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Parce que les réseaux sociaux sont devenus en quelques jours la plus grande scène de France, Keren Ann propose elle aussi une série de concerts live gratuits pendant cette période de confinement.
Cela se passe sur sa page Instagram. Celle qui a sorti l’an dernier le très remarqué album Bleue propose des versions voix et guitare.
Elle propose ici sa version acoustique de Sans Toi, écrit par Agnes Varda et Michel Legrand. Sublime, évidemment
Ne cherchez pas chez Valentin Vander une audace proche de l'effronterie. Bousculer la chanson française ? Très peu pour cet ancien des Goguettes (en trio mais à quatre).
Dans son deuxième album, Mon Étrangère, à l'instar d'un Marc Fichel, Valentin Vander propose des titres à la facture classique (La femme de ma vie), à l'écriture délicate (L'hirondelle) et croquant des saynètes douces amères (Sur la pointe du cœur, La femme de ma vie) ou de récits personnels, à l’instar d’Il se peut : "Il se peut que je meure de bonne humeur... / Il se peut que j'expire dans un fou rire / La fin du monde est là / Alors viens dans mes bras faut fêter ça."
Avec charme, élégance et d’une fausse légèreté, Valentin Vander raconte les amours qui se dérobent (La femme de ma vie : "La femme de ma vie vient de passer devant moi / je ne lui ai pas dit / on ne dérange pas les gens pour ça"), ses fantasmes (Elle passe), la vitesse et les chaos de notre époque (Poussez-vous j'arrive) mais aussi la vieillesse (Les vieux qui passent).
Fausse légèreté
Dans le plus pur style de la chanson française, Valentin Vander ne s'empêche pas de faire des écarts du côté d'une pop eighties (Elle passe). Le titre Mon étrangère est le plus ambitieux de l’album, grâce à un singulier lyrisme pour une chanson d'amour improbable, qui est aussi un hommage à une femme si étrangère à l'auteur : "Moi je fuyais l'habitude / Les désirs comblés / Toi tu redoutais l'incertitude / De mon cœur troublé." Une love story sans lendemain ? Voire : "Voila mon amour / Mon étranger / Ce qui nous a pris / Nos cœurs malgré tout se mélangèrent / Sans s'être compris."
Un souffle léger porte cet album souriant, au classicisme certain (la reprise de reprise de Verlaine Il pleure sur mon cœur), parfois suranné (le duo L'hirondelle) et non sans noirceur, à l’exemple de Poussez-vous, j’arrive : "Poussez vous j’arrive / Malgré les barrières les mines agressives / Tout ce que votre ennui me fera faire ou dire / Il faudra que je vienne si je ne veux pas mourir / Il faudra que je vienne puisqu’il faut que je vive."
Pendant cette période de confinement, des artistes ont décidé de se produire en live sur Internet, sur Youtube ou sur leurs comptes Facebook ou Instagram.
Nous avons décidé de leur donner un coup de projecteur. Première artiste en live : Fleur Offwood.
Elle&Lui c’est surtout elle, et elle, c’est Lana. Après deux premiers singles, Nuit Chaude et Mon Bain, elle revient avec Fleur de sel. Un titre acidulé à souhait qui fait du bien en cette période morose.
Épicurienne, Elle&Lui propose avec un plaisir communicatif de chanter les joies simples, l’amour et la sensualité, dans une pop nineties : "Comme un désir / Soufflé des nuages/ dans le dos."
L’internaute pourra trouver Lana dans un clip fait maison, tourné et monté sur portable. À l’écoute et au visionnage de son dernier titre, il reste un petit goût à la fois savoureux et revivifiant. Celui d’une fleur de sel bien sûr.
Jean-Baptiste Soulard propose avec Le silence et l'eau un de ces bijoux qui capte l'intérêt dès les premières notes. Sois le dernier, qui ouvre cet opus tout en acoustique et voix, est un hymne au voyage et à la solitude apaisante mais aussi aux récits lointains : "Sois le premier à me raconter ces histoires /Sois la première à m'en parler / Soi-disant qu'il nous console/ Terre d'asile mystérieuse/ Soir-disant ivre d'alcool/ Loin de l'enfer loin de nos doutes." L'ailleurs de Jean-Baptiste Soulard est au cœur de ce magnifique premier album, véritable consolation pour nous, sédentaires : un authentique voyage du départ vers le Grand Baïkal dans sa "station Baïkonour."
Qu'on se le dise : Sylvain Tesson a son pendant musical : Jean-Baptiste Soulard s’est inspiré de Dans les Forêts de Sibérie pour imaginer un opus folk nomade et aventurier. À l'instar de l'auteur de La Panthère des neiges (éd. Gallimard), il parle de la nature brute, des voyages à la rencontre de soi-même et de la fuite de l'hypermoderne solitude. Mais aussi chantre de la Russie des terres, "refuges de cœur." Pour l'accompagner, Jean-Baptiste Soulard a invité des artistes comme J.-P. Nataf, Luciole, Blick Bassy, Raphaël Personnaz qui a joué dans le film Dans Les Forêts de Sibérie... et Bessa que l'on retrouve sur le premier extrait Grand Baïkal.
En écho aux mots de Sylvain Tesson
L’ex fondateur du groupe Palatine fait de son opus le carnet de voyage d’un aventurier et artiste à la recherche d’un silence salvateur et d’une nature fondamentale : "Isba, isba / Cabane d'asile / Isba m'en tombent les bras / Calme-moi d'avril" (Isba).
Derrière l'âpreté de cet album un magnifique album, faisant écho aux mots de Sylvain Tesson : "Si on me demande pourquoi je me suis enfermé ici je répondrais que j'avais de la lecture en retard..." (Dans Les Forêts de Sibérie). Le Silence et l'Eau de Jean-Baptiste Soulard est à la fois un opus à la facture pop-folk drakienne et un authentique champ expérimental pour "une vie ralentie" (Asile). Autrement dit, une forme d’utopie pour l’abandon de la vie moderne au profit d'une nature brute.
Comble chevalier est un titre pop plus sophistiqué sur le thème d'un serment à l'exil : la fuite vers le silence et la nature, comme un "emblème" (Cerbère), devient un acte noble et un combat. Le voyage dans les grandes plaines sibériennes ne sont pas pour autant des parties de plaisir : "Brûler brûler au fer rouge / brûler brûler au fer bleu / Il nous faut un seau d'eau pour éteindre l'incendie…" les piqûres d'insectes, la souffrance, les aléa climatiques : la beauté de la nature sait se faire payer chère, mais lorsqu'elle s'offre, elle sait être généreuse et lumineuse (Débâcle) et peut aussi proposer des rencontres humaines incroyables (Leur peau).
Au fur et à mesure que l'album se déroule, l'album devient souriant et moins grave, comme si l'auditeur se trouvait en terrain familier (Les vents contraires, Respirer) : "Parvenir à respirer sans forcer le combat / Partir / Parvenir à décoller sans écarter les bras / Réussir."
Comme son nom l’indique, il souffle sur Cubacuba, l'album de Manuel Anoyvega Mora un parfum de Caraïbes. 40 ans de carrière mais un premier album : pour l’occasion, le pianiste cubain est accompagné de Pierre Guillemant à la contrebasse, Abraham Mansfarroll Rodriguez à la batterie, Guillaume Naturel au saxophone et à la flûte et Inor Solotongo aux percussions.
On entre dans la danse dès le premier morceau, Veneracion : un jazz latino, frais et rythmé dans lequel le musicien ne trahit ni ses origines ni ses appétences pour le jazz… et la salsa. Un jazz frais et mené tambour battant donc (Alizé), comme si le musicien proposait dans son opus un bœuf avec ses amis.
Manuel Anoyvega Mora est un pianiste à la technique sans faille. Sa touche magique le place dans le sillage de très grands interprètes jazz et classiques (Preludiosa Mantanzas, Marinna). L’opus alterne plages de détachement debussyennes (Soplos de Musas) et moments dansant au tempo irrésistible (Ilduara Carrandy).
Cuba ! Cuba ! Perla Preciosa est un authentique morceau de bravoure proposant, en un titre, un concentré du talent de Manuel Anoyvega Mora : du rythme, de la virtuosité, de la densité, des couleurs (Ah, cette flûte poétique !) et des voix heureuses d’être là.
On navigue entre ses mouvements, comme un bateau affrontant tous les temps (Frescoson) : résolument voyageur, Manuel Anoyvega Mora fait de son jazz un brillant exemple de mariage franco-cubain.
Manuel Anoyvega Mora, Cuba Cuba, Fofo Production / Caroline International, 2019
C'est un jazz étonnant qui nous est proposé par le quintette Ozma - French Explosive Jazz. Un jazz XXIe siècle et, dirions nous, très urbain. C'est en effet la ville qui sert de fil conducteur à un album dans lequel cuivres, batterie et machines sont au service d'un projet musical ambitieux.
Il souffle sur Hyperlapse, le septième album d’Ozma, un vent à la fois magnétique (le trombonne de Dust City, nous entraînant à Pékin) et déroutant dans son approche electro-pop (le son industriel du titre qui donne son nom à l'album et placé sous le signe de Hambourg).
Ozma conduit son véhicule jazz aux quatre coins du monde. A côté de villes bien connues (Beijing, Marrakech, Hambourg ou Djakarta), il est question de coins plus confidentiels : Ahmedabad en Inde, Purwokerto en Indonésie ou Bulwayo au Zimbabwe.
Il s'agit bien d'un voyage musical sans répit, dépaysant et d'une grande densité, à l'instar du morceau Clay Army(Xi'An). L'exotisme est très présent, notamment lorsque le jazz se teinte de couleurs méditerranéennes et orientales, avec par exemple le titre À Leila (Marrakech). Hyperlapse ne se refuse rien : ni l'hypermodernisme de Hambourg, ni le zen et l'ivresse du bien nommé Spleen Party (Ahmedabad), ni non plus la mélancolie du voyageur perdu en Indonésie, loin de ses terres (Infinite Sadness, Entre chien et loup).
Puissant et même naturaliste – Tuk-Tuk Madness (Mumbai) – le jazz de Ozma – French Explosive Jazz revendique un son world mais qui ne renie jamais son souffle occidental (One Night In Bulawayo), cette cool attitude ou ce goût de l'improvisation présent dans Die Gielde (Lübeck).