Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Séries et TV - Page 11

  • Années après années

    Il fallait bien une série pour proposer une fiction d’anticipation qu’est Years and Years. Sur six épisodes, cette création britannique, créée conjointement par la BBC et HBO, suit une famille sur plusieurs années, dans une Grande-Bretagne qui s’apprête à tomber sous la coupe d’une dangereuse populiste. De 2019 à 2034, les Lyons vivent les petits et les grands moments de leurs existences. Les tragédies du monde viennent leur rappeler que leur cohésion familiale risque d’être mise à mal dans un pays tombé sous la coupe de dirigeants dénués de tout scrupule.

    Years and Years déroule patiemment les heurs et les malheurs de citoyens lambda, dont la cohésion, l’originalité, pour ne pas dire la douce folie, semblent inaltérables. Il y a d’abord le joli couple formé par Stéphen et Celeste (formidables Rory Kinnear et T’Nia Miller), à l’existence dorée. Il y a Danny (Russell Tovey), le frère idéaliste et à la joie de vivre communicative. Il y a la grand-mère Muriel (Anne Reid), jouant le rôle de matriarche insubmersible depuis l’abandon de parents, dont on apprendra quelques éléments parcimonieusement dévoilés au fur et à mesure de la série. Edith Lyons (Jessica Lynes) ne fera son apparition que plus tardivement, mais son rôle va devenir essentiel à la série. Et puis, il est impossible de ne pas parler de Lydia West dont le personnage de Bethany, d’abord relativement discret, constitue l’une des inventions scénaristiques les plus incroyables.

    Mélange de Donald Trump, de Viktor Orban et de Marine Le Pen

    Tout ce petit monde se croise, discute (beaucoup), s’aime, se taquine, s’interroge sur son avenir, échafaude des projets, rêve ou désespère : une famille – presque – ordinaire, quoi, découvrant grâce à la télévision et Internet une personnalité publique haute en couleurs, Vivienne Rook, jouée Emma Thompson dans un de ses rôles les plus hallucinants. Cette politicienne, à la tête d’un modeste parti populiste, allie la provocation, la fausse connivence, les discours démagogiques et les coups d’éclat pour arriver au pouvoir. Ce mélange de Donald Trump, de Viktor Orban et de Marine Le Pen avance ses pièces dans un pays miné par la crise, le Brexit, les incertitudes liées au climat, les migrations et des technologies de plus en plus envahissantes. Sans rien spoiler, le spectateur devine très vite que Vivienne Rook ne restera pas éternellement cette politicienne reléguées aux marges de la politique.

    Years and Years capte avec attention et avec une rare sensibilité et les grandes mutations du monde contemporain : populisme, dérèglements climatiques, intelligence artificielle, révolution biotechnologique ou transhumanisme sont développés sous la forme d’une fiction d’anticipation qui nous touche car elle parle aussi de la vie quotidienne d’une famille qui pourrait être la nôtre. Les scénaristes développent l’ampleur de ces changements à travers une dystopie prenant l’allure d’un drame familial. C’est à la fois malin, passionnant et ambitieux. Car jamais, même en parlant de transferts génétiques, de transhumanisme ou de conflit nucléaire Years and Years ne tombe à côté de la plaque. Tout paraît si plausible que le spectateur en sort remué.

    Le dernier épisode, sans aucun doute le plus passionnant pour sa tension dramatique, se termine par un immense point d'interrogation, augurant une deuxième saison tout aussi captivante. 

    Years and Years, série d’anticipation de Russell T. Davies, avec Emma Thompson,
    Rory Kinnear, Russell Tovey, T'Nia Miller, Jessica Hynes,
    Ruth Madeley, Anne Reid et Jade Alleyne
    Grande Bretagne, saison 1, six épisodes, 2019

    Actuellement sur Canal+
    https://www.bbc.co.uk/programmes/m000539z

    Voir aussi : "Deus ex machina"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Beau comme Apollo

    Le cinquantième anniversaire du plus grand événement de l’histoire humaine valait bien une commémoration digne de ce nom. Anthony Philipson propose de revenir sur la mission d’Apollo 11 en juillet 1969 qui permit aux premiers hommes de quitter le berceau terrestre pour visiter notre astre le plus proche, la lune.

    Ce voyage exceptionnel de huit jours, trois heures, dix-huit minutes et trente-cinq secondes, dont deux heures seulement sur notre satellite naturel, est relaté dans le documentaire de la BBC au titre très "Jules Verne" : 8 jours de la Terre à la Lune.

    C’est à partir d’un mélange d’images d’archives, pour beaucoup inédites, et de reconstitutions fidèles basées sur des enregistrements sonores de l’époque – car l’intégralité du voyage a été captée par la NASA – que le film suit les trois astronautes dans ce périple, depuis les derniers préparatifs jusqu’à leur minuscule vaisseau spatial de moins de 5 m², propulsée par la fusée Saturn V, un monstre de technologie haut de 36 étages et propulsé par des moteurs d’une puissance prochaine d’une bombe nucléaire.

    L’aspect technique n’est en effet pas éludé dans ce film qui rappelle l’exploit scientifique de ces missions inédites par leur ampleur : il n’y a qu’à penser à ces reconfigurations qui ont permis la transformation de la fusée gigantesque en un module lunaire à plus de 16 000 kilomètres heures. Des quelques jours de voyage dans un vaisseau à peine plus grand qu’une petite automobile, les astronautes Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins se sont cependant montrés discrets en révélations : la recherche d’une caméra, quelques exercices sportifs et l’écoute d’actualités pour rester en contact avec la terre constituent les seules anecdotes.

    "Ce que c’est beau !" dit un de ces trois voyageurs de l’impossible

    Le moment le plus attendu de ce documentaire est bien entendu celui de la cinquième journée, le 20 juillet 1969, qui est celui de l’alunissage d’Eagle, le module lunaire, un appareil qu’Armstrong et Aldrin n’ont utilisé qu’en simulateur de vol. L’alunissement du minuscule engin n’a pas été si simple que prévu, avec un ordinateur de bord (bien moins puissant que le plus modeste de nos smartphones) finissant par saturer en raison du nombre élevé d’informations à traiter et des astronautes ayant de peu échappé au pire. "C’est un petit pas pour l’homme mais un bond de géant pour l’humanité" prononce Armstrong au moment où il pose le premier pas sur le sol poussiéreux du désert lunaire. Les petites deux heures de ces hommes sur la lune ont marqué à jamais l’histoire de l’humanité et constituent encore aujourd'hui l'une des aventures les plus prodigieuses qui soit.

    On ressort fasciné par la magie des photos et des films à la qualité médiocre pris à 385 000 kilomètres au-dessus de nous. "Ce que c’est beau !" dit un de ces trois voyageurs de l’impossible au moment du voyage spatial le plus ahurissant qui ait jamais été fait. Cinquante ans plus tard, à défaut de viser les étoiles, la beauté de la mission d’Apollo 11 reste intacte et inédite.

    8 jours de la Terre à la Lune, documentaire d’Anthony Philipson,
    Grande-Bretagne, BBC, 2019, 98 mn, actuellement sur Canal+

    https://www.bbc.co.uk/mediacentre/mediapacks/8-days

    Voir aussi : "Si vous avez tout compris à cet article c’est que je me suis mal exprimé"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Gloire aux liquidateurs

    C’est la série du moment, celle que la critique encense et qui est en passe de s’imposer devant des créations aussi populaire que Game of Thrones et Breaking Bad. Chernobyl, mini-série britannique et américaine, a pourtant tout pour rebuter : sujet sombre, réalisation austère, décors gris et visages quasi mortuaires. Le parti-pris classique et sérieux de Craig Mazin s’imposait, tant il est vrai que relater l’histoire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl imposait un indispensable savoir-faire.

    Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, un test de sécurité à la centrale ukrainienne de Tchernobyl provoque la fusion du cœur du réacteur puis une explosion sans précédent contaminant une zone de plusieurs dizaines de kilomètres autour de la centrale. Dès les premiers jours, les autorités soviétiques sont complètement dépassées par cet événement majeur. Les morts et les contaminés se multiplient alors que les radiations, s’échappant toujours de la centrale éventrée, menacent de rendre l’Europe inhabitable pour des milliers d’années. Valeri Legassov (Jared Harris), scientifique renommé, est chargé de trouver des solutions inédites, en compagnie de Boris Chtcherbina (Stellan Skarsgård), vice-président du Conseil des ministres et chef du Bureau des combustibles et de l’énergie. Le Kremlin l'a chargé de diriger les opérations. Bientôt, des enjeux politiques – l’URSS en est à ses dernières années d’existence – dépassent les deux hommes, mus par le désir commun d’arrêter la catastrophe et de comprendre ce qui s’est passé.

    Les liquidateurs, les vrais héros de Tchernobyl

    Chernobyl est d’abord à saluer pour sa reconstitution historique, même si quelques aménagements scénaristiques (l’invention du personnage d’Ulana Khomyuk, joué par Emily Watson) ont été imaginés comme l’expliquent les auteurs. Pour le reste, la mini-série américano-britannique nous plonge dans cette catastrophe apocalyptique d'une manière plus vraie que nature : le sort des premières victimes, les opérations pour stopper la réaction nucléaire, les ravages physiques des radiations, l’évacuation des populations civiles ou les décontaminations à grande échelle. Des scènes incroyables et jamais montrées font de cette reconstitution une série plus terrifiante et hallucinante que n’importe quelle fiction : le travail des mineurs sur le site, le sort fait aux animaux abandonnées dans la zone interdite et le travail des liquidateurs, chargés de se relayer toutes les 30 secondes pour déblayer les gravats radioactifs. Ce travail titanesque, fait dans des conditions épouvantables, a fait de ces liquidateurs sans doute les vrais héros de Tchernobyl.

    Chernobyl assène enfin une impitoyable charge contre les autorités russes de l’époque. Le dernier secrétaire soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, a souligné que Tchernobyl avait sans doute constitué un coup de poignard mortel contre l’URSS. Trois ans plus tard, le Mur de Berlin tombait : ce n’était pas le fruit du hasard.

    Chernobyl, mini-série historique de Craig Mazin
    avec Jared Harris, Stellan Skarsgård et Emily Watson
    USA et Grande-Bretagne, une saison, cinq épisodes
    HBO, Sky Atlantic, actuellement sur OCS, 2019

    Voir aussi : "Mes parents étaient des espions communistes"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Le garçon qui murmurait à l’oreille des ados

    C’est sans doute en partie par chauvinisme que le public français s’est intéressé à la série américano-britannique Sex Education, dont la première saison est diffusée sur Netfix. Emma Mackey, actrice et mannequin franco-britannique tient l’un des rôles principaux, celui de Maeve Wiley, une lycéenne à forte tête, intelligente, débrouillarde mais aussi méprisée par ses camarades. Il est vrai que la native du Mans prend à bras le corps le personnage essentiel d’une série qui se penche sur un sujet épineux et semé d’embûches : la sexualité des adolescents.

    Dans un lycée britannique, le jeune Otis Milburn (Asa Butterfield), vivant avec sa mère Jean (Gillian Anderson), une brillante psychologue, vit le quotidien d’un adolescent mal dans sa peau dans un bahut très ordinaire. Il a pour ami Eric, un camarade excentrique et ouvertement gay (avec une performance exceptionnelle de Ncuti Gatwa).

    La rencontre d’Otis et de Maeve, que tout oppose a priori, scelle le début d’un étrange business : la lycéenne désargentée propose au jeune homme, doué d’empathie, de qualités d’écoute et surtout de connaissances en gynécologie, d’ouvrir un cabinet sauvage de sexologie au cœur même de leur lycée. Contre toute attente, les services d’Otis trouvent leur public. De (jeunes) clients s’adressent au garçon, toujours vierge, pour lui demander son aide sur des problèmes les plus intimes qui soient.

    Un étrange business

    Sur un sujet aussi délicat que celui-ci, les créateurs de Sex Education ont sans doute créer la série la plus étonnante et la plus mémorable de ce début d’année. Cette comédie dramatique en huit épisodes choisit la légèreté pour parler de sujets graves : l’identité, la frustration, le harcèlement, la violence, la solitude ou la misère sexuelle. Les actrices et acteurs sont tous parfaits dans une série qui pouvait tomber dans de la grivoiserie ou de la provocation inutile.

    Asa Butterfield et Emma Mackey s’en sortent avec les honneurs et n’ont certainement pas fini de faire parler d’eux. Quant à Gillian Anderson, l’ex Dana Scully d’X-Files, elle étonne par ce rôle à contre-emploi de psychothérapeute hors-norme. Hors-norme, comme du reste cette série.

    Sex Education, série de comédie dramatique de Laurie Nunn
    avec Asa Butterfield, Gillian Anderson, Ncuti Gatwa et Emma Mackey
    USA et Grande-Bretagne, première saison, huit épisodes, Netflix, 2019

    Site officiel Netflix

    Voir aussi : "Kidding, à en rire ou à en pleurer"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Comment expliquer le fantastique désordre des saisons de Westeros ?

    "À quel point des enfants de Jon et de Daenerys seraient-ils consanguins ?", "De quel mal souffre Hodor ?", "Le mur de Westeros pourrait-il être édifié dans la réalité ?" Ce sont quelques unes des questions que pose le très sérieux Sciences et Vie dans un hors-série consacré à Game of Thrones.

    Histoire de patienter encore un peu avant de découvrir la dernière saison de GOT, ce numéro s’est penché sur les problèmes scientifiques et techniques que posent la série inventée par GRR Martin. Une étrange démarche pour cette saga de fantasy où l’imaginaire, la magie et l’improbable ne sont pas absents ? Pourquoi s’interroger sur la crédibilité technique du Mur ? Quelle est l’utilité de savoir que la puissance de feu du dragon Visérion s’établit à plus de 9000 milliards de joules ? Et le mode de transmission de la maladie dite "la grisécaille" n’est sans doute pas capital. Toutefois, ce que Sciences & Vie entend montrer c’est que derrière Game of Thrones se cachent aussi de vraies interrogations, souvent actuelles, que son auteur a certes romancées.

    Prenez par exemple l’environnement, un sujet traité quotidiennement par l’actualité. Dans la lutte pour le pouvoir et pour l’accès au Trône de fer, un fait déterminant guide l’intrigue de cette histoire de sang, de rage et d’acier : le dérèglement climatique. Les spectateurs sont prévenus : "Winter is coming." Et cet hiver qui arrive est représenté par les redoutables Marcheurs blancs qui devraient être au centre de l’ultime saison. Sorti au milieu des années 90, l’œuvre écrite de GRR Martin parlait déjà de catastrophes climatiques autant que d’intrigues humaines pour le pouvoir. "Les « lanceurs d’alertes » avaient raison : l’hiver est bien là, et les morts l’accompagnent. La technologie humaine, représentée par le Mur, n’a pu empêcher la catastrophe, tout juste a-t-elle pu la freiner."

    La première section du Sciences et Vie est consacrée aux saisons dans le pays imaginaire de Westeros et pose quelques bonnes questions sur leur étonnant désordre. Le capricieux auteur de GOT a imaginé des contrées aux climats antinomiques entre le froid perpétuellement polaire au nord et des températures toujours clémentes, voire estivales, au sud. Un chercheur a d’ailleurs proposé une explication géographique sur la planète qui régie le monde imaginaire de Game of Thrones.

    L’intelligence artificielle révèle la fin de Game of Thrones

    Sciences & Vie s’intéresse également aux espèces se côtoyant avec plus ou moins de bonheur dans la série : dothrakis, valyriens, enfants de la forêts, sauvageons, ou géants parlent sûrement moins d’une civilisation imaginaire s’entre-déchirant que de nous-mêmes : "En filigrane des sauvageons, géants et autres andals, c’est l’aventure de la famille homo qui se devine." La revue pose quelques questions plutôt bien vues : "Comment réagirait l’être humain si l’hiver durait des années ?", "La cohabitation des espèces, un fantasme de la série ?" ou "La saga décrit-elle un monde ethniquement crédible ?"

    D’autres questions sont posées dans ce hors-série : sur les créatures imaginaires, notamment ces "dragons (…) de retour comme ces espèces éteintes que la science tente de ressusciter", sur les langues imaginaires inventées pour les besoins de Game of Thrones, sur les sources historiques et sur l’importance de la mort dans une série qui fait abondamment couler le sang (sur 330 protagonistes, 186 sont décédés durant les sept premières saisons !).

    Une autre section est consacrée à ces familles se déchirant pour le trône de fer. GRR Martin se fait l’héritier de Machiavel lorsqu’il parle des Lannister, des Stark, des Targaryen ou des Greyjoy. Le lecteur et le spectateur de la saga y trouvera de multiples références à notre histoire humaine. Le contexte médiéval – y compris dans la manière dont la consanguinité, les mariages de raison et les unions illégitimes entrent dans les enjeux de pouvoir – n’empêche pas Game of Thrones d’être dans une très grande modernité.

    Alors que la huitième saison de GOT est sur le point d’être diffusée, les fans curieux se pencheront sans doute avec excitation sur l’article de Thomas Cavaillé-Fol : "L’intelligence artificielle révèle la fin." Faux spoil ou vrai info, le journaliste s’intéresse à ces chercheurs qui ont déployé leur ingéniosité comme l’utilisation des algorithmes pour déterminer qui avait le plus de chance de monter sur le trône de fer et qui avait le plus de risques de mourir à la fin. La revue présente une modélisation scientifique des liens entre Jon Snow, Tyrion Lannister, Daenerys Targaryen ou les derniers survivants des Stark pour identifier les gagnants et les perdants de cette ultime saison.

    Force reste à la science ? Pas si simple, répond, bon joueur, le magazine : "Si la série fait mentir les algorithmes, cela ne signifiera pas qu’ils se sont trompés, mais que les scénaristes ont décidé finalement de ne pas suivre la logique qu’ils avaient eux-même posée."

    "Game of Thrones & la science", in Sciences & Vie
    hors-série spécial Game of Thrones, avril 2019

    Voir aussi : "GOT in Pop"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Ça restera entre nous

    Je vous avais parlé, il y a quelques mois, de Spirales, le roman hitchcockien de Tatiana de Rosnay sorti en 2004. À partir de cette semaine, Arte propose l’adaptation de ce thriller psychologique, feutré et cruel à souhait, sous le titre de Tout contre Elle.

    Hélène Dewallon (Astrid Whettnall), l’épouse enviée d’un notable et homme politique lyonnais quitte précipitamment l’appartement de son amant Sven après une rencontre amoureuse qui vient de se terminer dans le drame. Sven vient de mourir brutalement, terrassé par une attaque. Mais Hélène, dans sa fuite, a laissé ses papiers d’identité que récupère Alice Mercier (Sophie Quinton), la femme de ménage de Sven. Elle prend contact avec sa maîtresse pour les lui rendre. S’engage entre les deux femmes un jeu du chat et de la souris, sur fond de chantage, car Alice a des pièces compromettantes qui menacent de tout détruire dans la vie rangée et impeccable d’Hélène Dewallon. Voilà qui est d’autant plus fâcheux qu’Henri, son époux, se lance dans une ambitieuse campagne électorale.

    Relations empoisonnées, lutte des classes et un véritable supplice chinois

    Pour l’adaptation du roman de Tatiana de Rosnay, Gilles Tauran et Gabriel Le Bomin ont choisi de déplacer l’histoire de Paris à Lyon. On perd la ville familière de l’auteure franco-britannique au profit de lieux plus modernes, plus aseptisés et plus lumineux. Les personnages déambulent dans des maisons, des appartements ou des galeries moins claustrophobiques que dans le roman, à facture simonienne, mais tout aussi inquiétants. Couloirs, escaliers et jeux de miroirs concourent à accentuer le climat de malaise dans ce thriller psychologique.

    L’adaptation s’étend assez peu sur l’adultère d’Hélène. Je parlais dans ma chronique sur Spirales d’"accouplement sauvage" pour ce qui n’était qu’un one shot, un "moment d’égarement" dans un lieu sordide. Ici, la personnage principale est dans une relation adultère suivie, comme elle le confie à son amie Lucie (Aurélia Petit). Autre entorse au livre : il n’est plus question d’immigrés roumains ou d’un simple chantage financier mais de relations empoisonnées, de lutte des classes et d’un véritable supplice chinois entre une femme de la grande bourgeoisie et une modeste femme de ménage.

    Sophie Quinton est parfaite dans ce rôle de petite souris timide se transformant en véritable vampire mental. Impossible de ne pas parler non plus des deux piliers de ce film : Astrid Whettnall et le prodigieux Patrick Timsit jouent à merveille les notables bourgeois pris dans un drame prêt à tout faire exploser, y compris leur famille – l’autre thème cher à Tatiana de Rosnay. Celles et ceux qui auront lu Spirales découvriront une autre fin pour cette adaptation. Une raison de plus de découvrir Tout contre Elle film que propose Arte en replay jusqu’au 14 mai 2019.

    Tout contre Elle, thriller psychologique de Gabriel Le Bomin, avec Astrid Whettnall, Sophie Quinton, Patrick Timsit et Aurélia Petit
    Calt Production / Belga Productions / Noon / Arte, France, 2018, 88 mn

    Disponible en replay sur Arte du 9 avril 2019 au 14 mai 2019
    https://www.arte.tv/fr/videos/077293-000-A/tout-contre-elle

    Voir aussi : "Juste un moment d’égarement"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • GOT in Pop

    Il est à fort à parier que les fans de Game of Thrones se précipiteront sur le hors-série Pop du Point consacré à cette "messe planétaire" qu’est la célèbre série de fantasy. "Messe planétaire" : c’est Philippe Guedj qui emploie cette expression dans la préface, tant il est vrai que GOT s’est élevée au rang de phénomène culturel, pour ne pas dire de société.

    Les superlatifs se mesurent à l’aune de quelques chiffres rappelés par le magazine : 47 Emmy Awards, un milliard de dollars de chiffre d’affaire généré chaque année, 36 millions de téléspectateurs en moyenne pour chaque épisode diffusé aux États-Unis pendant la saison 7… ou 300 bébés baptisés Arya en Angleterre au cours de l’année 2016.

    Le terme de "chef d’œuvre" est carrément employé pour qualifier Game of Thrones, un cycle de romans et une série culte, souvent comparé par son souffle épique et son succès au Seigneur des Anneaux : une filiation et une similitude pourtant trompeuses.

    Mais au fait, qu’est-ce qui fait la singularité de l’œuvre de GRR Martin comme de son adaptation télé ? Bien entendu, la violence de cette œuvre, la crudité des scènes montrées, le sadisme et le sexe sont une des marques de fabrique de GOT. L’intrigue complexe, les personnages nombreux et souvent charismatiques – Thyrion Lannister, Cersei Lannister, Daenerys Targaryen ou Jon Snow – et les rivalités où se mêlent géopolitique, liens de sang et vengeances constituent l’architecture d’une série dont le succès ne s’est jamais démentie depuis sa création en 2011. Cela dit, là n’est sans doute pas le plus important.

    Ce que le hors-série Pop choisit de faire c’est un focus sur 12 scènes ou personnages marquants qui expliquent comment le romancier et les scénaristes se sont nourris de mythes et d’histoires universelles tout en bousculant des codes narratifs, au point même de choquer leur public.

    Œuvre de fantasy moderne (le premier livre est sorti en 1996 aux États-Unis), Game of Thrones a abondamment puisé dans diverses sources pour construire des personnages cultes et des scènes marquantes. C’est ainsi que le lecteur verra dans le nain de la cour de Jacques Ier, Jeffrey Hudson (1619-1682), un modèle troublant du nain politique et ambitieux Thyrion Lannister, alors que Jon Snow peut être qualifié de personnage christique et Joffrey Baratheon être vu comme une copie presque conforme de l’empereur Caligula. Dans GOT, les sources ne manquent pas, tout comme les références philosophiques, et en premier lieu Machiavel dont Roger Paul-Droit consacre un portrait édifiant.

    Il est aussi dit qu’aucun personnage ne sera à l’abri

    Avoir choisi de ne pas rester collé à ces mythes n’est pas la moindre des qualités de Game of Thrones. Mieux, GRR Martin a choisi très tôt de bousculer les codes narratifs de son cycle. À cet égard, dit Phalène de la Valette, la scène de la décapitation de Ned Stark n’est certainement pas la plus violente, mais elle a marqué les esprits : en choisissant de faire mourir un type de héros familier des amateurs de fantasy, le romancier rabat complètement les cartes d’une intrigue pour faire basculer l’histoire dans un chaos qui fera le bonheur de ses fans. Il est aussi dit dès cet instant qu’aucun personnage ne sera à l’abri, ce qui sera démontré avec l’autre scène marquante, celle des Noces pourpres.

    Les fans reconnaîtront l’épisode sanglant de la saison 3 : un banquet et un mariage sont l’occasion pour les auteurs de mettre en scène un massacre pervers – qu’Arya Stark vengera avec la même cruauté quelques saisons plus tard –, massacre largement inspiré d’épisodes historiques et de récits : "C’est le plus grand coup, de théâtre de toute la série. Tout avait été mis en place pour qu’on ne s’y attende pas, et surtout, ce carnage heurte autant la raison que nos sens," commente Nicolas Allard, auteur de L’Univers impitoyable de Game of Thrones (éd. Armand Colin). Un troisième exemple illustre ce travail sur la narration : l’épisode de la saison 6 consacré au géant Hodor, personnage secondaire mais marquant. Les auteurs de GOT en font une figure métaphorique et métaphysique grâce à l’utilisation astucieuse d’une boucle temporelle venant éclairer l’identité d’un personnage finalement très platonicien !

    Dans ce hors-série passionnant, le mot de la fin est laissée à Anne Besson, auteure d’un Dictionnaire de la Fantasy (Editions Vendémiaire). Elle souligne à quel point le cycle de GRR Martin est atypique dans un domaine littéraire généralement plus optimiste, et durablement marqué du reste par l’œuvre de Tolkien. C’est sans doute là tout le talent du créateur du Trône de Fer : avoir révolutionné un genre littéraire. Mais il est vrai, conclue Anne Besson, qu’"aujourd’hui, écrire du Seigneur des Anneaux serait démodé."

    "Game of Thrones, mythes et origines", Hors-série Pop Le Point, mars-avril 2019, 98 p.
    https://www.lepoint.fr/pop-culture

    Voir aussi : "Game of Thrones, saison 8 et fin, normalement"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Youtubeurs en featuring

    Baborlelefan, Tim, Daniil Le Russe, Le Pérave, Dylan del Rey ou Glamouze : ces noms ne vous disent rien ? C’est sûrement parce que vous n’êtes pas familiers de Youtube et de ces phénomènes d’Internet dont la popularité s’évalue en nombre de vues.

    C’est justement pour en faire partie que Pedro s’incruste parmi ces stars du web, suivi de son cameraman Othman et de son meilleur pote Seb, improvisé en agent artistique. La websérie Feat, tournée comme un webdocumentaire, suit les pas du jeune homme bien décidé à marcher sur les pas de Norman, Rémi Gaillard et autres Cyprien. Dans des épisodes de 5 à 7 minutes, Pedro s’engage dans cette quête effrénée, drôle et surtout vaine à la célébrité et au clic. 

    Sancho Panza 3.0

    Avec une tchatche et un sens du culot que le ridicule ne tue jamais, il va sur la trace de quelques youtubeurs célèbres pour avoir leurs featurings dans sa future chaîne, à coup de sketchs désastreux ("Montrer au Pérave un sketch raciste", épisode 3), de rendez-vous ratés (avec Daniil Le Rouge, épisode 4), de coups foireux ("Se battre avec Glamouze", épisode 7) et bien sûr de punchlines ("Je vais pas miser ma carrière que sur la pitié !").

    Sept épisodes de Feat sont déjà en ligne, sur Youtube, bien entendu. Sept épisodes écrits et joués avec une belle maîtrise. Pedro est parfait en looser magnifique et son duo avec Seb, sorte de Sancho Panza 3.0, donne un dynamisme incroyable à la série. Les familiers de Youtube s’amuseront de découvrir dans Feat leurs stars favorites ; pour les autres, ils verront dans cette websérie irrésistible la révélation d’un couple de comédiens et de comiques à suivre absolument.

    Feat, websérie comique française, Youtube, saison 1
    https://www.facebook.com/featlaserie

    Voir aussi : "Authentik : Sur un banc"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !