélas. 

    Frédéric Debomy et Benoît Guillaume,
    Aung San Suu Kyi, Rohingya et extrémistes bouddhistes,
    Massot Editions. 2020, 103 p.

    https://massot.com/auteurs/frederic-debomy

    Voir aussi : "Habibi, mon amour"

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  • Thérésia versus Robespierre

    Thérésia Cabarrus et Maximilien Robespierre : de ces personnages, on connaît avant tout le deuxième. Le natif d’Arras, avocat et tribun surdoué est devenu la figure marquante de la Révolution française. Surnommé L’Incorruptible, il domine l’assemblée de La Convention et couvre, lorsqu’il ne les encourage pas, les excès de la Terreur. C’est une figure emblématique et crainte qui finit par tomber lors de la journée du 9 Thermidor (27 juillet 1794). Et c’est là qu’il convient de parler de l’autre personnage, cette Thérésia Cabarrus, aristocrate d’origine espagnole qui croupissait alors en prison en attendant son exécution. La chute de Robespierre a signifié la fin de La Terreur – et de la Révolution, a précisé François Furet – mais aussi la survie de cette jeune femme de vingt ans qui décédera bien plus tard, en 1835. Comme s’il fallait que l’un meurt pour que l’autre vive. Mais quel lien peut-il y avoir entre ces deux-là ?

    C’est ce qu’entend montrer Thérèse Charles-Vallin dans son passionnant essai Thérésia / Robespierre, La Femme qui tua la Terreur (éd. de la Bisquine). À l’aide d’une solide documentation (plus importante, on s’en doute, s’agissant de L’Incorruptible), l’historienne entreprend de faire une biographie croisée de ces deux personnages, en s’attachant à les suivre pendant la durée de la Révolution française jusqu’aux journées thermidoriennes, "les seules années qui comptèrent vraiment pour [Thérésia]."

    Alternant chapitres sur Robespierre et chapitres sur Thérésia Cabarrus, c’est toute une époque qui revit, car Thérèse Charles-Vallin n’oublie pas de prendre le pouls de cette société française, à travers par exemple la jeunesse malheureuse de Maximilien Robespierre, "typiquement un homme de l’Ancien Régime". C’est l’occasion pour l’auteure de revenir sur une légende, qui, si elle était vraie, ne manquerait pas d’ironie : "Le jeune homme fut-il choisi en juin 1775 pour adresser un compliment au roi Louis XVI de retour de son sacre ? Nombre de biographes l’ont prétendu et certes l’image saisit l’imagination mais les dates données ne correspondent pas à celle du passage du souverain."

    Avec Thérésia, nous sommes dans le grand monde de l’Ancien Régime : lignée familiale prestigieuse, éducation chez les religieuses, mariage arrangé, un père financier à l’origine de la Banque San Carlos, future Banque d’Espagne, sans oublier un entourage impliqué dans les affaires du monde. Lorsque la Révolution éclate, "Teresa se rend vite compte que sa situation n’est plus tenable… Elle est, elle-même, sans doute impliquée et trop liée aux milieux constitutionnels."

    Alors que Robespierre trace son chemin et devient l’un des députés les plus en vue du régime qui se met en place (c’est "une légende vivante", et ce dès 1790), celle qui est devenue suite à un premier mariage la Marquise Devin de Fontenay, se retrouve citoyenne lambda comme le prévoit la nouvelle Assemblée. La vie insouciante de cette jeune femme prend une autre tournure : la Révolution s’emballe suite notamment à la fuite du roi interrompue à Varennes le 20 juin 1791 ("Il a détruit irrémédiablement sa propre image aux yeux du peuple français comme à ceux de Robespierre") et la France plonge dans la violence, les guerres intérieures, les grands massacres, le génocide vendéen, les arrestations et les exécutions. C'est cette Terreur, qu’a conceptualisée et encouragée Robespierre.

    Digne d’un véritable roman d’aventure

    Thérèse Charles-Vallin consacre de longues pages aux luttes politiques – et souvent sanglantes – entre Girondins, Montagnards (dont Robespierre fait partie) et députés de la Plaine, plus modérés, sans oublier le Comité de Salut public, les Tribunaux révolutionnaires ou la Commune. Une période tourmentée, dont l’orchestrateur est Robespierre, agissant souvent en sous-main lorsqu’il ne harangue pas en tribune. Il est engagé dans La Révolution parfois jusqu’à la démesure, lorsqu’est décrété par exemple l’existence de l’Être Suprême et l’immortalité de l’âme le 7 mai 1794.

    Pour être née aristocrate, et aussi étrangère par son père, Thérésia commence une cavale digne d’un véritable roman d’aventure. L’historienne s’interroge à ce sujet d’un épisode datant de 1793, lorsque la jeune femme part s’exiler pour Bordeaux. Elle voyage avec un jeune garçon au sujet duquel des spécialistes se sont interrogés : s'agissait-il de Louis XVII, le fils du roi décapité en début d’année ? 

    Ce qui est certain c’est que Thérésia, qui vient de divorcer, rencontre là-bas le troisième personnage du récit : Jean-Lambert Tallien, ancien publiciste introduit dans des cercles intellectuels, avant de devenir un acteur important de la Révolution française et un proche de Danton et de Marat. C’est un fervent acteur du nouveau régime. Il côtoie Robespierre, sans toutefois approuver tous ses excès, nuance l'auteure : "Tallien se sait mal vu de Robespierre en raison de son amitié avec Réal, proche des Girondins et Roederer, trop attaché à Louis XVI, et fera paraître une Adresse aux Citoyens où il l’attaque violemment sur ses méthodes."

    Devenu "proconsul" de Bordeaux en 1793, Tallien rencontre Thérésia. La jeune femme le contacte pour une démarche en faveur de la veuve d’un député qui a été guillotiné. Une entreprise risquée en cette période troublée, le révolutionnaire faisant partie des plus engagés. L’auteure entreprend cependant de réhabiliter le révolutionnaire qui commence déjà à s’écarter des ultras : "Tallien put ainsi sauver de la guillotine plusieurs familles royalistes notoires." Entre l’ex-aristocrate lumineuse et irrésistible ("Et cet ensemble de gaîté [sic], de sensualité, d’idéalisme, d’assurance, de grâce, d’ironie, de force se fond harmonieusement en une physionomie piquante, vive en même temps que douce et bon-enfant") et le sémillant révolutionnaire ("Il portait bien la tête, une belle tête où les airs plébéiens, empruntés à la mode du temps, ne masquaient pas la fierté native") se noue un idylle ("Elle laissera au jeune député un souvenir ébloui. La Belle est arrivée dans sa vie et le Lion est amoureux"). Le climax de cette liaison seront les événements de Thermidor.

    Au cours de l’année 1794, le sombre Robespierre devient la figure centrale de la Révolution française : "Il est porteur d’un extraordinaire syncrétisme. Il est le peuple…" L'Incorruptible dirige de fait la France dans un pouvoir de plus en plus dictatorial et que les représentants de la Convention craignent jusqu'à la "panique". Tallien, lui, est entre-temps devenu Président de la Convention lorsque Thérésia, que Robespierre a fait surveiller, est arrêtée dès son retour sur Paris. Le couple entre désormais dans la Grande Histoire, avec un Tallien aux avant-postes dans le déclenchement des événements du 9 thermidor et une Thérésia croupissant en prison, et dont la future exécution constitue l’une des clés de la mort de Robespierre.

    Thérèse Charles-Vallin décrit heure par heure les événements thermidoriens dont la tête pensante a bien été Tallien. La tête de sa compagne est en jeu en même temps que la sienne, ce qui explique qu'il se lance corps et âmes dans une lutte à mort contre Robespierre. Plusieurs pages sont consacrées aux semaines sombres de la jeune captive, âgée de tout juste vingt ans. Comment a-t-elle vécu son emprisonnement ? A-t-elle fait connaissance là-bas de Joséphine de Beauharnais, la future épouse de Napoléon Ier ? Y a-t-il eu un complot orchestré de longue date pour faire tomber Robespierre et Saint-Just ?

    Mine de rien, cet essai sur Thérésia et Robespierre fait un focus à la fois passionnant et romanesque sur la Révolution. Les passionnés d’histoire adoreront, sans aucun doute.

    Thérèse Charles-Vallin, Thérésia / Robespierre, La Femme qui tua la Terreur, éd. de la Bisquine, 2020, 346 p.
    http://www.editions-labisquine.com/theresia-robespierre.html
    CV Thérèse-Charles Vallin

    Voir aussi : "Rumford, génie et bienfaiteur, détesté et oublié"

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  • La terreur au grand jour

    patrick desbois,essai,shoah,seonde guerre mondiale,urss,ukraine,yahad in unum,juifs,allemands,einsatzgruppen,claude lanzmann,enquête,témoins,massacres,génocideVoici l’un des ouvrages les plus terribles qui soit : Patrick Desbois poursuit son insatiable travail d’historien, de chercheur et de porteur de mémoire sur la Shoah par balles. Depuis une quinze d’années, L’auteur et l’équipe de Yahad – In Unum retournent sur les terres de l’ex URSS pour recueillir les preuves et les témoignages sur le processus d’extermination contre les juifs qui a causé la mort de 1,5 à 2 millions de personnes, hommes, femmes, enfants et vieillards entre 1941 et 1944.

    Le dernier ouvrage qu’il a sorti, La Shoah par Balles (éd. Plon) est une synthèse autant qu’une réflexion sur ce processus de massacres à très grande échelle, qui ont précédé la mise en route des camps de la mort, sans jamais s'arrêter complètement  "En dépit de la mise en fonctionnement des camps d’extermination, les fusillades à l’Est continuèrent, aussi bien en Pologne que dans les territoires soviétiques occupés, jusqu’aux portes de Leningrad et de Stalingrad" comme le dit le site Yahad – In Unum.

    La Shoah par balles a ceci de singulier que cette série de tueries épouvantables ont été pendant des années méconnues, avant que le père Patrick Desbois décide de s’y intéresser, notamment pour des raisons familiales comme il l’explique dans son essai. En introduction de l’ouvrage, Denis Peschanski parle "d’extermination de proximité", expression éloquente qui place la question du témoin, du voisin et de la responsabilité individuelle au cœur du livre.

    Le lecteur n’y trouvera pas de développement chronologique ni d’informations sur les responsables. Il faut dire que la liste des tueries est pléthorique et lorsque Patrick Desbois s’arrête sur un lieu et une opération, le nombre de victimes est proprement ahurissant et se compte en milliers, voire en dizaine de milliers en quelques jours, voire en quelques heures (les 30 000 tués de Babi Yar près de Kiev en deux jours, les 29 et 30 septembre 1941). Des chiffres qui donnent le tournis. Andreï, un Ukrainien réquisitionné pour l’occasion parle ainsi du ghetto de Rokytne : "Dans ce village, un Allemand seul a exécuté en un long après-midi, plus de 700 Juifs !" Une sibylline note de bas de page au début du livre donne même la nausée : "On compte parmi les autres moyens d’extermination l’utilisation de poison, l’enterrement vivant ou la mort des victimes dans des mines et des puits."

    En faisant parler des protagonistes, des personnes très âgées et souvent enfants ou adolescents au moment des faits, Patrick Desbois et ses collaborateurs font resurgir des faits oubliés et des traumatismes cachés – même si les témoins eux-mêmes ne se montrent pas singulièrement détachés.

    L’essai est divisé en cinq parties qui entendent décrire le processus de la Shoah par balles : "la veille", "le matin", "le jour", "le soir" et "le lendemain". Les rassemblements, les préparatifs (y compris la cuisine pour les assassins), les fusillades et le comblement des fosses étaient menées de manière si implacable et si rapide que les Einsatzgruppen (les unités mobiles allemandes en charge de ces tâches) avaient forcément besoin de l’aide et de la participation des populations locales pour mener à bien ces exterminations au grand jour.

    "Dans ce village, un Allemand seul a exécuté en un long après-midi, plus de 700 Juifs !"

    Patrick Desbois a pris l’habitude de savoir poser des questions à la fois très factuelles et très pertinentes afin de dévoiler la vérité. Qui décidait de la taille des fosses où avaient lieu les tueries ? Pourquoi les témoins se taisent-ils au sujet de tel ou tel fait ? Pourquoi les témoins ne se souviennent pas des donneurs d’ordre ? Jusqu’où les paysans réquisitionnées sont-ils responsables dans le processus ? "Il nous est parfois difficile de percevoir les plus petites gens, les petites mains, les voisins comme responsables. Du pire comme du meilleur."

    Les scènes traumatisantes ne manquent pas. Car ces gens ordinaires, ces paysans, et souvent aussi des enfants, qui assistent au massacre (il y a cet exemple d’une tuerie à côté d’une cour de récréation), sont d’abord témoins de la fin atroce de voisins, de proches, du boulanger qui les servait au village et parfois même d'amis, à l’instar de cette jeune fille, devenue vieillarde, n’ayant jamais pu oublier son amoureux de l’époque disparu lors d’un de ces massacres ("Alexandra aimait Ziama comme une jeune fille peut aimer un jeune homme. La fracture de l’espèce humaine voulue par les nazis n’avait pas pu entamer cet amour"). Il s'agit d'un des témoignages les plus bouleversants.

    La Shoah par balles, drapée dans un manteau idéologique, est avant tout une monstruosité criminelle présente à chaque pages : les rassemblements humiliants ("les danses"), les colonnes de personne en route vers leur mort ("Que nous sommes loin de l’image des Juifs qui avancent docilement comme des moutons !"), la description des fosses, les heures interminables de tirs ou les viols de masse ("Le village tout entier savait que les Juifs allaient être fusillés le matin, à l’aube. Il n’était pas difficile d’imaginer les appétits…").

    Patrick Desbois, à l’instar d’un Claude Lanzmann, fait de la parole des témoins une arme contre le silence pour raconter l’indicible. Au soir de leur vie, des milliers de témoins prennent enfin la parole pour raconter ce qu’ils ont vu : comment ils ont creusé des fossés, comment leur mère a préparé consciencieusement le repas des assassins, comment ils ont transporté des Juifs jusqu’aux fosses, comment ils ont amené les planches sur lesquelles se tenaient les victimes, comment des jeunes villageois faisaient office d’armurier, comment le pillage a été assumé autant par des soldats allemands pillards que par la population civile ou comment on tuait des bébés sans gaspiller de balles.

    La plongée dans cette réalité à la fois sordide et terrifiante de la seconde guerre mondiale est proprement vertigineuse. Patrick Desbois raconte ainsi qu’alors qu’il s’apprête à interroger un témoin, une dame leur adresse des reproches véhéments: ils se tiennent au milieu d’un jardin au-dessus duquel a été creusé une fosse et où dorment des centaines de victimes. L’extermination au grand jour est à maints égards ce "« spectacle » horrible et rassurant : "Regarder son voisin condamné à mort semble provoquer de la jouissance." Les témoins, ces voisins ordinaires, sont devenus des acteurs de la grande machine génocidaire. "Il a fallu beaucoup de petites mains, volontaires, réquisitionnées ou forcées, pour que les Juifs soient assassinés en public."

    Patrick Desbois, La Shoah par Balles
    Préface de Denis Peschanski, éd. Plon, 2019, 328 p.

    https://www.yahadinunum.org/fr

    Voir aussi : "Une bibliothèque contre la guerre"

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  • Phyllis et les féministes

    Cate Blanchett est méconnaissable dans son rôle de Mrs America, alias Phyllis Schlafly, cette mère de famille républicaine collet monté, partie en guerre contre un amendement constitutionnel pour l’égalité hommes-femmes, l’Equal Rights Amendment. Un paradoxe, mais cette série n’en est pas à un près.

    Nous sommes en 1972 lorsque l’État fédéral américain s’apprête à voter ce vieil amendement qui semble faire quasi consensus, si on excepte quelques vieux Républicains arc-boutés sur une vision traditionnelle de la famille. Mais contre toute attente c’est une femme, une inconnue au nom imprononçable, qui se lève contre cette loi et organiser une bataille idéologique impitoyable.

    Cate Blanchett interprète Phyllis Schlafly, impressionnante de roublardise, d’intelligence, de culture, de pugnacité, d’efficacité, de cynisme mais aussi de contradictions et de mauvaise foi. Cette mère de famille, mariée à un homme aussi traditionnel et républicain qu’elle, se lance dans un combat perdu d’avance. L’Amérique du début des années 70 est en plein bouleversement : luttes contre la ségrégation, mouvement hippie, révolution sexuelle, guerre froide et guerre du Vietnam. L’Equal Rights Amendment enverra-t-il les filles dans les tranchées du Mekong et les toilettes mixtes seront-elles bannies ? Phyllis Schlafly est la figure de cette contre-culture conservatrice qui cherche à préserver le contrat social traditionnel : les femmes au foyer et la conviction que l’inégalité entre hommes et femmes est une réalité intangible.

    Après le vote au Congrès de cet amendement (premier épisode), Phyllis et ses amies se lancent dans une course de fond pour empêcher la ratification de la loi au niveau des États. Pour mener à bien sa mission quasi divine, Phyllis/Cate Blanchett doit utiliser des trésors d’inventivité pour imposer son lobbying, dans un mouvement qui peut être qualifié d’ancêtre du Tea Party.

    Phyllis et ses amies se lancent dans une course de fond

    Mais ce combat porte en lui son lot de contradictions. Car en se soulevant comme un seul homme contre l’égalité qu’elle, femme, serait en droit d’au contraire réclamer, Phyllis Schlafly se lance surtout dans une guerre qui bouleverse aussi son propre rôle social. Pire, face à un mari conservateur, contre qui se joue une lutte sournoise, la mère de famille doit aussi échapper à son rôle de mère de famille effacée. Elle use finalement d’armes féministes et de convictions féministes contre ses adversaires idéologiques – précisément les féministes.

    Justement, la force de Mrs America est de s’intéresser au camp féministe. Face à une Phyllis Schlafly déterminée, les progressistes de tout poil (féministes, pro-avortements ou noirs) pèchent moins en raison de leurs convictions que de leurs dissensions internes, des guerres d’ego, le tout dans un contexte politique détonnant : les élections présidentielles de 1972, avec un Richard Nixon conquérant pour sa réélection et son outsider démocrate, George McGovern, incapable de gérer correctement les courants progressistes de son propre camp.

    Cate Blanchett est parfaite dans le rôle de cette mère de famille lancée dans un combat d’une autre époque. Les années 70 sont d’autant mieux décrites que les apparitions de personnalités historiques ne manquent pas. Le tableau de l’Amérique traditionnelle de cette décennie est d’autant plus frappante qu’elle se confronte aux réalités de notre époque : néo-conservateurs, combats féministes, luttes contre les inégalités. Voilà, qui fait de cette série historique une formidable caisse de résonance pour le monde d’aujourd’hui.

    Mrs. America, série historique de Dahvi Waller
    Avec Cate Blanchett, Uzo Aduba, Rose Byrne, Kayli Carter et Ari Graynor
    États-Unis, 2020, sur Canal+

    https://www.canalplus.com/series/mrs-america/h/13631742_50001

    Voir aussi : "Kad Merad, Baron noir et très noir"

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  • Aux voleurs !

    la casa de papel,histoire et fiction,braquage,voleurs,patty hearst,syndrome de stockholm,émile buisson,chauffeurs de la drôme,cartouchealberto spaggiari,james mac laine,william plunkettVoilà, une excellente idée qui nous vient du magazine Histoire & Fiction : proposer à l’occasion de la saison 3 de Case de Papel un hors-série spécial sur les grands braqueurs et voleurs de l’histoire.

    Stéphanie Guillaume, la rédactrice en chef de la revue, rappelle qu’avec cette série espagnole, Netflix a réussi à faire du traditionnel braquage de banques une épopée passionnante qui ne s’est pas essoufflée, n’en déplaise aux mauvaises langues.

    L’occasion était trop bonne pour la revue opportunément nommée Histoire & Fiction, de proposer une série d’articles et d’études sur ces voleurs, réels ou fictifs, ayant jalonné notre histoire comme notre imaginaire.

    Bien entendu, dans ce hors-série, plusieurs coups de projecteurs sont donnés sur la série espagnole, dont la première diffusion au printemps 2017 sur la chaîne Antenna 3 n’a été que le début d’un séisme télévisuel. Quelques ingrédients peuvent expliquer ce succès : une thématique classique (un braquage de banque), des références fictionnelles (Quentin Tarantino, Point Break ou L'Ultime razzia de Stanley Kubrick) voire historique (une arrestation méconnue à Grenoble en 2014), des inventions scénaristiques marquantes (la méthode très originale employée par des voleurs et ces fameux masques de Dali), le message engagé des créateurs (avec une saison 2 prenant une tournure plus sociale) sans oublier des personnages charismatiques (les femmes de Casa de Papel ou la figure du mystérieux Professeur).

    "Tonton Mimile"

    Voilà pour la fiction, assez bien développée, mais que le lecteur ne devra lire qu’après visionnage des trois saisons, de peur d’être spoilé. Le volet historique s’attache, lui, à rappeler les principaux voleurs et assassins ayant écumé les campagnes. Il y a Cartouche, le "Robin des Bois du XVIIIe siècle", mais dont la figure mythique ne cesse d’être remise en cause ("un malfrat particulièrement dangereux"). Christophe Belser rappelle le parcours moins connu en France des bandits de grand chemin James Mac Laine et William Plunkett, un duo entré d’autant plus dans la légende que le premier a été exécuté non sans qu’une chanson soit créée en son honneur, tandis que le second a fui vraisemblablement en Amérique à partir des années 1750.

    Quelques faits divers sinistres sont rappelés par les auteurs de Histoire & Fiction : les chauffeurs de la Drôme durant la France de la Belle Époque (par Philippe Grandcoing), le braqueur Émile Buisson, dit "Tonton Mimile", ennemi public numéro 1 à la Libération ou Alberto Spaggiari, l’auteur du "casse du siècle" à Nice en juillet 1976 (deux histoires rocambolesques relatées par Jean-François Miniac). Un dernier article, passionnant et ahurissant, revient sur le fameux syndrome de Stockholm, avec l’exemple éloquent du kidnapping de Patty Hearst (v. illustration), la petite-fille de William Randolph Hearst.

    Les voleurs ont toujours été une source inépuisable comme le rappelle La Casa de Papel. À la lecture du magazine Histoire & Fiction, on comprend aisément pourquoi.

    Histoire & Fiction, hors-série spécial La Casa de Papel, août-septembre-octobre 2019
    La Casa de Papel, série dramatique d’Álex Pina
    avec Úrsula Corberó, Álvaro Morte et Itziar Ituño, saison 3, Espagne, 2019, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80192098

    Voir aussi : "Chants songs"

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