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jean hautepierre

  • L’autre Sonora

    Je vous avais parlé de Los Angeles, la tragédie en vers de Jean Hautepierre, un choix stylistique rare – quoique pas inédit – et qui vient donner un bon coup de fouet au théâtre contemporain. Deux ans après cette pièce, voilà que l’auteur publiait une suite, La Sonora (éd. de l'Œil du Sphinx) bouclant un cycle de quatre tragédies autour du thème de l’apocalypse.

    Un mot d’abord sur le titre et le thème de cette œuvre. Sonora fait référence à un État du Mexique, au cœur des années 1850, d’une expédition armée menée par Gaston de Raousset-Boulbon, un aventurier français, écrivain et surtout mercenaire plus que militaire qui fonde un État indépendant fantoche au cœur du Mexique, la République de Sonora.

    Ici, nous ne sommes ni au Mexique ni dans les années 1850 mais dans nos latitudes, après qu’une apocalypse ait balayé la surface du globe. Nous retrouvons Stello, déjà présent dans Los Angeles. 

    On peut saluer l’ambition littéraire de Jean Hautepierre

    Après que "la danse" se soit achevé, notre héros médite, devant le Docteur Noir, sur le néant mais aussi sur son retour en grâce. Son adversaire se nomme Le Roi Jaune. Une lutte eschatologique semble inévitable.

    On peut saluer l’ambition littéraire de Jean Hautepierre qui propose ici une tragédie en vers, faisant par là un pied de nez à la littérature moderne. La pièce n’a pas été jouée – ou pas encore, à l’instar de Los Angeles. Peu importe. Le texte se prête bien au livre. D'ailleurs, on peut imaginer les difficultés d’un metteur en scène face au dispositif scénique : chœurs, tirades exigeantes… et deux chevaux (acte III).

    Jean Hautepierre vient faire se marier littérature classique et œuvres modernes, à l’instar de Lovecraft. Archaïsme et contemporain viennent se percuter dans la violence, le bruit mais aussi les plaintes sur la fin du monde. Éloquent, bizarre et atypique pièce, à découvrir.    

    Jean Hautepierre, La Sonora – Tragédie,
    éd. L’œil du sphinx, coll. Les Inclassables, 2024, 60 p.

    https://boutique.oeildusphinx.com/fr

    Voir aussi : "Dans la cité des anges" 

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  • Dans la cité des anges

    La composition en alexandrin est un exercice si rare et si complexe que son utilisation par des auteurs contemporains donne paradoxalement à ces œuvres une éloquente modernité. La preuve avec Los Angeles, une tragédie de Jean Hautepierre sortie en 2022 aux éditions ODS.

    Los Angeles – littéralement "la cité des anges" – ne pouvait pas mieux se prêter à cette pièce s’interrogeant sur l’apocalypse, la vie, la mort, la lutte entre bien et le mal mais aussi la folie.

    Le premier acte démarre dans un casino. Einstein disait que Dieu ne joue pas aux dés. Stello, le personnage principal de la tragédie, lui, mise dans une cité que l’on dirait perdue. "En vain pour toi tourne sans fin la roue du monde", commente le chœur des démons. Jean Hautepierre choisit en effet de faire se dialoguer, pour l’essentiel, Stello et des chœurs. Ne surviennent qu’épisodiquement un Docteur Noir, réincarnation moderne du Docteur Faust, un ange, Galadriel et Satan. 

    L’utilisation de l’alexandrin est tout sauf accessoire

    On aura compris que dans cette vision fantasmagorique de Los Angeles, Jean Hautepierre a voulu écrire une tragédie antique de notre époque. Un choix qui n’est pas nouveau chez lui (Néron, Jean Sobieski). L’utilisation de l’alexandrin est tout sauf accessoire. Dans cette vision noire (et même très noire), la versification traditionnelle donne à la poésie le dernier mot. Voilà une tragédie atypique, a priori jamais jouée, et dont la découverte au format livre reste tout à fait pertinente.       

    sonora

    Voir aussi : "Sonnets pour ce siècle"

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  • Sonnets pour ce siècle

    Lisez ceci : "Ce soir ma bien-aimée, nous dormirons sous l’eau / Où l’on rêve plus haut près des algues avides / Leur lit céleste et doux ne remuera pas trop / Et tu seras bercée par leurs mains impavides". Baudelaire ? Verlaine ? Musset ? Vous n’y êtes pas du tout. Ce texte est tiré du recueil de Luc Loiseaux, Dans l'Ivresse des Brumes (éd. Unicité).

    60 poèmes en vers, dont la majorité en alexandrin, composent ce livre singulier et magnifique. Il est préfacé par Jean Hautepierre dont le combat artistique porte sur la mise en valeur de la versification classique dans la littérature contemporaine. Luc Loiseaux s’inscrit parfaitement dans ce courant qui refuse de tourner le dos au passé et aux grands auteurs classiques.

    Bla Bla Blog avait déjà salué le travail de Luc Loiseaux, MoonCCat – hommage sans nul doute à Moondog, musicien maudit mais néanmoins capital dans l’histoire de la musique. Musicien, auteur, conférencier et véritable dandy fin de siècle, Luc Loiseaux reste fidèle à ses valeurs et entend les sublimer dans son recueil Dans l'Ivresse des Brumes où son amour pour ses brillants aînés, que ce soit Verlaine, Baudelaire ou Rimbaud, éclate. 

    Luc Loiseaux montre que versification classique, alexandrins et sonnets peuvent retrouver toute leur place dans la littérature du XXIe siècle

    Le livre se pare d’un noir gothique rehaussé d’éclats lumineux d’opales et d’émeraude, la couleur de l’absinthe ("J’entends encor’ ce soir la triste mélodie / De l’idole invaincue au large front d’airain / Dans son baiser d’amour respire encore l’envie / De presser mon vieux cœur sur l’hiver de son sein"). Plusieurs poèmes sont consacrés à cette boisson mythique et maudite à laquelle il a consacré une partie de sa vie professionnelle ("La fée verte", "Gouttes brûlantes", "Célestes amers").

    Nous parlions de Rimbaud. L’auteur en fait le fil rouge du recueil à travers des photos inédites de sa composition. La patte de l’auteur du Bateau ivre est perceptible dans plusieurs textes, à l’instar du Miroir des noyés" ou du "Soir" ("Quand la nuit vient ici, on entend une absence / Neiger en fine pluie / Dans la forêt obscure… Un peu comme l’enfance / Depuis longtemps enfuie"). Dans "La Paresse", derrière lequel on reconnaîtra le magnifique et fulgurant classique de Baudelaire "Bien loin d’ici". Luc Loiseaux s’abandonne dans la contemplation : "L’indolente somnole en ses voiles de tulle / Dans un geste indolent / Elle trace dans l’air le contour d’une bulle… / Comme un enchantement".

    Lyrisme, romantisme et mysticisme baignent ce recueil où Luc Loiseaux montre que versification classique, alexandrins et sonnets peuvent retrouver toute leur place dans la littérature du XXIe siècle, une période qui a droit aux jugements acerbes de l’auteur : "Ce monde-ci n’est pas ma foi / Que gueuserie et que misère".  Sa réponse ? La beauté, mise en vers. Il fallait bien cela.

    Luc Loiseaux, Dans l'Ivresse des Brumes, éd. Unicité, 2024, 104 p.
    Préfacé par Jean Hautepierre
    https://www.facebook.com/luc.santiago
    https://www.editions-unicite.fr

    Voir aussi : "À fleur de Poe"
    "Rimbaud, sors de ce corps"
    "C’est le plus dandy des albums"

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