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raulo caceres

  • Monstrueusement sexy

    Le dernier ouvrage de Raúlo Cáceres, Eros et Thanatos (éd. Tabou) est à part dans la bibliographie du dessinateur espagnol. Cet art book rassemble sur 80 pages une sélection d’illustrations, pour la plupart inédites ou appartenant à des collections privées et datant des années 2018 à 2021.

    L’univers de Raúlo Cáceres est celui du sexe, de la violence, des monstres, de la cruauté mais aussi du mal, parfois incarné par des vamps aussi terribles qu’attirantes. Derrière ses adaptations de Justine et Juliette de Sade ou l’incroyable roman graphique des Saintes Eaux (toujours aux éditions Tabou), le dessinateur de Cordoue parvient à "radiographier les profondeurs de l’âme humaine, avec ces espaces sombres, qui ont peu changé au cours des siècles", comme l’écrit Serafín Pedraza Pascual, en présentation d’Éros et Thanatos. Il ajoute ceci : "La profondeur inégalée du graphisme de de Raúlo le place à un niveau d’excellence à la hauteur des plus grands auteurs de bande dessinée contemporaine".

    Le book art est partagé en sections thématiques, aux noms pour le moins explicites : "Donjons humides", consacré à un supplément non-officiel de Donjons et Dragons (2019), "Horreurs sensuelles" et "Turgescences cosmiques" (sic).

    Un niveau d’excellence à la hauteur des plus grands auteurs de bande dessinée contemporaine

    Cette sélection de dessins frappe par autant par leur puissance, leur audace et leur expressivité – voulues – que par le soin porté au dessin. Le luxe mis dans les costumes de la série "Donjons et Dragons", les décors inspirés d’Escher ("Avec la froideur du Golem") et les corps, souvent féminins, représentés dans toutes les positions possibles et imaginables ("Nourriture pour tortues", "Conan au Harem", "Guerrières de la jungle") prouvent que Raúlo Cáceres est un réel virtuose.

    Le lecteur trouvera dans l’ouvrage des scènes horrifiques dans lesquelles sexe, horreur gothique et tortures font bon ménage ("Romans, Babarians and Zombies", l’incroyable "Enthroned Lady Death" ou encore "Verts gémissements"). Et non sans un humour très présent (la série "Éjaculation draconienne").

    L’univers du dessinateur espagnol est imprégné de fantasy, de tradition antique et de mythologie, à l’instar de ce ce Conan en très bonne compagnie, de "la reine des momies" ou de cette magnifique centaure que l’auteur intitule, non sans humour : "Amazotaure piétinant une bite".

    Les esprits chagrins conspueront très certainement des représentations où les femmes sont lascives, offertes à des monstres ("Sacrifice mutant",  "Minotaures", "Swamp Thing Loving") ou tout simplement sacrifiées, lorsqu’elles ne sont pas violées ou torturées ("Pisses de vampire : Elizabeth Bathory et Gorunta").

    Mais l’ouvrage est riche de guerrières et de femmes sans peur – quoique pas sans reproches : ce sont ces guerrière d’"Amour pétrifié", ces combattantes de "The Eternal Struggle" (censurée pour sexisme, prévient l’éditeur), cette vamp typiquement espagnole, "Morts récalcitrants de 1936", sans oublier Elisabeth Bathory, à la siombre légende, et qui avait l'objet d'un livre à part.

    Alors, horriblement sexy ou scandaleusement sexiste ? Ce sera au lecteur de juger. Cet ouvrage foisonnant et somptueux est en tout cas une vraie curiosité. 

    Pour adultes et personnes averties uniquement. 

    Raúlo Cáceres, Éros et Thanatos - Art Book, trad. Myriam Lobo, éd. Tabou, 2022, 80 p.
    https://raulocaceres.es
    https://www.facebook.com/raulo.caceres.3
    http://www.tabou-editions.com

    Voir aussi : "Monstre un jour, monstre toujours"
    "L’art de la débauche"

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  • Monstre un jour, monstre toujours

    Attention les yeux ! En mettant à l’honneur Élisabeth Báthory, la "Gilles de Rais" hongroise, Le dessinateur espagnol Raúlo Cáceres choisit la voie de la légende plus que du biopic, si l’on excepte toutefois les chapitres 15 et 17, consacrés à la "comtesse sanglante", coupable de meurtres, d’actes de torture et de barbarie sur au moins une centaine de jeunes victimes entre 1585 et 1610, avant d’être condamnée à l’enfermement à vie dans une pièce de son château.

    Raúlo Cáceres a préféré, dans cette œuvre de jeunesse, s'appuyer sur les légendes, les traditions populaires et le folklore pour construire un personnage qui ferait passer le vampire Dracula pour un innocent enfant de chœur : bains de sang pour trouver la jeunesse éternelle, supplices insoutenables, sorcellerie ou cannibalisme. Le tout  avec son lot de perversions sexuelles. Voilà qui ne pouvait qu’inspirer l’artiste espagnol qui s’était déjà attaqué à l’œuvre de Sade (Justine et Juliette).

    Prenant pour fil rouge un voyage dans le nord de l’Espagne où se dirigent un cercueil et un varcolaci, une créature fantastique du folklore roumain, des créatures horrifiques se croisent, se rencontrent, copulent, racontent leurs histoires d'orgies, de supplices et de crimes tous plus monstrueux les uns que les autres, avec pour figure centrale la plus grande tueuse en série de l’histoire.

    On  ne viendra pas chercher dans cet Élisabeth Bathory (éd. Tabou), réédition d’une série de jeunesse de la fin des années 90, un roman graphique réaliste et édifiant. C’est même plutôt l’inverse, si l’on oublie le travail graphique, le soin apporté aux corps et les ébats représentés dans toute leur crudité et toute leur cruauté. 

    Une misogynie que l’on trouvera aisément datée

    "Crudité" : voilà le mot juste. Raúlo Cáceres en est au début de sa carrière lorsqu’il raconte, avec une débauche de moyens, et dans un scénario décousu mais aux plans soigneusement travaillés, la vie d'outre-tombe de la "dame sanglante de Csejte". En préface de l’édition française, José V. Galadi écrit ceci : "Raúlo a profondément aimé écrire cette histoire, où il a versé une bonne partie de ses vues artistiques, personnelles et bédéphiles."

    Parmi les références, comme le dit José V. Galadi, il y a le "porno américain des années 70" au "ton festif et ludique", la BD européenne mais aussi le manga japonais, sans oublier les références chrétiennes et le folklore européen, dont évidemment Dracula… et Élisabeth Báthory.

    Le choix du noir et blanc était évident dans cette histoire qui aurait fait pâlir le Marquis de Sade. On n’enlèvera pas à Raúlo Cáceres son talent pour représenter les corps suppliciés et les scènes de copulation, toutes plus effarantes et incroyables les uns que les autres, avec une misogynie que l’on trouvera aisément datée, la femme étant pour l’essentiel utilisée comme un objet de fantasme et d’assouvissement des plaisirs masculins – même s’ils sont pour l’essentiel d’outre-tombe !

    Proprement monstrueux, ce  Élisabeth Bathory, version BD trash, la première publication professionnelle de son auteur (elle est sortie en 1998) n’est pas à mettre entre toutes les mains. Mais ça, Raúlo Cáceres nous y avait habitué.

    Pour public adulte averti.

    Raúlo Cáceres, Élisabeth Bathory, trad. Myriam Lobo, éd. Tabou, 2021, 184 p.
    https://raulocaceres.es
    https://www.facebook.com/raulo.caceres.3

    http://www.tabou-editions.com

    Voir aussi : "L’art de la débauche"

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  • L’art de la débauche

    Publiée en Espagne il y a 12 ans, la bande dessinée Les Saintes Eaux de Raúlo Cáceres nous est proposée par les éditions Tabou dans une version française de Myriam Lobo. Cet ouvrage atypique, baroque et sulfureux autant que subversif frappe par sa richesse graphique et scénaristique.

    Disons tout de suite que le sexe est l’alpha et l’oméga d’une histoire à la fois simple et complexe, déployée sur 24 chapitres et pas loin de 200 pages : un "voyage en pornographie sacrée", comme l’annonce la couverture du livre.

    Le docteur Melania Ricius, psychologue et sexologue de son état, reçoit en pleine séance disons échevelée, un appel vidéo d’une ancienne élève, Sara Guttiérrez, enseignante à Aguas Callientes, un village perdu de l’Estrémadure espagnole. Cette dernière lui fait part d’étranges phénomènes d’hystérie collective touchant les habitants de cette bourgade. Subitement, la connexion se coupe. Inquiète de ce silence autant qu’intriguée, Melania décide de se rendre elle-même à Aguas Callientes pour partir à la recherche de Sara mais aussi percer le secret de cette vague de folie transformant un tranquille coin espagnol en lupanar à ciel ouvert. L’enquête commence pour la sexologue, une enquête qui sera jalonnée de rencontres et de découvertes qui vont sérieusement secouer la spécialiste jungienne.

    Une bande dessinée au souffle et aux méandres incroyables

    Avec un humour grinçant, Raúlo Cáceres signe avec Les Saintes Eaux une bande dessinée au souffle et aux méandres incroyables. Grâce à ses dessins somptueux au très beau noir et blanc et à un scénario bien documentée et aux multiples tergiversations, l’auteur espagnol laisse aller son imagination et sa créativité folle pour une histoire mêlant enquête policière, récits mythologiques et religieux, critiques des superstitions, propos psychanalytiques et, bien entendu, orgies. Pour ces nombreuses scènes, le coup de patte du dessinateur fait merveille dans sa manière de représenter avec une débauche de détails les corps, les étreintes, les sexes et les échanges de liquides divers et variés.

    On suit le parcours tumultueux et pour le moins épuisant de Melania et de son ami Jacobo sans savoir où il nous mènera, tant le récit regorge de personnages tout aussi fantasques – et même fantastiques – les uns que les autres. Tout ce petit monde se croise, se côtoie, se toise et souvent copule dans un village isolé et inquiétant, symbole d’un monde tiraillé entre folklores, religions monothéistes et attirances pour d’anciens rires païens – qui peuvent être aussi caricaturaux que les idéologies qu’ils combattent.

    En ne se proclamant d’aucune chapelle et en faisant du sexe le cœur du récit, c’est là que l’auteur des Saintes Eaux se montre le plus subversif. Melania, l’héroïne solitaire n’ayant comme repère que la science psychanalytique, se fait finalement l’apôtre du Moi, se réconciliant avec lui-même et avec son corps : "Ce que la morale castratrice essaie de dissimuler n’est pas l’envie de baiser mais le joyeux besoin de ne pas arrêter de le faire."

    Pour public averti.

    Raúlo Cáceres, Les Saintes Eaux, Voyage en Pornographie sacrée
    trad. Myriam Lobo, éd. Tabou, 2020, 186 p.

    https://raulocaceres.es
    http://www.tabou-editions.com

    Voir aussi : "Ma sorcière mal aimée"

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