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  • Mort de René Féret, un artisan du cinéma

    Je vous parlais il y a quelques semaines du film de René Féret, Nannerl, la Soeur de Mozart

    Or cette semaine, nous apprenons le décès, à l'âge de 69 ans, de ce réalisateur atypique, peu connu du grand public mais ayant laissé une œuvre cinématographique que le monde de la culture salue cette semaine.

    Celui qui se reconnaissait comme un "artisan du 7ème art" a laissé 18 longs-métrages, souvent intimistes. En mars dernier, sortait son dernier film, Anton Tchekhov – 1890. Parmi ses autres films – La Place d'un autre (1984), Le Mystère Alexina (1985),  L'enfant du Pays (2003), Nannerl la Sœur de Mozart (2010), Madame Solario (2012) – Histoire de Paul (1975) et surtout La Communion solennelle (1977) sont remarqués par la critique et le public. Des succès éphémères, de fugaces OVNI cinématographiques qui font de René Féret un cinéaste atypique. Atypique et à ne pas oublier.

    René Féret, réalisateur de "La Communion solennelle", est mort,
    Le Monde, 28 avril 2015

     

  • Le Président est un salaud (et sa femme ne vaut pas mieux)

    La saison 2 de House of Cards s'était achevée par un coup machiavélique de l'ancien vice-président le menant à son objectif ultime : la Maison Blanche.

    À la tête de la première puissance mondiale, Francis Underwood se révèle, dès le début de la saison 3, un Président américain aussi impopulaire auprès de ses administrés qu'il n'est (délicieusement) insupportable pour les millions de fidèles de cette série américaine. Interprété avec maestria par Kevin Spacey, le politicien prépare ses armes et ses cartouches contre des ennemis bien décidés à ne pas lui laisser un strapontin pour les prochaines élections, les sondages ne lui donnant aucune chance de l'emporter. Son plus fidèle soutien est sa propre femme, Claire Underwood (brillante Robin Wright), pistonnée par son mari ambassadrice à l'ONU, pour le meilleur et pour le pire. 

    Dans ce nœud de vipère qu'elle la maison blanche (un "château de cartes", comme le proclame le titre de la série), le spectateur assiste aux manœuvres d'un Président cynique, prêt à tout pour faire passer une loi impopulaire ("L'Amérique au Travail"), affronter un chef d'État russe sombre et aussi retors que lui (et dont le mimétisme avec Vladimir Poutine est frappante !) ou s'affirmer comme chef de guerre (et "assassin").    

    Autant la saison 2 avait paru s'engluer dans une intrique parfois obscure, autant cette saison part sur les chapeaux de roues et réserve son lot de surprises et de vengeances. Avec, the last but not the least, au centre de House of Cards, l'un des plus beaux couples de salauds qu'on ait vu sur écran.  

    Netflix a déjà annoncé une future saison 4 de cette série shakespearienne.

    House of Cards, saison 3, Canal+, en ce moment

  • Spartacus, mon frère

    Le documentaire coup de poing Spartacus et Cassandra a reçu un joli accueil critique et public (Louve d’Or au FNC Montréal 2014, Prix du Jury FIPRESCI au DOK Leipzig 2014 ou Grand Prix Ciné-Junior 2015).

    Les personnages principaux de cette réalisation française de Ioanis Nuguet sont deux gamins roms de 12 et 11 ans, Spartacus et Cassandra, recueillis par une jeune directrice de cirque, Camille. Le spectateur apprend dès le début du film que leurs parents, en rupture de ban, désociabilisés et ne parlant pas le français, sont sur le point d'être dessaisis de leurs enfants par la justice.

    Expulsés de ce cirque où ils avaient trouvé refuge, les deux adultes sont renvoyés à la rue, avec son cortège de violence, d'alcoolisme, de mendicité et d'indigence. Le film suit le parcours du sauvetage des deux enfants par une jeune femme, véritable Mère Courage. Cette dernière est bien décidée à donner une nouvelle chance aux gamins qui ont, jusqu'alors, vécu dans la rue. Cette résurrection passera par l'école, l'apprentissage d'un début de discipline, le déracinement hors d'un quartier misérable du 93 pour la vie à la campagne mais aussi et surtout par l'arrachement aux parents. 

    On ressort de ce film sonné. La plongée dans la misère contemporaine est terrible tout comme est cruelle cette manière dont les parents de Spartacus et Cassandra sont filmés alors qu'ils vont perdre leurs droits parentaux.

    Tout l'art du réalisateur est de s'intéresser aux plus misérables des misérables, à ces oubliés de la société. La caméra filme au plus près la détresse, sans fard, comme les malheurs les plus terribles, la séparation parents-enfants n'étant pas le moindre.

    Il y a également ses moments magiques, presque lyriques : la découverte d'une vie à la campagne, un véritable éden sur terre ; ces moments de solidarité au collège lorsque des gamines aident Spartacus à faire un devoir ; cette découverte du travail dans les champs ("je veux être paysan") ; cette maison bringuebalante mais devenue à force de travaux un havre de paix, sans oublier l'opiniâtreté et le courage de Camille, prenant les deux enfants perdus sous ses ailes afin de les remettre sur les rails.

    Et puis, il y a cet amour fraternel entre Spartacus et Cassandra, bouleversant comme un grand moment de cinéma. 

    Spartacus & Cassandra, documentaire de Ioanis Nuguet
    avec Cassandra Dumitru et Spartacus Ursu, France, 2015, 80 mn 

  • Suis-je ce que le passé fait de moi ?

    café philo,montargis,loiretLe café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 17 avril 2015, à partir de 19 heures, à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée, à Montargis. Le débat proposé portera sur cette question : "Suis-je ce que le passé fait de moi ?"

    Pour cette séance du 17 avril, les participants du café philo de Montargis se donneront rendez-vous afin de discuter du lien que nous entretenons avec notre passé. Suis-je ce que mon passé fait de moi ? Il s'agira de s'interroger sur l'identité et le rôle que des actes, pourtant révolus, jouent dans notre présent. Alors, se choisit-on vraiment ? Le passé est-il un fardeau ? Puis je m'en défier ? Que faire lorsqu'il est trop lourd ?

    Autant de questions et d'autres sur lesquelles chacun sera invité à s'exprimer le vendredi 17 avril, à 19 heures, à la Brasserie du Centre Commercial de la Chaussée.

    La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

     

  • Les tribulations d'un Chinois en France

    Il y a quelques semaines, je publiais sur ce blog une série d'articles sur l'histoire de la naissance du parti communiste chinois à Montargis : "Montargis la Chinoise".

    Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir les documents en ligne retraçant la vie d'un jeune étudiant chinois, Yang Tche Chen, qui faisait partie du mouvement Travail-Etudes entre 1918 et 1922.

    L'internaute pourra y découvrir le contexte historique de ce mouvement, un article sur la vie en Chine à cette époque ("La vie à Chengdu vers 1920") et de nombreux documents sur cette aventure sociale et politique.

    Montargis la Chinoise
    Yang, étudiant chinois en 1920

  • De la piscine comme univers métaphysique

    Après l'article "Les meilleurs amis du monde", c'est d'une autre bande dessinée de Bastien Vivès dont il est question ici. Le Goût du Chlore, sorti en 2008, a reçu le Prix Essentiel Révélation Angoulême 2009. Preuve supplémentaire de la qualité de cet ouvrage, le dictionnaire Les 1001 Bandes Dessinées qu'il faut avoir lues dans sa Vie le mentionne dans ses pages. 

    Dans Le Goût du Chlore, le lecteur suit le personnage principal dont on ignore jusqu'au prénom. Tout juste apprend-on qu'en raison de sa sérieuse scoliose, son kinésithérapeute l'invite à se rendre régulièrement à la piscine. Au cours de ces séances plus ou moins contraintes, notre patient croise une nageuse, aussi douée que mystérieuse. Le jeune homme, timide et peu bavard, décide de l'aborder.

    Ce huis-clos dans une piscine est un bijou d'intelligence, de délicatesse et de subtilité. Les dialogues, rares et concis, invitent à une plongée dans un univers liquide, aseptisé et comme éloigné du monde. Là, dans les eaux iodés de cette piscine, des êtres anonymes de tout sexe nagent, s'observent, discutent (un peu), paradent, plaisantent, chahutent et, parfois, se draguent l'air de rien.

    J'avais parlé, pour la bande dessinée Amitié étroite, d'un style rhomérien ; c'est également plus que jamais le cas dans Le Goût du Chlore

    Visuellement, ce livre est d'une beauté à couper le souffle, que ce soit dans le rendu des corps, dans celui de l'élément liquide, omniprésent, dans les gestes des personnages, dans le découpage, le cadrage, les couleurs pastel ou dans la clarté des lignes et des formes. 

    Jamais, sans doute, une piscine n'avait paru aussi bouleversante et métaphysique. 

    Bastien Vivès, Le Goût du Chlore, éd. KSTR, 2008, 135 p.
    http://bastienvives.blogspot.fr

  • La royauté espagnole dans une mauvaise posture

    "La Bête et le Souverain" : en France, ce scandale sur fond d'art, de politique et de morale est resté relativement discret. En Espagne, par contre, cette affaire a ému jusqu'au plus haut sommet de l'État, alors que le roi Felipe VI tente de redorer l'image d'une royauté bien mal en point.

    De quoi s'agit-il ? D'une sculpture de l'artiste autrichienne Ines Doujak intitulée Not Dressed for Conquering / Haute couture. Derrière ce titre ésotérique se cache une création plastique en papier mâché représentant l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos vomissant un bouquet de fleurs et sodomisé par la syndicaliste bolivienne Somitila Barrios de Chungara, elle-même prise par un chien-loup. N'en jetez plus !

    L'artiste a eu beau expliquer que son œuvre entendait traiter du néo-colonialisme espagnol, du traitement de la politique par l'humour grinçant et qu'elle s'inscrivait dans la grande "tradition parodique, des figures de carnaval et des caricatures iconoclastes", cette sculpture a ému et profondément divisé le pays. Un vrai crime de lèse-majesté (ou de "baise majesté" ?) !

    Bartomeu Mari, le responsable du musée d'art contemporain de Barcelone (le Macba) l'a d'abord interdite, comme d'ailleurs l'exposition "La Bête et le Souverain" ("La Bestia i el Sobira") où elle devait être présentée. Mais devant une lever de boucliers venue du monde entier et des accusations de censure, le directeur du Macba a changé son fusil d'épaule en maintenant cette manifestation et en présentant ses excuses. Au risque d'être accusé, par certaines mauvaise langues, d'avoir dû baisser son pantalon ! Quelques jours plus tard, il annonce sans surprise sa démission.

    Aux accusateurs voyant dans cette création une insulte faite à une nation, les défenseurs disent ceci : "L'œuvre n'est pas censée insulter une personne privée, mais reformuler de façon critique une représentation collective du pouvoir souverain". 

    Pas sûr que la royauté espagnole apprécie la nuance !

    "La Bestia y el Soberano", Macba, Barcelone, jusqu'au 30 août 2015
    Macba, Barcelona

  • Le poisson d’avril, même avant c’était déjà pas très drôle

    Pour en savoir plus sur le 1er avril, le site Raconte-moi L'Histoire, dont il était déjà question ici et ici, propose de revenir sur l'histoire de cette tradition, pas franchement très drôle. Voici ce qu'en dit Marine :

    Personne ne rit aux blagues du 1er avril, non, personne. C’est pas drôle de faire croire à son keum sur Facebook qu’on est enceinte, ni que celui-ci te fasse croire qu’il a couché avec ton frère. Avant, c’était pas forcément plus drôle.

    Mais pourquoi le premier avril ?…

    La suite ici...