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chanteuse - Page 36

  • Voilà Marie

    Puisque l'on est entre nous, je dois vous avouer que Marie Cherrier fait partie depuis longtemps des auteurs dont je voulais parler sur ce blog. Elle est ce genre d'artiste qui vous accompagne des années durant, offrant une présence rassurante et revivifiante. Voilà donc cet article, voilà Marie, alors que sort en ce moment son quatrième album studio, L'Aventure

    Comment pourrait-on ne pas l'aimer, elle, son opiniâtreté à creuser son sillon artistique, son sens de l'écriture, ses saynètes (Le Curé, 7ème Ciel ou Café noir), ses mélodies et ses interprétations sensibles ?  La chanteuse poursuit son petit bonhomme de chemin, suivie par un public de fidèles, sans nier la difficulté à imposer son choix artistique  : "La poésie est à la rue, tant mieux. Que la télé d’aujourd’hui la boude est un certificat de noblesse. Dans ce camp je n’y suis ni par dépit, ni par calcul c’est sûr…, mais pour l’honneur" écrit-elle dans "Ils sont drôles eux",  un billet paru sur son site. 

    C'est loin des majors de disques, des télé-crochets, des impératifs commerciaux et de la facilité que Marie Cherrier travaille avec justesse ses textes et ses musiques, avec un style bohème (la parenté avec Zaz n'est pas absurde) et une voix assez proche de celle de Vanessa Paradis. Dans son premier disque, Ni Vue Ni Connue (2004), l'univers de Marie Cherrier était déjà là, tout entier : liberté revendiquée, orchestration acoustique, chansons denses, voix délicate.   

    S'il n'y avait qu'un album pour découvrir cette chanteuse originaire du Loir-et-Cher, je conseillerais son concert capté à La Cigale en 2008 (Live à La Cigale). On y retrouve les titres les plus représentatifs de Marie Cherrier : 7ème Ciel, La Funambule, Les Baleines, Le Curé, Marchand d'froufrous, Tourterelle, Les Pattes du Loup et surtout Le Temps des Noyaux. Ce titre sur les horreurs de la première guerre mondiale n'a pas été pour rien dans la notoriété de Marie Cherrier : "Alors là-d'ssus j'rejoint Prévert / L'temps des cerises ce que ça vaut / Quand la chair est tombée par terre / Démerde-toi avec les moineaux / Ces dames ont un chemin qui mène / A la mort pour les clafoutis / Imagine le tronche des gamelles / Gare aux quenottes, plantez les p'tits."

    Texte d'une incroyable puissance poétique, mélodie entêtante et voix posée avec justesse ont concouru à la reconnaissance d'une toute jeune artiste par le public, comme par ses pairs (que ce soit Francis Cabrel, Juliette Gréco ou Hubert-Félix Thiéphaine). Dans l'album Alors Quoi ?, son deuxième disque, un autre titre se distingue : Ben Alors Quoi ? Cette fois, la chanteuse fait un hommage autant qu'un portrait à charge de Renaud : " Je t'regrette le chanteur énervant / Bon, t'as le droit d'plus être énervé..." Un autre titre se dégage de cet opus, Pas d'ma Faute, une confession autobiographique sur une jeune femme revendiquant sa simplicité et sa vie ordinaire : "Je n'serai jamais le sujet d'une / Biographie et j'le regrette, / Je n'ai pas eu mauvaise fortune / dans le passé, faut qu'j'vive avec / Sûr que je manque d'intérêt / puisque je n'suis pas orpheline, / Puisque j'n'ai pas été trouvée / étant petite dans les épines..."

    En 2013, c'est épaulé par Michael Désir, un batteur expérimenté (il a travaillé avec Ayo ou Kéziah Jones) que Marie Cherrier propose un nouvel album, Billie, Billie n'étant autre que son double : "Voilà Billie avec ses grenades / Ses barricades / Ses injures au Monde entier / Mais Billie la haine en rade / V'là la paillarde / Amoureuse à ce qu'il paraît..."). Je dois avouer que j'ai été moins enthousiaste pour ce nouveau  enregistrement : plus enlevé et puisant dans des styles variés (rock, folk, coupé-décalé, pop, country, etc.) il me semble ne pas refléter exactement l'originalité de l'auteure, sauf lorsque cette dernière revient à des titres plus acoustiques. Ainsi, T'es Où ? n'est pas sans rappeler son apostrophe à Renaud, même si cette fois la chanteuse en appelle plus généralement au retour de la révolte et de l'engagement ("T'es où ? Parce que là, ça va pas. / Des Fantômes me hantent la Tête / Des Gandhi, Colucci, / Des poètes/ Des bandits honnêtes / Qui sauvaient la vie...")  

    En 2015, voilà Marie avec un nouvel album, L'Aventure, distribué loin des grands réseaux, avec passion mais non sans cet esprit de révolte : "Ils sont drôles eux… Mais enfin plus personne ne sait ce qu’est la lutte dans ce foutu métier ? Ils me disent de faire des reprises, qu’y a plus de subventions pour la chanson… Que le marché a changé…

    Sinon, nous rassure-t-elle, tout va bien pour elle, merci ; et pour nous aussi, du coup. 

    Marie Cherrier, L'Aventure, 2015
    http://mariecherrier.com


    Tout sur un plateau 03/04/15 Troisième Partie par tvtours

  • Diana Krall, Superstar

    Le bloggeur a en ce moment une âme de midinette. Après avoir goûté au duo glamour de Lady Gaga et Tony Benett, joue contre joue ("Cheek To Cheek"), c'est à une autre série de reprises qu'il s'intéresse, cette fois par une grande dame du jazz, Diana Krall.

    Son précédent album, Glad Rag Doll, piochait du côté du blues et de la comédie musicale. Cette fois, dans Wallflower, Diana Krall s'attaque au répertoire pop, rock et folk des années 60 et 70, avec deux exceptions cependant : "Don’t Dream It’s Over", une reprise des Crowded House (datant de 1986), "Feels Like Home", en duo avec Bryan Adams (de Chantal Kreviazuk, 1999) et le titre "If I take you home tonight", une nouveauté écrite par Paul Mc Cartney, dont il sera question un peu plus loin. 

    Dans Wallflower, la jazzwoman se fait crooneuse. Sa voix caresse chaque mot et chaque note, avec tact, élégance et sensualité. La chanteuse est accompagnée par une orchestration très classique : piano, cordes et quelques guitares et nous offre des versions soyeuses de "Desperado" (Eagles, 1973), "Sorry Seems To Be The Hardest Word" (Elton John, 1976) ou "I'm Not In Love" (10CC, 1975). Trois titres qui restent relativement fidèles aux originaux. 

    Reprise sans surprise ? Voire. Car l'auditeur est d'emblée cueilli à froid avec une interprétation langoureuse de "California Dreamin'" (1965). Mais là où les The Mammas & Papas se faisaient virevoltants, Diana Krall choisit la mélancolie. Mélancolie qui est le dénominateur commun de l'ensemble de l'album. Un album sans grande surprise diront les médisants, mais diablement efficace ! 

    Hormis "Desperado", Diana Krall reprend un autre titre des Eagles, "I Can’t Tell You Why" (1980). Les fans du groupe californien auront sans doute un peu de mal à retrouver le titre pop psychédélique original. La chanteuse en fait une relecture latinos et plus légère.  

    L'artiste nous propose des relectures, et parfois des découvertes aussi voire plus convaincantes que les versions originales : "Alone Again (Naturally)", en duo avec Michael Bublé (Gilbert O'Sullivan, 1972), "Superstar" (avec la version des Carpenters, 1971), "Operator (That's Not the Way It Feels)" (Jim Croce, 1972) ou "Wallflower" (Bob Dylan, 1971), qui donne le titre à l'album. 

    Au milieu de ces titres, qui fleurent bon la nostalgie, figure un titre original, "If I take you home tonight" de Paul Mc Cartney. Mélodie imparable, orchestration soignée et interprétation inspirée : tout concours à faire de ce titre un futur standard de la pop. Il confirme également que Paul Mc Cartney est sans doute le meilleur compositeur vivant et Diana Krall une superstar et l'une des plus belles voix actuelles. 

    Diana Krall, Wallflower, Verve, 2015

  • Héloïse à la fête

    Héloïse Letissier, alias Christine & the Queens a été, comme on s'y attendait, la grande gagnante des Victoires de la Musique 2015.

    En la consacrant artiste féminine de l'année et en récompensant son clip "Saint-Claude" (vidéo ci-dessous), l'académie des Victoires a consacré une artiste complète et exceptionnelle. 

    Un article était consacré à Christine & the Queens il y a quelques semaines sur ce blog : "La Reine Christine", que vous pouvez retrouver sur ce lien.

    Christine And The Queens, Chaleur humaine, Because Music, 2014
    http://www.christineandthequeens.com

  • La reine Christine

    Christine And The Queens a surgi l'année passé et n'est pas passée inaperçue. 

    C'est sans doute cette photo emblématique de Christine And The Queens qui a d'abord marqué les esprits : une jeune femme (la fameuse "Christine" n'a pas 30 ans), vêtue de noir jusqu'à ses chaussures, est assise sur un bloc blanc – le sol est de la même couleur – devant un fond bleu foncé. Elle porte à la main un bouquet et semble regarder avec mélancolie en direction d'un parterre de public. A priori, le Parisien qui découvrait durant l'année 2014 cette photo placardée dans les couloirs du métro aurait pu penser à la promotion d'un spectacle pour un groupe anglo-saxon, tant Christine And The Queens sonne so British

    Double erreur. Car ce que le grand public découvrait à travers ce cliché était la présentation du premier album de la Française (et Nantaise) Héloïse Letissier, Chaleur humaine. Artiste complète, compositrice, interprète, danseuse (ses chorégraphies sont reconnaissables entre mille, comme le clip "Christine" en bas de cet article le montre)Christine And The Queens a à ce point impressionné le public et les critiques que Chaleur Humaine a été salué comme un des meilleurs disques de 2014.   

    D'où peut tenir la magie d'une œuvre musicale ? Peut-être d'abord à ceci : qu'elle puisse nous faire entrer dans un univers inoubliable et unique. La voix de Christine, fragile et sans fioriture, touche par sa sensibilité. L'interprétation devient poignante et entêtante dans le fabuleux titre "Christine" : "Je fais tout mon make up / Au mercurochrome. / Contre les pop-ups / Qui m'assurent le trône". À lire ce extrait, l'internaute aura deviné l'autre qualité de "Christine" : des paroles travaillées et d'une grande puissance poétique  et où le symbolisme, comme l'engagement, ne sont jamais loin. L'auditeur curieux pourra même découvrir sur des forums mille et une interprétation de quelques-uns de ces textes (comme cet extrait de "Nuit 17 à 52" : "Là / Nuit 17 à 52 nous étions là / Toi / Allongé délié d'ornements froids / Moi / Dans une colère qui ne me ressemblait pas"). Qu'une artiste puisse susciter autant de commentaires et de gloses sur ses créations est en soi très bon signe. 

    Chaleur Humaine parvient, avec un grand sens de l'économie, à allier chanson française, pop anglo-saxonne, influence de la new wave, world music ("Science-Fiction"), slam ou électronique. Tout cela est travaillé avec goût : les violons du titre "Here", les passages slamés dans "Christine", les rythmiques et la voix éthérée dans "Saint-Claude", la simplicité apaisante de "Chaleur humaine" ("Ce gamin-là me montre tout / Et pointe du doigt la non-beauté  / Des nudités pour m'initier / Dans un sourire / A la chaleur humaine"), ou encore l'efficacité mélodique de "Nuit 17 à 52". 

    Rien de révolutionnaire, me direz-vous ? Sauf que cet ensemble marche à la perfection, couronnant sans doute "Christine" comme la reine de l'année 2014.

    Christine And The Queens, Chaleur humaine, Because Music, 2014
    http://www.christineandthequeens.com

     

  • Le bloggeur vous adresse ses vœux

    Puisque c'est d'actualité, c'est à mon tour de vous adresser mes vœux pour cette nouvelle année. Des expressions telles que "Bonne année 2015", "Vœux de santé, de bonheur et de prospérité" font florès. En ce qui me concerne, je ne peux que souhaiter que cette future année 2015 soit meilleure que 2014. Ce ne sera déjà pas si mal que cela.  

    Cette année passée a été importante pour ce blog qui, après sept ans d'existence, a pris une nouvelle jeunesse et a été entièrement refondu (comme d'ailleurs mon site Internet !). Depuis le mois de septembre, j'ai eu le plaisir de vous faire partager mes moments de lecture, de cinéma ou de découvertes et j'ai constaté avec plaisir que vous étiez nombreux à me suivre. Merci à vous !

    Je continuerai en 2015 à vous parler – de la manière la plus subjective qui soit ! – de mes découvertes, de mes passions et, pourquoi pas aussi, de mes coups de gueule. Je peux d'ores et déjà vous signaler quelques futurs billets : une série d'articles sur Stanley Kubrick, des critiques de musique classique et d'opéras (je vous parlerai notamment d'une époustouflante Lulu), un coup de projecteur sur Christine and the Queens pour commencer l'année et des billets sur plusieurs livres – récents et moins récents. 

    En somme, de bonnes résolutions pour 2015. 

  • La vie par les 2 bouts

    Je parlais précédemment de l'excellent album d'Alka, "La Première Fois", mis en musique par Benjamin Biolay : article "Suprême Alka".

    La chanteuse sort cette semaine son nouveau clip "La vie par les 2 bouts", un extrait de cet album. 

    Suprême Alka

  • Lady Gaga et Tony Bennett, joue contre joue

    On connaissait la Lady Gaga de Bad Romance, Poker Face ou de Telephone. Elle a pris tout le monde à contre-pied avec son l'album Cheek to Cheek, sorti il y a quelques mois et enregistré parallèlement à Artpop

    C'est accompagné du crooner américain Tony Bennett, une légende de l'autre côté de l'Atlantique, que la star "sexcentrique" (la "Picasso de la Musique" selon son acolyte) revisiste quelques unes des plus grands standards de jazz et de comédies musicales.

    Cette parenthèse est le fruit d'une rencontre a priori improbable entre deux artistes que tout éloigne. C'est cependant vite oublier que Stefani Germanotta – de son vrai nom – est une new-yorkaise pur jus, comme Tony Bennett, en plus d'avoir une culture musicale solide.  

    L'auditeur se pincera à l'écoute de cet album soigné, romantique à souhait et mettant en valeur la voix toujours assurée du crooner et la sensibilité d'une Lady Gaga que l'on ne connaissait pas. Et force est de constater que les deux stars, certes d'une génération différente (Tony Bennett en est à son 57e album!), sont en parfaite osmose. Le plaisir de chanter de ces deux-là est bien visible. 

    C'est à un retour musical dans le Broadway de Tony Bennett que nous invite le dernier disque de Lady Gaga :  "It Don' Mean A Thing (If It Ain't Got That Swing)", reprise d'un titre de Duke Ellington des années 30, "Sophisticated Lady", le grand classique de Billie Holiday interprété par Tony Bennett en solo, ou encore le standard "Cheek to Cheek", au swing irrésistible. 

    Cette création brillante à deux voix a été présentée comme une parenthèse dans la carrière de la popstar (si l'on excepte une tournée probable en Europe avec Tony Bennett en 2015) et comme une réussite artistique incontestable.

    On aurait tort de faire la fine bouche à l'écoute de Cheek to Cheek, un album sensuel qui invite à danser, joue contre joue.

    Lady Gaga et Tony Bennett, Cheek to Cheek, Polydor, 2014

  • Suprême Alka

    Alka sort cette semaine un clip pour son titre D'un amour à l'autre, issu de son premier album, opportunément nommé La Première fois (2013). Ce clip est visible à la fin de cet article et sur ce lien.

    Avant son arrivée fracassante sur la scène musicale, Alka Balbir n'était pas une inconnue : mannequin et actrice, elle avait été vue dans plusieurs longs et courts métrages. 

    Pour cette première réalisation musicale d'Alka, Benjamin Biolay est aux manœuvres. De A à Z, on retrouve la griffe et la sophistication du plus gainsbourien des artistes français. Cette remarque est d'autant plus vraie qu'Alka se révèle être une incarnation parfaite... d'Isabelle Adjani, une des nombreuses muses de Serge Gainsboug. 

    L'album d'Alka s'ouvre par le sombre, puissant et rythmé Bâtards suprêmes, à l'image du clip  tourné pour l'occasion. Ce titre mélodique à souhait nous parle des reclus et des rejetés de la société : "On est la rangée du fond / On est la télé du salon / On prône l'amour vagabond / On finira tous moribonds / (...) Bien fait pour toi / Bien fait pour moi". Le titre suivant poursuit cette même veine sombre : La vie par les deux bouts, moins enlevé, plus sec, plus houellebecquien aussi, semble clore cette première partie engagée. 

    Dans les tes titres suivants, c'est surtout d'amour dont il est question, d'amour et de séparation : Pas la peine de dire adieu, à la mélodie entêtante et syncopée, se veut la constatation d'une rupture, froidement et non sans un humour grinçant : "Puis t'es venu / Et là tu pars / Hier encore je caressais ta peau nue / Te voilà sur le départ / ... Reprend ton putain de ciel bleu..." Il est encore question d'amour impossible et vain dans le fameux D'un amour à l'autre. Soutenu par un rythme enlevé, une mélodie finement ciselée et une orchestration pop soignée. Alka met sa voix complètement à nu. C'est sur ce titre qu'elle se révèle la réincarnation vocale d'Isabelle Adjani. Les internautes curieux découvriront sur ce lien une interprétation acoustique réussie de ce morceau. 

    Tu m'aimes mal démarre comme une bleuette, avant de prendre son envol : "Tu m'aimes / Mal / Mais même / Sale / Même coûte que coûte / Même vaille que vaille". Les talents mélodiques de Biolay font merveille. Je m'en veux, peu convainquant, offre tout de même une jolie respiration musicale avant le formidable Qui je suis. Comme pour pour D'un amour à l'autre, l'influence de Gainsbourg et Adjani est criante dans cette chronique d'un amour fusionnel et cruel : "Toi qui sait tout à fait qui je suis / Toi qui vis au travers de ma vie / Toi qui fuis les mystères de l'ennui / Toi qui nuit gravement à ma vie". Alka se livre presque intimement, avec une voix tendue et sensuelle. Qui ne verrait pas une lointaine parenté avec le Pull Marine ? Le clip de cette chanson est visible ici.

    Dans La première fois, qui donne le titre de l'album, il est encore question de rupture, de ces premières fois déçues – et des dernières fois. Te satisfaire  offre la particularité d'être une déclaration d'amour enflammée et érotique. Il est également question d'érotisme dans La main dans le sac, qui est le constat d'un adultère : "Et toi / Oui toi / Où as-tu passé la nuit dernière ? / Et toi / Oui toi / Tu sens la femelle le foutre et la bière." Si l'influence de Gainsbourg peut être présente, disons qu'il s'agit du Gainsbourg des dernières années : noir, rugueux et provocateur.

    Ces deux titres précèdent la formidable ballade Besoin d'autre chose, où il est, de nouveau, question de séparation. La voix fragile d'Alka, soutenue sobrement par un piano, constate la fin d'un amour et encourage le départ de l'homme qu'elle aime à la quitter : "Va t-en si tu l'oses / Reprend la vie en rose / T'as besoin d'autre chose". Alors que Benjamin Biolay excelle là encore dans l'art de créer une mélodie inoubliable, l'interprète se livre avec une fragilité bouleversante, au bord de la rupture. L'album se clôt avec la reprise Les gens bien élevés, à l'origine une chanson interprétée par une autre muse de Gainsbourg, France Gall (cf. ce lien ici). Alka se fait cette fois mutine pour dire tout le mal – mais avec élégance ! – de son petit ami et surtout de celle qui le lui a volé : "Il est parti avec ma meilleure amie / Il l'appelle Mon petit Lutin / Mais c'est une jolie... / Qui a déjà vu passer sur son chemin la diligence l'autobus et le train... / Oui mais on ne s'est pas fâchés... / On est / Entre gens bien élevés."

    Cet album sombre et pessimiste se termine sur ce sourire. Que demander de mieux pour La Première Fois ? Une toute première fois réussie, avec la naissance d'une artiste majeure de la chanson. Je prends les paris.

    Alka, La première fois, Naïve Music/Naïve, septembre 2013