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chanson - Page 13

  • Rencontres avec LeHache

    De rencontres, il en est bien sûr question dans le dernier album de LeHache.

    LeHache appartient à cette veine de chanteurs français nourris au jazz, son "école" comme le précise l’artiste. Pas d’électro, de rythmes urbains et de pop sophistiqué mais des instruments traditionnels – dont la guitare sèche du chanteur – et une orchestration acoustique ramassée et des influences revendiquées du côté de Brassens ("Gardien des secrets"), Sanseverino ("Talkin’ Global Security Blues") et de sons traditionnels, que ce soit la valse dans "Alphonse & Juliette", le flamenco dans "Ubi sunt ?", le jazz manouche revendiqué dans "De l’aut’côté c’est passionnant" ou encore le blues dans le bien-nommé "Businessman Blues".

    LeHache fait de ses Rencontres de jolis portraits, souvent simples et attendrissants, à l’image de ces "Cheveux noir de jais", d’une femme fatale que l’on imagine venir de Méditerranée ("Ubi sunt ?") ou encore cette saynète amoureuse un rien désuète : "Nous Couchés sur ce tapis Le ciel comme un tipi / Le ciel est fait pour toi  / La nuit étoilée te va si bien Quand elle t’habille jusqu’au matin" ("Mon p’tit soleil"). C’est aussi le truculent titre "Mémé m’aimait", un morceau faussement léger inspiré du Petit Chaperon Rouge, chanté avec un sérieux sens d’humour noir et aussi un rien de grivoiserie. 

    C’est aussi et surtout "Une vie dans l’Aubrac", un vrai hymne à nos campagnes

    Pour le titre "Loin de l’hiver", un blues sombre en duo avec Diez, LeHache parle de ces "embouteillages d’amours devant ma porte" et de l’attente qui n’en finit pas.

    Non sans philosophie ni poésie, le musicien fait de ces portraits naturalistes des plongées dans la nature, au cœur d’une province que l’on croit endormie – à tort – lorsqu’elle ne se fait pas contestataire et volontiers anarcho ("Planque-moi ce gilet jaune si jamais tu croises un agent", "Talkin’ Global Security Blues").

    La nature est au cœur du dernier opus de LeHache. C’est "Gardien des secrets", une ballade émouvante autour d’un arbre, presque un autoportrait ("J’offre mon ombre et mes ramures / A ce vieux banc enflammé / J’offre mes nœuds mes veines tordues / A vous tous amants affamés / Je suis toujours là / Je suis gardien du temps et de tous vos secrets"). C’est aussi "Vers l’eau qui dort", où la nature est là encore comme humanisée ("Les lignes de mes mains se feront bien accueillantes"). L’éveil de la nature est aussi celui du désir, nous rappelle en substance le chanteur.  C’est aussi et surtout "Une vie dans l’Aubrac", un vrai hymne à nos campagnes. LeHache assume ici sa provincialité et son amour de la campagne : "C’est l’histoire d’un homme qui ne s’est pas enfui… / Il parle d’un pays".

    Ce pays, LeHache en parle avec générosité et sans tricherie. 

    LeHache, Les Rencontres, Inouïe Distribution, 2022
    https://www.lehache.fr
    https://www.facebook.com/LeHache
    http://www.sylviethouron.fr

    Voir aussi : "Naissance de LeHache"

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  • Les jeux de l’amour et de la glande

    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Weekend Affair est non seulement un groupe bien de chez nous (ils sont originaires de Lille), mais en plus ils chantent en français, ce qui donne à leur pop une couleur étonnante de fraîcheur.

    Louis Aguilar et Cyril Debarge forment ce séduisant duo au son pop, déclinant les états d’âme de deux garçons bien dans leur époque.    

    Quand vient la nuit, leur nouvel album, fait la part belle à l’amour et au couple, que ce soit la recherche de la personne qui va partager notre vie ("Fini de jouer"), la séduction et le fantasme ("Te regarder danser") ou le constat de la fin d’une relation ("Juste un rêve", "Et après").

    C’est avec malice que Weekend Affair propose les deux chansons légères que sont la très pop "Déshabillée" et surtout la délicieuse "Tes jambes à mon cou" : "Ça ne regarde que nous / Tu sais tout le monde le fait", chantent-ils, malicieux.

    Séduisant duo au son pop

    Weekend Affair imposent un répertoire français dans un langage musical très moderne, alliant le funk ("Fini de jouer"), l’électro-pop ("Te regarder danser") ou le rock minimaliste ("Juste un rêve").

    Le duo veut refléter notre époque, à travers cet hymne que pourrait être "Enfants de la fatigue" ("Marchons, marchons / Liberté chérie / Osons osons / Le fond de notre lit").

    Dans "Dépêche-toi", le groupe parle de la notion d’urgence : "Vite, l’amour !", semblent nous dire les deux garçons. Weekend Affair constate que nous avons bien souvent "les deux pieds joints dans le ciment de la vie". Un constat cruel que beaucoup d’entre nous connaissent : "Je m’essouffle pourtant / Pour tenir la cadence… / Je me dépêche le soir / Surtout n’oublie rien /  Et ne sois pas en retard".  

    Plus léger, "J’ai mis mon survêt" est un morceau qui invite au contraire au farniente et à la glandouille pour arrêter le fil du temps : "Je me suis fait beau, bien sapé / Pour être chic au moment de ne rien faire".

    "Quand vient la nuit' vient clore un album plus lumineux que ne laisse deviner le titre et cet ultime morceau, avec la découverte de cet album élégant composé et produit avec soin.

    Weekend Affair, Quand vient la nuit, chez Pil Records / Les Airs à Vif, 2021
    https://www.facebook.com/weekendaffair
    https://www.instagram.com/weekendaffair

    Voir aussi : "Soudain, Vanessa Philippe"

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  • Animale et fatale

    Parmi les découvertes de ce début d’année, figure Edva, un duo – Ed et Tina – venu tout droit de Russie mais venu s’installer en France depuis deux ans. C’est d’ailleurs le français qu’ils ont choisi pour leurs premiers singles et leur futur EP, à paraître en mars prochain.

    Edva choisit l’électro pour parler d’amour, à l’instar de leur titre "Jim", qui portera le nom de leur futur album. Sur les images psychédéliques de leur clip, Edva fait se rencontrer, non sans audace,  Enya et  Krafterwerk, le tout sur des paroles oniriques : "À la vie à la mort / Prends ma main serre la fort / À la vive à la mort / Retiens-moi si je dors".

    Le romantisme du duo est fortement teinté de noirceur dans cet autre morceau singulièrement nommé "Blanche". Il y est question d’une "womanimal", une "femme-bête" ou "femme-monstre" se sentant comme une paria dans notre monde moderne. Cette quête de la nature est illustrée par le clip réalisé par Elisabeth Haust. Elle fait de cette femme instinctive et attirée par la nature un être à la fois insaisissable et à la recherche de celui ou celle qui pourra la comprendre et vivre avec elle : "Tu ne seras qui jamais je suis… Je me fusionne dans l’air pour que tu me respires".

    Il est également question de sens dans "Remember", qui explore la notion de surdité. Edva commente ainsi ce titre généreux : "Dans un monde sourd, où il est difficile de s’entendre, les réponses pourraient bien venir de l’intérieur. Si on est prêt à écouter cette voix au plus profond de nous, le monde se met alors à sonner".

    Voilà un duo à surveiller de près pour les prochaines mois. 

    Edva, Jim, 2022
    https://www.instagram.com/edvaofficial

    Voir aussi : "Le temps des cerises avec Cecilya"

    Photo : Edva - Ed et Tina

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  • Fais comme l’oiseau

    Et si les grands bonheurs ne pouvaient être que murmurés ? Tel est le postulat de Rosemarie qui signe avec son nouveau single "Comme un oiseau" un étonnant et convaincant titre délicat comme une pluie de rosée. Voilà qui fait du bien.

    De sa voix juvénile et acidulée – comme l’est d’ailleurs le clip, tout en rose et en pastel -  la jeune chanteuse chante les émois de l’amour qui vous cueille subitement, "comme un oiseau dans l’eau et un arbre dans le ventre".

    L’artiste présente cette nouvelle création comme une ode à la résilience, un retour à la vie : "J’ai dormi de longues heure / Et j’ai trouvé le repos / Maintenant la paix demeure en moi / Résonne son écho".

    Le premier EP de Rosemarie sortira le 4 mars prochain. Nous l’attendons avec impatience. 

    Rosemarie, Comme un oiseau, single, 2022
    https://www.facebook.com/rosemariemusique
    https://www.instagram.com/rosemariemusic
    Chaîne Youtube de Rosemarie

    Voir aussi : "En attendant 1988"
    "Le temps des cerises avec Cecilya"

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  • Soudain, Vanessa Philippe

    C’est avec une fausse légèreté et une vraie mélancolie que Vanessa Philippe marque les esprits avec son nouvel album Soudain les oiseaux. Pour annoncer la sortie de l’opus, Vanessa Philippe a crée une trilogie de clips avec un poisson rouge sur les trois premiers singles "Suivre le soleil", "Les maux" et "Soudain les oiseaux".

    L’album s’apparente à une vraie catharsis : à la suite du décès de sa grande sœur en août 2019, Vanessa Philippe a écrit entièrement Soudain les oiseaux, qu'elle lui dédie. Elle lui fait une vraie belle déclaration d’adieu dans "Sister" : "Mon héroïne ma divine aux cheveux courts au cœur clair… Loin de l’enfance / Ce monde si dur / Qui t’a jeté sous terre… Mon cœur est ravagé".

    De sa voix fluette et faussement détachée, Vanessa Philippe parle dans "Si ce soir-là" de ce départ cruel : "Si ce soir-là tu reviens pas qu’est-ce que je vais faire de moi ? Je boirai de la vodka ?" La légèreté n’est qu’apparente pour cet album personnel et grave, enveloppé de surcroît d’une grande poésie : "Je ferai une avant-première des acteurs en plastique / Seule au bras Jusque en bar de chez moi".

    On saluera l’exigence d’un album dans lequel le minimalisme électro-pop ("Suivre le soleil") côtoie la chanson française ("Combien d’efforts") mais aussi le rock. L’auditeur pourra notamment voir derrière  le morceau "Soudain les oiseaux" une parenté avec le désormais classique "Silence des Oiseaux" de Dominique A ? : "Je suis l’eau qui circule / Entre les vagues je gis / Je suis comme sur un  fil / Je me lance dans le vent / Et le chant des oiseaux / M’accompagne le matin / Et toute la journée".

    Douleur, toujours, lorsque Vanessa Philippe chante "Les Maux" : "Ce soir j’me jette face contre terre / De mon futur je n’ai que faire / Je n’ai que dalle". Avec une fausse indolence et une vraie mélancolie, elle s’interroge sur le sens que peut avoir une vie après de grandes douleurs. C’est le message porté par "Malgré tout", enregistré en public, avec un son lo-fi nineties, une orchestration ramassée et une voix sans fard qui dit l’urgence et la douleur : "C’est ta mort qui me tape sur le système / C’est ta mort qui me tue… Malgré le monde, malgré tout ce monde".

    Important et bouleversant

    Dans "Parfois", c’est avec économie dans le texte comme dans l’interprétation que la chanteuse confie ses émois de femme qui, parfois, "explose" ou "implose", dans ces moments de fragilité où l’on est au bord du gouffre.

    Et si le salut viendrait de la fuite, des voyages ("J’aimerais tant m’évader sur une planète / Et pouvoir m’envoler sans avis de tempête / Planer au loin / Traverser les nuages / Comme un dragon aux écailles de sable") et, plus poétiquement, de se transformer en oiseau ("Battant l’air de mes bras / Je volerai un matin / Mes pieds quitteront le sol / Et la terre en survol / Vers une autre planète / J’irai en voyage quelque part sur la terre / ailleurs dans l’univers", "Une autre planète") ?

    "Trop de larmes", sans doute l’un des meilleurs morceaux de l’album, séduit par sa recherche mélodique et par son travail sur le son. Il y est également question d’oiseau ("Ton plumage me colle à la peau"). Vanessa Philippe fait de cette lamentation sur les nuées grises et sur un "ciel bien trop bleu" une quête existentielle, avec, en filigrane, la disparition de sa sœur, ce fameux oiseau personnifié. La chanteuse y parle de son envie de "dévaliser l’air" et le besoin de s’envoler. Ah, "Si nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le le vent glacé", chantait encore Dominique A…

    L’auditeur trouvera un peu de légèreté à travers le délicat "Pantalon de soi" ("Je danse en pantalon de soi / Et je tourne en manteau rose des bois / Je chante la musique parfois / Seule dans le salon et dans le noir"). Ne serait-ce pas un hommage à cette même sœur ? "Je mets un pantalon de soi / une blouse au parfum de ta voix / Je m’habille avec ton sourire / Je m’imprègne de tes souvenirs".

    "Paradise" clôt en anglais et en douceur un album important de la scène française. Important et bouleversant.

    Et soudain, Vanessa Philippe apparut. 

    Vanessa Philippe, Soudain Les Oiseaux, Le poisson spatial / Modulor, 2022
    En concert aux Trois Baudets, Paris, le 23 février 2022

    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi
    @vansphi

    Voir aussi : "Paris-Salvador avec Vicente et Marianna"

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  • Paris-Salvador avec Vicente et Marianna

    Vicente e Marianna ce sont les Français Vincent Muller et Marianne Feder, qui signent leur premier album, De Paris à Salvador. Si le mot "métissé" peut être utilisé, c’est bien pour cet opus, se jouant des influences de la chanson française et des sons et rythmes brésiliens.

    De Paris à Salvador séduit par son choix du voyage, de la fête et de l’amour, à l’image du titre qui ouvre l’opus, "Sur le chemin du monde", une chanson souriante, ensoleillée et brésilienne. Nous dirions même qu’il y a de la comédie musicale à la Jacques Demy dans son parti-pris : "Si tu me fais de l’ombre / Quand me soleil m’inonde / C’est pour me protéger / De ma cupidité / C’est pour nous redonner / Un peu de légèreté".

    Vicente e Marianna, bien dans leur époque, font le choix, dans le morceau "Mon cœur confine", du rythme insensé pour nous parler de liberté, d’amour, d’espoir mais aussi… de confinement : "J’ai bien tout fermé les portes des fenêtres / Mais je t’ai tout donné à l’aveuglette… Et mon cœur confiné en solitaire / Je n’ai pas rangé mon espérance / Et mon âme chante en toi / Sur cette danse".

    Le brésil coule dans les veines du duo, que ce soit dans le choix de rythmes ("Les bras de Poséidon"), dans des revisites ("Canto de Iemanja" de Baden Powell et Vinicius de Moraes ou le mélancolique et amoureux "Un amour d’hiver", du même Baden Powell) ou de ses plongées dans la culture traditionnel brésilienne.

    Le public français risque fort de découvrir le xote

    Il faut à ce sujet s’arrêter sur "O xote do peixe e da borboleta", littéralement : "Xote du poisson et du papillon". Le public français risque fort de découvrir le xote, un style musical traditionnel originaire du Nordeste, sur des paroles poétiques, que les musiciens s’approprient "sous les rythmes endiablés / Du xote et du samba-reggae". Il est encore question de poésie naïve, onirique et colorée avec "Na pele" : "Un à un j’ai conquis les nuages / Qui me faisaient ombrage / Sur ta peau".

    Avec "Bom au cœur", nous voilà toujours au cœur du Brésil, dans ce titre qui marque la signature de l’album : "Ailleurs / Bom au cœur / De Paris à Salvador / O meu amor / Pour recommencer ailleurs." Et tout cela sur des rythmes sud-américains qui font du bien sous nos climats de frimas hivernaux ("Au même tiempo").

    Vicente e Marianna prennent le parti, avec "L’attente", d’une facture plus occidentale et urbaine. Le talk-over de Vincent Muller parle avec sincérité de l’amour comme fil conducteur, un amour à la fois grave et léger, confiant et libre, et faisant fi des frontières et des océans.

    Une mélancolie infinie traverse "Absinthe absence" : "Sous le soleil qui brûle / Plus rien ne brille". Il s’agit d’un chant sur l’absence, l’absent ou l’absente. Qui n’a pas ressenti cela ? Comment surmonter cela ? La réponse ne pourrait pas être celle d’un pis-aller et d’un abandon à la fois vain et nécessaire : "Alors j’attends que l’absinthe / Me mène jusqu’au ciel / Dans mon paradis artificiel".

    Il faut noter enfin que Vicente é Marianna signent le titre "Dernier rendez-vous", la chanson de la BO de la série "L’amour flou", en bonus de l’album. La chanson est interprétée par Romane Bohringer et Philippe Rebbot.

    Vicente e Marianna, De Paris à Salvador, Les Musiterriens, 2021
    https://www.facebook.com/VicenteMarianna

    Voir aussi : "Jazz muté"

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  • Paris-Salvador avec Vicente et Marianna

    Vicente e Marianna ce sont les Français Vincent Muller et Marianne Feder, qui signent leur premier album, De Paris à Salvador. Si le mot "métissé" peut être utilisé, c’est bien pour cet opus, se jouant des influences de la chanson française et des sons et rythmes brésiliens.

    De Paris à Salvador séduit par son choix du voyage, de la fête et de l’amour, à l’image du titre qui ouvre l’opus, "Sur le chemin du monde", une chanson souriante, ensoleillée et brésilienne. Nous dirions même qu’il y a de la comédie musicale à la Jacques Demy dans son parti-pris : "Si tu me fais de l’ombre / Quand me soleil m’inonde / C’est pour me protéger / De ma cupidité / C’est pour nous redonner / Un peu de légèreté".

    Vicente e Marianna, bien dans leur époque, font le choix, dans le morceau "Mon cœur confine", du rythme insensé pour nous parler de liberté, d’amour, d’espoir mais aussi… de confinement : "J’ai bien tout fermé les portes des fenêtres / Mais je t’ai tout donné à l’aveuglette… Et mon cœur confiné en solitaire / Je n’ai pas rangé mon espérance / Et mon âme chante en toi / Sur cette danse".

    Le brésil coule dans les veines du duo, que ce soit dans le choix de rythmes ("Les bras de Poséidon"), dans des revisites ("Canto de Iemanja" de Baden Powell et Vinicius de Moraes ou le mélancolique et amoureux "Un amour d’hiver", du même Baden Powell) ou de ses plongées dans la culture traditionnel brésilienne.

    Le public français risque fort de découvrir le xote

    Il faut à ce sujet s’arrêter sur "O xote do peixe e da borboleta", littéralement : "Xote du poisson et du papillon". Le public français risque fort de découvrir le xote, un style musical traditionnel originaire du Nordeste, sur des paroles poétiques, que les musiciens s’approprient "sous les rythmes endiablés / Du xote et du samba-reggae". Il est encore question de poésie naïve, onirique et colorée avec "Na pele" : "Un à un j’ai conquis les nuages / Qui me faisaient ombrage / Sur ta peau".

    Avec "Bom au cœur", nous voilà toujours au cœur du Brésil, dans ce titre qui marque la signature de l’album : "Ailleurs / Bom au cœur / De Paris à Salvador / O meu amor / Pour recommencer ailleurs." Et tout cela sur des rythmes sud-américains qui font du bien sous nos climats de frimas hivernaux ("Au même tiempo").

    Vicente e Marianna prennent le parti, avec "L’attente", d’une facture plus occidentale et urbaine. Le talk-over de Vincent Muller parle avec sincérité de l’amour comme fil conducteur, un amour à la fois grave et léger, confiant et libre, et faisant fi des frontières et des océans.

    Une mélancolie infinie traverse "Absinthe absence" : "Sous le soleil qui brûle / Plus rien ne brille". Il s’agit d’un chant sur l’absence, l’absent ou l’absente. Qui n’a pas ressenti cela ? Comment surmonter cela ? La réponse ne pourrait pas être celle d’un pis-aller et d’un abandon à la fois vain et nécessaire : "Alors j’attends que l’absinthe / Me mène jusqu’au ciel / Dans mon paradis artificiel".

    Il faut noter enfin que Vicente é Marianna signent le titre "Dernier rendez-vous", la chanson de la BO de la série "L’amour flou", en bonus de l’album. La chanson est interprétée par Romane Bohringer et Philippe Rebbot.

    Vicente e Marianna, De Paris à Salvador, Les Musiterriens, 2021
    https://www.facebook.com/VicenteMarianna

    Voir aussi : "Jazz muté"

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  • Juliette Armanet franchit le mur du son

    Il y a plusieurs points communs entre Juliette Armanet et Clara Luciani : de la même génération (entre vingt et trente ans), les deux chanteuses françaises ont connu le même succès critique et public pour leur premier album (en 2017 avec Petite amie pour la première et l’année suivante avec Sainte-Victoire pour la seconde), toutes deux signent pour le label Romance et voilà qu’à quelques mois d’intervalles, elles proposent leur deuxième album – Cœur pour Clara Luciani et Brûler le feu, sorti  fin 2021 – aux couleurs du disco… et de l’amour.

    Voilà qui prouve au moins que ce mouvement musical s’étalant entre le milieu des années 70 et le début des années 80 marque un retour en force. Et l’amour dans tout ça ? Et bien, disons que le fait que la rythmique du disco est celle se rapprochant le plus des battements du cœur n’est pas anodin.

    "Le dernier jour du disco" est le titre phare de l’album de Juliette Armanet, devenu déjà un tube, rythmé, dense et sensuel, chanté par une interprète qui est passée du statut d’espoir de Petite Amie à celle de diva du disco ("Tu me play", « Boum boum baby").

    La chanteuse s’affirme comme l’une des plus belles voix de la chanson française, parvenant à pousser dans les aigus comme peu d’artistes peuvent le faire. Que l’on écoute pour s’en faire une idée "J’te le donne", "HB2U", "L’Épine" ou "Sauver ma vie".

    Et l’amour dans tout ça ?

    En vérité, limiter Brûler le feu à un revival du disco serait inélégant, injuste et restrictif. Car Juliette Armanet s’impose d’abord et avant tout comme une artiste mettant l’amour au cœur de ce deuxième opus ("Qu’importe"), certes toujours dans un style seventies. À tout point de vue, Juliette Armanet met le feu, comme elle semble le dire à l’auditeur : "J’ai mis le feu dans ta tête", "Tu me play").

    Toujours étincelante, la chanteuse remet de la même manière au goût du jour un style jusque là désuet : les slows irrésistibles ("J’te le donne", "L’Épine", "HB2U"). Il y a aussi ces ballades où Armanet n’est jamais meilleure que lorsqu’elle parle d’amour, toujours ("Imaginer l’amour", "Je ne pense qu’à ça") : amour pur, indispensable, sensuel ("Le dernier jour du disco", "Je ne pense qu’à ça"), simple et sans fioriture ("Boum boum baby"), celui qui donne "le rouge aux joues", qui blesse ("L’Épine"), qui frustre ("J’te donne") ou qui abîme ("Sauver ma vie"). Juliette Armanet suit la voie de Véronique Samson, dont l’ADN est plus présent que jamais dans "Vertigo", le duo de Juliette Armanet avec SebastiAn.  

    Résolument moderne et contemporain, Brûler le feu surfe sur une forme de nostalgie, y compris dans la production lorgnant du côté de Phil Spector, avec ces murs de son incroyable que l’on retrouve dans l’un des morceaux les plus impressionnants de l’album, "Sauver ma vie" : "Tonnerre, tout s'éclaire comme un coup de génie / Je ne sais pas comment faire, mais je dois sauver ma vie / L'un de nous devait être de trop / Le soleil n'ira pas plus haut, c'est ainsi."

    Juliette Armanet, Brûler le feu, Romance Musique, 2021
    https://www.facebook.com/JulietteArmanet
    @juliettearmanet

    Voir aussi : "On ne meurt pas d’amour"

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