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identité

  • La fille de la porte d’à côté

    Figure marquante de la bande dessinée italienne, Fumettibrutti signe avec P. mon Adolescence trans (éd. Massot) le deuxième volet d’un récit autobiographique commencé avec le remarqué Romanzo esplicito (Feltrinelli Comics, 2018), récompensé chez nos amis transalpins du le Prix Micheluzzi de la meilleure première œuvre.

    Il faut remarquer que le lecteur français qui n’aurait échappé au premier tome pourra découvrir sans difficulté ni frustration P. mon Adolescence trans.

    Fumettibrutti démarre son récit au moment de ses quinze ans. Il ou elle a quinze ans, fréquente un lycée sans grande motivation, pense aux garçons, se fait draguer, fume, fait l’amour et aussi dessine. P. Fait de son corps à la fois une carapace, un objet de désir et de séduction mais aussi toute la problématique de son identité : en refusant de citer son prénom civil, P. marque d’emblée ses interrogations : fille dans le corps d’un garçon,  Fumettibrutti– littéralement "bédémoches" – raconte comment P. suscite critiques, rejets, incompréhensions mais aussi attirance y compris chez les jeunes hommes hétérosexuels. 

    "Si on arrêtait tout ça et qu’on acceptait les différences ?"

    Comment dépasser cette adolescence rythmée par des relations toxiques, des produits euphorisants, des rendez-vous dans des lieux interlopes, des insultes et surtout un corps qui ne correspond pas à l’identité de P. ?

    Le coup de crayon rageur et efficace de l’auteure sert une histoire faite de saynètes ordinaires (dans un salon de coiffure, en boîte de nuit, dans la rue ou dans une salle de classe), de déambulations, d’échanges via les réseaux sociaux ("La fille de la porte d’à côté" est son pseudo) et surtout d’un parcours personnel autour de l’intime et de l’identité.

    Ce deuxième tome marque de ce point de vue d’une forme d’aboutissement, avec un message humaniste  venant non pas de P. mais d’un médecin :"Si on arrêtait tout ça et qu’on acceptait les différences ?"

    Fumettibrutti, P. mon Adolescence trans, éd. Massot, 2022, 208 p. 
    https://www.facebook.com/fumettibrutti
    https://www.instagram.com/fumettibrutti
    https://massot.com/collections/mon-adolescence-trans

    Voir aussi : "24 heures dans la vie d’une femme"

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  • Frohe Weihnachten, Giulia

    Avec Bonjour, Offenbach !, paru aux éditions Shockdom, Luigi Formola et Antonio Caputo proposent une bande dessinée particulièrement sensible, racontée et dessinée à hauteur d’homme et de femme, sur un sujet a priori aride : l’immigration.

    Le récit se déroule en Allemagne au cours des années 70. Il faut tout de même préciser que le choix de cette période n’est pas le plus important. Ce qui l’est plus est le choix de faire de cette histoire ordinaire un conte de Noël.

    Le personnage suivi par les auteurs transalpins est précisément une Italienne, Giulia. Elle s’est installée avec sa famille en Allemagne, à Offenbach-sur-le-Main, non loin de Francfort. Mariée et mère de deux enfants, elle travaille dans un hôtel-restaurant, ne comptant pas plus ses heures et ses week-ends que Paolo, son mari, un ouvrier des chantiers. Les deux enfants, Nicola et Teresa ont commencé leur scolarité au milieu de nouveaux camarades de classes, pas souvent très drôles pour ces petits Italiens et même carrément racistes pour le dire franchement ("Ton père creuse la terre comme un homme des cavernes ? et ta mère est une domestique qui vide nos poubelles"). 

    Un conte de Noël

    C’est donc en Allemagne que la famille italienne s’apprête à passer son premier Noël, loin de sa terre natale, et pour Giulia cette acculturation est cruelle : "Je ne peux pas me permettre que l'âme de ma famille s’assombrisse, recouverte par une couche de neige… Je ne peux pas m'enfermer dans une cage où il n'y aurait que le travail." Cette fêtes de fin d’année ont un goût cruel pour cette immigrée italienne, pourtant a priori parfaitement intégrée mais pour qui il manque sans doute l'essentiel : "Rêver d'un peu d'amour,  de romantisme, n'est plus la priorité. Cela a cessé de l'être au moment où nous avons passé la frontière italienne…"

    Bonjour, Offenbach ! propose une histoire simple et touchante : celle d’immigrés catholiques italiens devant se faire à une nouvelle vie, un nouveau pays, une nouvelle langue et une nouvelle culture.

    En dépit du choix pertinent de placer ce récit dans le passé, les questions posées par Giulia restent toujours valables : comment refaire sa vie ailleurs ? Que faire de ses origines ? Comment vivre le racisme ? L’une des réponses à ces questions existentielles, c’est Giulia elle-même qui la propose, avec justesse : "Souvent la vie nous oblige à être un passager à la merci de ses choix… Ce qui compte, ce n'est pas la chaleur de l'endroit où l'on vit… mais la chaleur qui touche l'âme".

    Luigi Formola et Antonio Caputo, Bonjour, Offenbach !, éd. Shockdom, 2021, 128 p.
    https://shockdom.com
    https://www.instagram.com/luigi_formola

    Voir aussi : "Ce que l’on fait et ce que l’on est"

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