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Livres et littérature - Page 54

  • Nathalie Cougny, en adoration

    Sur Bla Bla Blog, nous adorons Nathalie Cougny pour des tas de raisons : son caractère entier, son opiniâtreté, son engagement auprès de causes qui lui tiennent à cœur (le féminisme et la protection de l’enfance) mais aussi et surtout son travail d’artiste se jouant des barrières et des étiquettes. N’avait-elle pas présenté au Julia (Paris 3e) en décembre 2015 son roman Amour et Confusions… (éd. Sudarènes) dans le cadre d’une exposition de peintures et de photos, au cours de laquelle étaient accrochée ses propres toiles ? Plus récemment, c’est le théâtre que l’artiste a choisi d’investir, à travers Sex&love.com, une pièce abrupte et sincère – sur l’amour et les femmes, toujours.

    Nathalie Cougny est entière, sincère et sans artifice. La poésie tient pour cette raison une place essentielle dans sa vie comme dans son œuvre. Mais il s’agit d’une poésie proche de nous, sensuelle et au plus près des corps : "Ma poésie traite essentiellement du sentiment amoureux. Depuis des changements importants dans ma vie personnelle, je pose des mots en musique, celle des émotions du corps et de l’âme" dit-elle au sujet de son dernier ouvrage.

    Adoration (éd. Mon Petit Éditeur) entre dans le domaine de l’intime, celle "des coups de reins, des coups de rien. / Emmêlés dans cette jouissance en fusion." Nathalie Cougny s’est emparée de la poésie pour libérer ses propres tourments et s’interroger sur l’amour, le thème le plus traité en littérature. Nathalie Cougny prend à bras le corps ce sentiment universel : "Tu éclaires tous les contre-jours de ma vie", écrit-elle dans un élan qui ne saurait faire de distinction de genre et de sexe. Dans sa bouche, l’amour devient une religion envoûtante qui se joue de toutes les règles : "Délivre-moi du bien /Jusqu’à la défaillance."

    Les poèmes en vers ou en prose de Nathalie Cougny ne s’embarrassent pas de mièvreries. Ils sont racés, colorés, épanouis, et en même temps piquants comme autant de roses offertes en bouquets : "Je voudrais pleurer encore, de cet amour-là, / Qui me parlait en secret, pour ne rien me dire. / M'étrangler de tes silences, en liberté, / Égoïste, je les veux tous pour moi."

    "La belle charogne"

    Il est question de pulsions insensées et libératrices ("Je m’offre à ton emprise, / Comme une viande / À la belle charogne, / Léchant jusqu’à l’aube, / Ma cuisse, mon sexe et l’autre. / Profite, salive, viens !"), mais aussi de trahisons ou de fuites ("Tu n’as pas su m’habiller de tes souffrances. / Tu as pris le chemin de la fuite en instance"), avec ces mots qui savent happer le lecteur, le séduire, le désarçonner et se jouer de lui : "De ton âge à mon âge il y a deux pas, / Encore et encore, il n’y a qu’un pas. / Que dit ton corps à demi-mot ? / Un pas de plus, un pas de trop."

    C’est à pas feutré que l’auteure nous fait entrer dans ces intimités, telle cette "chambre blanche" qui a accueilli les étreintes de deux amants éperdus : "Nos mains désinvoltes, offertes aux instants, : Qui ont tout pris de ton corps, de mon corps. / Caresses sur caresses, langues curieuses, / Assoiffées de désir, puis nos souffles, chauds."

    Un grand souffle chaud balaie ce recueil. Il respire de vies et d’envies : "Au risque de me perdre, je fais ce voyage, / De mon corps à ton corps, sans aucun bagage, / J’approche ma bouche de tes envies, / Tu es cette sublime et divine rêverie." Nathalie Cougny a choisi de faire de ces amours-là une matière littéraire et libératrice – qui fait du bien.

    Nathalie Cougny, Adoration Poésie libre et sensuelle, inclus : (Ta) Plénitude – Carnet amoureux, éd. Mon Petit Éditeur, 2017
    https://www.nathaliecougny.fr
    "Mes hommes"
    "En corps troublé"
    "Homo errectus on ligne"

    Photo © Walt27

  • Le salon de la littérature érotique remet le couvert

    Après la réussite de sa première édition, le Salon de La Littérature Érotique remet le couvert le dimanche 26 novembre de 15 heures à 21 heures au 153 (Paris, 3e).

    Bla Bla Blog avait suivi en 2016 la création de cet événement, qui était à l’époque organisée autour d’une exposition de peinture du dessinateur érotique Alex Varenne. Cette année encore, la littérature érotique aura l’honneur d’être mise en avant, mais aussi démystifiée. Vaste projet pour ce genre spécialisé, souvent considéré avec méfiance, et dans lequel les femmes tiennent sans conteste le haut du pavé. Lors de sa première édition, le public se pressait dans une galerie d’art cosy mais étroite. Cette fois, c’est sur les trois étages du bar  Le 153 que se retrouveront une dizaine d’auteurs pour des rencontres et des dédicaces.

    Parmi, les personnalités et artistes présents figureront Brigitte Lahaie, actuellement animatrice sur Sud Radio, mais aussi Octavie Delvaux, qui est de retour cette année, Anne Vassivière, Virginie Bégaudeau, Guenièvre Suryous (dont Bla Bla Blog avait déjà parlé pour son ouvrage écrit à deux mains avec Flore Cherry, Guide de Survie sexuelle de l’étudiant/e), Camille Emmanuelle, les auteurs de la start-up B.Sensory, Simpere Françoise, Emma Cavalier, Etienne Liebig ou encore Julie-Anne De Sée.

    Pour faire sortir la littérature érotique des fantasmes courant à son sujet, plusieurs conférences seront proposées : "Le retour de la morale dans la littérature érotique" par Spengler Franck , "Le sexe sans enjeux est un jeu délicieux" par Simpere Françoise, "Comment poser sa voix sur de la littérature érotique ?" par Philippe Lecaplain, avec également des lectures du jeu concours Chuchote-moi.

    Les organisateurs ont également mis en place des défis d'écritures organisés toute la journée, avec des cadeaux à gagner pour celles et ceux qui voudraient s’initier à ce genre littéraire.

    Des happenings et des surprises compléteront cet événement, avec notamment une exposition de planches de BD érotique par Tabou éditions, une animation des comédiens d'Une femme extraordinaire, le cadavre exquis des fantasmes par Nathalie Giraud et Isabelle Bize.

    À partir de 21 heures, le salon se transformera en soirée libre, pour les plus motivées et les plus coriaces.

    Salon de La Littérature érotique
    Le 153, 153 rue Saint-Martin, 75003 Paris
    Dimanche 26 novembre de 15 heures à 21 heures
    Prévente : 8 €
    Sur place : 10 €

  • Une bonne coupure

    On entre dans l’univers de Nicolas Le Bault comme s’il s’agissait d’un territoire hors du temps. Rien ne ressemble à ses créations déroutantes, et c’est bien pour cela qu’il faut absolument découvrir cet artiste aux multiples facettes.

    Bla Bla Blog avait consacré une chronique à son élégant et très lynchien roman graphique Hygiène Rose, toujours disponible aux éditions Réseau Tu Dois. Nicolas le Bault s’est lancé cette fois, avec trois acolytes, Frederika (pour le texte), Frédéric Fenollabbate (pour les dessins en noir et blanc) et Stéphane Rengeval (pour les photographies), dans une nouvelle aventure artistique, White Rabbit Dream. Le premier volume, La Coupure, sort cet automne.

    Autant dire tout de suite que l’on aime ou que l’on déteste cet imaginaire fait de rêves, de cauchemars, d’illusions, de fantômes, de perversions et de personnages ambivalents. En tout cas, la patte de Nicolas Le Bault est reconnaissable entre toutes : dessins tout droit sortis de l’enfance, visages expressifs, couleurs vives. L’univers de l’enfance est récupéré, recyclé et dynamité à la TNT afin de mettre à nue toute la cruauté du monde et son absurdité. Hygiène Rose proposait, sous l’aspect d’un innocent conte pour enfant, un voyage sensuel et morbide dans lequel l’amour conduit à l’aveuglement, à la souffrance, au meurtre et au martyr. Nous nous trouvons ici dans un monde similaire mais créé en collaboration avec trois autres artistes.

    Dans le premier volume de White Rabbit Dream, présenté comme un "magazine d'art contemporain & de transgression", les quatre auteurs proposent un concept de série graphique compacte, dense et truffé d’inventions visuelles. Textes, BD, anagrammes, photographies ou dessins inspirés de l’œuvre d’Aurélie Dubois se répondent dans un récit truffé de symbolismes, de dessins faussement enfantins et d’admonestations : "Je me demande dans quel terrier tu as vécu jusque-là. On dirait que tu n’as rien vu."

    L’invitation à la coupure, qui se traduit ici par "vivre à la campagne", est le début d’un récit horrifique et "très dangereux", que Nicolas Le Bault représente sous forme d’une courte bande dessinée sanglante et sans paroles (The Bleeding Tree Horror). C’est par ellipse visuelle que les deux auteurs nous entraînent ensuite vers une histoire d’apocalypses, de meurtres et de rituels étranges "par notre Sainte-Mère-Furie… une entreprise de démolition contre l’esprit."

    C’est chez le Marquis de Sade qu’il faut chercher les influences de la seconde partie de ce volume : enfermements, univers carcéral dominé par une "caste d’Eunuques à l’envers", violence omniprésente et éducation à la perversité et au sadisme. Le premier volume de la série nous met en présence d’une narratrice, Amandine L., victime sur le chemin de la rédemption et de la fuite, alors que "le monde est en train de se restructurer". Pour en savoir plus, il faudra au lecteur patienter pour découvrir la suite de ce cycle où arts et transgressions font bon ménage. Bienvenue dans le monde enfantin, sensuel et terrifiant de Nicolas Le Bault.

    White Rabbit Dream, vol. 1, La Coupure, éd. White Rabbit Dream, 2017, 48 p. 5 €
    http://www.whiterabbitprod.com
    http://nicolaslebault.com
    https://nicolaslebault.tumblr.com
    "Au-delà du miroir"
    "La coupure de Nicolas Le Bault : cruel et enfantin !"

  • Le silence est un sport de combat

    Une citation du poète belge Jacques Goorma ouvre la dernière partie du récit de Mélanie Hamm, Écoute : "Les mots s’échangent. Seul le silence se partage." Cette citation pourrait servir d’exergue à l’ensemble du récit de l’auteure qui nous délivre le récit d’une jeune femme atteinte d’un handicap très peu connu. Être malentendant c’est vivre, nous dit Mélanie Hamm, avec une particularité "insoupçonnée" et invisible. C’est être ni sourd ni vraiment entendant : "Parfois sourde, parfois entendante," c’est condamner "à rester entre les deux."

    La malentendance est ici racontée avec pudeur mais néanmoins précision dans les rapports de l’auteure avec les autres : ses proches, sa famille, ses amis, ses camarades d’écoles mais également ses professeurs. Spécialisée dans les sciences de l’éducation, Mélanie Hamm consacre de nombreuses pages à l’école, à l’apprentissage et à ses difficultés à se faire une place dans une société qui peine à s’adapter à son écoute mal aisée, ce que l’auteure formule ainsi : "Un goût de citron naquit dans ma bouche, celui de la gêne d’être différente face à autrui."

    Le silence est un sport de combat, et plus encore la lutte pour apprivoiser une conversation et naviguer "entre deux mondes, le silence et le bruit." Le mot handicap n’est pas tu par l’auteur et l’apitoiement convient bien mal à ce qui est aussi une histoire d’initiation. La construction de soi, la découverte du handicap, l’ouverture vers les autres, les incompréhensions réciproques, la découverte des mots, la littérature, le lycée, l’adolescence et l’amour font d’Écoute un récit sans pathos ni leçons moralisatrices. Le lecteur trouvera aussi quelques jolis passages consacrés à… la musique classique, l’une des passions de l'auteure.

    Mélanie Hamm écrit sans doute le passage le plus poignant dans l’histoire d’une idylle marquante mais inaboutie avec un professeur brillant. Celui-ci se révèle comme englué dans un échec personnel, offrant à la lycéenne malentendante le visage d’un homme "handicapé" par ses faiblesses, ses doutes et ses lassitudes. Où la personne handicapée n’est pas là où on le pense.

    Vivant au milieu des "entendants", c’est aussi parmi les sourds que la jeune femme découvre une forme de sérénité : "J’aimais de plus en plus leur compagnie. Leur silence m’apaisait, leurs signes me ravissaient. Avec eux, je me sentais instantanément protégée du bruit et de la trépidation de la vie."

    Plus qu’un simple témoignage, Mélanie Hamm livre une analyse rare, sensible et percutante sur l’ouïe et sur l’écoute, que, paradoxalement, la malentendante a réussi à "surdévelopper" et, à force de combat, à utiliser telle une arme pour vivre et survivre : "Qu’est-ce qu’entendre ? C’est entendre avec le corps. l’oreille entend le rythme oral, le corps comprend l’expression verbale… Ma force intrigue. Faut-il que je l’écrive autrement : le silence est ma force ? Il fend les monts et les océans."

    Mélanie Hamm, Écoute, éd. Calleva, 2012, 166 p.

  • Exclusivité Bla Bla Blog | Leonard Adreon : "Je suis préoccupé par la situation en Corée"

    Les récits de guerres sont nombreux, beaucoup moins ceux concernant la Guerre de Corée (1950-1953), un conflit oublié et pourtant fondamental dans l’histoire de la Guerre froide. La Guerre de Corée prend une résonance particulière aujourd’hui avec la crise nord-coréenne et les tensions entre le Président américain Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.

    Leonard Adreon, ancien lobbyiste puis conseiller auprès de Ronald Reagan, est l’auteur d’un récit sur son passé de soldat pendant la guerre de Corée : Hilltop Doc (éd. BookBaby, non-traduit en français).

    Leonard Adreon a vécu certains des pires carnages de la guerre de Corée mais aussi des moments plein d'humanité. Sa description saisissante donne vie à la guerre entre l'armée chinoise et les Marines américains, au cours de batailles faisant rage pour la conquête de collines en Corée. Aide-soignant dans les Marines, Leonard Adreon raconte son histoire, celle d'un jeune homme de Saint-Louis sans expérience médicale mais chargé de sauver des vies au milieu du chaos sanglant de la guerre. Il décrit des scènes sinistres, bouleversantes et parfois comiques des champs de bataille, avec sa propre histoire en arrière-fond – qui est aussi celle de ses erreurs et des vicissitudes de l'armée qui l'ont fait atterrir sur le 38e parallèle.

    Leonard Adreon a accepté de répondre à nos questions. Il nous parle de son expérience de vétéran, nous livre sa vision de la crise nord-coréenne et propose des leçons à tirer de la guerre à laquelle il a participé.

    Bla Bla Blog : Pensez-vous que la Guerre de Corée soit une "guerre oubliée" ?
    Leonard Adreon : Oui, la guerre de Corée est une guerre oubliée. Elle était coincée entre la monumentale seconde guerre mondiale et la tragique guerre controversée du Vietnam. Elle a commencé sur le 38e parallèle et s'est terminée sur le 38e parallèle. La perception en Amérique est qu’elle avait lieu au milieu de nulle part et qu’elle n’a rien changé. Les 50 millions de personnes qui ont été sauvées en Corée du Sud seraient en désaccord avec cette perception.
    BBB : Cette guerre est inconnue par une majorité de Français. Et les Américains ?
    LA : Ma précédente déclaration répond à cette question sur la méconnaissance de cette guerre par les Américains.
    BBB : Pourquoi êtes-vous allé à la guerre ? Quel âge aviez-vous ? Le regrettez-vous aujourd’hui ?
    LA : J'ai été enrôlé à l'âge de 17 ans en 1944. J’ai rejoint les réserves, avant d’être libéré de mes obligations. Puis, j’ai été remobilisé en 1950 lorsque la guerre de Corée a commencé.
    BBB : Vous parlez dans votre livre de la Dog Company (Compagnie des Chiens) Qu'est-ce que la Dog Company ?
    LA : Les compagnies marines étaient désignées par des lettres. Ma compagnie était la compagnie D. Elles étaient ensuite surnommées à partir de ces lettres : Able, Baker, Charlie, Dog, et Easy, etc.
    BBB : Sur quels champs de bataille avez-vous été ?
    LA : Les champs de bataille étaient les collines et les vallées autour du 38e parallèle.
    BBB : Pourquoi avoir attendu 60 ans pour raconter votre histoire, et pourquoi avez vous décider de parler maintenant ?
    LA : J'ai attendu plus de 60 ans parce que quand j'ai quitté la Corée, moi et les membres de mon peloton avons décidé que nous allions mettre l'expérience coréenne derrière nous et passer à autre chose dans nos vies quand nous retournerions à la maison et si nous y pouvions y retourner. J'ai décidé de parler maintenant parce que ma mémoire est claire et précise sur ce qui s'était passé. Par ailleurs, la faculté de l'Université Washington de Saint Louis, où j’exerce dans le cadre de cours d'écriture, a découvert que j'avais fait la guerre et m'a encouragé à écrire un livre.
    BBB : Quels camarades et amis proches avez-vous perdu là-bas ? Qu'aimeriez-vous leur dire aujourd'hui ?
    LA : J'ai perdu un certain nombre de camarades de Marines très proches. Je parle d’eux dans Hilltop Doc. Je voudrais leur dire qu'après un long silence, j'ai écrit ce livre pour les honorer et que je penserai à eux jusqu'à ma mort.
    BBB : Pouvez-vous nous parler d'un événement en Corée qui vous a particulièrement touché ?
    LA : Dans le prologue du livre, je fais référence à Big Mike, un Marine de carrière qui avait survécu aux affreuses batailles d'Iwo Jima [février-mars 1945] pour finalement perdre la vie sur une colline en Corée. Il a succombé après que ses instincts affûtés m’aient sauvé de la mort moi et son équipe de pompiers à cause d’une grenade chinoise. Par la suite, je n'ai pas réussi à le sauver. Je l'ai porté en bas de la colline et j'ai aidé à charger son corps sur un camion, avant son long voyage de retour. Je lui devais ma vie. Cela m’a profondément affecté.
    BBB : Êtes-vous retourné en Corée après la fin de la guerre ?
    LA : Non, je ne suis pas retourné en Corée.
    BBB : Avez-vous parlé à vos enfants de votre expérience de soldat ?
    LA : Mes filles en ont entendu parler quand j'ai commencé à écrire ce livre.
    BBB : Qu'aimeriez-vous dire à vos petits-enfants au sujet de votre expérience militaire ?
    LA : Je veux dire à mes six petits-enfants que la guerre est le pire des règlements lorsqu’il y a un différend entre parties. S'ils lisent Hilltop Doc, ils devraient comprendre le message.
    BBB : Est-ce que la situation en Corée vous inquiète ? Pourquoi ?
    LA : Je suis préoccupé par la situation aujourd'hui. À moins que la Chine n'intervienne et que Kim Jon-un abandonne son programme nucléaire en échange d'une garantie de survie de la Corée du Nord, la menace d'une conflagration majeure risque de tuer beaucoup de personnes en Corée du Nord, en Corée du Sud et dans de nombreux endroits d’Asie du Sud-Est, sans compter aux États-Unis.
    BBB : Pensez-vous que nous pouvons revivre aujourd'hui ce qui s'est passé il y a 60 ans ?
    LA : Nous ne pouvons pas revivre ce qui s'est passé il y a 60 ans, mais nous pouvons comprendre cet événement. En tout cas, c’est ce que mon livre tente de faire.
    BBB : Si vous pouviez conseiller le président Trump, que lui diriez-vous ?
    LA : J'espère que le président Trump épuisera toutes les possibilités de faire pression sur Kim Jong-un, probablement via la Chine, pour mettre un terme à ses programmes nucléaires potentiellement désastreux. Si la Chine ne peut ou ne veut pas le faire, le président devrait chercher un changement de régime. Attaquer la Corée du Nord est un dernier recours désespéré.
    BBB : Si vous pouviez dire quelque chose au président français Emmanuel Macron au sujet de la guerre de Corée et de la Corée de Kim Jong, qu'est-ce que ce serait ?
    LA : J'espère que le président français se joindra à d'autres pays du monde pour forcer la Corée du Nord à cesser ses programmes nucléaires intercontinentaux.
    BBB : Comment pouvons-nous mieux aider les anciens combattants de la guerre de Corée et et des autres guerres ?
    LA : Les vétérans de la guerre de Corée diminuent en nombre. Je pense que la meilleure chose que nous pouvons faire est de les honorer pour leur service en se souvenant de cette guerre oubliée. Les vétérans, vivants et morts, comme les victimes de la guerre, méritent de ne pas être oubliés et d’être respectés.
    BBB : Merci pour vos réponses, Leonard Adreon.

    The books about wars are numerous, much less those concerning the Korean War (1950-1953), a conflict that is fundamental in the history of the Cold War. We are talking today about this war forgotten because of the North Korean crisis and the tensions between US President Donald Trump and North Korean dictator Kim Jong-un.

    Leonard Adreon, a former lobbyist and Ronald Reagan advisor, is the author of a story about his past as a soldier during the Korean War: Hilltop Doc (BookBaby).

    As a Marine corpsman, Leonard Adreon saw some of the worst of the Korean War’s carnage and the best of its humanity. His gripping description brings to life the war between the Chinese army and the U.S. Marines as they battled to take the high ground. As a corpsman, Adreon tells the story from the unique perspective of a young man from St. Louis, with no medical background, thrown into the role of saving lives amid the war’s violence. He leavens the grim, emotional, and sometimes ironic battlefield scenes with his background story – of how his own mistakes and the military’s bumbling landed him at Korea’s 38th Parallel.

    Leonard Adreon accepted to answer our questions. He talks about his experience as a veteran, tells us his vision of the North Korean crisis and gives some lessons after his military past in Korea.

    Bla Bla Blog: Do you think that the Korean War is a “Forgotten War” ?
    Leonard Adreon: The Korean War is a forgotten war. It was squeezed in between the monumental WW 2 and the tragic, controversial Viet Nam War. It started at the 38th Parallel and ended at the 38th Parallel. The perception in America was that it went nowhere and accomplished nothing. The 50 million people of South Korea who were saved would disagree with that perception.
    BBB: This war is unknown by a majority of French. What about the Americans?
    LA: My statement above answers the question about American’s knowledge of the war.
    BBB: Why did you go to war?" How old were you ? Do you regret it?
    LA: I was drafted at age 17 in 1944. Joined the reserves when released from service and called back in 1950 when the Korean War began.
    BBB: You're talking about the Dog Company (Chapter 15) What is the Dog Company?
    LA: Marine companies were designated by letters. My company was D Company. Companies were called Able, Baker, Charlie, Dog, and Easy etc.
    BBB: On what battlefield have you been?
    LA: The battlefields were the hills and valleys in the area of the 38th Parallel.
    BBB : Why do you waited 60 years to tell tour story, and why do you decide to speak now?
    LA : I waited more than 60 years because when I left Korea the members of my platoon decided that we were going to put the Korean experience behind us and move on with our lives when and if we made it home. I decided to speak now because my memory was vivid and clear about what happened and the faculty of Washington University of St. Louis, where I facilitate writing classes, discovered that I was in the war and urged me to write a book.
    leonard adreon,guerre de corée,corée du nord,corée du sud,emmanuel macron,donald trumpBBB : What companions and close friends have you lost there? What would you like to tell them today?
    LA : I lost a number of close Marine buddies and I have written about them in Hilltop Doc. I would like to tell them that, after a long delay, I wrote a book to honor them and that I will think of them until I die.
    BBB : Can you tell us about an event in Korea that particularly affected you?
    LA : In the prologue of the book I make reference to Big Mike, a career Marine who had survived the horrible battles of Iwo Jima [february-march 1945] only to loose his life on a hillside in Korea. He lost his life after his quick instincts saved me and his fire team from death by a Chinese grenade. After I was unsuccessful in saving him, I carried him down the hill and helped load his body on a truck to start his long journey home. I owed him my life. It had a profound effect on me.
    BBB : Did you return to Korea after the end of the war?
    LA : I did not return to Korea.
    BBB: Have you talked to your children about your experience as a soldier?
    LA: My daughters heard from me about it when I proceeded to write the book.
    BBB: What would you like to tell your grandchildren about your military experience?
    LA : I tell my 6 grandchildren that war is worse alternative to settling disputes between people. If they read Hilltop Doc they will get the message.
    BBB : Does the situation in Korea worry you? Why ?
    LA : I am concerned about the situation today. Unless China steps in and causes Kim Jon-Un to give up its nuclear program in exchange for a guarantee by China of North Korea’s survival, there is a serious danger of a major conflagration that will kill many in North Korea, South Korea and, possibly, in many places in Southeast Asia and the United States.
    BBB : Do you think that we can relive today what happened 60 years ago?
    LA : We can’t relive what happened 60 years ago, but we can understand it which is what my book attempts to do.
    BBB : If you could advise President Trump, what would you tell him?
    LA : I hope President Trump will exhaust all possibilities of pressuring Kim Jong-Un, probably via China, to discontinue his potentially disastrous nuclear programs. If China can’t or won’t do it, the President should seek regime change. Attacking North Korea is a desperate last resort.
    BBB : If you could say something to french President Emmanuel Macron about the Korean War and the Korea of Kim Jong un, what would that be?
    LA : I hope the French President will join with other world nations to force North Korea to cease its intercontinental nuclear programs.
    BBB : How we can better serve veterans of the Korean War and beyond?
    LA : The veterans of the Korean War are diminishing in numbers. I think the best thing we can do is to honor them for their service by remembering the forgotten war. The veterans, living and dead, and the casualties of the war deserve to be remembered and appreciated.
    BBB : Thank you for your answers, Leonard Adreon.

    Leonard Adreon, Hilltop Doc:
    A Marine Corpsman Fighting Through the Mud and Blood
    of the Korean War
    , BookBaby, 244p. 2017

    http://www.hilltopdoc.com

  • Guillaume de Baskerville en chair et en os

    C’ est le site InfoGenova qui nous informe de cette séduisante adaptation italienne : Le Nom de la Rose d’Umberto Eco se retrouve sur scène au Teatro della Corte à Gênes. Le dramaturge Stefano Massini a réussi le pari presque impossible de transposer en chair et en os l’enquête policière, philosophique et religieuse de Guillaume de Baskerville et de son assistant Adso. Dans ce qui est devenu un classique de la littérature, l’ex-inquisiteur et son novice sont chargés de faire la lumière sur une série de crimes commis dans un monastère bénédictin du XIVe siècle. Rapidement, il s’avère que le mystère de ces meurtres est à chercher du côté de la bibliothèque et d’un mystérieux manuscrit.

    En 1986, Sean Connery incarnait le Sherlock Holmes franciscain dans une adaptation de Jean-Jacques Annaud qui fit date. Dans la mise en scène de Leo Muscato, c’est Luca Lazzareschi qui prête ses traits à Guillaume de Baskerville. Les créateurs présentent cette adaptation comme une fresque ambitieuse et engagée, ponctuée de "tableaux brechtiens." Leo Muscato décrit ainsi l’intention de ce projet artistique : " S'il est vrai que le cœur de cette œuvre d’Eco est la lutte acharnée entre, d’une part, ceux qui croient posséder la vérité et agissent par tous les moyens pour la défendre, et, d’autre part, ceux qui conçoivent la vérité comme la libre conquête de l'intelligence humaine, il est tout aussi vrai que ce n'est pas la foi qui est à remettre en question mais deux façons différentes de la vivre. L'une est tournée vers l’extérieure, l'autre vers l'intérieur. L’une est sérieuse, l'autre très ironique."

    Cette histoire de crimes, de foi et de rire sera à découvrir, en italien, à Gênes, du 17 octobre au 29 octobre 2017. En espérant qu’une adaptation française pourra être proposée elle aussi dans le futur.

    Il nome della rosa, adaptation du roman d’Umberto Eco par Stefano Massini
    Avec Luca Lazzareschi, Luigi Diberti, Eugenio Allegri, Bob Marchese et Giovanni Anzaldo
    Teatro della Corte - Teatro Stabile di Genova, Gênes, du 17 octobre au 29 octobre 2017

    https://www.teatrostabilegenova.it
    "Umberto Eco, un mélange"

    Photo © Alfredo Tabocchini

  • Ivre de vers et d’alcool

    Le lecteur français trouvera dans Sur l’Écriture (éd. Au Diable Vauvert), passionnant recueil de lettres de Charles Bukowski, l’un des meilleurs moyens de découvrir l’un des plus grands poètes américains des cinquante dernières années. Dans sa postface, Abel Debritto parle de cette anthologie comme d’une "photographie très nette de l’humeur de Bukowski à cet instant précis."

    La correspondance de l’auteur de Women ou des Contes de la Folie ordinaire commence en 1945. Le jeune Henry Charles Bukowski, tout juste 25 ans, s’adresse avec un certain culot à la revue Story qui vient de lui refuser un de ses textes : "Si jamais vous aviez besoin d’un lecteur de manuscrit en plus, n’hésitez pas à me faire signe. Je ne trouve aucun boulot nulle part, donc autant m’adresser directement à vous."

    Cette première lettre donne le ton d’un recueil nous faisant pénétrer dans le quotidien autant que dans l’esprit d’un homme à la dérive qui sera toute sa vie obsédé par l'alcool, les femmes ("Les femmes sont meilleures que nous. Tout autant qu'elles sont... Les femmes ne sont pas conçues pour le mal. Les hommes le sont"), les courses de chevaux, mais surtout l’écriture. Artiste maudit, écrivain dans la dèche et peinant à vendre ses textes, Charles Bukowski s’accroche désespéramment à un idéal littéraire : "L’écriture est juste le résultat de ce qu’on est devenu jour après jour au fil des ans… C’est une vie qui se passe de toute considérations morales et mortelles" écrit-il le 27 mars 1986.

    Le lecteur suit le long chemin qui le mène du statut d’écrivain pauvre, maudit et ignoré, "avec ses bouffées de spleen, des envies de suicide, des rêves avinés" à celui d’idole de la contre-culture américaine. Dans sa correspondance, Bukowski parle de son admiration pour Céline, Kafka, Dostoïevski ou John Fante (lettres du 31 janvier 1979 et du 2 décembre 1979). Par contre, il ne se prive pas de se montrer critique et féroce contre quelques-uns de ses contemporains, dont Ernest Hemingway, Karl Shapiro ou Allen Ginsberg. La route est longue vers le succès. Elle est ponctuée par les excès de toute sorte, et en premier lieu l’alcool. On est également frappé par la légèreté avec laquelle il arrose les éditeurs de textes perdus dans la nature ("Je suis bordélique", avoue l’écrivain américain en août 1961, qui regrette de ne pas avoir le même sens de la méthode que son ex femme Barbara Fry) ou de dessins formidables récupérés par des graphistes sans scrupule (l’histoire de l’enseigne de Texaco dans la lettre d’avril 1962).

    La reconnaissance vient avec la parution plus ou moins régulière de poèmes :"Un peu vieux pour débuter en poésie : j’ai eu 38 ans", avoue-t-il non sans morgue. Nous sommes en 1958 et Bukowski parvient à placer des histoires et à réveiller les critiques, souvent peu élogieuses pour ses textes underground. Bukowski défend en 1960, avec sa langue verte, sa conception d’une littérature âpre, indépendante et rigoureuse : "La plupart des merdes ‘modernes’ sont des coquilles vides… Il y a des faux-poètes dans toutes les écoles." Bukowski se voit en écrivain rigoureux, en marge et autant critique envers ses contemporains de la beat generation que pourfendeur de l’american way of life, lui qui a multiplié des dizaines de métiers avant de se consacrer corps et âmes à l’écriture. Une écriture souvent noyée, du reste, dans l’alcool : "La bouteille et les poèmes sont parfois les seuls alliés pour surmonter une mauvaise passe" (6 juillet 1988).

    Car l’écriture est bien ce qui motive l’homme. Une écriture sincère, spontanée, ancrée dans la vérité ("Je ne retravaille pas mes poèmes") et qui n’est pas sans virulence lorsqu’il est question des éditeurs frileux, des directeurs de magazine hautains, des fans, des critiques ou des confrères écrivains. À ce sujet, le lecteur s’arrêtera sans doute plus longuement sur deux lettres d’août 1965 adressées à Henry Miller. L’écrivain, écorché vif, suicidaire et parfois insupportable (les Français se souviendront à ce sujet de ce personnage scandaleux véhiculée par la séquence culte de l’émission Apostrophe en 1978), se transforme en admirateur autant qu’en confrère devenu une référence contemporaine. Une étude critique de l’œuvre de Charles Bukowski paraît d’ailleurs peu de temps plus tard, en 1969.

    Avec la reconnaissance nationale et internationale, vient la période des scandales qui vont coller à la peau de Bukowski jusqu’à la fin de sa vie. Le 30 octobre 1970, il parle ainsi de la nouvelle Christ with Barbecue Sauce qui vient d’être publiée et qui traite de cannibalisme. Sa publication fait du bruit : "C’est une histoire drôle car elle peut s’appliquer à toutes les variables humaines dépourvues de culpabilité." Le 13 août 1972, il défend avec véhémence son œuvre face aux critiques d’Alta, poète et éditrice féminine : "Je me réserve le droit de créer librement selon ce que me dicte la réalité, l’humour ou même une lubie." Le 8 novembre 1973, face à une levée de boucliers de lecteurs réclamant la fin de publications de nouvelles de Bukowski, celui-ci réagit avec un mélange de dédain et de fierté. Il y parle de "révolution… dans les Arts" et se décrit comme "un récepteur, pas un penseur." Il ajoute ce commentaire : "La nature de mon travail dans l’ensemble n’est qu’une spéculation." Le 22 janvier 1985, c’est cette fois contre l’interdiction dans les librairies néerlandaises de son livre sulfureux  Contes de la Folie ordinaire que se dresse Charles Bukowski : "La censure est l’outil de ceux qui éprouvent le besoin de passer certaines réalités sous silence."

    Alors qu’il est dans la cinquantaine, Bukowski n’est plus cet écrivain maudit et fauché mais un auteur pouvant se permettre de négocier ses émoluments ("J’aime bien voir des $$$$ débouler dans ma vie"), sans pourtant perdre de vue ce qui est au cœur de sa vie : l’écriture : "C’est le miracle des miracles de gagner sa vie parle biais de la machine à écrire" (novembre 1970). Il écrit également ceci le 27 mars 1986 : "Et quand mon squelette reposera au fond du cercueil, si je dois y passer, rien ne pourra m’enlever le souvenir de ces nuis splendides, assis là devant cette machine."

    La lettre brève et touchante qui clôt le recueil est celui d’un auteur approchant de ses derniers jours. Presque cinquante ans plus tôt, Charles Bukowski tentait sans succès de publier des textes dans la revue Story. En février 1993, il voit trois de ses poèmes sélectionnés dans le magazine Poetry qui l'avait toujours snobé. L’écrivain, devenu célèbre et reconnu, ne cache pas sa joie : "Maintenant, voilà, je suis des vôtres… Merci, on peut dire que cette nouvelle année me gâte… Plus je vieillis, plus cette folie magique semble s’emparer de moi. Très étrange, mais je l’accepte."

    Charles Bukowski, Sur l’Écriture, éd. Au Diable Vauvert, 2017, 322 p.
    http://charlesbukowski.free.fr
    https://bukowski.net

  • La vie (sexuelle) des jeunes

    Toi l’étudiant mal dégrossi, toi la première année de lettres qui ne sait pas par quel bout prendre ce qui nous tient chaud, toi l’ancien lycéen qui pensait avoir tout exploré du clitoris, ou encore toi, la future doctorante en histoire, bien décidée à faire de ta chambre étudiante autre chose qu’une cellule de nonne, vous avez deux interlocutrices au poil pour faire le point sur notre sujet favori : le sexe.

    Flore Cherry est l’auteure, avec Guenièvre Suryous pour les illustrations, du Guide de Survie sexuelle de l'étudiant/e (éd. Tabou).

    Ce vade-mecum est destiné à une population étudiante découvrant subitement le rythme universitaire, la vie hors du foyer familial, la liberté presque sans limite et les tentations de toute sorte. Lorène Lavocat et Dania Kaddur, créatrices de l’émission “Les Fesses à l’Air” sur Radio Campus Paris, défendent la nécessité d’un tel guide dans sa préface : "Dans cette jungle encore très vierge, nous, étudiants-pionniers, nous trouvons bien démunis, avec le porno comme seule boussole et les cours de prévention contre les infections sexuellement transmissibles comme unique guide."

    Pas de blablas ni de discours lénifiants dans ce Guide de Survie sexuelle. Flore Cherry prend à bras le corps leur sujet avec concision, méthode et pas mal d’humour à revendre. Conçu comme un manuel à glisser dans un sac à main ou une besace, le guide décrit ce qu’il faut savoir sur cette "période de la vie (sexuelle) pleine de rebondissements, d’intrigues et de découvertes."

    Les auteures proposent ainsi un ensemble de kits de survie, "pour le lol", destinés à se mouvoir dans un univers à géométrie variable. Flore Cherry et Guenièvre Suryous proposent ainsi une cartographie sexuelle qui "ne se limite pas évidemment au territoire de son campus universitaire mais s’étend bien souvent sur internet, dans sa famille, dans ses premières histoires sexuelles ou encore chez son médecin."

    Plus pratique, mais avec toujours cet humour déculpabilisant, Flore Cherry distille conseils et avertissements valables aussi bien pour les étudiants et étudiantes que les autres : comment enfiler un préservatif, comment gérer un sex-friend, comment improviser quand on n’a ni tampon ni serviette, comment survivre à une gueule de bois, comment jouer au BDSM avec les moyens du bord – et, justement, qu’est-ce que le BDSM...

    Fellation, sodomie ou masturbation sont traités sans tabous, dans un ouvrage drôle et pédagogique, aux couleurs girly et aux dessins bien léchés, délaissant toute vulgarité au profit du clin d’œil appuyé ou de l’illustration explicite.

    En bonne copine, Flore Cherry propose de faire le point sur les alliés des étudiants dans la "quête du bien-être et de l’épanouissement sexuel" : le corps médical, le ou la colocataire, le copain ou la copine, sans oublier les parents. Les auteures ont eu la bonne idée d’inclure une liste – non-exhaustive – de "questions relous", avec les suggestions de réponses : "Vous vous protégez au moins ?", "Hey mademoiselle, t’es charmante ! Bah alors ? T’as pas appris à dire merci ?", "Quoi ? T’as jamais vu de porno ?", "Tu vas quand même pas coucher avec lui dès le premier soir ?" Pour compléter ces choses dites et vécues, des témoignages de jeunes "survivants" apportent un supplément d’âme à ce guide pas tout à fait comme les autres.

    L’étudiant/e en mal d’amour et/ou de récréations physiques trouvera dans ce Guide de Survie sexuelle mieux qu’une mine d’informations : un livre drôle, rassurant et déculpabilisant qui, après la théorie, a de quoi inviter aux travaux pratiques.

    Flore Cherry et Guenièvre Suryous, Guide de Survie sexuelle de l’étudiant/e, éd. Tabou, 2017, 113 p.
    Radio Campus Paris