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politique

  • L’homme de pierre

    C’est une excellente série de podcasts que propose Radio France depuis quelques jours : "Jean-Marie Le Pen, l'obsession nationale", un portrait et une présentation détaillée de son parcours politique mais aussi, à certains égards, personnel. Il est vrai que le Front National, devenu Rassemblement national, dirigé par sa fille Marine Le Pen, est aussi une affaire de famille.

    Jean-Marie Le Pen a marqué l’histoire de la politique française depuis une cinquantaine d’années, et ce, sans avoir jamais exercé d’autre mandat que celui de chef de parti (le Front National, donc) et de député français (pour deux mandats) et européen – un paradoxe pour cet homme qui a toujours voué son mépris pour les instances européennes. Un homme politique sans responsabilité nationale, mais qui a su, à l’instar de son ancêtre et modèle, le Général Boulanger, marquer l’époque de son  empreinte.

    Poujadisme, relations avec de Gaulle, période de la Guerre d’Algérie, construction d’une extrême droite décomplexée, talents en communication, traversées du désert, arrivée au second tour des élections présidentielles en 2002. Finalement, il ne manque que l'épisode sur la crise au Front national en 1997, qui a failli mettre à mal son propre parti.  

    Un portrait (presque) complet du vieil homme politique qui va sur ses 95 ans

    La série de podcasts, créée par  Philippe Collin, est constituée de sept épisodes d’environ une heure. C’est dire l’ambition de faire un portrait (presque) complet du vieil homme politique qui va sur ses 95 ans. Témoignages, archives, commentaires d’historiens et de journalistes spécialisées et commentaires pertinents de Philippe Collin permettent également de revenir sur cinquante années de vie politique française, de l’après seconde guerre mondiale (Le Pen est né en Bretagne en 1928) à ces dernières années, au cours desquelles il a été mis à la retraite par sa propre fille, pour des raisons éminemment politiques – mais qui n’enlèvent rien à l’identité du parti populiste et nationaliste.

    De l’épisode "Pupille de la nation (1928-1956)", sans doute le moins intéressant, bien qu’il permette d’expliquer la genèse du leader d’extrême droite au dernier "Une France contre l'autre", qui retrace ses derniers combats politiques, le podcast éclaire une carrière politique marquée par un engagement, parfois avec des milieux sulfureux.

    Que l’on pense à sa reconversion dans l’édition phonographique dans les années 70, qui lui permet de publier des enregistrements de musiques nazies. Le plus intéressant reste aussi la manière dont Le Pen a su fédérer à cette époque les multiples groupuscules d’extrême-droite, nazis, fascistes ou royalistes, au sein d’un nouveau parti, le Front National, dont le nom n’a pas été pris au hasard.

    Ce podcast illustre de belle manière que l’actualité récente peut faire bon ménage avec l’Histoire.

    La série audio est disponible en téléchargement ou sur écoute sur les sites ou applis de Radio France.

    "Jean-Marie Le Pen, l'obsession nationale", podcast de Philippe Collin en 7 épisodes, 2023, France Inter      
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/jean-marie-le-pen-l-obsession-nationale

    Voir aussi : "Musique à longue portée"

    © Radio France

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  • Les loups sont entrés dans Paris

    Pour avoir l’explication du titre des chroniques de Lola Lafon, Le Loup, l’épée et les Étoiles (éd. Le 1, L’Aube), il faut aller au texte éponyme qui donne son nom au livre.

    L’auteure fait référence à un piège utilisé par les habitants de l’Arctique pour tuer des loups. Une épée couverte de sang est enterrée dans la glace. L’animal commence à lécher la lame apparente et s’y coupe. Trop affamé, il ne se rendre compte que c’est son propre sang qu’il finit par lècher, jusqu’à perdre connaissance et mourir. La bête est ainsi victime de son propre aveuglement ainsi que dans son appétence, tout comme nous pouvons l’être avec les réseaux sociaux : "Facebook promet la satiété, quand on ne sait pas de quoi on a faim", argumente Lola Lafon qui fait de ce court texte une dénonciation des pièges algorithmiques.

    À l’exemple de ce texte, publié en juin 2019 dans Le 1, le recueil que propose la romancière et musicienne est un ensemble de chroniques sur notre société contemporaine, mais aussi sur la fragilité ("Éloge de la fragilité"), sur les agressions sexuelles (le poignant "La traversée") ou sur la famille de l'auteure ("Le courage de ma grand-mère"). Lola Lafon se fait aussi chroniqueuse engagée et virulente lorsqu’elle parle de l’exploitation sociale et économique dans les milieux intellectuels ("Le jeu de la marchande") et sur les renoncements de la gauche contemporaine face aux injustices ("Fini de pleurnicher").

    Aucun algorithme n’a prévu de se mettre à la place de nos étoiles égarées

    Deux portraits de femmes complètent ce court recueil, deux hommages aussi. Celui d’une des nombreuses oubliées de notre histoire, Émilie Lamotte, fondatrice d’une colonie libertaire et éducatrice à Saint-Germain-en-Laye au début du XXe siècle ("Le combat d’Émilie") et un hommage à la célèbre danseuse Sylvie Guillem ("Lettre à Sylvie").

    Le Loup, l’épée et les Étoiles fait figure d’instantané passionnant lorsqu’il aborde la beauté et le courage de la liberté ("Un souvenir d’audace ?") ou bien lorsqu’il propose une réflexion sur le Grand Confinement de 2020 ("Le rien et l’immensité").

    Dans notre monde soumis à l’appétit de loups de toute sorte, la voix de Lola Lafon est précieuse. Chacun et chacune doit se ressaisir et se battre pour les vraies valeurs de l'humanité, dit-elle encore, ce qui pourrait être le cœur de son message : "Aucun algorithme n’a prévu de se mettre à la place de nos étoiles égarées, la place est libre, elle est à nous".

    Lola Lafon, Le Loup, l’épée et les Étoiles, éd. Le 1, L’Aube, 2021, 121 p.
    http://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/le-loup-lepee-et-les-etoiles
    https://le1hebdo.fr

    Voir aussi : "Trumpatisme en Amérique"

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  • 30 ans, 30 lois

    Bla Bla Blog a choisi de faire un focus sur le projet "30 ans 30 lois", dédié aux étudiants. Il s’agit de la première expérimentation nationale de consultation citoyenne par vote électronique.

    L’opération "30 ans 30 lois" consiste à faire élire par les étudiants français la loi qu’ils jugent la plus marquante de ces 30 dernières années. Les étudiants pourront voter durant la semaine du 25 avril au 9 mai 2021. Les lois les plus marquantes sont détaillées sur le site : https://www.lirelasociete.com/liste-des-30-lois.  

    Concrètement, ce projet doit mener à l’ouverture de nouvelles réflexions sur la question du vote électronique mais aussi réconcilier les jeunes avec le vote, face à l’abstention grandissante lors des élections nationales.

    Pour les organisateurs de Lire la Société, cette expérimentation d’envergure doit permettre de montrer à la jeunesse qu’elle est écoutée et qu’elle pèse dans le débat public. Il s’agit d’un projet de dimension inédite grâce à la blockchain, cette récente technologie de stockage et de transmission d'informations sans organe de contrôle.

    "30 ans 30 lois" donne également la possibilité aux étudiants qui veulent porter le projet de devenir ambassadeurs de ce projet d’envergure nationale.

    Ce projet est organisé dans le cadre de la 30ème Journée du Livre Politique qui se tiendra à l’Assemblée nationale le 3 juillet prochain, journée présidée par Caroline Fourest aux côtés entre autre de Richard Ferrand et de Frédérique Vidal. Selon l’évolution du contexte sanitaire, seront réservées une quinzaine de places pour les étudiants lors de la remise du scrutin à l’Assemblée nationale le 3 juillet prochain. Les participants seront tirés au sort afin de permettre à tous les étudiants d’assister à cette journée de débats et de remise de prix littéraires au sein de l’Assemblée.

    Ce projet novateur a été organisé en partenariat avec l’Assemblée Nationale, l’ONG Electis, engagée dans l’amélioration des systèmes démocratiques mais aussi Vie-publique.

    "30 ans 30 lois", "Lire la Société" 
    https://www.lirelasociete.com/30-ans-30-lois

    Voir aussi : "La politique… quoi ?"

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  • Kad Merad, Baron noir et très noir

    Revoilà Kad Merad dans son meilleur rôle : celui de Philippe Rickwaert, alias Baron noir après une saison 2 assez inégale, dans laquelle l’homme politique, à la fois passionné, ambitieux, roublard et machiavélique, s’engageait dans une traversée du désert et tentait de se remettre dans la course. La France est gouvernée par Amélie Dorendeu, bien décidée à faire de sa Présidence une période d’ouverture politique.

    La saison 3 de Baron noir est celle du grand retour de Philippe Rickwaert, dont les déboires judiciaires n’en finissent pas de ternir son image. Ce come-back pourra-t-il passer par le parti socialiste, dont l’avenir semble bouché, ou bien par l’autre mouvement de gauche dirigé par le charismatique Michel Vidal ? Dans une France de plus en plus fragmentée, et où le populisme devient de plus en plus présent, le Baron Noir fait de l’audace sa carte maîtresse, aidé par sa conseillère en communication Naïma Meziani.

    Les auteurs réservent les coups les plus cinglants au populisme

    Baron noir est la grande série politique du moment. Antoine Chevrollier et Olivier Panchot sont aux manettes d’une création audiovisuelle ambitieuse, dont la pertinence n’est pas la moindre des qualités. Évidemment, les petites manigances politiques, le quant-à-soi et les ambitions personnelles sont pointées du doigt sans ménagement. Mais les auteurs réservent les coups les plus cinglants au populisme de gauche ou de droite (incroyable Frédéric Saurel, interprète de l’inquiétant Chistophe Mercier). Le spectateur pourra également trouver derrière chacun des personnages leurs modèles dans la vie réelle : Julien Dray pour le personnage de Philippe Rickwaert, Jean-Luc Mélanchon pour celui de Michel Vidal (formidable François Morel), Marion Maréchal-Le Pen en Léandra Tallier (Sarah Stern) et même Emmanuel Macron dont la posture politique et les attaques ont inspiré la présidente Amélie Dorendeu (Anna Mouglalis).

    Intrigue passionnante, scénarios et dialogues parfaitement écrits, mise en scène soignée (certaines séquences ont même été tournées à l’Élysée !), il faut ajouter à ces qualités de Baron noir les interprétations : Kad Merad, bien sûr, qui tient là son meilleur rôle, mais aussi Anna Mouglalis, François Morel et Rachida Brakni, qui impose au fur et à mesure de cette saison 3 sa présence impressionnante.

    Baron noir, Saison 3, drame politique d’Antoine Chevrollier et Olivier Panchot
    Avec Kad Merad, Anna Mouglalis, Hugo Becker, Astrid Whettnall,
    Rachida Brakni, François Morel, Frédéric Saurel, Patrick Mille,
    Lubna Gourion, Alex Lutz et Sarah Stern

    8 épisodes, 2019, Canal+
    https://www.canalplus.com/series/baron-noir/h/6251363_50001

    Voir aussi : "Ton univers impitoyable"

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  • Sur un air de Rameau

    Dire que les séries françaises ont le plus grand mal à parler de politique et de notre société est un doux euphémisme. Il y a bien entendu ces exceptions (Baron Noir, Vernon Subutex ou Hippocrate), mis avouons tout de même que les grandes chaînes de télé françaises se la jouent très souvent plan-plan : scénarios convenus, personnages caricaturaux, dialogues indigents. Une série a cependant attiré l’attention de Bla Bla Blog par son choix de faire de la politique-fiction autant qu’un vrai drame social qui nous renvoie le visage d’une France au bord de la crise de nerf.

    Les Sauvages commence par l’ascension irrésistible d’Idder Chaouch aux plus hautes fonctions de l’État. Figure marquante d’une immigration qui a réussi, le soir du deuxième tour de l’élection présidentielle un coup de feu éclate. Le futur Président s’écroule. En quelques heures, la France plonge dans l’incertitude et le chaos. Et avec elle, la propre famille de Chaouch, à commencer par Jasmine, la fille d’Idder. Fouad, son petit ami, voit son destin et ses rêves se briser. Il rejoint sa famille et ses proches à Saint-Étienne, afin de comprendre ce qui s’est passé. Il est soutenu par Marion Rihbeiro (Marina Foïs), responsable de la sécurité du Président.

    Sur un air de Rameau (plus précisément des Indes Galantes), la série Les Sauvages conte une double histoire familiale : celle des Chaouch, bien sûr, derrière la figure d’airain d’Idder (avec un impressionnant Roschdy Zem), qui est l’histoire d’une réussite sur fond d’intégration réussie, mais qui n'est pas sans susciter haines, jalousies et manœuvres politiciennes. Plus crépusculaire, le chemin des Nerrouche, dont Fouad semble être le surdoué et le fils prodige, n’est pas le moins intéressant. Les Sauvages est le tableau d’une France qui se déchire, ou du moins ne se comprend plus. Sur fond d’attentat, la série de Rebecca Zlotowski raconte ces angles morts de la République qui ont pour nom : "incompréhensions", "communautarismes", "frustrations" ou "erreurs."

    La série réussit parfaitement à faire monter la pression tout au long des six épisodes, ponctuant la série de scènes fortes, à l’instar d’un match de football au stade Geoffroy-Guichard ou du dernier discours d’Idder Chaouch.

    Il semblerait qu’aucune saison 2 des Sauvages ne soit en préparation : les créateurs ont signé avec Les Sauvages un énorme coup de poing, d’une très grande pertinence pour parler d’une France méconnue, et sans caricature. Une suite pourrait-elle apporter plus ? Sans doute non.

    Les sauvages, série dramatique de Rebecca Zlotowski et Sabri Louatah, avec Roschdy Zem, Amira Casar, Marina Foïs, Sofiane Zermani et Souheila Yacoub, France, saison 1, 6 épisodes, Canal+, 2019
    https://www.canalplus.com/series/les-sauvages

    Voir aussi : "Vernon et ses amis"

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  • Ces inconnus qui nous gouvernent

    circus_politicus.jpgCircus Politicus, essai ambitieux, entend décrire les dérives de nos démocraties actuelles, en ce que la parole des peuples (le "vox populi, vox dei") est très souvent (trop souvent selon les auteurs) considéré par nos dirigeants comme un obstacle à des décisions qui semblent s'imposer. Ces décisions sont liées à de bonnes intentions (une meilleure gouvernance) et à d'autres moins avouables (l'idéologie libérale). Le "circus politicus" est cet univers public et politique fait de faux-semblants, d'apparences, de langues de bois, de discours trompeurs (pour ne pas dire mensongers), de non-dits et surtout de décisions secrètes imposées à tous.

    Un des chapitres du livre s'intitule "ministères du monde". Derrière ce terme se cachent des organisations officielles et d'autres officieuses : conseils européens, BCI, agences de notation, organisation mondiale Bilderberg, lobbys internationaux, etc. Pour être honnête, cette première partie gêne aux entournures en ce qu'elle semble faire la part belle à une sorte de complot mondial.

    Mais là où l'essai s'avère passionnant est son patient descriptif des institutions européennes. C'est la deuxième partie du livre, la plus volumineuse mais aussi la plus intéressante. Parlement, commission, conseil et autres organismes européens sont passés au crible, pour le meilleur et surtout pour le pire. Les auteurs ne sont pas tendres envers les conseils européens où se décident les grandes décisions à l'échelle du continent : les chefs d'Etat se montrent sous leur plus mauvais jour, d'autant plus que les débats y sont savamment cachés.

    On aurait pourtant tort de classer ce livre parmi les critiques des institutions européennes. Deloire et Dubois pointent au contraire du doigt la mesquinerie de l'ensemble de la classe politique française. En privilégiant les élections nationales tout en snobant des institutions aussi importantes que ne l'est, par exemple, le Parlement européen, la plupart des politiques français (mais aussi les énarques et futurs dirigeants) passent à côté de l'Histoire et des décisions les plus capitales pour les citoyens européens. Et, avec toutes ses imperfections, les organismes européens montrent, à la fin de cet essai, une image finalement beaucoup plus reluisante que nombre d'institutions françaises.

    Christophe Deloire & Christophe Dubois, Circus Politicus, éd. J'ai Lu, 503 p.