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constance weber

  • Aventures mozartiennes, une suite

    Revoilà la pianiste française Elizabeth Sombart dans la suite de ses aventures au Pays de Mozart. Nous l’avions découverte sur Bla Bla Blog avec les Concertos 20, 21, 23 et 27. Elle revient ce printemps avec deux œuvres plus précoces du compositeur autrichien, à savoir le Concerto n°9 "Jeunehomme" – tout attaché – et le Concerto n°12 en la majeur.

    Nous sommes en 1777. Mozart a 25 ans lorsqu’il écrit ce fameux Concerto "Jeunehomme" en mi bémol majeur K 271. Seulement 25 ans et déjà 25 ans, dirions-nous, tant le musicien a fait preuve de précocité exceptionnelle. À six ans, il compose ses premières œuvres – et son premier opéra à 11 ans.

    Du nom "Jeunehomme", les experts ne sont pas entièrement d’accord sur ses origines. Il semblerait que son appellation vienne du nom d’une jeune pianiste strasbourgeoise - tout comme la pianiste, d'ailleurs - à qui était destiné ce concerto. Un hommage ou un crush ? C’est d’autant plus possible que Mozart fait de cette œuvre un opus pétillant, éclatant dès les premières attaques du piano (Allegro). Chez Mozart, la lumière est aussi présente que l’obscurité. La preuve avec le second mouvement Andantino, lent et d’une grande expressivité, comme si les ténèbres n’étaient jamais éloignés des couleurs chatoyantes exprimées par Mozart et son interprète Elizabeth Sombart. Le jeune mais déjà expérimenté Mozart fait preuve dans le troisième mouvement Allegretto d’une pétillance irrésistible. On se trouve propulsé dans une scène mêlant fête galante, humour et élégance. Champagne, Mozart ! La pianiste strasbourgeoise et le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Pierre Vallet ne boudent par leur plaisir à proposer ce "Jeunehomme" avec toute la luxuriance et la générosité qu’il mérite. 

    Un hommage ou un crush ?

    Le Concerto n°12 en la majeur K 414 a été écrit un peu plus tard, entre 1782 et 1783. Ce sont des années heureuses. Libéré de ses contraintes à Salzbourg, Mozart s’installe à Vienne avec sa jeune épouse, Constance Weber, qu’il a précisément rencontrée dans la capitale autrichienne.

    Les lignes mélodiques du concerto tourbillonnent dès le premier mouvement Allegro. La richesse harmonique, toute mozartienne, n’est pas dépourvue de ces moments presque intimes. Il semblerait que ce soit un Mozart amoureux et heureux qui s’exprime. Pour autant, Mozart ne cherche pas la difficulté ni la virtuosité. Il veut avant tout "plaire" à l’aristocratie viennoise, comme il le dit- lui-même et proposer un opus jouable facilement et partout. Enfin, "facilement", façon de parler !

    L’Andante capte les oreilles dès les premières notes. "C’est une des pages les plus belles et les plus nobles de son auteur", avouait Olivier Messiaen. Et on ne peut que lui donner raison. Il est vrai qu’il y a à la fois de la noblesse et une mélancolie bouleversante dans ce mouvement lent qu’Elizabeth Sompart interprète avec une grande pudeur.

    Le dernier mouvement Allegretto de ce douzième concerto pour piano de Mozart est le plus court de l’opus – un peu moins de 7 minutes – mais aussi de l’album. Vif et enlevé, cette partie se veut éclatante et joyeuse. Il faut toute la virtuosité d’Elizabeth Sombart pour proposer cette page jaillissante qui devait au départ être un rondo, publié à part après la mort du compositeur (K 386). On ne peut que remercier Mozart d’avoir fait le choix d’un Allegretto espiègle. Celui des années viennoises heureuses et amoureuses d'un génial jeune homme.       

    Wolfgang Amadeus Mozart, Concertos pour piano 9 & 12,
    Elizabeth Sombart au piano, Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Pierre Vallet, Rubicon, 2023
    https://www.elizabethsombart.com
    https://www.facebook.com/elizabethsombart
    https://rubiconclassics.com/release/mozart-piano-concerto-9-12

    Voir aussi : "Rien que de plus classique"
    "Du côté de chez Mozart"

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  • C’est Mozart qu’on ressuscite

    mozart,constanze weber,mozarteumJamais là mais pourtant omniprésent, Wolfgang Amadeus Mozart est bien la figure centrale du roman d’Isabelle Duquesnoy consacré à sa femme Constanze Weber, que l’auteure fait parler dans son récit passionnant.

    La redoutable Veuve Mozart (éd. La Martinière) démarre le 5 décembre 1791 à la mort du compositeur de La Flûte enchantée. Aux abois, l’artiste laisse, malgré l’admiration qu’il suscite, une dette importante, laissant sa femme et ses deux enfants dans une situation critique. Là sans doute réside l’explication de ce combat que n’aura de cesse de mener la veuve Mozart pour défendre à la fois l’héritage artistique de son mari et permettre à elle et ses deux fils, Franz-Xaver, dit Wolfgang Mozart II, et Carl Thomas, de sortir de la pauvreté. C’est ce dernier, l’aîné de la fratrie et aussi ancien fonctionnaire de Napoléon Ier, qui apparaît en filigrane du récit écrit à la première personne par Constanze.

    Ce qui intéresse Isabelle Duquesnoy est bien entendu le destin de la veuve Mozart, autant que l’histoire d’une famille autrichienne pas tout à fait comme les autres. Il pèse en particulier sur les enfants Mozart autant le poids d’un compositeur exceptionnel (le plus jeune enfant, bien que musicien, sera dans l’incapacité d’approcher la notoriété de son père) que le caractère combatif et étouffant d’une femme qui s’est résolue à défendre l’œuvre de son mari et à se battre contre les créanciers et faire-valoir ses droits – que l’on pense à l’histoire des droits sur le Requiem.

    Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent

    Isabelle Duquesnoy, à travers son livre La redoutable Veuve Mozart, entend aussi dépasser les différentes légendes autour de Mozart – la commande du Requiem, la jalousie de Salieri, le corbillard roulant seul pour conduire la dépouille mortelle jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. L’auteure souligne aussi la situation inconfortable de Mozart, à la fois admiré et rejeté en raison notamment de son appartenance à la franc-maçonnerie : "[Il] détestait les aristocrates, mais il ne souhaitait pas d’autres reconnaissances que la leur. Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent. Il avait faim de leurs compliments, ils l’endettèrent. Il rêvait de les faire danser, ils l’enterrèrent. Je n’ai pas d’autre but que de leur faire regretter cette méprise."

    Constanze Weber, veuve qui vouait un amour et une admiration inconditionnelle à "son Mozart" mari (que l’on pense à la scène de la recherche de son crâne dans la fosse commune), est bien plus qu’une défenseuse zélée de ses droits moraux : elle se montre opiniâtre pour payer ses créanciers, ne pas laisser le Requiem lui échapper, se mettre, elle et ses enfants à l’abri du besoin et aussi faire de Mozart une marque rentable à travers des produits dérivés, une fondation et bien entendu des concerts (nous sommes au début du XIXe siècle!).

    Isabelle Duquesnoy peint aussi le paysage passionnant de l’Europe plongée dans les turpitudes de la Révolution française et de l’Empire napoléonien, dont Carl Thomas fut un fidèle serviteur.

    Vrai roman historique, richement documenté et salué par la Fondation Mozarteum de Salzbourg, La redoutable Veuve Mozart est tout aussi passionnante pour des portraits émouvants et souvent aussi sans concession de quelques personnages historiques : Haydn, Casanova, Beethoven ou Nannerl Mozart.

    Voilà un roman qui redonne vie à un compositeur légendaire comme à une femme peu connue, mais essentielle pour comprendre la pérennité d’une œuvre sans égal.

    Isabelle Duquesnoy, La redoutable Veuve Mozart, éd. De la Martinière, 2019, 295 p.
    http://www.editionsdelamartiniere.fr

    Voir aussi : "Nannerl, sœur de Mozart et génie sacrifiée"

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