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karim leklou

  • Sentinelles

    Je dois absolument vous confier qu’avant de découvrir La troisième guerre, un premier film de Giovanni Aloï, j’étais persuadé que j’allais être plongé dans un film d’anticipation sur fond de discours apocalyptique. Il est vrai que le titre, outre qu’il renvoie à une triste actualité ukrainienne, pourrait se regarder comme un long-métrage lanceur d’alertes, tant l’inquiétude, les questions existentielles et les problèmes environnementaux nous assaillent. Là n’est pourtant pas le propos de La troisième guerre, même si l’on ne peut dire qu’il soit franchement plus gai.

    Giovanni Aloï plante son décor dans une caserne parisienne où vivent des soldats de l’Opération Sentinelle. Cette troupe de militaires est chargée, depuis les attentats de 2015, d’assurer la sécurité, alors que les risques d’attentats persistent. Léo, tout jeune troufion fraîchement débarqué de sa Vendée natale, découvre la vie en caserne, la camaraderie mais aussi le climat lourd de sa mission. L’ennemi semble être partout et nulle part. 

    Un nouveau Désert des tartares

    Il faut souligner l’interprétation des trois interprètes principaux. Il y a d’abord le pioupiou Léo, interprété par l’excellent Anthony Bajon, découvert dans La prière. Il incarne la jeunesse fourvoyée dans un conflit qui n'ose pas dire son nom, cette fameuse "troisième guerre". Son implication mentale et morale, jusqu’à l’aveuglement, transparaît lors de sa permission à la maison familiale de La Roche-sur-Yon, face à une mère admirative transie d’amour (Marie Bunel), un beau-père qu'il juge mou, puis lors d’une scène dans une boîte de nuit.

    Deux autres interprètes explosent de leur talent : Karim Leklou (Bac Nord, la série Hippocrate), dans le rôle du soldat brut de décoffrage et Leïla Bekhti (Tout ce qui brille, Le grand bain), en officier et cheffe de patrouille tiraillée entre son métier, sa vie personnelle et sa condition de femme.

    Cette guerre d’un autre genre va trouver sa conclusion dans un événement que sans doute personne n'attendait, et qui va faire sauter les verrous de ce qui s’annonçait comme un nouveau Désert des tartares, dans lequel l’attente de l’ennemi devient un véritable enfer. Un enfer intérieur. A découvrir en ce moment sur Canal+.

    La Troisième Guerre, drame de Giovanni Aloï, avec Anthony Bajon, Karim Leklou,
    Leïla Bekhti et Marie Bunel, 2020, 92 mn, Canal+
    https://www.canalplus.com/cinema/la-troisieme-guerre/h/16913115_40099
    https://capricci.fr/wordpress/product/la-troisieme-guerre

    Voir aussi : "Corpus delicti"
    "Marseille, côté nord, côté sombre"

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  • Serments oubliés pour les héros d’Hippocrate

    Voilà la suite de la formidable série Hippocrate, produite et proposée par Canal+. On y retrouve Alyson, Hugo, Chloé mais aussi Arben, parti en fin de saison 1 en raison d’un problème de diplôme mais de retour dans des circonstances exceptionnelles que le public découvrira.

    Cette deuxième saison se déroule entre les murs de l'hôpital Raymond-Poincaré en bien mauvaise posture. Une fuite de canalisations permet d’appuyer sur le problème de moyens des hôpitaux. Conséquence directe : les jeunes médecins internes sont déplacés vers les urgences. C'est le coup dur pour Alysson, Hugo et Chloé confrontés à la misère humaine, à des malades parfois ingérables, aux absurdités administratives et à leurs propres problèmes. Comment, par exemple, Chloé va-t-elle poursuivre son travail avec ses soucis de santé ?

    Au cœur de l’intrigue, il y a aussi Olivier, le chef des urgences, qu’interprète avec maestria Bouli Lanners. C’est sur lui que se focalisent autant les jeunes médecins que le spectateur. Arben débarque suite à un accident sanitaire : devenu simple ambulancier, il va se révéler d’une aide précieuse.

    Des tensions bousculant autant les jeunes internes que le spectateur

    Cette saison 2 d'Hippocrate est une brillante réussite et concentre des tensions bousculant autant les jeunes internes, devenus urgentistes, que le spectateur. Toutes les cartes sont rebattues et ce qui se joue ici concerne aussi bien les carrières, les promesses que des vies humaines. Car l’humanité est omniprésente dans cette série, ce qui ne veut pas dire que l’on est dans un discours misérabiliste ou larmoyant. Les blessures des corps, des esprits et des âmes effleurent à chaque moment. Les drames aussi.

    C'est dans les toutes dernières minutes d’Hippocrate que le spectateur découvre qu’une saison 3 se dessine, inéluctable. Et celle-ci aura pour cadre le Covid-19. Vivement la suite des aventures de Chloé, d’Ugo et d’Alyson.

    Hippocrate, série médicale française de Thomas Lilti, avec Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Zacharie Chasseriaud et Karim Leklou, saison 2, 2021, Canal+
    https://www.canalplus.com/series/hippocrate/h/10566155_50001

    Voir aussi : "Lutte des classes au Chastain Hospital"

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  • Marseille, côté nord, côté sombre

    Succès surprise de cette fin d’été, le polar de Cédric Jimenez, Bac Nord, a véhiculé son lot de polémiques, polémiques à mon avis bien peu à la hauteur de ce polar musclé comme seuls les Américains savent en proposer.

    Sauf que nous sommes en France et à Marseille, et plus précisément dans ces quartiers nord de sinistre réputation : trafics de drogue, omniprésence de gangs en lutte perpétuelle pour la conquête de nouveaux territoires, immeubles laissés à l’abandon et police déclarée non grata.

    C’est cette police qui, justement, intéresse Cédric Jimenez, à la réalisation et au scénario (avec Audrey Diwan) d’un film d’action bien entendu mais aussi et surtout d’une charge contre un territoire largement abandonné par l’État et dont des policiers vont devenir des bouc-émissaires.

    À la tête de ces policiers, il y a Grégory Cerva, interprété par Gilles Lelouche, véritable taureau, sanguin, les nerfs à vif et rendu fou par la frustration de voir des petits et des grands dealers faire leur business au nez et à la barbe des autorités. Il est accompagné de Yassine (Karim Leklou), futur papa rêvant d’une vie installée avec sa compagne Nora (la toujours remarquable Adèle Exarchopoulos). Pour compléter le trio, il faut citer Antoine (François Civil), jeune policier n’ayant peur de rien et qui va contribuer à dynamiter la dynamique de cette équipe peu ordinaire.

    Brûlot implacable

    Les trois flics sont doués dans leur manière de se fondre dans le paysage et de côtoyer les petits malfrats capables de leur donner les clés pour coincer les gros trafiquants. Lorsque la hiérarchie, et en premier lieu le préfet, demande qu’un gros coup soit fait dans les fameux quartiers nord, l’équipe de  Greg croit avoir l’entière liberté pour commencer son travail d’infiltration et de pêche au renseignement. Une jeune toxico accepte de les aider, en échange de plusieurs kilos de drogue. Les trois policiers acceptent : un coup de filet d’envergure en est la récompense.

    Inspiré d’un fait divers, Cédric Jimenez déploie l’aventure de trois ripoux d’abord obsédés par la chasse à des voyous qui ont décidé de faire la loi dans des quartiers abandonnés. La scène au cours de laquelle Greg et ses confrères sont empêchés de suivre une voiture est à cet égard éloquente. Le réalisateur a beau écrire en ouverture de son film qu’il n’a pas souhaité juger ni faire une œuvre engagée, il reste que Bac Nord est un manifeste cinglant s’attaquant à l’abandon des autorités et aux dérives d’une société laissée entre les doigts de mafias toutes puissantes. La scène centrale d’intervention de forces de police, véritable armée entrant dans des territoires abandonnées, marquera longtemps le spectateur.

    Hasard du calendrier, Bac Nord est sorti alors que des faits divers ensanglantaient ces quartiers marseillais, poussant le Président de la République à s’y rendre plusieurs jours. Preuve que ce polar nerveux et sombre, dont l’histoire est inspirée d’un fait divers survenu il y a déjà 9 ans, est toujours d’actualité.

    Bac Nord, polar français de Cédric Jimenez, avec Gilles Lellouche, Karim Leklou, François Civil
    et Adèle Exarchopoulos, 2020, 104 mn
    https://www.canalplus.com

    Voir aussi : "La bête doit mourir"

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