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Musiques - Page 76

  • Chaud, fort et bon

    Et si Haylen était la future grande voix de la soul ? Cette question très sérieuse mérite d’être posée après l’écoute de son premier EP, Out Of Line, sorti il y a un an et que je ne découvre qu’aujourd’hui. Mais mieux vaut tard que jamais, pas vrai ?

    Les cinq titres de son opus, d’une belle homogénéité et faisant se rencontrer pop, rock, jazz et soul, marquent sans doute la naissance d’une vraie crooneuse.

    Le sens du spectacle, la chanteuse et guitariste parisienne l’a, sans aucun doute : meneuse de revue au Crazy Horse, Haylen a également arpenté la scène de l’American Tours, nous apprend le magazine Rolling Stones dans son numéro de septembre 2019, sans compter un passage par The Voice en 2016.

    Mais revenons à ce premier EP, qui est à sa manière un hymne à la beauté et à l’amour. La voix veloutée de la chanteuse délivre une pop rock langoureuse et chaleureuse (Don’t Give Up). Dans ce mini album, en anglais pour l'essentiel, Haylen propose ausi un titre en français, Encore Une Nuit, délicat et mélancolique chant d’amour : "Encore une nuit / Qui ne t'invente pas / Encore une nuit / Seule Dans ce grand lit froid / Les larmes ont séchées sur mon visage / Depuis ce dernier baiser trop sage / Cette histoire dissimulé / Vaut le coup de doux moment comme captivé / Enivré dans la chaleur de tes bras / Ceux qui me seraient fort ce matin là."

    Le funk langoureux de Little Star est porté par une voix qui vient s’épanouir dans des volutes. Plus érotique encore, Out Of Line, qui donne le nom à l’EP d’Haylen, se déplie avec des accents de danse nuptiale, sur des sons débarrassés de tout artifice, comme si la musique se mettait à nu elle aussi : "All alone one more time / On my own with a broken heart / Tears sweaping the boulevard / Lord hear me I'm praying the stars / Everytime I walk out of line / Out of line."

    Si le slow pouvait revenir hanter les pistes de danse et rapprocher enfin les corps, c’est sans doute sur cet album d’Haylen que l’on jetterait son dévolu, et en particulier sur le dernier titre, Good Things. Chaud, fort et bon ! : "You can call me a dreamer / But no one can stop me tonight / in this world so strange / We all have to play the same game / And I can't imagine what it would be / A place without darkness and misery."

    Violon, guitare, saxo et voix puissante : rien de trop pour faire de la chanteuse anglaise une passionnante crooneuse à suivre avec passion.

    Haylen, Out Of Line, BackBeat Records, 2018
    https://haylenofficiel.bandcamp.com/releases
    https://www.facebook.com/haylenofficiel

    Voir aussi : "Comme un air de Motown"

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  • Les mondes rêvés de Zimmer

    Dans son album éponyme, Zimmer propose une électro revenant à ses sources, celle de Jarre et de l’électro allemande (Physique, Dawn, Side of you), non sans une large place laissée à l’acoustique.

    C’est un opus faisant le pari d’une électro explorant les terrains de la pop (Make it Happen) – Daft Punk est passée par là – voire au disco et à la danse (Techno Disco). Wildflowers, avec la voix de Jarrah McCleary du groupe australien Panama, ose même chercher des influences venues d’extrême-Orient, voire des sons ouverts sur des mondes rêvées, comme des prières adressées à des esprits (Mayans, Thunder).

    L’auditeur y trouvera une musique planante et irrésistible (Dawn, Bai) grâce à des sons à la rythmique et aux mélodies minimalistes, à l’instar de Rey, le premier single sorti en juin dernier. L’électro de Zimmer est volontairement apaisée et revient aux fondamentaux : les machines dessinent une musique paradoxalement humaine et rassurante à la Petit Biscuit (Beast).

    Outre le morceau de bravoure qu’est Mouvement, envoûtant et à la simplicité évangélique, Zimmer utilise également des sonorités pop rock pour Thunder : rythme lancinant, pureté du synthétique et piano de retour sont au service d’un concerto du nouveau monde, entretenu par des rythmiques primitives.

    Landing est un atterrissage en douceur pour clore cet album à la fois universel et venu d’ailleurs

    Zimmer, Zimmer, Roche Musique, 2019
    En concert le 15 janvier à la Maroquinerie
    https://roche-musique.com

    Voir aussi : "Juste quelques minutes d’électro"

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  • Clio, la fille en fusion

    Avec Clio, de retour avec son deuxième album Déjà Venise, c’est la fusion parfaite entre chanson et électro. Les textes sensibles d’une fille, dont on sent la lave bouillonner, battent dans un rythme syncopé, à l’instar du premier titre, T’as vu, qui est le récit du retour d’une femme après, l’imagine-t-on, une grave crise de couple : "Allez ça va / Je suis là / J’ai fait des tours autour de la maison / Fumer beaucoup / Mouiller mes joues / toucher le fond / J’ai shooté dans tous les cailloux des horizons / Et je suis rentré à la maison." Ce récit teintée d’amertume et de mélancolie est aussi l’histoire d’une réconciliation autant que l’aveu d’un amour inconditionnel malgré tout : "Plus jamais ça / Mais t’as crois quoi ? / Q’j’allais pas rentrer ? / Q’j’allais me barrer ? / Q’j’en allais en allumer un mieux dans la rue d’à côté ? / Mais non t’inquiète pas / Y’a pas mieux que toi."

    L’ouverture de Déjà Venise porte l’empreinte d’un opus romantique et sensible (Nous perdre au Louvre), mais sans concession. Clio revendique être une femme amoureuse, à la couleur guimauve et au cœur d’artichaut : "Je tombe amoureuse tous les trois jours / Je crois que j’ai des facultés pour / Il doit y avoir par là-dedans des récepteurs assez puissants / Je tombe amoureuse tous les mardis / Et malheureuse le mercredi / Qu’est-ce que je deviens qu’est-ce que je deviens / Moi si j’ai plus de chagrin demain."

    Musicalement, Clio digère, pour son album très personnel, des influences électros (T’as vu), urbaines (Sur les horodateurs), mais aussi… cinématographiques (Les Horodateurs, Romy S.). Ne pourrait-on d’ailleurs pas parler de touche rhomérienne dans l’écriture du titre Au bar de l’oubli ? L’utilisation, au service de textes mélancoliques, de sons synthétiques et de boîtes à rythme ne sont pas sans rappeler les influences de Dominique A et surtout de Françoiz Breut (Des pas dans la neige). L’album de Clio, à la beauté incandescente, est d’abord une déambulation romanesque aux arabesques envoûtantes, à l’exemple de Tristan, dont le choix acoustique à la sombre mélancolie renvoie à Maud Lübeck  : "Toi tu m’as plu / Tu m’as bien plus / Bien moins que lui / C’est évident / Mais bien longtemps que lui…"

    "Dans mon histoire d’amour je serais Romy Schneider"

    C’est un périple amoureux que propose Clio, ou plutôt des allers-retours dans lequel la chanteuse confie ses incertitudes et ses valses hésitations : Partir ou rester ? Retenir l’autre si c’est encore possible ? Se réconcilier ? "Mais elle est faite ta valise / Dans ta tête c’est déjà Venise /Mais elle est faite ta valise / Il y a les cintres / Plus les chemises / J’aurais dû y penser avant / Laisse-moi partir devant" (Déjà Venise). Pour cette chanson, qui donne le tire album, Clio parle dans un parlé-chanté gainsbourien, de réconciliations : Venise peut autant être le point de fuite d’un amour moribond qu’un nouveau voyage sentimental.

    Voyage sentimental, donc, mais aussi musical, tant Clio apporte vraiment quelque chose de plus dans le paysage de la chanson française : on peut parler de vraie d’audace pour cet opus qui n’aurait pu être qu’un simple album personnel. La chanteuse apporte un grand vent de fraîcheur, à l’instar de son adaptation française de Porque te vas, qui fait vraiment sens : peu d’artistes auraient pu être autant légitimes dans la reprise de ce tube de 1976 qui vient se fondre complètement dans Déjà Venise.

    Clio, artiste en fusion dans les deux sens du terme, croque à la sanguine les petites et les grandes aventures amoureuses, les rencontres ordinaires et fondamentales comme les douloureux états d’âmes, sur une rythmique nerveuse. Le rêve amoureux, les retrouvailles et les nouvelles passions sont toujours possibles, nous dit en substance Clio : "Dans mon histoire d’amour je serais Romy Schneider."

    Clio, Déjà Venise, 2019, uGo&Play Label / Un Plan Simple, 2019
    https://www.facebook.com/cliofficiel

    Le 15 novembre : Le Ponant, Pacé
    Le 15 et le 22 novembre : Le Scénacle, Besançon
    Le 4 décembre : Centre Culturel, Le Haillan

    Voir aussi : "Une session avec Françoiz Breut"
    "La vie à deux avec Maud Lübeck"

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  • Mais qui sont ces Cubains ?

    Je vous invite à un voyage dans les Caraïbes avec l’album virevoltant et irrésistible Circo Circo du groupe ¿Who’s The Cuban?

    Mais qui sont au juste ces Cubains – ou plutôt ces franco-cubain ? Ce dernier terme serait en effet plus approprié. ¿Who’s The Cuban? est le retour sous un autre nom du combo Son Del Salón qui a donné plus de 500 concerts et produit trois albums. Les six musiciens reviennent sur scène pour ce nouvel opus, réalisé par Lucien Zerrad qui a choisi de revisiter à sa manière la musique cubaine.

    Dès les premières notes, nous voilà entraînés dans un tourbillon de rythmes, de cuivres et de voix chaleureuses, nous invitant à un lâchage en règle, avec ou sans alcool.

    C’est bien sûr au cœur de Cuba, bien sûr qu’il faut chercher le son de ¿Who’s The Cuban?. Le groupe y a puisé ses influences, non sans y ajouter par touches des influences pop ou rock (Todo lo hice). La musique métissée du groupe (Tukara) est une invitation à la danse et à la rencontre peau contre peau, joue contre joue, son contre son (El circo de la sombra).

    Cela n’empêche pas ¿Who’s The Cuban? de proposer des plages mélancoliques (Cómo, Rosana et le sautillant Guagüita), à l’orchestration plus discrète, avec cordes plutôt que cuivres.

    Avec Afro-Spleen, nous voilà du côté de l’afro-beat, dans un album dépassant les frontières des Caraïbes, lorgnant largement de ce côté-ci de l’Atlantique. Les Cubains savent puiser jusque dans le jazz, sans pour autant oublier leurs racines cubaines (Teología de Barra).

    Dans Circo Circo, l’auditeur s’arrêtera sur les deux titres Domingo 1 et Domingo 2, faisant des ruptures de rythme et de la fausse nonchalance tout le sel et l’épice de ce court diptyque qui nous plonge dans les ruelles de La Havane. L’électronique et des voix féminines introduisent Domingo 2, avant que le morceau ne s’emballe au rythme des percussions créoles.

    L’opus des ¿Who’s The Cuban? se termine avec Descarado, un morceau d’une belle densité rythmique, dans laquelle les cuivres tiennent le haut du pavé.

    ¿Who’s The Cuban?, Circo Circo, L'Autre Distribution, 2019
    https://www.whosthecuban.com
    https://www.facebook.com/whosthecuban

    Voir aussi : "Hop, Bongo Hop"

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  • Comme un jeu vidéo

    Pour commencer, un petit mot sur le titre mystérieux du dernier EP du duo belge The Joy of Missing Out : Run SOFA se veut un hymne à la passion du jeu-vidéo, pratique plus sociale qu’on ne veuille bien le dire lorsqu’il est prétexte aux retrouvailles de deux cousins (Ask My Cousin) devant une partie de Red Dead Redemption, de Fortnite ou de FIFA.

    Assumant ce concept artistique, le groupe a été jusqu’à proposer ni plus ni moins qu’un jeu-vidéo pour accompagner les titres de Run SOFA. Le jeu permet de se plonger dans l’univers de The Joy Of Missing Out, mais aussi de découvrir la musique dans une version alternative qui rappelle l’insouciance de l’enfance, lorsque l’on jouait sur la Sega Megadrive de sa grande cousine.

    L’électro-rock du duo formé par Antoine et Julien se veut sans concession : nerveux et sombre (Weird) ou aux rythmiques rap (Ask My Cousin), comme un trip-hop à la Tricky qui aurait été revisité par nos deux Belges subversifs.

    Cet EP sonne comme un ensemble homogène, même lorsqu’il puise dans des sons industriels (27) ou lorsque les sons se télescopent, à l'instar de Not A Song. Là, les riffs de guitares saturées très punk-rock, les voix fatiguées et l’électronique sont poussés jusqu'à leurs derniers retranchements.

    Le titre The New Us est tout en recherche lui aussi. L’électro-rap est sous méthamphétamine et le duo belge ne s'embarrasse pas de circonvolutions : ils semblent avancer en terrain miné dans une musique industrielle nineties, avant un atterrissage presque en douceur avec A Smilar At Ur Face. Ce dernier morceau se veut presque apaisé, comme après une nuit sous acide, ou derrière la console. Ou les deux, comme on voudra.

    The Joy of Missing Out, Run SOFA, JauneOrange/PIAS, 2019
    https://www.facebook.com/RUNSOFAOFFICIAL

    Voir aussi : "Juste quelques minutes d’électro"

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  • Emma Lacour, bourge au bord de la crise de nerf

    Il n’y a pas d’âge pour "oser dire, oser se dire" : voilà qui pourrait résumer cette chronique qui s’intéresse à Emma Lacour, sorte de Brigitte Fontaine slameuse et électo égarée dans le 16e arrondissement. Cette artiste se révèle sur le tard avec un premier single, après, précise-t-elle, la révélation du djembé qu’elle apprend à l’âge de cinquante ans. 

    Son titre Asphyxiée, véritable cri de réveil d’une femme au bord de la crise de nerf, est, derrière sa facture fun et léchée, le témoignage d’une femme qui prend conscience de l’illusion qu’était jusqu’alors sa liberté, lorsqu’elle est prisonnière de schémas, d’archétypes et de conventions.

    Le clip Asphyxiée tape sur ce qui était - on l’imagine aisément - la vie d’avant de cette bourge du XVIe : "dîners superficiels", "mal-baisées", conversation insipides, bien-pensants, "bien-disants", "bien-nés" ou "faux rebelles." Emma Lacour balaie d’un revers de main un milieu qui l’a empêchée de se révéler et d’aller vers les autres : "Et moi je suis là et je me vois dans leur miroir tendu / Ça me déprime ça me décime et dans ma tête ça fait du bruit / Oui c’est bien moi ce reflet-là même si je n‘en peux plus / En vérité je passe mon temps à chercher qui je suis."

    Une Brigitte Fontaine slameuse et électo égarée dans le 16e

    Dans ce titre à l’électro-pop neurasthénique, Emma Lacour balance à tout va : les réseaux sociaux à gogo, le faux humanitaire et le vrai non-engagement, l’incapacité à renoncer au confort et, plus globalement, toute une "génération désengagée."

    Cette nouvelle Marie-Paule Belle, qui aurait troqué son piano droit contre une console de mixage, ose dire, ose chanter, ose slamer : "Encore les mêmes qui critiquent tout du fond de leur fauteuil cossu / Qui se sentent au-dessus de la mêlée car ils ont du pouvoir / Qui jouissent de leur blagues salaces au dépend des premières venus / Ça évite de regarder en soi ce qui pourrait tant décevoir."

    La Bourge du XVIe, moins un titre qu’une marque de reconnaissance qu’elle arbore comme un étendard, est la naissance d’une artiste singulière et décalée. Grinçante, drôle et ayant beaucoup à dire, Emma Lacour est sans nul doute à surveiller et à suivre à la trace.

    Allez, on prend les paris qu’elle va faire très vite parler d’elle.

    Emma Lacour, Asphyxiée, 2019
    https://www.instagram.com/labourgeduxvi
    https://twitter.com/LaBourgeDuXVI

    Voir aussi : "Cécile Hercule pour avoir Bonne Conscience"

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  • Naissance de LeHache

    "Qui n’est occupé à naître est occupé à mourir" : cette citation de Bob Dylan illustre à merveille le premier album de LeHache, Né ! Une vraie naissance musicale pour un auteur-compositeur qui s’est autant nourri de littérature et de poésie françaises (François Villon, Victor Hugo, Jack Kerouac ou Henry Miller) que de musiciens folks (Woody Guthrie, Yves Simon ou Bob Dylan, justement). D’autre noms peuvent être invoqués à l’écoute de l’opus de LeHache : Georges Brassens, Anne Sylvestre et même Bobby Lapointe.

    Christian Le Hache, dans l’état-civil, a fait longuement infuser son art en se frottant à des projets tous azimuts, essentiellement dans la région Rhône-Alpes : Jazz avec Kayros (Jazz Clubs de Chalon sur Saône, Bourg En Bresse et Lyon), le collectif AFAG (Festival Un Doua De Jazz à Villeurbanne), l’électro-jazz avec le duo NH++ (Nuit de tous les jazz à Porte-Les-Valence), l’adaptation rock autour du répertoire de Bob Dylan avec Edith Grove (SMAC La Tannerie, Bourg En Bresse) ou encore la création du trio a cappella Cortex Sumus en 2011.

    Né !, écrit avec son co-parolier Gérard Viry, sonne comme l’aboutissement d’un parcours artistique atypique que le musicien retrace à sa manière, faisant de son opus un autoportrait, riche de souvenirs (Jalousie, Honfleur), de confessions (Le jardin retrouvé) et de saynètes intimes, à l’instar de La revanche de L'Édredon ou de Mes Gauloises bleues.

    Ces fameuses Gauloises bleues renvoient bien entendu aux cigarettes emblématiques de Serge Gainsbourg, à une époque où les préoccupations sanitaires n’étaient pas celles d’aujourd’hui, mais aussi à Yves Simon et à sa chanson Les Gauloises bleues. LeHache confie ceci : "Je pense à ces nuages de l'époque. Gainsbourg pour les nuages (mais il était plus Gitanes que Gauloises) et Yves Simon, bien sûr, référence majeure… Cependant Yves Simon évoque les Gauloises comme un jardin secret de jeunes gens. Dans Mes Gauloises Bleues nous [Gérard Viry et LeHache] évoquons plutôt un type devenu vieux, qui s'envole pour le dernier voyage."

    Sincérité, simplicité et exigence

    La mort n’est pas absente de cet album singulièrement nommé Né ! Cet premier opus frappe par sa sincérité, sa simplicité et son exigence. Guitare sèche et voix au grain âpre : nous ne sommes pas en terrain tout à fait inconnu avec ce chanteur qui a digéré de multiples influences tout au long de sa carrière, que ce soit Georges Brassens (Onde vagabonde), Hugues Aufray (Ce pays est à toi), Boris Vian ou Sanseverino (La jeune bouchère, Né !).

    Le choix de l’acoustique permet à l’auteur-compositeur de laisser un boulevard à des mélodies parfois étonnantes de complexité, à l’instar de Jalousie, et surtout aux textes ("Mon petit doigt me dit qu’il n’est point spectaculaire / D’arpenter chaque jour les mêmes recoins de la terre / La vie fait des mystères mais d’une chose je suis sûr / J’aime le bout du nez au milieu de la figure", Né!).

    Les chansons de LeHache sont teintées de couleurs pop-folk (Ce pays est à toi), manouches (La jeune bouchère) ou latinos (À force de lumières). Né ! Est un vrai album généreux et une invitation bienvenue à une France à la fois plurielle mais jamais amnésique de ses traditions musicales (le Gainsbourg, en filigrane de Mes Gauloises Bleues, nous l’avons dit) et même littéraires (Henry Miller).

    Faux désinvolte et vrai troubadour contemporain à l’heure des Trente Piteuses, LeHache propose des déambulations et des voyages – intérieurs ou non – qui sont prétextes à des flux de souvenirs, quand ce ne sont pas des regrets (Honfleur). L’autodérision n’est jamais absente, lorsque par exemple le chanteur parle de lui-même ("Je sais rien faire de mes dix doigts / Quand je bricole je bousille / Si j’aide dans un chantier / Ça faire rire les filles / À mon âge avancé je suis célibataire / Car je cherche une femme qui aurait les goûts de ma mère", Le jardin retrouvé). Il sait aussi se faire touchant à l’évocation d’un premier amour, évanescent et éternel tout à la fois (Durance).

    Dans cet opus à la folk aventureuse (Guapo), les introspections deviennent des cavalcades, avec la voix sans fard de LeHache, la guitare bien calée contre lui. Une naissance, certes sur le tard, d’un auteur-compositeur à suivre.

    LeHache, avec Gérard Viry, Né !, autoproduit, 2019
    www.lehache.fr
    "De fièvre et de Sang"

    http://www.sylviethouron.fr

    Voir aussi : "Du plaisir à Eugene avec Loftän"

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  • Cœur de Pirate de retour dans les bacs

    C’est une reprise étonnante que nous propose Cœur de Pirate, avec Femme Like U. Ce tube des années 90 de K. Maro, qui a fait les beaux jours des boîtes de nuit avant de tomber dans l’oubli, reprend vie grâce à notre Québécoise préférée.

    Femme Like You par Cœur de Pirate est le 3e titre de la compilation Back dans les bacs, après la sortie de Je Danse Le Mia repris par Corine et Angela des Saïan Supa Crew, révisité par Mathieu Boogaerts.

    Femme like U se pare de couleurs pop acidulées et d’une rythmique lancinante. Le clip est à l’avenant : l’auteure de Comme des enfants fait une lecture moins dansante que langoureuse du titre de K. Maro, qui ne pouvait pas rêver plus belle adaptation.

    Bla Bla Blog vous propose de découvrir de ce qui promet déjà d’être un incontournable tube pour cette fin d’année et un retour nostalgique vers les années 90.

    Pour la compilation de Back dans les bacs, Cœur de Pirate côtoira Alex Beaupain, Matthieu Boogaerts, Corine, Arielle Dombasle, Doriand, Élodie Frégé, Mareva Galanter, Holybrune, Igit, Madame Monsieur, Inna Modja, Navii, Lili Poe, Rocky et Shy’m.

    Cœur de Pirate, Femme like U, in Back Dans Les Bacs, E47 Records, 2019
    https://backdanslesbacs.lnk.to/FemmeLikeU

    Voir aussi : "Imagine all the people"

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