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Musiques - Page 106

  • Christine and The Queens, en anglais dans le texte

    Après l'album "Chaleur humaine" (voir cet article "La reine Christine"), Christine and the Queens, l'une des artistes de l'année 2014, traverse l'Atlantique.

    C'est aux Etats-Uni qu'Héloïse Letissier poursuit sa carrière avec le même premier album, qui a été réécrit en anglais pour le public américain. Dans cet album made in US, deux titres originaux ont été ajoutés, dont Jonathan et No Harl Is Done, avec le rappeur Tunji Ige.

    Les fans de Christine and the Queens ne seront pas dépaysés par le clip, épuré et basé sur une chorégraphie qui est la marque de fabrique de l'artiste nantaise.

    "La reine Christine"
    "Christine and The Queens : No Harm is Done"

     

  • Coupez le son

    L'affaire des prises de position pro-russe de la pianiste ukrainienne Valentina Lisitsa (voir l'article que je consacrais à ce sujet) a des conséquences inattendues. 

    Les compagnies aériennes KLM et Lufthansa ont retiré les enregistrements de l'artiste des playlists proposés dans leurs avions.

    Cette décision fait suite aux protestations de voyageurs (combien ? mystère...), ulcérés, semble-t-il, par les positions engagées (même si elles peuvent être critiquables) de Valentina Lisitsa. 

    Où il est encore question de liberté d'expression.

    "Lorsqu'une pianiste parle politique internationale"
    "Concerto pour piano seul"

     

  • Le sillon de GiedRé

    Parmi les personnalités fortes de la chanson française figure GiedRé.

    On donnerait le bon Dieu sans confession à cette pimpante et (fausse) candide blonde, originaire de Lituanie, arrivée dans le pays de Rabelais dès sa petite enfance. Aujourd'hui, elle est en passe de réussir à faire entendre sa voix à travers une démarche artistique originale qui gagne à être connue. 

    Car GiedRé – de son vrai nom Giedré Barauskaitsē. – a tracé un sillon relativement peu exploité dans la chanson française : celui de la grivoiserie – un choix encore plus rare chez les femmes. D'autres artistes avant elle s'étaient essayés avec plus ou moins de bonheur, à commencer par Serge Gainsbourg (Love on the Beat). 

    Le piège de ce genre de répertoires est de s'enferrer dans des compositions et des interprétations lourdes, pour ne pas dire putassières. Or, rien de tout cela avec GiedRé. Que l'on accroche ou pas à cette chanteuse atypique, on ne peut qu'admettre son audace, son sens de la provocation et cette manière candide d'aborder des thèmes graves ou sulfureux (la prostitution, le suicide, la sodomie ou le handicap). Les sujets de GiedRé ne font pas dans la dentelle : On Fait Tous Caca, L'Amour Par Derrière ou Meurs. Derrière ces choix, il y aussi le travail artisanal, la précision des textes, la délicatesse de la voix mais aussi l'engagement féministe de GiedRé (Toutes Des Putes).

    J'ai évoqué le terme d'artisanal. Il n'est pas galvaudé. La chanteuse travaille seule, trace son sillon avec pugnacité (six albums produits en deux ans !) et sans se soucier de la bienséance. Elle n'a souvent pour tout accompagnement qu'une guitare sèche et une boîte à rythmes, du moins jusqu'à la sortie du bien nommé Mon Premier Album Avec D'Autres Instruments Que Juste La Guitare (2014). De même, jusqu'à récemment, outre l'auto-production (couronnée de succès), elle assurait elle-même la distribution de ses disques grâce à son site Internet, faisant ainsi la nique aux maisons de disques. 

    GiedRé a cependant vu les festivals et les plateaux de télévision lui ouvrir leurs portes, en dépit de sa réputation sulfureuse. Car derrière la truculence se cache un talent exceptionnel mais aussi un engagement certain (Pisser Debout, Ode à la Contraception, Et Toc). La grivoiserie au service de nobles causes, en somme.  

    GiedRé, Mon Premier Album Vendu Dans Les Vrais Magasins, 2013
    GiedRé, Ma Première Compil', 2014
    GiedRé, Mon Premier Album Avec D'Autres Instruments Que Juste La Guitare, 2014
    http://www.giedre.fr

  • Scott Ross, la rock-star du clavecin

    Scott Ross, je l'ai découvert il y a quelques années, à la faveur d'une pièce d'Antoine Forqueray, Jupiter. Un choc inoubliable ! Dès la première écoute, l'auditeur est happé par la puissance de cette interprétation. 

    Scott Ross, claveciniste américain décédé en France du VIH à l'âge de 38 ans, détonnait par son look de rock-star et a contribué à populariser le clavecin. Oublions deux secondes son allure vestimentaire. Comme pour Glenn Gould, décédé six ans plus tôt (voir aussi cet article), c'est autant ses postures qui ont séduit ses contemporains que ses interprétations inspirées du répertoire baroque. Des interprétations colorées et dépoussiérant un genre considéré à tort comme élitiste et ringard. Grâce à Scott Ross, le clavecin n'était plus cet objet  intimidant et vieillot mais un instrument moderne, plein de fougue et de couleurs. 

    Un disque paru chez Erato, un enregistrement compilant des œuvres de Bach, Scarlatti, Haendel et Soler (mais pas Forqueray) permet de se faire une idée du génie de Scott Ross, l'homme qui est parvenu à faire du clavecin un instrument tour à tour divin et démoniaque. 

    L'album rassemble des pièces peu connues du grand public, à l'exception peut-être du Concerto italien de Bach. Scott Ross y étale sa virtuosité, son sens du rythme et sa fougue. La Sonate en ré mineur K9 de Domenico Scarlatti invite à découvrir le compositeur fétiche de Scott Ross, qui enregistra ses 555 sonates pour clavecin (en 1984, Ross en écrivit et en interpréta une 556e, un pastiche qui mystifia le public de l'époque). Alors que la passacaille de la Septième Suite de Haendel propose un moment contemplatif, l'air de la Cinquième Suite allie l'assurance à la vivacité. Cet album de compilation de Scott Ross, une excellente introduction à cette "rock-star du clavecin", se termine par deux pièces enlevées et mélodieuses d'Antonio Soler, un compositeur classique espagnol redécouvert par Scott Ross. 

    Fermez les yeux, plongez dans ce disque et redécouvrez celui qui reste le plus Français des interprètes américains. 

    L'Art de Scott Ross: Bach-Scarlatti-Handel–Soler, Erato, 2002
    http://scott.ross.voila.net

  • Lorsqu'une pianiste parle politique internationale

    J'avais parlé il y plusieurs mois de la pianiste ukrainienne Valentina Lisitsa, géniale interprète du 2ème concerto pour piano de Rachmaninov, retranscrit pour piano seul ("Concerto pour piano seul"). 

    C'est sur le terrain de la politique internationale que l'on retrouve cette artiste. 

    En affichant sur Twitter sa défiance à l'égard du pouvoir ukrainien en place, alors que ce pays est en guerre civile contre les russophones ukrainiens, Valentina Lisitsa s'est attirée les foudres de toute part. Le Toronto Symphony Orchestra (TSO) a même annulé un concert en avril 2015, nous apprend la revue Diapason.   

    En se frottant à un sujet particulièrement chaud (le conflit entre la Russie et l'Ukraine), la pianiste a découvert ce qu'il lui en coûtait d'afficher des opinions n'allant pas dans le sens de la diplomatie internationale. "Je pensais que ce genre de chose n'arrivait qu'en Turquie, à Fazil Say", a-t-elle remarqué, en référence aux déboires du pianiste turc, condamné pour blasphème dans son pays. Valentina Lisitsa pose en même temps la question de la liberté d'expression. Et Diapason de s'interroger : "Quelle liberté pour les artistes s'exprimant publiquement ?

    Valentina Lisitsa n'a pourtant pas rendu les armes et poursuit son engagement aux côtés des russophones ukrainiens.

  • Le temps des noyaux

    Je parlais il y a quelques jours de Marie Cherrier, chanteuse et artiste talentueuse, suivie par des fidèles inconditionnels (voir cet article). Plusieurs internautes ont réagi à cet article et spécifiquement à l'une des plus belles créations de Marie Cherrier, la chanson Le Temps des Noyaux.

    Ce bouleversant hommage aux soldats anonymes de la première guerre mondiale - dont nous commémorons en ce moment le centenaire - a été mis en image dans un somptueux clip en noir et blanc, avec une nouvelle version musicale (vidéo ci-dessous).      

  • Voilà Marie

    Puisque l'on est entre nous, je dois vous avouer que Marie Cherrier fait partie depuis longtemps des auteurs dont je voulais parler sur ce blog. Elle est ce genre d'artiste qui vous accompagne des années durant, offrant une présence rassurante et revivifiante. Voilà donc cet article, voilà Marie, alors que sort en ce moment son quatrième album studio, L'Aventure

    Comment pourrait-on ne pas l'aimer, elle, son opiniâtreté à creuser son sillon artistique, son sens de l'écriture, ses saynètes (Le Curé, 7ème Ciel ou Café noir), ses mélodies et ses interprétations sensibles ?  La chanteuse poursuit son petit bonhomme de chemin, suivie par un public de fidèles, sans nier la difficulté à imposer son choix artistique  : "La poésie est à la rue, tant mieux. Que la télé d’aujourd’hui la boude est un certificat de noblesse. Dans ce camp je n’y suis ni par dépit, ni par calcul c’est sûr…, mais pour l’honneur" écrit-elle dans "Ils sont drôles eux",  un billet paru sur son site. 

    C'est loin des majors de disques, des télé-crochets, des impératifs commerciaux et de la facilité que Marie Cherrier travaille avec justesse ses textes et ses musiques, avec un style bohème (la parenté avec Zaz n'est pas absurde) et une voix assez proche de celle de Vanessa Paradis. Dans son premier disque, Ni Vue Ni Connue (2004), l'univers de Marie Cherrier était déjà là, tout entier : liberté revendiquée, orchestration acoustique, chansons denses, voix délicate.   

    S'il n'y avait qu'un album pour découvrir cette chanteuse originaire du Loir-et-Cher, je conseillerais son concert capté à La Cigale en 2008 (Live à La Cigale). On y retrouve les titres les plus représentatifs de Marie Cherrier : 7ème Ciel, La Funambule, Les Baleines, Le Curé, Marchand d'froufrous, Tourterelle, Les Pattes du Loup et surtout Le Temps des Noyaux. Ce titre sur les horreurs de la première guerre mondiale n'a pas été pour rien dans la notoriété de Marie Cherrier : "Alors là-d'ssus j'rejoint Prévert / L'temps des cerises ce que ça vaut / Quand la chair est tombée par terre / Démerde-toi avec les moineaux / Ces dames ont un chemin qui mène / A la mort pour les clafoutis / Imagine le tronche des gamelles / Gare aux quenottes, plantez les p'tits."

    Texte d'une incroyable puissance poétique, mélodie entêtante et voix posée avec justesse ont concouru à la reconnaissance d'une toute jeune artiste par le public, comme par ses pairs (que ce soit Francis Cabrel, Juliette Gréco ou Hubert-Félix Thiéphaine). Dans l'album Alors Quoi ?, son deuxième disque, un autre titre se distingue : Ben Alors Quoi ? Cette fois, la chanteuse fait un hommage autant qu'un portrait à charge de Renaud : " Je t'regrette le chanteur énervant / Bon, t'as le droit d'plus être énervé..." Un autre titre se dégage de cet opus, Pas d'ma Faute, une confession autobiographique sur une jeune femme revendiquant sa simplicité et sa vie ordinaire : "Je n'serai jamais le sujet d'une / Biographie et j'le regrette, / Je n'ai pas eu mauvaise fortune / dans le passé, faut qu'j'vive avec / Sûr que je manque d'intérêt / puisque je n'suis pas orpheline, / Puisque j'n'ai pas été trouvée / étant petite dans les épines..."

    En 2013, c'est épaulé par Michael Désir, un batteur expérimenté (il a travaillé avec Ayo ou Kéziah Jones) que Marie Cherrier propose un nouvel album, Billie, Billie n'étant autre que son double : "Voilà Billie avec ses grenades / Ses barricades / Ses injures au Monde entier / Mais Billie la haine en rade / V'là la paillarde / Amoureuse à ce qu'il paraît..."). Je dois avouer que j'ai été moins enthousiaste pour ce nouveau  enregistrement : plus enlevé et puisant dans des styles variés (rock, folk, coupé-décalé, pop, country, etc.) il me semble ne pas refléter exactement l'originalité de l'auteure, sauf lorsque cette dernière revient à des titres plus acoustiques. Ainsi, T'es Où ? n'est pas sans rappeler son apostrophe à Renaud, même si cette fois la chanteuse en appelle plus généralement au retour de la révolte et de l'engagement ("T'es où ? Parce que là, ça va pas. / Des Fantômes me hantent la Tête / Des Gandhi, Colucci, / Des poètes/ Des bandits honnêtes / Qui sauvaient la vie...")  

    En 2015, voilà Marie avec un nouvel album, L'Aventure, distribué loin des grands réseaux, avec passion mais non sans cet esprit de révolte : "Ils sont drôles eux… Mais enfin plus personne ne sait ce qu’est la lutte dans ce foutu métier ? Ils me disent de faire des reprises, qu’y a plus de subventions pour la chanson… Que le marché a changé…

    Sinon, nous rassure-t-elle, tout va bien pour elle, merci ; et pour nous aussi, du coup. 

    Marie Cherrier, L'Aventure, 2015
    http://mariecherrier.com


    Tout sur un plateau 03/04/15 Troisième Partie par tvtours

  • Deux chanteurs d’exception parmi les victimes de l’A320

    Le monde de l’opéra est en deuil. Parmi les 150 victimes de l’Airbus A320 de la Germanwings, figurent deux artistes lyriques, Oleg Bryjak et Maria Radner, ajoutant un cran supplémentaire  à cette tragédie aérienne.

    Né au Kazakhstan en 1960, Oleg Bryjak fait le début de sa carrière de baryton-basse dans son pays avant de rejoindre l’Ukraine puis l’Allemagne.  En 1990, il obtient le 2e Prix du Concours international Sylvia-Gesty à Stuttgart. Il est engagé l’année suivante dans l’opéra de Karlsruhe puis à Düsseldorf depuis 1996. Son site nous apprend l’éventail des rôles qu’il a pu tenir au cours de sa carrière : Falstaff, Rigoletto, Leporello (Don Giovanni), Scarpia (Tosca), Warlaam (Boris Godounov), Boris Ismailov (Lady Macbeth de Mtsensk) et surtout dans le rôle d’Alberich dans la Tétralogie de Wagner (l’Or du Rhin, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux). Il s’est produit dans toutes les grandes scènes internationales : le Staatsoper de Vienne, le Chicago Lyric Opera, le Royal Albert Hall à Londres ou le Covent Garden. 

    Maria Radner, contralto allemande, était née en 1981. Après une formation brillante à Düsseldorf, c’est en 2008 que sa carrière explose, sous la direction du chef Zubin Mehta. La même année, elle impressionne déjà les critiques par son interprétation de Solomon dans l’opéra éponyme d’Haendel ("elle éclipse les autres chanteurs", est-il dit). Les années suivantes, elle multiplie les opéras majeurs, souvent de Richard Wagner, comme les directions prestigieuses : Parsifal par Lorin Maazel, Jeanne d’Arc au Bûcher (Honnegger) par Antonio Pappano, Le Crépuscule des Dieux par Simon Rattle, Elektra (Richard Strauss) par Daniele Gatti, qui la dirige également dans la 2e Symphonie de Gustav Mahler en 2010. À partir de 2012, Maria Radner chante pour le Metropolitan Opera à New-York, notamment dans Le Crépuscule des Dieux, toujours de Richard Wagner, un compositeur qu'elle affectionnait. 

    Les deux artistes étaient de retour de Barcelone où ils venaient de terminer une représentation de Siegfried au Gran Teatre del Liceu. Maria Radner était pour l’occasion accompagnée de son mari et de son bébé. Tous ont été victimes (comme les 146 autres passagers) de la folie meurtrière du copilote Andreas Lubitz, aujourd'hui l'homme le plus détesté d'Europe.  

    "Crash de l'A320: le monde de l'opéra en deuil", Lefigaro.fr, 25 mars 2015
    http://www.olegbryjak.com
    Page Wikipedia sur Maria_Radner