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  • Mon amant chinois

    Adapter en BD Marguerite Duras et l’un de ses plus grands chefs d’œuvre, L’Amant : quelle gageure ! Il fallait la délicatesse et le tact d’une auteure comme Kan Takahama pour mener à bien ce défi. Et en manga…

    Le choix d’un tel genre est finalement très pertinent pour une histoire se passant en Asie, dans l’Indochine des années 30, et contant l’éphémère histoire d’amour entre l’auteure française, quinze ans et demie à l’époque, et un riche ressortissant chinois.

    À l’époque, la jeune Marguerite vit dans une famille ruinée et dominée par un frère violent, sur lequel l’adaptation choisit de ne pas s’apesantir. L’adolescente vit en pension, avec pour seule amie une fille de son âge.

    C’est sur un bac sur le Mékong qu’elle croise la route de celui qui va être son premier amant. D’où vient-il ? Quelle est son histoire ? A-t-il déjà une fiancée ? Kan Takahama répond à quelques-unes de ces questions dans sa préface : sans doute les deux personnages se connaissaient-ils au moins de vue avant leur rencontre. Et il est également fort possible que la fiancée chinoise, qui fait l’objet de plusieurs cases, était elle aussi très jeune, mais "suffisamment aisée pour pouvoir épouser le Chinois."

    Cette histoire d’amour cruelle et vouée à l’échec est dépeinte avec un mélange de sensualité et de sensibilité, sans passer sous silence la cruauté que n’épargnera pas la petite Marguerite (la fameuse soirée au restaurant, en présence de la mère et du frère). Le coup de crayon de Kan Takahama, tout en respectant les canons du manga (yeux et bouches expressives, cases dynamiques), ajoute sa patte personnelle : travail sur l’éclairage et sur les flous, recherches dans les décors et surexpositions.

    Le lecteur trouvera dans cette BD des images (le costume de la jeune fille, les décors intérieur, la scène du bac) qui le ramèneront à une autre adaptation : celle filmée, cette fois, par Jean-Jacques Annaud en 1992. Une preuve supplémentaire que L’Amant de Marguerite Duras continue à vivre sa vie de chef d’œuvre marquant.

    Kan Takahama, L’Amant, d’après Marguerite Duras
    Adaptation Corinne Quentin, éd. Rue de Sèvres, 2020, 155 p.

    Marguerite Duras, L’Amant, éd. de Minuit, 1984, 145 p.
    https://www.editions-ruedesevres.fr/takahama-kan

    Voir aussi :"Bijou, bijou"

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  • Dua Lipa, au pop de sa forme

    Une fois n’est pas coutume sur Bla Bla Blog, c’est de la pop urbaine et hyper populaire dont il sera question dans cette chronique.

    L’artiste ? Ni plus ni moins que Dua Lipa, en pleine ascension avec son titre Don’t Start Now. Ça risque de chauffer sur les pistes à l’écoute de son nouveau titre, Physical, le deuxième single de son futur album, Future Nostalgia, annoncé pour le 3 avril prochain.

    Physical annonce bien la couleur : du rythme, du son bien construit, une chanteuse à la voix musclée à défaut d’être révolutionnaire, de la danse et une bonne dose d’extravagance. Sans oublier un clip aux moyens certains et louchant du côté des années 80.

    Dua Lipa sera également en concert à Paris, à l’Accorhotels Arena le 4 mai prochain.

    Dua Lipa, Physical, Warner Records, 2020
    http://dualipa.co/official

    Voir aussi : "Marie, j’adore"

    © Hugo Comte

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  • La radio explore le temps

    L’histoire, on le sait, ne se limite pas aux récits de batailles de guerres, aux listes de rois ou aux dates apprises à l’école. Ce sont aussi des récits d’anonymes plongés dans des événements exceptionnels. Ces expériences de militaires, de civils, de gens normaux ou de témoins rares sont des matières à la fois intimes et inestimables que les historiens, depuis longtemps, appréhendent et étudient avec le plus grand intérêt.

    MemorEars, proposé par Madame Black Bow Productions, propose une série de podcasts autour de documents historiques, qui sont autant d’expériences sonores inédites.

    Les deux premières saisons sont consacrées à la débâcle de 1940 et à la Résistance, à travers les témoignages de deux Français ordinaires au destin incroyable. "Il est difficile d'imaginer ce que nos parents, nos grands-parents, nos anciens ont pu vivre pendant la guerre. Nous avons voulu faire revivre ces mémoires pour valoriser leur histoire et surtout ce qu’ils avaient décidé de nous transmettre," expliquent Céline Spillemaecker et Chloé Ancelin, les fondatrices de Madame Black Bow Productions, au sujet de MemorEars.

    Des histoires personnelles "sorties de leur tiroir"

    Créé il y a quelques mois par Céline Spillemaecker et Chloé Ancelin, Madame Black Bow Productions est un bureau de création et de production de podcasts, mais aussi de contenus pour les professionnels. Madame Black Bow Productions a sorti La Cocotte Minute, des chroniques courtes, drôles et décalées et MemorEars, donc, qui nous plonge au cœur de la seconde guerre mondiale.

    À l’heure où le podcast a le vent en poupe, ces feuilletons documentaires, dont chaque saison est découpée en deux, trois ou quatre épisodes, explorent le temps à travers des histoires personnelles "sorties de leur tiroir" et enregistrées par des comédiens" pour "leur donner une seconde vie," sous le concept : "Une saison, un personnage, un récit."

    L’authenticité est là, jusque dans le vocabulaire, mais avec aussi le souffle épique que n’ont pas forcément les interview pris sur le vif. Même l’Appel du 18 juin 1940, prononcé par le Général de Gaulle, est retranscrit dans le premier épisode de la deuxième saison consacrée à la Résistance française. Nous avons été très attachées à l’adaptation du contenu, au choix du vocabulaire, des comédiens et à la création de l’univers sonore. Nous souhaitions sortir des interviews ou des témoignages et rendre ces histoires accessibles à tous. Nous voulions un podcast immersif et impactant afin de transporter les auditeurs dans une époque hors du commun," décrivent les responsables de MemoEars qui assument complètement ce choix.

    Les passionnés d’histoire pourront faire de ces podcasts des compagnons de voyage idéal, et faire aussi connaissance, par procuration, avec des témoins presque ordinaires qui reprennent vie et sont enfin mis sur le devant de la scène.

    MemorEars, Madame Black Bow Productions
    Saison 1, Au cœur de la bataille de Stonne, raconté par Patrick Chanfray
    Saison 2, La Résistance à Mareuil-sur-Ay, raconté par Matthieu Burnel
    www.madamebb-prod.com

    Voir aussi : "Histoires sensibles"

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  • Tagada tagada, voilà les Dalton Telegramme

    Le titre est peu facile pour cette chronique sur les Dalton Telegramme, Victoria, un opus passionnant, tout en relief et en sensibilité. Victoria est aussi le titre du premier morceau. La voix à la Bashung et le rock acoustique sont au service d’un portrait amoureux et d’un récit plein d’amertume : "Victoria tu te souviens / La victoire nous appartient / Victoria / On était partis pour la gloire qui nous va si bien / Qui te va si bien" (Victoria).

    Amour, rêves, fantasmes et séparations : ce lot quotidien est au cœur notamment de Sparadrap, dont le clip a été réalisé par Louan Kampenaers et Romain Habousha. La douleur d’un amour qui, insidieusement, n’en finit de partir est au cœur de ce titre âpre et sensible : "Ta peau colle encore à ma peau comme un sparadrap / Ne l’enlève pas trop / Tôt / Ne pars pas. "

    Ton portrait est également une histoire de séparation, cette fois avec une sorte de légèreté. La séparation est assumée et même revendiquée haut et fort : "Dans la longue galerie de mes portraits / J’ai décroché le tien de l’entrée / J’ai trouvé le courage et le quart d’heure /Pour faire le ménage dans mon bunker / Et désormais comme Mick Jagger / C’est moi qui serai l’unique leader / Pour pousser ton portrait ailleurs au fond de mon bunker." Un vrai happy-end en quelque sorte : "Et pourtant je ne m’en vaux pas tant que ça / Je ne me souviens déjà plus de tout." Si tu reviens j’annule tout, en référence au message d’un ancien Président de la République, est dans le même univers : séparation, retrouvailles et départs impossibles : "Reviens car si je te réclame c’est que je crois bien que je t’aime toujours même si c’est la mort dans l’âme."

    À moins que le départ définitif soit tout simplement la solution, mais toujours avec élégance et humour, à l’instar de Gare du nord : "J’ai enfilé mon sourire et mon plus beau dédain / pour regarder ton arrière-train s’éloigner / Désolé, tu vas pas me manquer."

    "Regarder ton arrière-train s’éloigner / Désolé, tu vas pas me manquer"

    Sur une pop sucrée, Lolita83 se veut un regard sur les illusions et les ratés des relations amoureuses via Tinder, eDarling et autres Attractive World : "Et moi qui était tout disposé à vous aimer / Lolia83 à la manière de la mante religieuse / Lolita vous m’avez fait croire que vous n’étiez pas dangereuse." Ah, les dangers des réseaux sociaux et de l’Internet ! Pourvu qu’elle s’en lasse s’intéresse cette fois à une femme "qui pourraient se damner… pour quelques doigts levés… [ou] un partage…" Une vraie critique contre le virtuel et un appel à la vie et au vrai : "Car au fond, elle le sait / C’est pas dans les pieds dan la tombe / Qu’on mènera la fronde / Pas le doigt sur la mappemonde / Qu’on fera les plus belles rencontres / Alors pourvu qu’on s’en lasse."

    Après Le jour du seigneur, une électro pop-folk qui prône l’amour des Dalton Telegramme pour le son et les nuits musicales, le titre Tout à coup (tout t’accuse) est une tranche de vie : l’histoire d’amour impossible avec une voisine. Sous forme d’un petit bonheur fugace – et interdit ("Pourquoi tu t’excuses / Tout à coup tout t’accuse.") – cette jolie chanson surgit tel un éclat de lumière : "Et même si tu t’en vas dès que mes yeux se replient / je t’ai eu un peu pour moi et ça ça n’a pas de prix."

    Le relais, qui n’est pas sans rappeler le son du Graceland de Paul Simon, nous relate une aventure minuscule. Une nuit. Un concert. Une rencontre noctambule. Une femme fatale. L’amertume, de nouveau : "Si tu savais / Comme tu leur plaît / Si tu savais comme c’est le cœur lésé que je leur ai laissé / Le relais."

    Le groupe liégeois d'oublie pas le rock avec un singulier hommage à St Exupéry qu'est Vol du nuit. Ce titre voyage dans le pays de la solitude, au cœur d’une nature hostile, sous des conditions météos capricieuses et dans un avion exigeant. Le poète se fait jour dans cette complainte aigre-douce d’un pilote perdu dans sa solitude.

    Pour Mon sanglot, le groupe belge propose une ballade à la guitare et au violoncelle et voix au sujet d’une naissance, "hors de l’ombre." Une sortie dans "le vide." Une naissance. Tour simplement. "Comme tous les petits gars timides / Comme tous les figurants du monde / Il a voulu sortir du vice / Il a voulu faire un pas hors de l’ombre." Ce morceau d’une très grande sensibilité se termine par ces magnifiques vers : "Près de ton cri vivait mon sanglot plus petit mais pas moins vaniteux / Qui se dit que tant pis plein le dos de tant de cris pour si peu / Alors qui, sans rompre le charme, / S’en ira dans le calme, / S’endormira, oui, mais sans drame / Et à bientôt mon sanglot."

    Dalton Telegramme, Victoria, Art-i, 2019
    http://www.art-i.be/artistes/page-artiste/23
    https://www.facebook.com/daltontelegramme

    Voir aussi : "Je veux du glam"

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  • Dans le futur, les frigos sont toujours immondes, vides, moisis et froids

    Place pour cette chronique de L'Œil du frigo à un très grand film de science-fiction de Steven Spielberg. Minority Report nous montre un Tom Cruise face à un frigo inquiétant et glaçant, comme du reste tous les frigos dans les films futuristes. D'où le titre de cette chronique.

    Bonjour à tous ceux qui suivent cette chronique existentielle. Je sais : il faut parfois du courage pour aller jusqu'au bout de ses idées, voire de ses lectures débiles, et le courage est une denrée rare de nos jours. Mais pas dans le futur de Steven Spielberg, où son film dystopique place son héros, le beau Tom Cruise, dans une situation plus que courageuse. Imaginez ce qu'il est obligé de faire : se faire remplacer les yeux (non, je ne vous dirai pas pourquoi), zoner dans un appartement pourri avec comme seule compagnie un frigo et.... un écran plan. Ça c'est pour le supplice, surtout quand on a les yeux bandés. Cela laisse pantois, non ? Évidemment, tout le monde pense qu'il va se ruer dans le frigo, ce bel animal de compagnie : et il le fait… Il ouvre cette magnifique porte et va tâtonner sur de la nourriture, bonne, blanche, appétissante, végan… Il y est presque… Puis, un étage au-dessus, elle devient verte, puis immonde. J 'ai même eu peur de mettre cette séquence en plein écran tellement cela avait l'air hideux. Et là, on comprend ce que veux nous dire Spielberg : non pas que le frigo est sale – il y a des lieux bien plus sales – ni qu'on ne fricote pas avec un frigo moisi dans le futur. Non, vous n'y êtes pas du tout : Spielberg met à sa façon en image la loi de Murphy: "Dans un frigo, ce dont vous avez besoin tous les jours migre systématiquement vers le fond" ou encore : "S'il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu'au moins l'une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter cette voie." Et là, on y est en plein. Regardez encore la scène et vous comprendrez. Forcément, à la fin ça nous fait un peu gerber… À ce stade, on peut dire que le héros a pris tous les risques. Il a viré ses yeux. Il mange du moisi vert et dégoûtant. S'enfile un liquide dans un bidon. On sait sans nul doute qu'il va réussir parce qu'après avoir passé toutes ces épreuves, que lui reste-t-il à vivre de pire ? Et si vous ne me croyez pas, laissez moisir un club dans votre frigo, bandez vous les yeux, prenez votre petit courage à deux mains et mangez un morceau : après ça, vous pourrez affronter le monde, voire la galaxie. Encore une fois, l'épreuve du frigo est capitale pour ce film. Je remarque quand même que dans le futur, les frigos sont toujours immondes, vides, moisis et froids… (Cf. Le Cinquième Élément) enfin pour un frigo, froid c'est un pléonasme.

    ODF

    Minority Report, science-fiction de Steven Spielberg
    avec Tom Cruise, Colin Farrell, Max von Sydow et Samantha Morton
    États-Unis, 2002, 145 mn

    Voir aussi : "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    "Minority Report"

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