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loup

  • Les loups sont entrés dans Paris

    Pour avoir l’explication du titre des chroniques de Lola Lafon, Le Loup, l’épée et les Étoiles (éd. Le 1, L’Aube), il faut aller au texte éponyme qui donne son nom au livre.

    L’auteure fait référence à un piège utilisé par les habitants de l’Arctique pour tuer des loups. Une épée couverte de sang est enterrée dans la glace. L’animal commence à lécher la lame apparente et s’y coupe. Trop affamé, il ne se rendre compte que c’est son propre sang qu’il finit par lècher, jusqu’à perdre connaissance et mourir. La bête est ainsi victime de son propre aveuglement ainsi que dans son appétence, tout comme nous pouvons l’être avec les réseaux sociaux : "Facebook promet la satiété, quand on ne sait pas de quoi on a faim", argumente Lola Lafon qui fait de ce court texte une dénonciation des pièges algorithmiques.

    À l’exemple de ce texte, publié en juin 2019 dans Le 1, le recueil que propose la romancière et musicienne est un ensemble de chroniques sur notre société contemporaine, mais aussi sur la fragilité ("Éloge de la fragilité"), sur les agressions sexuelles (le poignant "La traversée") ou sur la famille de l'auteure ("Le courage de ma grand-mère"). Lola Lafon se fait aussi chroniqueuse engagée et virulente lorsqu’elle parle de l’exploitation sociale et économique dans les milieux intellectuels ("Le jeu de la marchande") et sur les renoncements de la gauche contemporaine face aux injustices ("Fini de pleurnicher").

    Aucun algorithme n’a prévu de se mettre à la place de nos étoiles égarées

    Deux portraits de femmes complètent ce court recueil, deux hommages aussi. Celui d’une des nombreuses oubliées de notre histoire, Émilie Lamotte, fondatrice d’une colonie libertaire et éducatrice à Saint-Germain-en-Laye au début du XXe siècle ("Le combat d’Émilie") et un hommage à la célèbre danseuse Sylvie Guillem ("Lettre à Sylvie").

    Le Loup, l’épée et les Étoiles fait figure d’instantané passionnant lorsqu’il aborde la beauté et le courage de la liberté ("Un souvenir d’audace ?") ou bien lorsqu’il propose une réflexion sur le Grand Confinement de 2020 ("Le rien et l’immensité").

    Dans notre monde soumis à l’appétit de loups de toute sorte, la voix de Lola Lafon est précieuse. Chacun et chacune doit se ressaisir et se battre pour les vraies valeurs de l'humanité, dit-elle encore, ce qui pourrait être le cœur de son message : "Aucun algorithme n’a prévu de se mettre à la place de nos étoiles égarées, la place est libre, elle est à nous".

    Lola Lafon, Le Loup, l’épée et les Étoiles, éd. Le 1, L’Aube, 2021, 121 p.
    http://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/le-loup-lepee-et-les-etoiles
    https://le1hebdo.fr

    Voir aussi : "Trumpatisme en Amérique"

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  • Loup, où es-tu ?

    Nous avions laissé Thierry Berlanda au Nigéria avec Naija (éd. Du Rocher), un sombre et beau thriller d’anticipation dans lequel il était question de crimes sordides, de capitalisme et de manipulations génétiques. Cette fois, c’est à Sancerre, au cours du XVIe siècle, que l’écrivain et philosophe français a situé l’intrigue de son dernier roman L’Orme aux Loups (éd. De Borée).

    En plein règne d’Henri III, Fondari, un montreur d’ours itinérant, débarque avec son animal dans la petite ville du Berry, déchirée par les luttes intestines entre le seigneur des lieux et son bailli, et surtout traumatisée par les terribles guerres de religion.

    Quelques heures après l’arrivée du voyageur et de sa bête, une fillette disparaît, avant un premier meurtre. Ce n’est que le début d’une série sanglante. Le coupable est tout trouvé, d’autant plus que l’animal a disparu. Le montreur d’ours est donc arrêté. Un jeune homme intervient pour lui apporter son soutien : il s’agit du fils du comte de Sancerre, Joachim Bueil. Les deux hommes se lient dans une course à la montre épique.

    Polar historique pendant les guerres de religion

    Dans son polar historique, Thierry Berlanda réussit le tour de force de nous surprendre et de nous faire voyager dans un monde à la fois sombre, inquiétant et digne des contes et légendes. Le personnage du montreur d’ours est bien entendu le principal supplément d’âme du livre. Parler des guerres de religions et de ses conséquences est l’autre bonne idée de cet ouvrage : la série de conflits épouvantables qui ont ensanglanté l’Europe au XVIe siècle vient exacerber les animosités du fascinant bailli Danlabre, du comte Bueil et du curé Jacquelin.

    Thierry Berlanda, philosophe autant qu’écrivain, délaisse l’action brute au profit d’une intrigue intelligente et rondement menée où se mêlent politique, manipulations et religions, le tout dans une langue finement travaillée. La vérité saura, comme il se doit, surgir grâce à la sagacité d’un bailli caractériel, insupportable de roublardise et à la réputation sulfureuse.

    Pari réussi donc pour ce polar d’à peine 200 pages, intelligemment mis en scène dans une France minée par les guerres de religion.

    Thierry Berlanda, L’Orme aux Loups, éd. De Borée, 2017, 196 p.
    "Naija ou mutations en chaîne"