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Le retour de Claire Désert chez Maurice Ravel

On trouvera dans ce Chamber Music proposé par Indésens un aperçu passionnant de cette musique de chambre qui va si bien au style français des premières années du XXe siècle. Car s’il est bien un compositeur-phare de cette période, c’est bien Maurice Ravel (1875-1937) dont nous avions déjà parlé ici il y a quelques jours. Ajoutons d’ailleurs que la pianiste Claire Désert est de retour, après un enregistrement du Quintette Moraguès dans un programme Ravel et Clapet.
Mais n’allons pas si vite en besogne et intéressons-nous au Quatuor Jaochim qui nous fait découvrir les vagues néo-romantiques du Quatuor à cordes en fa majeur que Ravel a composé entre 1902 et 1903 et qui fit de lui, presque du jour au lendemain, "un des Maîtres de demain" . Il s’agit de la première œuvre de musique de chambre du compositeur français. Le Quatuor M.35 est dédié à Gabriel Fauré. On y devine d’ailleurs ce mélange de pudeur et de mélancolie (Assez vif). Pour autant, le jeune Maurice Ravel – il a 28 ans – marche sur les pas de l’impressionniste musical qu’est Debussy (le premier mouvement Allegro moderato). Dans le troisième mouvement en particulier (Très lent), le romantisme du XIXe siècle se retrouve revivifié grâce au modernisme de Maurice Ravel, particulièrement audacieux, à l’instar du final Vif et afité, mélange de classicisme et de fougue expressionniste. Une merveille en son temps comme un chef d’œuvre "souriant" et que le Quatuor Joachim restitue avec panache et allant.
Tatiana Samouil au violon et David Lively au piano s’attaquent à la Sonate pour piano et violon n°2 en sol majeur. On avait commencé avec la première pièce de musique de chambre ; voici la dernière. Nous sommes en 1927. Ravel est dans les dernières années de sa vie. Il a abandonné le romantisme pour une facture plus moderne, revivifiée par les recherches musicales du début du XXe siècle (Allegro) et d’autres génies tels que Béla Bartók. Il faut saluer la performance de Tatiana Samouil et David Lively dans l’interprétation de cette pièce exigeante et allant à l’essentiel. Ravel se fait audacieux et pleinement dans son époque dans le deuxième mouvement Blues Moderato. Il s’ouvre au jazz américain, prouvant qu’on peut être un compositeur classique, aristocratique dans sa prestance et ouvert au monde. La sonate se termine par le final Perpeteum mobile, diabolique mouvement dont s’empare avec virtuosité le violon de Tatiana Samouil.
C’est Claire Désert qui vient clore en beauté cet album Ravel
La pièce Tzigane de Ravel prouve à prouve à elle seule la palette de couleurs et de rythmes de Ravel. Cette danse a été dédiée en 1924 à la violoniste Jelly d’Aranyi. Une nouvelle fois, c’est Tatiana Samouil qui l’interprète. Il faut saluer son talent, tant la pièce virtuose regorge de difficultés techniques. Tzigane audacieux mais aussi envoûtant et plein de vie, comme une ode à la vie et à une culture forte et attrayante.
Régis Pasquier au violon et Jean-Claude Pennetier au piano proposent le mouvement Allegro moderato de la Sonate posthume pour violon et piano M.12. Contrairement à ce que le titre ne le laisserait entendre, cette pièce a été écrite assez tôt dans la vie du compositeur, en 1897, jouée par Georges Enesco et accompagnée par le jeune Maurice Ravel lors de sa création. Elle n’a été découverte que très tardivement, en 1975, donc bien après la mort du compositeur. On peut être séduit par cet unique mouvement néo-romantique très influencé par Gabriel Fauré : fluidité, retenues et un certain lyrisme. Pas de modernisme ici ni de jeux de rythmes mais un certain respect… académique.
C’est Claire Désert qui vient clore en beauté cet album Ravel grâce au magnétique Adagio assai du Concerto en sol majeur pour piano. Écrit au crépuscule de la vie du compositeur, de 1929 à 1931, c’est l’avant-dernière œuvre de Maurice Ravel, qu’il a dédiée à la pianiste Marguerite Long. C’est aussi l’une des plus connues. On est là dans un style néo-classique. Claire Désert fait honneur à ce mouvement plein de lyrisme, de sobriété, de pudeur et d’élégance. Cette pièce majeure vaut à elle seule que l’on se précipité sur ce superbe enregistrement Ravel.
Ravel, Chamber music, Indésens Calliope Records, 2025
https://indesenscalliope.com/boutique/ravel
https://www.clairedesert.com
https://quatuorjoachim.com
Voir aussi : "Qui n’aime pas Ravel ?"
"Bouquets de Fauré"
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