Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ete

  • Un renouveau des Saisons… 

    Vous allez me dire : "Encore Vivaldi ! Encore les Quatre saisons !" Certes, mais celles-ci méritent un coup d’oreille. Je dis bien "celles-ci", car il sera question, aujourd’hui et demain, de deux versions radicalement différentes avec le chef-d’œuvre universellement connu de Vivaldi.

    Crées en 1724 par le compositeur vénitien, ces Quattro Stagioni (Indésens) sont quatre concertos pour violon, opus 8, en trois mouvements, décrivant en musique les saisons, avec une virtuosité chère à Vivaldi, lui qui avait fait sa renommée autant comme compositeur que comme violoniste justement virtuose.

    Le Klaipéda Chamber Orchestra, dirigé par Mindaugas Bacus, respecte l’écriture de Vivaldi. L’ensemble lituanien est aidé en cela par les quatre violonistes qui endossent avec autorité l’exigeante partition, à savoir les Lituaniennes Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson. Elles s’emparent en douceur de l’Allegro du 1er Concerto "Le printemps", avec en tête cette interprétation naturaliste parlant du chant joyeux des oiseaux et du murmure des herbes et du feuillage (Largo et Pianissimo sempre). Le baroque de Vivaldi, qui semble déjà annoncer le classicisme naissant, se fait archaïque avec le troisième mouvement, célébrant les fêtes et les danses pastorales.

    Archi jouée et archi écoutée (parfois trop, si l’on pense à son utilisation dans les publicités ou les messageries téléphoniques !), cette œuvre semble toujours révéler des secrets. Et c’est là que le talent des interprètes prend tout son sens. Ainsi, le 2e Concerto "L’été" a rarement paru aussi mélancolique. Le soleil écrase hommes et troupeaux, le zéphyr vent annonce un orage menaçant (Allegro non molto). La virtuosité des quatre solistes doit allier précisions des notes, expressivités et, bien sûr, virtuosité. Ce qui n’empêche pas ces moments de tensions suspendues avec la crainte des éclairs et les vols nerveux et inquiétants des mouches et des taons (Adagio). Quand on parle d’œuvre musicale et expressive, quoi de plus parlant que le Presto impetuoso d’estate du 3e mouvement. Les cordes et les coups d’archers nerveux font résonner comme jamais les éclairs et les tonnerres.

    Archi jouée et archi écoutée cette œuvre semble toujours révéler des secrets

    Pierre angulaire de la musique baroque, ces Quatre Saisons se font archaïques dans les deux premiers mouvement (Allegro et le tendre Adagio molto) du 3e Concerto pour violon "L’automne", avec ces danses paysannes et l’expression des bonheurs simples : la bonne récolte, le vin, les chants, les danses, le repos, en un mot le plaisir. Le troisième mouvement (La caccia – Allegro) n’est pas celui qui vient le premier en tête lorsque l’on parle des Quatre Saisons de Vivaldi. Et pourtant, il n’est pas le moindre intéressant : le compositeur exprime en musique les derrière son rythme en forme de chevauchée ("Le chasseur part pour la chasse à l’aube, / Avec les cors, les fusils et les chiens", dit le sonnet écrit, semble-t-il, par Vivaldi himself), se cache l’ombre de la mort, celle de la bête traquée : "Elle tente de fuir / Exténuée, mais meurt sous les coups". Tout cela est rendu avec une fausse désinvolture. Troublant. Comme quoi, beaucoup est encore à découvrir dans ces quatre concertos.

    Vivaldi termine, évidemment, avec "L’hiver", sans doute le concerto qui serre le plus au cœur. L’énergie est au service d’une saison rude, ce qu’exprime avec talent l’orchestre Klaipéda (Allegro non molto). Étrange "Hiver" en réalité, qui nous parle aussi des soirées au coin du feu alors que la pluie glacée tombe à torrents dehors (Largo), avant une toute dernière partie paisible. Le sonnet accompagnant l’oeuvre est à cet égard éloquent : "Ainsi est l'hiver, mais, tel qu'il est, il apporte ses joies". Tout comme la joie de cet enregistrement qui entend revisiter une œuvre majeure de la musique baroque avec l’insouciance et la fraîcheur de jeunes artistes.

    Antonio Vivaldi, Les Quatre Saisons, Klaipéda Chamber Orchestra, dirigé par Mindaugas Bacus,
    avec Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson (violons),
    Indesens Calliope Records, 2025
    https://indesenscalliope.com

    https://www.koncertusale.lt/en/collective/klaipeda-chamber-orchestra
    https://www.facebook.com/zajancauskaite.justina
    https://rutalipinaityte.com/en/homepage
    https://www.instagram.com/eglevalute
    https://www.facebook.com/p/Julija-Andersson-100085192234016

    Voir aussi : "Philippe Guilhon Herbert : « Ravel est au plus près de mon parcours de musicien »"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Il me manque quelqu’un près de moi

    Il y a ces films qui vous laissent muets d’admiration autant que de sidération. L’Été l’éternité d’Émilie Aussel, sorti l’an dernier et visible en ce moment sur Ciné+, en fait partie. Disons-le : ce long-métrage, dont on a finalement assez peu parlé, est un petit miracle en soi autant qu’un joyau, qu’il faut déguster et re-regarder pour en apprécier toute la subtilité.

    Le récit commence par les vacances au bord de la mer de jeunes gens, tout juste bacheliers, avec ses corollaires : l’insouciance, les amourettes, les fêtes, les conversations entre garçons et filles. Tout cela fait très rohmérien. Rien de nouveau sous le soleil, oserions-nous dire.

    Sauf qu’un événement s’abat sur le groupe d’ami·e·s. Lors d’une dernière baignade, un soir, l’insouciante et fraîche Lola (Marcia Guedj-Feugeas) se noie. La vie se fracasse soudainement et le groupe d'amis est terrassé. La meilleure amie de Lola, Lise (l’exceptionnelle Agathe Talrich) se retrouve, comme ses camarades, désemparée et en proie à une indicible douleur.

    L’été est toujours là, le soleil et la mer aussi, mais la mort cruelle et injuste vient rappeler qu’elle peut frapper n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. "Y a que les murs qui restent", constate Marlon (joué par le formidable Idir Azougli), à la fois brut, insaisissable et bouleversant. Lise traîne son désarroi. Comment vivre après ce drame et pourquoi vivre ? Un soir, elle quitte ses amis, effondrés comme elle, et croise un trio d’amis et artistes, en vacances en comme elle. 

    Film miraculeux, bouleversant adresse à une jeune fille morte, ode à la jeunesse et à sa fragilité

    Une grande claque ! L’Été l’éternité est le premier long-métrage d’une réalisatrice dont il va falloir absolument suivre le parcours. On lui devait auparavant Ta Bouche Mon Paradis (2016), Petite Blonde (2013) et Do You Believe in Rapture (2013), des courts-métrages traitant eux aussi de l’adolescence, du sud mais aussi de rencontres sur la plage (Petite Blonde).

    Pour L’Été l’éternité, la réalisatrice laisse vite de côté les amours de vacances, les réflexions légères sur les relations garçons-filles, les flirts, Tinder et les fêtes arrosées à la bière et au rosé pour inscrire son film dans une trame sombre où plaisir et souffrance, vie et mort, désespoir et espoir s’entrecroisent et s'affrontent.

    Après le drame de Lola, le temps se suspend. Le film adolescent prend des allures de fable métaphysique, avec des choix esthétiques forts comme l’absence d’artefacts modernes – téléphones, ordinateurs et même voitures. Si la technologie apparaît à partir de la seconde moitié du film c’est au service de l’art, salvateur, qu’il soit vidéo, poétique, musical ou chorégraphique.

    Mettre la jeunesse insouciante en tête-à-tête avec la mort : voilà ce qui guide la réalisatrice. "Quand on est jeunes, on croit qu’on est invincible, qu’on est immortel et que ça durera toujours… Moi je voulais que ça dure toujours", dit, face caméra, un des protagonistes effondré et démuni. Sans pathos, avec une retenue digne, Émilie Aussel filme le chagrin, la consolation impossible et une morte toujours présente.

    Lise entame un parcours salvateur pour accepter la mort de Lola et vivre avec, après être passée par des phases successives, l’incompréhension, l’inacceptation, la culpabilisation et le désespoir.  Et si l’apaisement passait par les autres mais aussi par l’art ?

    Film miraculeux, adresse à une jeune fille morte, ode à la jeunesse et à sa fragilité, L’Été l’éternité est surtout un joyau bouleversant dont plusieurs scènes et dialogues resteront gravés longtemps dans les mémoires, à l’instar de cette phrase de Rita pour Lise, à la toute fin du film : "Il manque quelqu’un".

    L’Été l’éternité, drame français d’Émilie Aussel, avec Agathe Talrich, Marcia Guedj-Feugeas,
    Matthieu Lucci, Idir Azougli, Nina Villanova, Antonin Totot,
    Rose Timbert et Louis Pluton, 2021 75 mn, Ciné+

    https://www.canalplus.com/cinema/l-ete-l-eternite/h/19150822_40099
    https://cineuropa.org/fr/video/408117
    https://www.unifrance.org/film/49836/l-ete-l-eternite
    https://shellacfilms.com/films/lete-leternite
    http://emilie.aussel.free.fr

    Voir aussi : "Corpus delicti"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • C’est l’amour à la plage

    Flore Cherry et Guenièvre Suryous rempilent pour un nouveau Guide de Survie sexuelle. Après l’étudiante et la business girl, cette fois c’est à la vacancière que s’intéressent nos deux spécialistes : "Les vacances, c’est le moment idéal pour décrocher du quotidien et s’offrir le temps de quelques jours et de quelques nuits, une bulle d’évasion exotique et, pourquoi pas érotique," disent les auteures en avant-propos.

    On retrouve dans ce nouveau volume de Guide de Survie sexuelle les rubriques habituelles : des profils types (en l’occurrence la jet-setteuse, l’intello, et la baroudeuse), les fiches de premiers secours, un catalogue de "questions relous" (avec un florilège de réponses possibles), une rubrique "Culture G" et des "témoignages de Survivantes." Flore Cherry et Guenièvre Suryous ont également eu la bonne idée d’inclure dans leur vade-mecum estival des grilles de mots croisés et un carnet personnalisable par le lecteur.

    Le Guide de Survie sexuelle de la Vacancière se veut à la fois léger et pratique, tout en essaimant discrètement, et sans tabous, conseils et rappels : comment choisir un maillot sans stress, comment faire l’amour lorsque l’on est jeune maman, comment gérer un amour d’été ou quoi apporter pour des vacances torrides. La lectrice et le lecteur y retrouveront sans doute des informations glanées ici ou là dans leurs magazines préférés, mais d’autres sujets plus inhabituels sont également traités : quelles sont les destinations étrangères les plus sexy ? Peut-on faire l’amour dans un avion ? Quels sont les meilleurs spots pour draguer un étranger ?

    Une île "détox des hommes" pour les femmes

    La rubrique "Culture G" propose, de son côté, de parfaire notre culture générale en s’intéressant, bien entendu, au sexe et aux vacances. Et l’on apprend que la Suède proposera bientôt une île "détox des hommes" pour les femmes, que le topless s’est sérieusement ringardisé depuis quelques années, que le Brésil ouvre cet été un parc d’attraction dédié au sexe ou que les Anglais mettent en vente des glaces au champagne et au Viagra...

    Le lecteur pourra s’arrêter, avec un mélange de consternation et d’amusement, sur ces questions relous souvent entendues : "Tu ne nous ramène pas un Africain à la maison ?," "Voulez-vous couchez avec moi ce soir ?", "Tu as pris combien de kilos en Australie ?"

    Le grand bonus de ce Guide de Survie sexuelle de la Vacancière reste les témoignages de "survivantes" : des confessions d’anonymes qui prouvent que la réalité peut parfois dépasser l’imagination des meilleurs scénaristes. Ce chapitre est à ne pas manquer.

    Le nouveau livre de Flore Cherry, illustré avec finesse et dans des couleurs chaudes par Guenièvre Suryous, est à emporter pour vos vacances, que vous soyez seules ou (bien) accompagnées. La parenthèse légère et dorée des vacances ne saurait se passer d’escapades coquines et d’aventures sexy. "Le désir ne meurt jamais" dit d’ailleurs Julia Palombe en préface : une phrase digne de James Bond que revendiqueront sans aucun doute nos deux auteures chéries.

    Flore Cherry et Guenièvre Suryous, Guide de Survie sexuelle de la Vacancière,
    éd. Tabou, 128 p., 2018

    http://guenievre-illustration.com
    http://popyourcherry.fr

    Voir aussi :
    "Zob in job"
    "La vie (sexuelle) des jeunes"
    "Union TV : un nouveau média pour une nouvelle révolution sexuelle"