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  • Cirkus

    ifva7bl0i2gxyan407x2.jpgÀ partir du samedi 1er octobre et durant toute la saison, le club Les Étoiles se transforme en cabaret déjanté !

    À l’origine de ces soirées, Franck Bompani, organisateur de soirées (La Boumette ou La Paillotte de L’Opéra) et Le Lettingo Cabaret (cabaret burlesque parisien) ont décidé d’unir leurs savoir-faire et créer les soirées Cirkus pour le plus grand plaisir des parisiens.

    Les soirées Cirkus s’inspirent des fêtes folles des années 80’s remises au goût du jour via un savant mélange entre clubbing actuel et cabaret d’autrefois. Circus transporte ses convives à travers une soirée clubbing décadente ou les dj’s jouent sur scène accompagnés de trapézistes, de dresseurs de perroquets, de clowns et de superbes effeuilleuses. Des happenings artistiques rythment la fête… Laissez la magie opérer ! Une soirée burlesque et glamour réunissant jusqu’à 600 noctambules sur le meilleur de la Disco, House & Deep House.

    Le club Les Etoiles a ouvert en 1876 comme café-concert géré par l’administrateur des Folies Bergères puis en tant que salle de cinéma de 1946 à 1965.Le dernier usage connu du lieu est celui de cabaret dans les années 90 dont la façade néo-classique est encore en place. En 2011, après un coup de cœur pour l’histoire et le potentiel du lieu, le duo Franck Bompani, & Vincent le Gall , fort de leur longue expérience dans l’évènementiel et épaulé par le cabinet d’architectes Mur Mur, décident d’y entreprendre des travaux. Le théâtre des Etoiles renaît de ses cendres en 2015 et propose de multiples expériences artistiques et sonores

    Tous les samedis à partir du 1er octobre aux Étoiles
    00h-06h
    61 rue du château d’eau, 75010 Paris
    Entrée : 10€, gratuit avant 1h pour les filles

  • "Raconte-moi l'Histoire" censuré

    Le site Raconte-moi l'Histoire avait été chroniqué il y a déjà deux ans par Bla Bla Blog – cela avait d'ailleurs été un de ses premiers articles : "Une histoire, une histoire, une histoire..."

    La bloggeuse Marine, qui s'était lancée dans la publication de billets historiques et irrévérencieux, a eu la mauvaise surprise, le 26 septembre dernier, de voir sa page Facebook censurée et supprimée par le plus célèbre des réseaux sociaux : "Presque 15 000 personnes lésées. Pourquoi ? Je ne sais pas. Une publication ne respecte pas les conditions de publication. Ce peut être un téton qui dépasse, une paire de fesses ou je ne sais quoi", se désole la responsable de Raconte-moi l'Histoire. Ce blog "éducatif" a fait de l'histoire un sujet drôle et impertinent, bien loin des cours ennuyeux que nous avons tous connus sur les bancs de l'école.

    Espérons que cette décision ne soit qu'une mauvaise plaisanterie. En attendant, Raconte-moi l'Histoire est toujours visible à cette adresse : http://www.racontemoilhistoire.com.

    Allez, Marine, tiens bon !

    Raconte-moi l'Histoire
    "Une histoire, une histoire, une histoire..."

     

  • La rue est à eux

    street art,graffeur,graffes,tags,contemporain,pop art,marie maerten,thimothée chaillou,nunca,jean-michel basquiat,samo,slinkachu,jr,bansky,jean faucheur,keith haring,invaders,miss.tic,monsieur chat,ernest pignon-ernest,cool earl,phase2,eva62,flint 707,seen,pisadores,5 pointz,taz,cy twombly,jean dubuffet,jackson pollock,zoo project,vitché,videoman,cédric bernadotte,ash,bleck le rat,corn-bread,déboulonneurs,diuf,el mac,barack obama,sheppard fairey,guerilla girls,olivier kosta-théfaine,laidy aiko,louis pavageau,ligne rouge,jérôme mesnagerIl faut lire la préface de 100 Artistes du Street Art, signée par Paul Ardenne ("Street Art, la rue est à nous !") pour comprend l’importance et la spécificité du street art, un mouvement mal aimé, dénigré et moqué : ses pourfendeurs l’accusent d’avoir fait du saccage urbain un moyen d’expression underground. Le dernier exemple en date étant le procès intenté par la SNCF contre l'auteur de Monsieur Chat.

    Voilà qui est sévère, et Paul Ardenne n’écarte pas ce discours critique d’un revers de main. Plutôt que de dresser un tableau chronologique de cet art de la rue, le maître de conférences en histoire de l’art à l’université d’Amiens, et aussi collaborateur pour les revues Art Press et Archistorm, se fait analyste précis et pertinent du street art. Il esquisse les origines d’un mouvement culturel foisonnant, de ses courants hétéroclites, de quelques figures majeures comme des problématiques culturelles, sociales, politiques ou juridiques d’un art engagé et, au départ, clandestin : "L’art de la rue stricto sensu, ce sont (…) toutes les formes d’expressions qui se moulent dans le tissu urbain et au contact direct du spectateur."

    Art intrusif, urbain (la plupart du temps, en tout cas), gratuit, entaché d’une réputation subversive, le street art est indéniablement entré dans une période de légitimité : un certain nombre d’artistes issus de cette mouvance voient de prestigieux musées publics ou privés leur ouvrir leurs portes.

    Quelles sont les origines du street art ? Né en Occident dans les années 60 (les artistes ont pour pseudonymes Cool Earl, Julio204, Phase2, Eva62 ou Flint 707), cette forme de création est en réalité bien plus ancienne. Paul Ardenne rappelle que les premières formes d’expressions artistiques étaient les grattages de surfaces ou les marquages à l’encre naturelle de surfaces rupestres durant le paléolithique. Le street art serait donc un mouvement culturel aussi vieux que l’homme, même si les bombes aérosols mises sur le marché dans les années 60 ont remplacé les empreintes de mains ou les reproductions de buffles à Lascaux ou Chauvet.

    Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l’affirmation et le développement du street art, aussi critiqué soit-il (ou parce qu’il est critiqué et subversif ?) est spectaculaire. Il prend son essor dans les villes de la côte est des États-Unis avant de s’étendre en quelques années aux autres grandes cités occidentales, avec d’autant plus de vigueur que se propagent les grandes crises planétaires, pétrolières, économiques, sociales ou écologiques.

    À ses débuts, rappelle Paul Ardenne, l’expression graphique de ces artistes d’un nouveau genre est avant tout narcissique : le graffeur est dans une course à la visibilité. En taggant son blaze, lui - ou sa bande (le crew) - entend s’approprier en son nom propre l’espace urbain, jusqu’au recouvrement ("pourrissement") de l’espace public (Seen).

    Loin d’être le désœuvré dont on voudrait l’affubler, l’artiste de rue serait avant tout cet activiste utilisant la transgression pour faire de la rue un musée à ciel ouvert (une TAZ, ou Temporary Authonomy Zone), voire un lieu de vie où se mêlent musiques, danses, performances… en toute illégalité (5 Pointz, au Queens, New York).

    Cette illégalité, voire le vandalisme, n’est pas caché par Paul Ardenne dans sa préface. Il en fait d’ailleurs une véritable problématique, la plupart de ces artistes de la rue ayant assumé d’emblée d’être marginalisés.

    Art démocratique s’il en est, sans exigences académiques a priori (ce qui n’exclut pas les influences de brillants noms comme Jackson Pollock, Jean Dubuffet ou Cy Twombly), le street art a fait et fait toujours l’objet de tensions entre graffeurs et institutions publiques (Paul Ardenne cite justement le cas des pisadores à São Paulo). Pour autant, l’intégration, pour ne pas dire l’adoubement, d’artistes de rues à de grandes institutions publiques – que ce soit Jean-Michel Basquiat, Ernest Pignon-Ernest ou JR – est presque aussi ancienne que cet art lui-même. Des espaces dédiés sont concédés par les autorités pour les graffeurs – souvent du reste pour les canaliser – alors que des grands musées proposent d’ouvrir leurs galeries à ces créateurs venus de la rue.

    Le cœur de cet ouvrage paru aux éditions de la Martinière est la présentation de 100 artistes (ou groupes d’artistes) incontournables. Ils sont classés par ordre alphabétique, de "5 Pointz" à "Zoo Project" et se voient consacrés équitablement deux pages, une de texte, l’autre d’illustrations.

    Grâce à ces 200 pages, le lecteur peut se faire une idée d’un mouvement sans frontières, hétéroclites et aux approches parfois diamétralement opposées.

    Quelques noms connus ressortent : Bansky, Jean Faucheur, Keith Haring, Invaders, JR, Miss.Tic, Monsieur Chat, Ernest Pignon-Ernest ou Jean-Michel Basquiat (alias SAMO).

    Les 100 portraits brossés laissent voir la diversité de parcours chez des artistes que l’on a souvent caricaturés comme des vandales détériorant l’espace public. En réalité, ces artistes, souvent cachés derrière d’obscurs pseudonymes, ou bien œuvrant dans des collectifs plus ou moins influents, peuvent être d’authentiques avant-gardistes, prouvant que le street art ne doit pas se limiter à ces tags tracés en catimini sur des wagons abandonnés ou à des façades défigurés par des blazes.

    L’art urbain, nous disent les auteurs, Marie Maertens, Paul Ardenne et Thimothée Chaillou, peut être d’une très grande technicité et conceptuellement très élaboré, lorsqu’il ne renvoie pas à des influences artistiques reconnues : le land art (JR), le minimalisme (Slinkachu), l’art brut (Nunca), le folklore (Vitché) ou la vidéo (Videoman).

    Finalement, la richesse du street art dépasse, et de beaucoup, le phénomène populaire des tags, qui font tout de même l’objet d’une double page. Les créations conceptuelles de l’art urbain sont d’une richesse qui n’a pas à pâlir de la comparaison avec d’autres courants ou artistes de l’art contemporain : les interventions de Cédric Bernadotte, les peintures à la bombe monumentales d’Ash, les travaux au pochoir pop art de Bleck le Rat, les graffes de Corn-Bread, les actions engagées des Déboulonneurs, les affiches sophistiquées de Diuf, les fresques d’El Mac, les portraits emblématiques de Barack Obama par Sheppard Fairey, les peintures pointillistes (à la bombe!) de Jean Faucheur, les détournements féministes des Guerilla Girls ou ceux de Zevs, les petits personnages reconnaissables entre tous de Keith Haring, les collages monumentaux de JR, les installations minutieuses à base de tessons de bouteilles d’Olivier Kosta-Théfaine ou l’univers iconique de Miss.Tic.

    Citons aussi les détournements de panneaux routiers par le collectif roumain Monotremu, les intrusions urbaines de Monsieur Chat, les poupées mangas de Laidy Aiko, les tressages au scotch rouge de Louis Pavageau (alias Ligne Rouge), les personnages éthérés de Jérôme Mesnager, la performance spectaculaire d’Alexandre Orion dans les tunnels de São Paulo, les interventions d’Ernest Pignon-Ernest, les coulures de Quick, les phrases barrées en police Verdana de Rero, les créations complexes de SAMO (Jean-Michel Basquiat), les jeux de piste de Taki 183, les travaux au scotch de Tape Art ou les grattages monumentaux de Vhils et Zhang Dali.

    Le guide ne met pas sous silence l’une des plus étonnantes réalisations du street art, l’Underbelly Project. Il s’agit d’une vaste exposition secrète dans les sous-sols de New-York. Une station de métro abandonnée a été confiée à des centaines d’artistes. Sorte de "Lascaux contemporain", l’Underbelly Project est destiné à être vu par les spectateurs… des siècles futurs : "Un acte de mémoire, comme un acte d’amour sans attente de retour", commente Paul Ardenne au sujet de ce projet spectaculaire et inédit.

    Un monde underground est dévoilé dans ce livre rigoureux et de qualité. Au terme de la lecture de cet ouvrage collectif, le lecteur ne verra plus de la même manière les tags qu’il croisera au coin de la rue.

    Marie Maertens, Thimothée Chaillou et Paul Ardenne, 100 Artistes du Street Art,
    éd. La Martinière, 2011, 236 p.
    "Qui veut la peau de Monsieur Chat ?"

  • Qui veut la peau de Monsieur Chat ?

    Monsieur Chat est ce personnage devenu célèbre, un chat jaune aux yeux en forme d’amande et au large sourire espiègle, créé par l’artiste franco-suisse de street-art, Thoma Vuille. Monsieur Chat est devenu si familier pour des millions de citadins de Paris, New-York ou Tokyo que l’on peine à imaginer que cette icône puisse être attaquée.

    C’est pourtant ce qui se passe en ce moment. La SNCF a en effet traîné en justice Thomas Vuille pour avoir dessiné Monsieur Chat sur des parois en travaux de la Gare du Nord. Le facétieux félin, figure emblématique de l’art de rue, pourrait valoir à son auteur trois mois de prison ferme, pour récidive, Thomas Vuille ayant déjà été, par le passé, condamné à des amendes pour des faits similaires. La vieille compagnie ferroviaire ne rigole pas avec la dégradation de ses biens, y compris pour de sordides panneaux en travaux, et ce même s’il s’agit d’œuvres d’arts éphémères par un artiste internationalement reconnu.

    Quel que soit le verdict, attendu le 13 octobre 2016, pas sûr que la SNCF sorte grandie par ce procès d’un autre temps.

    Le bloggeur reviendra plus longuement sur le street-art dans un article à paraître demain sur Bla Bla Blog.

    http://www.monsieurchat.fr

  • Les Tanneries d'Amilly ouvrent leur porte

    Le centre d'art contemporain Les Tanneries ouvre ses portes ce week-end.

    Pour célébrer l'ouverture, des rencontres et rendez-vous autour des expositions sont organisés tout le week end.

    Les Tanneries se sont donnés pour projet de :

    - Favoriser la vitalité de la création et des échanges autour des œuvres par l'organisation de résidences artistiques.
    - Développer une action culturelle étroitement liée aux enjeux d'un art en train de se faire.
    - Construire une réflexion commune sur le geste comme acte de transformation au fil d'échanges avec les publics, artistes et commissaires invités.
    Conférences, tables rondes et projets éditoriaux accompagnent ce foisonnement de présences.

    Samedi soir, en écho à cette vitalité souhaitée, la compagnie de danse de Joanne Leighton exécute 9000 Pas vifs et légers, portés par les pulsations rythmiques de Drumming, composition musicale de Steve Reich. 

    http://www.lestanneries.fr
    Navette gratuite A/R depuis la gare de Montargis samedi 24 septembre

    sur réservation à : contact-tanneries@amilly45.fr
    "Je vais vous tanner avec Amilly"

    Visuel : Nathalie Brevet_Hughes Rochette, De Loing en loin
    Parc de sculptures Les Tanneries
    © Nathalie Brevet_Hughes Rochette

  • Alka en concert

    Le bloggeur a déjà dit tout le bien qu'il pensait d'Alka Balbir ("Suprême Alka").

    La chanteuse revient cette rentrée pour une série de plusieurs concerts à Paris. Le prochain aura lieu le 27 septembre aux 3 baudets à 20 heures, avec Alister.

    "Suprême Alka"
    Réservation aux Trois Baudets

  • Pour en finir avec Heidegger

    images.pngAvant de parler de l’essai de Maurice Ulrich, Heidegger et le Golem du Nazisme (éd. Arcane 17), il est sans doute bon de revenir sur la carrière de Martin Heidegger (1889-1976), fréquemment considéré comme le philosophe le plus important du XXe siècle. Ce penseur a été autant admiré pour ses travaux que décrié en raison de son adhésion au parti nazi durant les années 30 et de son zèle patriotique dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir : élu recteur de l’université de Fribourg-en-Brisgau en 1933, il prononce un discours d’allégeance au parti nazi (Le Discours du Rectorat) qui pèse encore lourd sur sa réputation. Pour preuve, en 1945 l’illustre professeur allemand est interdit d’enseignement pendant six années au terme d’un procès de dénazification, et ce en dépit de la défense à son ancienne maîtresse, la philosophe –  juive – Hanna Arendt. La publication des Cahiers noirs du philosophe a terni un peu plus sa réputation scandaleusement antisémite.

    Martin Heidegger continue pourtant d’avoir ses ardents défenseurs, soucieux de préserver ses apports dans l’histoire de la pensée. En quoi consistent-ils justement ? Voici quelques éclaircissements qui permettront de situer l’ouvrage de Maurice Ulrich.

    L'essai de Martin Heidegger, Être et Temps (1926), s’interroge sur la question de l’être : "La question de l’être est aujourd’hui tombée dans l’oubli" écrit-il. Ce sujet, qui intéressait les présocratiques (Parménide et Héraclite, notamment), fait son grand retour dans la philosophie occidentale grâce à Martin Heidegger. Il définit l'Étant comme cet homme empirique doué de paroles et de pensées. Mais Heidegger va utiliser un autre vocable, le Dasein (Être-là), qui est au cœur de l’essai de Maurice Ulrich. Grâce à l‘herméneutique mais aussi la phénoménologie, le Dasein est capable de s’interroger sur son propre être. Sans Dasein, le monde serait en quelque sorte vide, peuplé d’Étants, mais sans Être.

    Maurice Ulrich place le Dasein (écrit dans son ouvrage : "D a s e i n") au cœur de son livre Heidegger et le Golem du Nazisme, un essai à la fois pointu, pertinent et féroce sur les concepts philosophiques d’un penseur complexe et controversé.

    Dans son avant-propos, l’auteur, "un journaliste qui n’est pas un professionnel de la philosophie", explique sa démarche : plutôt que de "démontrer quoi que ce soit des liens de Heidegger avec le nazisme", Maurice Ulrich, éditorialiste à L’Humanité, entend expliquer, commenter et démonter les ressorts et les concepts philosophiques souvent obscurs de l’ancien élève de Husserl. En un mot : "démolir Heidegger".

    Le tour de force de Maurice Ulrich est de prendre à bras le corps dès la première partie ("Heidegger et le Golem") l’œuvre de Martin Heidegger, "Une forteresse vide, fermée sur un désert sans amour, sans sujets et sans liberté." Le concept du Dasein est au centre de son analyse, un concept promis à un avenir brillant, mais qui ne serait en réalité qu’un prête-nom (un Deckname). Le style complexe (pour ne pas dire ampoulé) du philosophe allemand semblerait avoir conduit à un malentendu au sujet de ce Dasein : "Il est vrai que le Dasein, entendu comme Être-là, semblait de nature à fournir une base à une philosophie de l’Existence". Mais aurions-nous été enfumés par Heidegger lui-même ? C’est ce que Maurice Ulrich défend avec conviction : "La fumée de l’être sortie de la bouteille va prendre la forme du peuple allemand et de son destin « historial »".

    Le heideggérisme n’est pas un humanisme, dit en substance l’auteur. Le "Dasein, vide d’humanité Heidegger va le chercher dans sa glaise pour en faire une créature à sa façon et adaptée à ce qu’il appellera de manière récurrente, la nouvelle volonté allemande. C’est un Golem." Paradoxalement, et non sans ironie, cet être imaginaire et monstrueux, sans conscient, est une créature tirée de la tradition juive. Maurice Ulrich ajoute que, dans un cours de 1933-1934 (Être et vérité), Martin Heidegger parle de "l’extermination totale de l’ennemi intérieur." Mais quel est cet ennemi ? Maurice Ulrich est explicite tout au long de son essai et les heideggeriens ne manqueront pas de s'étouffer.

    La deuxième partie de l’essai compile des extraits d’ouvrages du philosophe : Être et Temps (1926), Introduction à la Métaphysique (1935), Apports à la philosophie – De l’Avenance (1935-1936) et Qu’appelle-t-on penser ? (1951-1952). Maurice Ulrich commente Heidegger dans le texte, avec toujours en point de mire ce Dasein, une "aventure partagée" (du peuple allemand), que l’ancien recteur de Fribourg enrobe dans une syntaxe souvent difficile à maîtriser pour un non-spécialiste : "La question en suspens, celle qui porte sur un propre être-entier du Dasein et sur sa condition existentiale, ne sera amené sur un sol phénoménal éprouvé que quand elle pourra se tenir à une possible propriété de son être attestée par le Dasein lui-même." Les exemples de ce genre sont nombreux. Le lecteur peut remercier Maurice Ulrich de le prendre par la main pour voir plus clair dans les travaux du philosophe allemand.

    L’essai aborde frontalement la question de la Shoah et des "usines de la mort". La réputation de Martin Heidegger n’en sort pas indemne. Le plus grand philosophe du XXe siècle se montre d’un cynisme glacial, pour ne pas dire "insensé", lorsqu’il affirme ceci en 1949, lors de la Conférence Le Dis-positif : "L’agriculture est aujourd’hui une industrie d’alimentation motorisée, sans son essence la même chose que la fabrication de cadavres dans les chambres à gaz et les camps d’extermination… la même chose que la fabrication de bombes à hydrogène." Maurice Ulrich écrit plus loin : "La motorisation de la Wermacht" pourrait bien s’apparenter à un acte "métaphysique."

    Dans ses dernières pages, particulièrement engagées (le chapitre "Maintenant"), Maurice Ulrich enfonce le clou : "La pensée de Heidegger est bien, quoi que l’on veuille, une philosophie, perverse, mais une philosophie (...) recyclable et peut-être revendiquée par de multiples courants idéologiques qui sont loin de se limiter aux nostalgiques du nazisme en Europe, mais remettent en circulation les thèmes de l’identité, de la souche, des racines qui ne sont jamais que d’autres appellations du Dasein et de la division des « étants »."

    Cet essai musclé laisse la parole de fin à Thomas Bernhard : "Heidegger était en quelque sorte un escroc philosophique… Aujourd’hui, Heidegger n’a pas encore été entièrement percé à jour, si la vache Heidegger a bien maigri, on continue toujours à tirer le lait heideggerien." Le portrait cinglant du dramaturge autrichien sonne comme un véritable enterrement de première classe.

    Maurice Ulrich, Heidegger et le Golem du Nazisme, éd. Arcane 17, 2016, 153 p.

  • Mr Robot commenté, mais sans spoil

    Après un succès retentissant aux Etats Unis et un Golden Globe empoché dans la catégorie "meilleure série dramatique" en janvier dernier, Mr Robot arrive en France dès ce soir sur France 2 à raison de deux épisodes par semaine.

    À cette occasion, Avast, l’éditeur spécialisé en sécurité informatique, s’est intéressé aux techniques utilisées par Elliot, le personnage principal, ingénieur en cyber-sécurité le jour et pirate informatique justicier la nuit.

    Aidé d’un de ses experts en sécurité, Jean-Baptiste Souvestre, Avast proposera sur son blog une analyse détaillée après chaque épisode : méthodes de piratages mises en scène, réalisme des hacks, illustration des menaces toujours plus nombreuses et ingénieuses…les 10 épisodes seront méthodiquement passés au crible. Pour éviter spoilers et frustration, les posts ne seront publiés en ligne que le lendemain matin.

    Mr Robot, France 2
    Le blog d'Avast