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  • Dictionnaire amoureux de Tournesol

    Les tintinophiles se précipiteront sans doute sur cet ouvrage, conçu comme un lexique dédié à l’un des personnages les plus fameux de l’œuvre d’Hergé : le Professeur Tournesol, dit Tryphpon Tournesol, un prénom insolite qui fait l’objet d’une entrée à la lettre T.

    Précisons que si on retrouve quelques illustrations dans le livre de Pierre Bénard, Tryphon de A à Z (éditions 1000 Sabords), aucune ne vient de l’œuvre d’Hergé, conséquence – on s’en doute – de ses ayant-droits, connus pour défendre l’héritage du dessinateur belge jusqu’à bloquer toutes les initiatives des amoureux de Tintin. Mais fermons la parenthèse.

    Depuis Le Secret de Rackham Le Rouge (voir "Requin" à la lettre R), le savant fait partie, avec Haddock et Tintin (sans oublier Milou), de la triade partie dans des aventures les plus incroyables : d’une île au trésor à plusieurs péripétie en Syldavie, en passant par la Suisse, l’Océanie et bien entendu la lune.

    À ce sujet, l’auteur note que la plus incroyable aventure de Tournesol, sa "page glorieuse", le voyage sur l’astre lunaire (Objectif Lune et On a marché sur la lune) n’est qu’évasivement évoqué dans les albums suivants, comme si un voile pudique était jeté sur cette épopée, ou "preuve (…) que l’épopée lunaire n’a pas fait grand bruit dans le monde, alors que le portrait de Tryphon aurait dû s’afficher partout".

    Et si Tournesol était un Oppenheimer qui s'ignorait ?

    Qu’en est-il du personnage, si attachant et finalement à la fois humain et insaisissable ? A priori, il reste l’un des moins mystérieux du panthéon tintinesque. Et pourtant, que de contrastes entre l’inventeur doux dingue des débuts – celui du requin sous-marin et de la machine à brosser les vêtements – et l’ingénieur aéronautique capable d’envoyer l’homme sur la lune ! Et que pourrait-on dire du concepteur de l’arme à ultrasons, sans doute aussi terrible que la bombe A (L’Affaire Tournesol) ? Et si Tournesol était un Oppenheimer qui s'ignorait ?

    En tout cas, Tournesol est bien un génie incompris, ce que Pierre Bénard dit dans son article "Panthéon" : "On peut en citer qui eurent, pour moins que ça, les honneurs du tombeau des Grands Hommes".

    Il faut aussi parler de cet homme plus ambivalent qu’il n’y paraît : maladroit, sourd comme un pot jusqu'à être asocial, Tournesol sait aussi se montrer d’une rare violence, lorsque par exemple Haddock touche sa corde sensible – le fameux "zouave", un mot qui a failli mettre le programme spatial à l’eau (Objectif Lune).

    L’auteur de ce dictionnaire amoureux s’étend paradoxalement moins sur les amis de Tournesol – si l’article sur "Haddock" est riche, celui sur "Tintin" est plus maigre, quant à "Nestor", il n’apparaît carrément pas – que sur les modèles de Tryphon. Les savants évoqués sont légion, à commencer par Auguste Piccard qui a servi de modèle. Pierre Bénard s’avère particulièrement pertinent lorsqu’il traite d’autres figures moins connus, à l’instar d’Isidore Isou, de Robert Godart ou Robert Oppenheimer (nous en parlions plus haut)

    Un mot enfin sur ces autres savants des aventures de Tintin, débarqués au moment de l’arrivée de Tournesol – les Calys, Sakharine et autres Halambique – comme s’il fallait pour Hergé avoir ces figures en guise de prototypes avant d’inventer, justement, le génial inventeur.

    Pierre Bénard, Tryphon de A à Z, éd. 1000 Sabords, 2023, 168 p.
    https://www.editions-1000-sabords.fr

    Voir aussi : "Aux sources d’Hergé"
    "Tintin et compagnie en figurines"

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  • Ella, elle l’a

    La jazzwoman Robin McKelle fait son retour tant attendu avec un album gracieux et séduisant, Impressions of Ella, Ella comme Ella Fitzgerald, bien sûr.

    C’est l’occasion de découvrir ou découvrir des classiques du jazz qu’Ella Fitgerald a interprété à son époque. Pour ces revisites, Robin McKelle est accompagné d’un orchestre restreint, avec Kevin Barron au piano, Peter Washington à la guitare et Kenny Washington à la batterie, sans compter le featuring de Kurt Elling.  

    Cet opus marque le grand retour de la chanteuse américaine, sous forme d’hommage à une figure tutélaire du jazz. "Ma voix a mûri, et moi aussi. J’ai senti qu’à ce moment de ma vie, ces paroles avaient un sens pour moi. Impressions of Ella est comme un retour à la maison pour moi. Comme une réunion familiale après des années de séparation. Une reconnexion avec la musique qui m’a nourrie pendant toutes mes années de formation musicale, et qui furent largement influencées par Ella Fitzgerald", confie Robin McKelle, bien décidée à remettre au goût du jour des standards du jazz.

    Que l’on pense au "Old Devil Moon", composée par Burton Lane sur des paroles de Yip Harburg pour la comédie musicale Finian's Rainbow (1947), et que Robin McKelle interprète sans coup férir, dans l’esprit des musicaux de Broadway.    

    Autre grand classique, toujours de l’entre-deux-guerre, "My One And Only" a été d’abord une chanson de George Gershwin et Ira Gershwin pour la comédie musicale Funny Face, avant de figurer dans le répertoire de la Grande Elsa. Et maintenant Robin McKelle, dans une facture des plus simples et efficaces – voix et piano, avec ce swing extraordinaire. Les frères Gershwin ont d’ailleurs une place de choix dans Impressions of Ella, avec le délicat "Embraceable You" et le mélancolique "Soon" qui vient clôturer l’album. 

    Du jazz, du vrai, du pur

    Le lecteur de cette chronique sera sans doute surpris de voir le nom de Lady Gaga cité en référence pour le titre "Lush Life" de Zara Larsson. Il est vraie que l’interprète de "Bad Romance" l’avait chanté pour son album jazz (et oui!), en duo avec Tony Bennett. C’est là l’occasion de se précipiter sur l’opus Cheek to Cheek (2014), aussi velouté et sensuel que la version de sa compatriote. On pourrait dire la même chose de "I Won’t Dance" de Jerome Kern que Robin McKelle interprète avec Kurt Elling, tout en suavité et en complicité.

    Il y a incontestablement un swing réjouissant chez Robin McKelle, à l’instar de "How High The Moon" de Morgan Lewis et Nancy Hamilton. Robin McKelle s’épanouit avec un bonheur communicatif, à l’instar du "Do Not Nothing Til You Hear from Me" que Duke Ellington avait écrit dans les années 40. Ella Fitgerald avait chanté cette chanson pour l’album de 1957 (Ella Fitzgerald chante le livre de chansons de Duke Ellington). Dans cette version de 2023, Robin McKelle ne se laisse pas impressionner par ces deux figures de la musique du XXe siècle. On y voit la marque d’une artiste à la voix puissante et capable des plus belles arabesques.

    "Robin’s Nest" ne pouvait pas ne pas apparaître dans cet hommage à Ella Fitgerald. Du jazz, du vrai, du pur, là encore. Un titre écrit par la jazzwoman, ainsi qu'Illinois Jacquet et Charles Thomson.

    Vernon Duke est à l'honneur à deux reprises à la fin de l’opus, avec deux classiques, le standard de Broadway "Taking a Chance to Love", écrit avec John LaTouche et Ted Fetter et le suave "April in Paris", cette fois avec Yip Harburg. Robin McKelle s’empare de ces classiques avec gourmandise, tempérament et passion.

    Est-il utile de dire que le bonheur est à tous les étages dans ce somptueux album ? 

    Robin McKelle, Impressions of Ella, Naïve / Believe, 2023
    https://www.facebook.com/RobinMcKelleMusic
    https://www.instagram.com/robinmckelle

    Voir aussi : "Lady Gaga et Tony Bennett, joue contre joue"

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  • Disco Boy

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Disco Boy. Il sera visible du 20 au 25 juillet 2023.

    Prêt à tout pour s’enfuir de Biélorussie, Aleksei rejoint Paris et s’engage dans la Légion étrangère. Il est envoyé au combat dans le Delta du Niger où Jomo, jeune révolutionnaire, lutte contre les compagnies pétrolières qui ont dévasté son village. Si Aleksei cherche une nouvelle famille dans la Légion, Jomo s’imagine être danseur, un disco boy. Dans la jungle, leurs rêves et destins vont se croiser.

    Ours d’argent pour sa contribution artistique exceptionnelle (Berlinale 2023)

    Disco Boy, drame français de Giacomo Abbruzzese 
    avec Franz Rogowski, Morr N’Diaye et Laetitia Ky, 2023, 91 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1346

    Voir aussi : "Alma Viva"

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  • Les aliens sont parmi nous

    Attention aux homonymes : le réalisateur japonais dont nous parlons ici, Kurosawa, n’est pas le maître du cinéma classique et auteur des Sept Samouraïs, de Barberousse ou de Ran. Kiyoshi Kurosawa, bien vivant, n’en reste pas moins un artiste important du septième art, remarqué depuis quarante ans avec des œuvres aussi singulières que Charisma (1999), l’excellent  Shokuzai (2012) et le délicieux Tokyo Sonata, remarqué à Cannes en 2008.  

    Le réalisateur a fait du cinéma de genre (fantastique, SF, zombies et fantômes) sa vraie marque de fabrique, contribuant à renouveler en profondeur le cinéma japonais.

    Il est temps de le découvrir ou de le redécouvrir avec l’un de ses derniers films, Invasion, relecture d’une fin du monde par des aliens sur un mode minimaliste, intimiste mais non moins efficace. Le récit suit Etsuko, une Japonaise employée dans une entreprise de textile qui s’inquiète de voir son mari Tetsuo, médecin hospitalier, soudainement changer. Alors qu’à son travail son patron ne semble pas lui aussi dans son état normal, Etsuko finit par s’inquiéter lorsque sa collègue Miyuki vient se confier sur son angoisse : un fantôme vit chez elle. Etsuko l’amène à l’hôpital de son mari et croise un collègue de son mari, l'étrange et inquiétant Dr Makabe.

    Invasion des profanateurs 

    Les amateurs de cinéma de SF verront dans cet excellent Invasion une revisite du classique L'Invasion des profanateurs de sépultures (1956). Sans artifice, Kurosawa imagine un monde inquiétant – la ville d’Etsuko n’est pas clairement identifiée – où des aliens prennent la figure d’humains ordinaires, au point de duper leurs proches.

    Sans l’artifice des grosses productions américaines, le réalisateur japonais avance ses pions grâce à un excellent trio d’acteurs : l’inoubliable Kaho, la star montante nippone Masahiro Higashide et Shota Sometani, dans le rôle du mari paumé. Adapté d’une série télé à succès, Invasion propose – et ce n’est pas la moindre de ses originalités – une lecture humaniste et un hommage à notre monde.

    L’inquiétant Makabe vient non seulement en avant-garde de la future guerre des monde mais aussi et surtout ressentir et comprendre des concepts on ne peut plus humains : la peur, la violence, le souvenir ou l’amour. Un couple, soudé malgré tout, est au centre de cette Invasion des profanateurs d’un autre genre. Étonnant et à découvrir. 

    Invasion, science-fiction japonaise de Kiyoshi Kurosawa,
    avec Kaho, Shota Sometani et Masahiro Higashide, 2017, 140 mn, en DVD et Blu-Ray

    https://japoncinema.com/critique-du-film-invasion-kiyoshi-kurosawa-2018

    Voir aussi : "La vieille femme et la mort"

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  • LA Laura Paris, un bonbon hyperpop 

    Et si on tenait, avec LA Laura Paris un futur phénomène de la pop ? C'est bien ce que l'on se dit à l'écoute de son dernier titre, "Bonbon"Et c'est en tout cas tout le mal que l'on espère pour cette artiste franco-belge, ayant déjà pas mal roulé sa bosse entre cours de violon et piano à l'Académie Royale de Musique de Bruxelles.

    La jeune artiste multiplie les talents et les qualités : la danse, l'engagement pour l’utilisation de la langue des signes dans ses chorégraphies, le mannequinat, la mode, l'art visuel, la comédie, les clips (elle a remporté un Award et a été nominée pour ses clips vidéo "I'm Leaving Right Away" et "Kissing Boys") et, bien entendu, la musique. N’en jetez plus.

    C’est dans la pop que LA Laura Paris fait assurément des étincelles et, s’il est vrai que le concept d’hyperpop prend de l’ampleur depuis quelques années, LA Laura Paris mérite d’y figurer à l’aise.

    Après ses tours de force que furent "I'm Leaving Right Away" et "Kissing Boys", la plus internationale des Parisiennes, marchant sur les pas de Lady Gaga, fait du bonbon la plus sexy des friandises, avec un titre idéal pour les dancefloors, et sublimé par le featuring d'Alezander.  

    Allez, on la laisse "faire des bêtises" sans problème et on va suivre avec beaucoup d’intérêt cette singulière personnalité de la pop. Pardon, de l’hyperpop.

    LA Laura Paris, Bonbon, 2023
    https://www.la-official.com
    https://www.facebook.com/LALauraParis
    https://www.tiktok.com/@lalauraparis

    Voir aussi : "Une bonne dose de Buridane"

    LA Laura Paris · Bonbon (feat. Alezander)

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  • Le fils de l’homme invisible

    francois berleand,témoignage,cinéma,enfance,confrerieRésumer ce livre comme une simple autobiographie d'un des meilleurs acteurs français actuels serait injuste : d'abord parce que cet ouvrage retrace en fait l'enfance et l'adolescence de François Berléand sans qu'elle ne nous éclaire sur la carrière de cet artiste ; ensuite parce que Le Fils de l'Homme invisible est diablement bien écrit (impossible de décrocher de ce livre une fois qu'on l'a commencé) ; enfin parce que savoir que l'auteur de ce récit est un acteur célèbre ou un parfait inconnu n'a pas beaucoup d'intérêt !

    L'histoire racontée par François Berléand - son histoire, donc - est proprement hallucinante : l'auteur commence son récit par le souvenir de propos ironiques de ses parents à son sujet : "Toi, de toute façon, tu es le fils de l'Homme invisible !" Et voilà que ce petit garçon candide et surtout très imaginatif se met à croire vraiment à cette histoire de "super pouvoir". Cela va le mener jusqu'aux bords de la folie...

    Un livre passionnant, émouvant et avec des passages très drôle (notamment cette scène à la bibliothèque). Une autobiographie inoubliable. 

    François Berléand, Le Fils de l’Homme invisible, éd. Stock, Paris, 2006, 209 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/02/16/16938912.html
    https://www.editions-stock.fr

    Voir aussi : "Le jeu de l’ange"

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