Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

quatre saisons

  • … Un autre renouveau des Saisons

    Hier, je vous parlais d’un enregistrement très classique, et néanmoins vitaminée des Quatre Saisons de Vivaldi par le Klaipéda Chamber Orchestra. Place aujourd’hui, toujours chez Indésens, a une version cette fois beaucoup plus contemporaine de cette œuvre intemporelle que Max Richter a nommé The New Four Seasons – Vivaldi Recomposed. Les puristes ont hurlé lors de la création en 2012 de cette relecture qui est plutôt une composition originale à partir des Quatre Saisons de Vivaldi dans lequel se mêlent les cordes baroques et des nappes synthétiques de musique électronique.

    C’est de nouveau le Klaipéda Chamber Orchestra, dirigé par Mindaugas Bačkus qui se frotte à l’expérience, avec une nouvelle fois les solistes violonistes Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson. Il faut saluer l’audace, et du compositeur allemand comme des interprètes dans ce qui apparaît comme une œuvre originale de notre siècle. Le livret nous apprend que Max Richter a supprimé "environ 75 % du matériau original de Vivaldi tout en conservant certains motifs célèbres" (Spring 1).

    Le baroque prend un sérieux coup de dépoussiérage, sans être pour autant étrillé ni trahi (Spring 2, Summer 1). L’esprit est là, dirions-nous, y compris dans l’Allegro du "Printemps" (Spring 3). Max Richter appartient au mouvement post minimalisme. Il est vrai que l’influence du minimalisme américain, certes dépassé ici, est évident. Les lignes musicales sont claires, modernes, néoclassiques et viennent servir le vénérable Vivaldi, non sans audace cependant.

    Quel tempérament !

    Les violonistes Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson servent avec la même enthousiasme que leur autre version plus traditionnelle des Quatre Saisons (Summer 1), avec ardeur, hardiesse et même une sacrée solidité. Quel tempérament ! Max Richter peut se féliciter d’être aussi bien servi par ces violonistes ne se posant pas de questions. L’Adagio de "L’été" devient un chant funèbre. Sans doute l’une des plus belles bouleversantes parties de ces Nouvelles Quatre Saisons. Le Summer 3 est aussi naturaliste que l’était le Presto "orageux" de "L’Eté" de Vivaldi.

    Si Max Richter reprend la facture archaïque des danses du début de l’automne (Autumn 1), ce n’est pas sans faire des écarts à la composition originale : dépoussiérage en règle et coups d’archers tendus sont au menu de ce mouvement, finalement peu dépaysant. Pas plus dépaysant l’est l’Autumn 2, dans lequel le baroque revient en majesté. Finalement, voilà un "Automne" des plus séduisants, y compris dans sa troisième partie aux fortes influences du courant répétitif américain.

    Le premier mouvement de "L’Hiver" (Winter 1) reprend la structure de l’Allegro non molto originel de Vivaldi, avec ses célèbres lignes mélodiques, mais que Richter a ratiboisé avec audace. On trouvera cela génial ou au contraire inutile. Pour le Winter 2, la composition est nappée de sons électroniques, donnant à ce mouvement une aridité glaciale. Il semble voir de faibles flammèches tenter de réchauffer l’âtre d’une cheminée en plein hiver. La dernière partie, Winter 3, fait se mêler pour terminer post minimalisme et baroque, comme une synthèse de ces Nouvelles Quatre Saisons, incroyables et qui ont fait couler de l’encre à leur sortie.

    Max Richter, The New Four Seasons – Vivaldi Recomposed, Klaipéda Chamber Orchestra, dirigé par Mindaugas Bačkus, avec Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson (violons),
    Indesens Calliope Records, 2025

    https://indesenscalliope.com
    https://www.koncertusale.lt/en/collective/klaipeda-chamber-orchestra
    https://maxrichtermusic.com
    https://www.facebook.com/zajancauskaite.justina
    https://rutalipinaityte.com/en/homepage
    https://www.instagram.com/eglevalute
    https://www.facebook.com/p/Julija-Andersson-100085192234016

    Voir aussi : "Un renouveau des Saisons…"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Un renouveau des Saisons… 

    Vous allez me dire : "Encore Vivaldi ! Encore les Quatre saisons !" Certes, mais celles-ci méritent un coup d’oreille. Je dis bien "celles-ci", car il sera question, aujourd’hui et demain, de deux versions radicalement différentes avec le chef-d’œuvre universellement connu de Vivaldi.

    Crées en 1724 par le compositeur vénitien, ces Quattro Stagioni (Indésens) sont quatre concertos pour violon, opus 8, en trois mouvements, décrivant en musique les saisons, avec une virtuosité chère à Vivaldi, lui qui avait fait sa renommée autant comme compositeur que comme violoniste justement virtuose.

    Le Klaipéda Chamber Orchestra, dirigé par Mindaugas Bačkus, respecte l’écriture de Vivaldi. L’ensemble lituanien est aidé en cela par les quatre violonistes qui endossent avec autorité l’exigeante partition, à savoir les Lituaniennes Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson. Elles s’emparent en douceur de l’Allegro du 1er Concerto "Le printemps", avec en tête cette interprétation naturaliste parlant du chant joyeux des oiseaux et du murmure des herbes et du feuillage (Largo et Pianissimo sempre). Le baroque de Vivaldi, qui semble déjà annoncer le classicisme naissant, se fait archaïque avec le troisième mouvement, célébrant les fêtes et les danses pastorales.

    Archi jouée et archi écoutée (parfois trop, si l’on pense à son utilisation dans les publicités ou les messageries téléphoniques !), cette œuvre semble toujours révéler des secrets. Et c’est là que le talent des interprètes prend tout son sens. Ainsi, le 2e Concerto "L’été" a rarement paru aussi mélancolique. Le soleil écrase hommes et troupeaux, le zéphyr vent annonce un orage menaçant (Allegro non molto). La virtuosité des quatre solistes doit allier précisions des notes, expressivités et, bien sûr, virtuosité. Ce qui n’empêche pas ces moments de tensions suspendues avec la crainte des éclairs et les vols nerveux et inquiétants des mouches et des taons (Adagio). Quand on parle d’œuvre musicale et expressive, quoi de plus parlant que le Presto impetuoso d’estate du 3e mouvement. Les cordes et les coups d’archers nerveux font résonner comme jamais les éclairs et les tonnerres.

    Archi jouée et archi écoutée cette œuvre semble toujours révéler des secrets

    Pierre angulaire de la musique baroque, ces Quatre Saisons se font archaïques dans les deux premiers mouvement (Allegro et le tendre Adagio molto) du 3e Concerto pour violon "L’automne", avec ces danses paysannes et l’expression des bonheurs simples : la bonne récolte, le vin, les chants, les danses, le repos, en un mot le plaisir. Le troisième mouvement (La caccia – Allegro) n’est pas celui qui vient le premier en tête lorsque l’on parle des Quatre Saisons de Vivaldi. Et pourtant, il n’est pas le moindre intéressant : le compositeur exprime en musique les derrière son rythme en forme de chevauchée ("Le chasseur part pour la chasse à l’aube, / Avec les cors, les fusils et les chiens", dit le sonnet écrit, semble-t-il, par Vivaldi himself), se cache l’ombre de la mort, celle de la bête traquée : "Elle tente de fuir / Exténuée, mais meurt sous les coups". Tout cela est rendu avec une fausse désinvolture. Troublant. Comme quoi, beaucoup est encore à découvrir dans ces quatre concertos.

    Vivaldi termine, évidemment, avec "L’hiver", sans doute le concerto qui serre le plus au cœur. L’énergie est au service d’une saison rude, ce qu’exprime avec talent l’orchestre Klaipéda (Allegro non molto). Étrange "Hiver" en réalité, qui nous parle aussi des soirées au coin du feu alors que la pluie glacée tombe à torrents dehors (Largo), avant une toute dernière partie paisible. Le sonnet accompagnant l’oeuvre est à cet égard éloquent : "Ainsi est l'hiver, mais, tel qu'il est, il apporte ses joies". Tout comme la joie de cet enregistrement qui entend revisiter une œuvre majeure de la musique baroque avec l’insouciance et la fraîcheur de jeunes artistes.

    Antonio Vivaldi, Les Quatre Saisons, Klaipéda Chamber Orchestra, dirigé par Mindaugas Bačkus ,
    avec Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson (violons),
    Indesens Calliope Records, 2025
    https://indesenscalliope.com

    https://www.koncertusale.lt/en/collective/klaipeda-chamber-orchestra
    https://www.facebook.com/zajancauskaite.justina
    https://rutalipinaityte.com/en/homepage
    https://www.instagram.com/eglevalute
    https://www.facebook.com/p/Julija-Andersson-100085192234016

    Voir aussi : "Philippe Guilhon Herbert : « Ravel est au plus près de mon parcours de musicien »"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Histoires de roux et de rousses

    Je vous parlais il y a peu de l’étonnante et rafraîchissante compilation de Camille et Julie Berthollet consacré aux génériques télé (Series). Tout aussi vivifiant, leur version des Quatre Saisons de Vivaldi, sortie en 2019, mérite que l’on s’y intéresse.

    Certes, depuis les revisites baroques sur instruments d’époque au cours des années 80 et 90, le chef d’œuvre populaire du compositeur roux vénitien semble avoir été assez peu dépoussiéré – si l’on excepte celle de Nemanja Radulovic en 2011. Or, soyons honnêtes, les jeunes divas rousses de la musique classique ne révolutionnent pas la lecture des célèbres quatre concertos pour violon.

    C’est un retour à une œuvre classique, archi-jouée, archi-connue et archi-réutilisée que Camille et Julie Berthollet proposent, et l’on doit bien admettre que les violonistes se tirent très bien de cet exercice, si l’on pense au "Printemps ». Pour "L’été", les interprètes mettent la jeunesse, l’enthousiasme et la vivacité à l’honneur, dans un premier mouvement "Allegro non molto" mené tambour battant et un "Allegro" naturaliste et nerveux.

    L’auditeur ne se sentira pas dépaysé par cette version somme toute classique des Quatre Saisons, dont chaque concerto ne dépasse pas les douze minutes, ce qui rend cette œuvre d’autant plus dense, efficace et imagée : les danses villageoises aux beaux jours, les paysages écrasés de soleil, les couleurs de l’automne, la nature qui s’endort (l’"Adagio Molto" de "L’automne"), sans oublier les tourbillons musicaux incroyables dans "L’hiver", sont sans aucun doute l’un des summums de la musique classique. 

    Pop

    Si les sœurs Berthollet ont appelé leur album Nos 4 Saisons, ce n’est évidemment pas sans raison. Comme elles l’écrivent en présentation de leur disque, les interprètes insistent sur la puissance et l’influence de cette œuvre du "prêtre roux" dans l’histoire de la musique : "Si on écoute bien, on retrouve ses harmonies dans toute la musique pop d’aujourd’hui".

    "Pop". Le mot est dit et assumé. Camille et Julie Berthollet assument cette idée en proposant, suite à leur version des concertos de Vivaldi, quatre chansons composées en grande partie par les sœurs Berthollet d’après des fragments et des extraits des Quatre Saisons. C’est "Pour être une femme", en featuring avec Joyce Jonathan, d’après "L’hiver", c’est "Même étoile", avec Ycare, d’après "L’automne". C’est aussi "Crash d’amour", avec Foé d’après "Le printemps". Il faut aussi parler de "Regard d’été" écrit, composé et interprété (on aimerait même dire slamé) avec grâce par Camille et Julie Berthollet. Cette chanson est sans doute l’un des bijoux surprises de cet étonnant opus, opus plaisir qui entend dépoussiérer les monuments du classique.  

    Comme beaucoup d’enregistrements des Quatre Saisons, celui-ci se termine avec une version de L’estro armonico, un ensemble de concertos pour violon, mené avec maestria et un plaisir manifeste. Et comme les sœurs Berthollet entendent assumer jusqu’au bout leurs envies de décloisonner les genres, elles clôturent leur album avec une chanson originale, "Falling", prouvant que ces artistes ne sont pas que des interprètes inspirées. Elles sont aussi des compositrices, aussi à l’aise dans le classique que dans la pop et la chanson. 

    Camille & Julie Berthollet, Nos 4 Saisons, Warner Classics, 2019
    https://www.warnerclassics.com/fr/release/4saisons
    https://www.camilleetjulieberthollet.com
    https://www.facebook.com/camilleetjulieberthollet
    https://www.instagram.com/julieberthollet
    https://www.instagram.com/camilleberthollet
    https://www.youtube.com/channel/UCd4tZR7nSGBtHF5Gbt4BZQg

    Voir aussi : "Chiller avec les sœurs Berthollet"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !