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japon - Page 4

  • Anna Uchiyama, notre muse

    Muse, modèle, égérie, inspiratrice, confidente, Anna Uchiyama est une japonaise contemporaine qui propose un autre regard sur la féminité, loin des stéréotypes de la "femme objet."

    Anna Uchiyama offre à l'objectif une conversation au temps présent. Elle est une présence unique et intemporelle. Elle incarne la femme multiple et a inspiré l'ensemble des artistes nourrissant cette nouvelle exposition, visible jusqu’au 1er décembre à la Galerie Rachel Hardouin (Paris 10e).

    Femme enfant, femme nostalgique, femme fatale, femme introvertie, femme en pleine possession de son corps. Femme incarnée, dans tous les sens du terme, Anna stimule la vision créative. Une authentique muse.

    Cette exposition est une performance en soi : elle regroupe 25 artistes d'origine allemande, française, japonaise, norvégienne ou vietnamienne. Chacun y exprime son écriture, offrant à partager son univers.

    L'exposition Anna Uchiyama interroge sur notre héritage et nos liens à l'histoire de l'art érotique. Elle confronte la vision créative des artistes occidentaux et celle des artistes asiatiques.

    Le traitement noir et blanc entre en conversation avec l'art de l'estampe. Le désir explicite se mêle
    à la pudeur des sentiments.

    Cette exposition est soutenue par Bla Bla Blog.

    Anna Uchiyama
    Du 6 novembre au 1er décembre 2018
    Galerie Rachel Hardouin
    15, rue Martel, Bat.1 #4
    75010 Paris
    http://www.15martel.com

    Voir aussi : "Quand on arrive en ville"

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  • Laissez-vous conter

    contes,legendes,fantasy,contes & légendes,isabelle genlis,le petit poucet,cendrillon,le petit chaperon rouge,la petite sirène,barbe bleue,japon,vietnam,canada,andersen,la petite théière,sénoufos,afrique,gérard lomenec’h,bretagne,yvonne verdier,geneviève massignon,jack zipes,catherine breillatBla Bla Blog s’est laissé séduire par une revue qui a fait des contes et des légendes son sujet d’enquêtes et de quêtes. C’est du reste les quêtes initiatiques qui sont le sujet d’un passionnant hors-série de Contes & Légendes.

    La revue spécialisée nous replonge dans un domaine à la fois familier et inattendu. Car à côté de sujets plutôt pointus, comme une étude de la géographie du sacré, la découverte du peuple africain des Sénoufos ou les pratiques thérapeutiques des sorciers, le lecteur se plongera avec un plaisir enfantin, voire régressif, dans des mondes familiers de son enfance : Cendrillon, le Petit Chaperon Rouge ou le Petit Poucet.

    La conteuse Isabelle Genlis nous parle d’Andersen et de La Petite Théière, une de ses histoires, sans doute pas la plus connue. La chroniqueuse en dévoile les secrets et les interprétations : "La vie ne tient qu’à un fil, qu’Andersen manipule en marionnettiste habile, en maître du genre."

    Un domaine à la fois familier et inattendu

    L’histoire de Cendrillon est non seulement également décortiquée par Bernadette Bricout, professeure de littérature orale à l’université Paris-Diderot, mais aussi reproduite dans la célèbre version de Charles Perrault. Un bon moyen de découvrir ou relire un texte fondamental de la littérature et voir autrement Cendrillon, "une vieille avant l’heure." Le Petit Chaperon Rouge, La Belle au Bois Dormant, Barbe Bleue (adaptée en 2009 pour la première par une femme, Catherine Breillat, comme nous le rappelle Jack Zipes), La Petite Sirène ou le Petit Poucet ont également droit à leur focus.

    Mais Contes & Légendes s’arrête aussi sur d’autres cultures et d’autres histoires, toujours en rapport avec la nature et les quêtes initiatiques : Le Conte du jeune Homme Saule et Kaguya Himé, la fille du coupeur de bambou (Japon), une légende amérindienne sur la légende des peaux (Canada), la recherche par un homme des arbres dans un monde où ils n’auraient pas existé (Vietnam) ou les contes enchantés des pays slaves.

    La Bretagne, terre mystérieuse aux légendes extrêmement riche est traitée, est également abordée par le musicien Gérard Lomenec’h qui s’intéresse à la place de la forêt. Les ethnologues Yvonne Verdier et Geneviève Massignon se posent quant à elle cette question : Que sont venues faire les filles perdues en forêt ?

    Les amateurs de contes, à l’origine de la fantasy moderne, seront dans cet élément avec cet hors-série de Contes & Légendes passionnant.

    Contes & Légendes, hors-série "Contes – La nature, une quête initiatique", janvier 2018

  • Folles époques

    Vite, il est temps de découvrir Ed van der Elsken, figure majeure de la photographie underground et qui est passé sous les radars de pas mal de monde.

    Le musée du Jeu de Paume propose, en collaboration avec le Stedelijk Museum Amsterdam et la Fundación MAPFRE, la première rétrospective en France de l’artiste, jusqu’au 24 septembre prochain.

    Ed van der Elsken (1925-1990) était l’ami des marginaux, des rebelles de tout poil mais aussi des gens ordinaires qu’il n’a cessé de suivre (de "chasser" diront certains) pour en faire les héros de reportages documentaires vivants : une réfugiée à Hong Kong (entre 1959 et 1960), des serveuses à Cebu dans les Philippines (1960) ou ce guérisseur africain exécutant une danse rituelle pour une bonne chasse (Oubangui-Chari, Central Africa, 1957). Plus de 150 tirages originaux sont exposés au Jeu de Paume, ainsi que des extraits de films, des diaporamas ou des maquettes de livres du plus européen, sans doute, des photographes modernes.

    Pendant quarante ans, Ed van der Elsken est parti à la recherche des "siens", ces inconnu(e)s d’Amsterdam, de Paris ou de Tokyo, captés avec humanité, humour et précision, jusque dans leur intimité. "Je fais des choses mortellement sérieuses et aussi des choses drôles. Je fais des reportages sur de jeunes voyous rebelles avec plaisir… Je me réjouis de la vie, je ne suis pas compliqué, je me réjouis de tout. L’amour, le courage, la beauté. Mais aussi le sang, la sueur et les larmes. Garde les yeux ouverts," affirme-t-il en 1971.

    Ed van der Elsken capte ses modèles avec un sens aigu du détail et de la pose, à l’exemple des Jumelles sur la place Nieuwmarkt à Amsterdam (1956). Les regards, la lumière auréolant les chevelures, les maquillages, les bijoux, la position des mains et des doigts, le rendu du tissu des jupes, le drapé des chemisiers : rien n’est anodin et rien n’est de trop dans ce cliché à la mise en scène soignée.

    Lorsqu’il pose ses bagages à Paris, Ed van der Elsken est le témoin et l’acteur de la vie culturelle foisonnante, quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, avec le livre "auto-fictionnel" Une histoire d’amour à Saint-Germain-des-Prés (1956). Il en tire ce cliché sombre, nerveux et spectaculaire (Vali Myers (Ann) danse à La Scala, Paris, 1950).

    À Amsterdam, Ed van der Elsken immortalise ces deux couples aux visages expressifs que l’on croirait sortis d’un film de Martin Scorcese (Quartier de Nieuwmarkt, Amsterdam, 1961). Toujours à Nieuwmarkt, "son" quartier, le photographe témoigne de la vie culturelle foisonnante à Amsterdam. Le jazz y prend une importance considérable. Il suit et photographie Chet Baker, qui se produit au Concertgebouw d’Amsterdam, à l’instar de Miles Davis, Lionel Hampton ou Ella Fitzgerald. Mais Ed van der Elsken s’intéresse aussi aux gens ordinaires au cœur de cette "dolce vita" néerlandaise : tenancières de bar, filles à la coiffure choucroutée ou jeunes loulous aux gueules d’acteurs.

    Aux États-Unis, loin du folklore et du dépaysement, Ed van der Elsken saisit ces deux amoureux californiens, semblant tout droit sortis d’une chanson des Beach Boys.

    EdVanDerElsken_17.jpgAu Japon ancestral, ce sont des marginaux qu’il croise quelques années plus tard (Rockers, Harajuku, Tokyo, 1984). Ed van der Elsken arpente pendant plusieurs années un pays multiple, passionnant et aux rencontres inattendues : rockers à la banane, lutteuses, yakusas (Territoires des yakusas, Kamagasaki, Osaka, 1960), amoureux étreints (Couple s’embrassant, vers 1974) ou citoyens ordinaires et photogéniques surpris dans des scènes de la vie ordinaire (Fille dans le métro, Tokyo, 1981).

    Ed van der Elsken s’intéresse aussi très tôt à la photographie couleur, médium utilisé jusqu’alors pour les magazines et pour la mode, alors que le noir et blanc est encore considéré comme la technique artistique par excellence. La couleur prend grâce à Ed van der Eksen le chemin des galeries et des catalogues d’exposition : il y a ces trois gracieuses néerlandaises comme saisies au vol dans une artère d’Amsterdam, dans une mise en scène que l’on imagine travaillée (Beethovenstraat, Amsterdam, 1967), cette devanture de bar à Amsterdam dont il est difficile de savoir quand elle a été immortalisée (Des adolescents au look des années 50 devant leur café favori, Amsterdam, 1983) ou ce couple japonais saisi en plein ébat (1974).

    Ed van der Elsken, photographe documentaire et humaniste se révèle aussi, au Jeu de Paume, comme un artiste révolutionnaire : "Même si j’éprouve toujours une certaine hésitation à utiliser ce mot, je pense avoir été un artiste toute ma vie, par mes réactions et par l’expression de mes émotions et par la mise en lumière du monde extérieur. Je suis, disons, un artiste caméra pur-sang, ce qui signifie que j’ai toujours développé autant que possible mon équipement, qui me permet de m’attaquer de toujours plus près à la vie."

    La Vie folle, Ed van der Elsken, Jeu de Paume, 13 juin – 24 septembre 2017

    Ed van der Elsken, Beethovenstraat, Amsterdam, 1967. Nederlands Fotomuseum Rotterdam
    © Ed van der Elsken / Ed van der Elsken Estate, courtesy Annet
    Gelink Gallery

    Ed van der Elsken, Rockers, Harajuku, Tokyo, 1984. Nederlands
    Fotomuseum Rotterdam © Ed van der Elsken / Ed van der Elsken Estate

  • Résurrection d'un manga

    C1 BR La Tour au-dela╠Ç des Nuages.jpgLa Tour au-delà des Nuages de Makoto Shinkai sort en ce moment en DVD en France.

    1974. Le Japon est divisé en deux. Si l’île d’Hokkaido est occupée par l’Union, le reste du pays est allié aux États-Unis. Une tour, dont le sommet se perd dans les cieux, est alors construite par l’Union. Deux amis, Hiroki et Takuya, rénovent un avion afin de réaliser leur rêve : atteindre le sommet de la tour au-delà des nuages. Une fille mystérieuse prénommée Sayuri se joint aux deux adolescents qui lui promettent de l’emmener avec eux voir la tour. L’aventure s’arrête brusquement le jour où la jeune fille disparaît sans laisser de traces. La promesse est rompue, Hiroki et Takuya abandonnent leur projet et se séparent pour suivre chacun leur route. Devenus adultes, ils seront à nouveau réunis par le destin, mais leur relation n’est plus la même.

    Récit poétique, fantastique et utopique, réalisé en 2004, La Tour au-delà des Nuages a été récompensée par le Prix Mainichi du meilleur film d'animation cette même année. Il est aujourd’hui enfin disponible en France.

    Makoto Shinkai, La Tour au-delà des Nuages, CoMix Wave Films, Kazé Animé, 2017, 137 minutes

    Copyright : © Makoto Shinkai/CoMix Wave Films

  • Kurosawa : morts-vivants et aliénés

    A l'occasion de la sortie de son tout nouveau long-métrage, Vers l'autre Rive (sortie, le 30 septembre 2015), Kyoshi Kurosawa fera l'objet ce mois-ci à Paris d'une rétrospective, du 16 au 22 septembre 2015 au cinéma Reflet Médicis.

    C'est l'occasion pour le bloggeur de revenir sur un film plus ancien du cinéaste japonais, Tokyo Sonata, à travers une critique écrite pour l'association des Cramés de la Bobine.

    Kiyoshi Kurosawa, réalisateur japonais (qui n’a aucun lien de parenté avec Akira Kurosawa), s’est d’abord fait illustré dans des films d’horreur et d’épouvante : des longs-métrages comme Cure, Kaïro ou Charisma (puis l'incontournable Shokuzai en 2012) l’ont fait connaître dans le monde entier après un début de carrière chaotique. Depuis plusieurs années, tout en ne reniant pas ce genre cinématographique, il a choisi de tourner des films plus réalistes, non sans succès puisque Jellyfish a par exemple fait partie de la sélection officielle à Cannes en 2003.

    En 2008, Cannes a honoré une nouvelle fois Kiyoshi Kurosawa en le sélectionnant dans la catégorie Un Certain Regard pour Tokyo Sonata, qui a reçu finalement le Prix du Jury.

    Ce drame suit une famille japonaise confrontée à la crise économique, au chômage mais aussi aux traditions patriarcales japonaises multiséculaires et en pleine déliquescence en ce XXIe siècle.

    Tokyo Sonata est le portrait à la fois cru et subtil de quatre personnages englués dans des contradictions, des voies sans issues, des révoltes ou des interrogations sur leur raison de vivre : le père, ancien cadre supérieur, subit de plein fouet la mondialisation économique et se retrouve subitement désœuvré et humilié par le chômage ; la mère, femme triste et soumise, voit sa vie complètement chamboulée du jour au lendemain suite à un événement autant inattendu que cocasse ; le fils aîné choisit de "déserter" le domicile pour une cause qu’il juge importante tandis que le cadet découvre un but dans sa vie – devenir pianiste classique professionnel. Pour ce but, il choisit de se battre malgré son jeune âge. Kiyoshi Kurosawa parvient au sublime dans l'ultime scène qui voit ce projet commencer à prendre forme.

    Loin d’être le simple portrait d’une famille japonaise, ce film brillant d’un réalisateur capital du cinéma japonais est aussi une œuvre universelle sur la lutte quotidienne et la révolte, comme sur la crise économique mondiale, source monstrueuse d'aliénation. Qu'un cinéaste longtemps cantonné aux films d'horreur et d'épouvante s'emploie à décrire une société japonaise paumée ne peut qu'interpeller chacun d'entre nous. 

    Rétrospective Kurozawa, du 16 au 22 septembre 2015 au cinéma Reflet Médicis
    Tokyo Sonata
    de Kiyoshi Kurosawa, avec Koji Yakusho, Teruyuki Kagawa, Kyôko Koizumi, Haruka Igawa, Yû Koyanagi et Kai Inowaki, Japon, 2008, 119 mn
    Les Cramés de la Bobine

  • Encore une histoire de censure

    Il avait été question dans ce blog d'une représentation pour le moins "cavalière" de l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos, en fâcheuse posture (Ines Doujak, Not Dressed for Conquering / Haute couture). Cette sculpture avait subi les foudres du pays et nombre de citoyens hispaniques  s'étaient élevés contre cette œuvre (voir cet article)

    Or, il est encore question de censure ici, et de nouveau dans un pays démocratique. Et là encore, cette création a des visées politiques. L'artiste en question se nomme Makoto Aida. L'objet du délit est une vidéo présentée au Musée d'Art Contemporain de Tokyo (MOT) dans lequel l'artiste imite le premier ministre japonais Shinzo Abe, mais également une bannière verticale sur laquelle figurent des revendications politiques : recrutement de plus de professeurs et allègement des cartables. "Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas une oeuvre politique. Il n'y a pas un mot ni une expression qui vise plus particulièrement le régime actuel ou tel parti. Ce ne sont que des remarques d'ordre général à l'attention d'une structure nommée ministère de l'Education", s'est défendu Makoto Aida, par ailleurs connu pour ses créations engagées et volontairement provocatrices.

    Rien de très choquant en comparaison de son homologue de Barcelone. Sauf que le MOT a fermement invité l'artiste a enlever ou modifier ses œuvres jugées critiques par le gouvernement, et qui ont été ensuite relayées par le musée public. 

    "L'artiste Makoto Aida censuré par le Musée d'art contemporain de Tokyo",
    Le Figaro, 30 juillet 2015

     

  • 1Q84 ou 1984 ?

    Il y a fort à parier qu’une fois commencées les premières lignes du livre 1 de 1Q84, il vous sera difficile de le refermer. Il se pourrait même que vous vous précipitiez sur les deux tomes suivants. Beaucoup s'y sont laissés prendre, au point que 1Q84 constitue une trilogie déjà culte.

    Ce roman en trois volets au titre énigmatique (dont l’explication est distillée au fil des pages, non sans laisser autant de questions que de réponses) suit en parallèle le parcours des deux personnages principaux, Aomamé et Tengo, entre avril et décembre 1984 (à moins qu'il ne s'agisse de l'année 1Q84 !).

    Sans dévoiler l’intrigue, tordue à souhait, disons qu’il est question dans ce premier tome d’un livre mystérieux écrit par une lycéenne (qui l’est tout autant), d’un professeur de mathématiques et écrivain embarqué dans un projet artistique risqué, d’une tueuse à gage, d’une secte dangereuse, des "little people" et de deux lunes… Il est aussi question du temps qui passe, d’amour, des traumatismes de l’enfance et de la poursuite de nos rêves.

    C’est aussi le début d’une grande aventure, mêlant roman noir, fantastique et romance, pour Tengo et Aomamé, deux personnages extraordinaires que vous n’êtes pas prêts d’oublier. 

    À lire et à relire !

    Huraki Murakami, 1Q84, en trois tomes, éd. 10/18

  • Gen d'Hiroshima, gens d'Hiroshima

    Gen d'Hiroshima, chef d'œuvre de la bande dessinée, fait partie de ces livres que l'on n'oublie pas.

    Cette série d'une dizaine de tomes, célèbre et adulée au Japon dès sa sortie en 1973, a connu une existence plus tardive en Occident ; cependant, son influence est certaine : Art Spiegelmann, l'auteur de Mauss, bande dessinée majeure sur la Shoah, explique dans la préface de Gens d'Hiroshima toute l'importance de ce manga. Un manga qui, comme son titre l'indique, aborde une autre des grandes tueries de la seconde guerre mondiale : le bombardement nucléaire d'Hiroshima.

    Le premier tome de cette bande dessinée autobiographique déroule sur plus de 250 pages la survie d'une modeste famille de cette région du Japon, relativement préservée jusqu'en 1945 par les bombardements. Dans ce pays en guerre où la dévotion à l'Empereur et à à la grandeur de la nation, la population souffre mais doute également. La famille de du jeune Gen survit difficilement aux privations et aux obligations martiales, d'autant plus que le père, homme courageux et au caractère bien trempé, s'avère un pacifiste convaincu. La majeure partie de ce premier volume suit les petits et les grands faits de cette famille soudée : un père se battant pour ses idées dans un Japon rigoriste et militariste, une mère enceinte et épuisée par les privations et les enfants - Gen et ses frères et sœurs. Au milieu de la petite histoire, des focus sur la grande histoire – la guerre du Pacifique et les préparatifs des bombardements nucléaires – nous rappellent qu'un terrible drame va se jouer.

    Les vingt dernières pages de ce tome sont proprement hallucinantes. Le lecteur entre au cœur du bombardement nucléaire tel qu'il a été vécu par les victimes. L'auteur, qui a vécu lui-même cet événement (Keiji Nakazawa, est mort d'un cancer fin 2012), dévoile la réalité crue des ravages de l'arme nucléaire, transformant la ville paisible d'Hiroshima en une zone digne des pires films d'horreur. Les dernières pages de ce livre n'assènent aucun message : ils giflent le lecteur en montrant la réalité crue et insoutenable de la bombe A sur des victimes prises au piège.

    Terrible chef d'œuvre ! Inoubliable.

    Keiji Nakazawa, Gen d'Hiroshima, Ed. Vertige Graphique, 2003, 274 p.

     
    Gen d'hiroshima par cinemasian