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amitié

  • Anne et Hannah

    On ne va pas se mentir : l’histoire d’Anne Franck n’a jamais été aussi bien traitée que par le film de George Stevens (The Diary of Anne Frank, 1959) et bien entendu par le Journal d’Anne Franck. Le manuscrit de l’adolescente néerlandaise, retrouvé par miracle par son père après la guerre, est par la suite devenue une œuvre majeure de la littérature mondiale, le journal le plus célèbre du monde et aussi une des pierres angulaires de la littérature concentrationnaire.

    Le film Anne Frank, ma meilleure amie, proposé par Netflix, est consacré à ce sujet sensible et difficile sous un biais inattendu. Il fallait être culotté pour revenir sur ce récit, ce que Ben Sombogaart et ses deux interprètes principales, Josephine Arendsen et Aiko Mila Beemsterboer, font avec conviction.

    Le film est tout d’abord inspiré d’une histoire vraie, celle d’Hannah Goslar, toujours vivante en 2022, qui a été la plus proche amie d’Anne Franck. Adolescentes lorsque les Pays-Bas sont envahis par l’occupant nazi, les deux jeunes juives vivent de plein fouet l’antisémitisme et les rafles qui font rage.

    Elles se vouent une amitié solide en dépit de leur caractère opposée : Hannah est réservée, presque effacée, alors qu’Anne, la future auteure du Journal, se montre drôle, prolixe, ambitieuse (elle rêve d’être écrivaine connue et de parcourir le monde), avec parfois des réactions qui laissent son amie désarçonnée.

    Ce sont des adolescentes comme il en existe des millions par le monde : l’école, les jeux, les premiers émois, les dragues avec les garçons et les amitiés, tantôt trahies tantôt respectées jusqu’à la mort. Et c’est justement la mort qui rôde autour de ces jeunes filles. 

    Une amitié exceptionnelle et bouleversante

    Anne Frank, ma meilleure amie n’est pas le récit des deux années de clandestinité dans l’Annexe d’Amsterdam où elle et sa famille se sont cachées pour échapper à leur arrestation. Cette arrestation aura finalement lieu en août 1944. Anne Franck meurt l’année suivante, en avril 1945, à  Bergen-Belsen.

    C’est du reste dans ce camp de concentration qu’ont lieu plusieurs scènes majeures du film. On y suit Hannah, déportée comme son amie. Elle est persuadée qu’Anne a émigré en Suisse, suite à une lettre laissée par son père Otto. Elle s’aperçoit de son erreur : non seulement son amie n’a jamais quitté Amsterdam, mais en plus elle a été arrêtée comme elle et est détenue dans le même camp. La retrouver et lui parler devient son obsession.

    Ben Sombogaart alterne les épisodes à Amsterdam, préludes au cauchemar qui s’annonce et la  reconstitution d’un camp de concentration avec une Hannah Goslar s’accrochant à la vie et prenant une fillette sous sa protection. Josephine Arendsen et Aiko Mila Beemsterboer dans le rôle d’Anne Franck sont formidables de justesse. Le refus d’édulcorer le personnage de la jeune auteure est louable. Par contre, le public sera sans doute déçu que sa période de clandestinité dans l’Annexe soit volontairement mise de côté.

    L’essentiel n’est pas là : le jeune public va pouvoir grâce à Netflix découvrir voire redécouvrir la figure majeure d’Anne Franck et pourquoi pas lire son indispensable Journal. Le film, lui entend surtout insister sur une amitié exceptionnelle et bouleversante.  

    Anne Frank, ma meilleure amie, drame historique de Ben Sombogaart,
    avec Josephine Arendsen, Aiko Mila Beemsterboer et Roeland Fernhout, 2021, 103 mn, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81248111
    https://www.annefrank.org

    Voir aussi : "Naissance de Marcel Marceau"
    "Cours, Etsy, cours"

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  • Montagnes russes 

    L’art du contre-pied et du dérapage contrôlé est assumé à 100 % dans l’excellente comédie américaine, The Climb de Michael Angelo Covino. Le réalisateur y joue le rôle de Michael, aux côtés de  Kyle Marvin, son meilleur ami (Kyle dans le film, évidemment).

    Lorsque le film commence, ces deux Américains en goguette en France s’attaquent à vélo aux routes pentues de l’arrière-pays niçois. Et voilà qu’en pleine grimpette, Michael apprend à Kyle qu’il a couché avec Ava, la femme avec qui son ami va prochainement se marier. Ambiance, ambiance. Les deux amis rompent après cette révélation. Définitivement ? Voilà la vraie question, qui est l’enjeu du film.

    En six chapitres retraçant les années qui suivent la course à vélo, Michael Angelo Covino suit ces deux amis, bien plus en osmose que Kyle veut bien se l’avouer. Leur première rencontre après la révélation de l’infidélité d’Ava – et aussi de celle de Michael – a lieu grâce au parents de Kyle, peu de temps après un drame dont on ne racontera rien.

    Une comédie bien plus savoureuse, maligne et drôle qu’il n’y paraît

    La vie, l’amour, l’amitié, les femmes et la mort : The Climb fait de ces thèmes le cœur d’une comédie bien plus savoureuse, maligne et drôle qu’il n’y paraît. Oui, nous disons bien comédie, même si les disparitions, les trahisons et les séparations ponctuent l’histoire d’une amitié à la fois peu ordinaire et d’une solidité à toute épreuve.

    Kyle et Michael se suivent à la trace en dépit des hauts et des bas de leur existence, à l’image de leur périple sur les pentes du Col de Vence. Il n’est d’ailleurs pas anodin de signaler que le film se termine par une autre course à vélo, mais cette fois à trois.

    Il faut enfin mentionner le jeu d’acteurs remarquable, sans quoi le film serait bancal. Michael Angelo Covino détonne en adolescent attardé, cabossé par un drame et s’accrochant à son ami comme à une bouée de sauvetage. À côté de cette paire de comédiens, il faut citer Gayle Rankin, en fiancée puis épouse possessive. Judith Godrèche apparaît quelques minutes simplement mais détonne autant qu’elle bouleverse.

    Au Festival de Cannes 2019, The Climb a reçu le Prix Coup de cœur du jury de la section "Un certain regard". Quant au Festival du cinéma américain de Deauville 2019, il lui a décerné un très mérité "Prix du jury"

    The Climb, comédie dramatique américaine de Michael Angelo Covino,
    avec Kyle Marvin, Michael Angelo Covino, Gayle Rankin et Judith Godrèche, 2019, 94 mn, Canal+

    https://www.metrofilms.com/films/climb-the
    https://www.festival-cannes.com/en/films/the-climb

    Voir aussi : "Femmes, je vous hais"

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  • Les meilleurs amis du monde

    Il y a du Rohmer dans Amitié étroite, cette bande dessinée de Bastien Vivès. Du Rohmer qui aurait trouvé son inspiration dans la génération Y, biberonnée aux téléphones portables, à la téléréalité et à l'Internet.

    Le marivaudage est au cœur de cette superbe œuvre d'un de nos plus talentueux dessinateurs. Francesca, jeune étudiante, papillonne de garçon en garçon. Son plus fidèle soutien est son meilleur ami, Bruno, lui aussi à la recherche d'une âme sœur. C'est une relation fusionnelle et ambiguë qu'ils entretiennent, jugée avec méfiance et curiosité par leurs proches, et bien résumé par ce court dialogue : "C'est qui ce mec ? C'est ton frère ? - Non. - C'est ton mec ?" Ce lien fort se noue et se dénoue dans les vingt pages de cette bande dessinée, toute en subtilité.

    Une histoire simple mais poignante, un graphisme épuré frôlant parfois l'abstraction (qui était déjà très présente dans Le Goût du Chlore) et une histoire "rhomérienne" qui croque avec justesse un tableau de la jeunesse d'aujourd'hui. Une pure merveille. 

    Bastien Vivès, Amitié étroite, éd. KSTR, 2009, 132 p.
    http://bastienvives.blogspot.fr