Essai & BD ••• Patrice Guérin, Hergé face à son Fétiche
Un art peut en cacher un autre
Le catalogue édité pour le programme de l’opéra Nantes-Angers pour la saison 2017-2018 réserve une divine surprise.
Bien entendu, les passionnés d’art lyrique découvriront les futurs rendez-vous de l’illustre maison ligérienne pour la saison prochaine : une Damnation de Faust de Berlioz, un Fidelio de Beethoven, une nouvelle production du Couronnement de Popée de Monteverdi ou un Rinaldo d’Haendel conduit par Bernard Cuiller.
Le bloggeur entend cependant s’arrêter sur ce qui fait le vrai plus de ce catalogue : ses illustrations. Bien entendu, le choix promotionnel de faire appel à un artiste photographe pour les catalogues lyriques n’est pas nouveau et d’autres établissements lyriques ont suivi cette mode. L’Opéra de Paris propose ainsi d’épais et classieux programmes, souvent enrichis de clichés au minimalisme qui peut d’ailleurs laisser perplexe.
Pour la saison 207-2018, l’opéra de Nantes a choisi Nicolas Dhervillers, un photographe internationalement reconnu pour son sens du lyrisme et de la mise en scène.
Pour le programme musicale de l’établissement nantais, la série Detachment, dont est tirée la majorité des photos, nous transporte dans des paysages grandioses et aux mises en scène picturales (par exemple l’illustration pour Mam’zelle Nitouche de Hervé). Les personnages y semblent soit contemplatifs, soit perdus (la couverture du catalogue). L’illustration pour Fidelio rappellera sans doute les paysages de neige de l’impressionniste norvégien Frits Thaulow, mis à l’honneur lors du dernier Normandie Impressionniste.
Une photographie de la série Road Movie illustre La Damnation de Faust, cette fois dans une scène que l’on croirait sortie d’un film noir américain. Quant au cliché choisi pour illustrer le Rinaldo d’Haendel, il n’est pas sans rappeler la patte du réalisateur français Fabrice Gobert (Les Revenants, Simon Wemer a disparu).
Ajoutons aussi, non sans une pointe de regret, qu’un Pelléas et Mélisandre aurait été un dernier et superbe clin d’œil à l’adresse de Nicolas Dhervillers, lui dont les clichés oniriques font le pont entre le symbolisme (une photo tirée de la série Hommages pour le spectacle Atys en Folie) et la modernité (My Sentimental Archives pour Les P’tites Michu).
L’Opéra de Nantes a créé un catalogue pour faire découvrir sa programmation musicale, et c’est sur un photographe que nous nous enthousiasmons. Comme quoi, un art peut en cacher un autre.
http://www.angers-nantes-opera.com
http://www.nicolasdhervillers.com
Nicolas Dhervillers à Kansas City, Missouri, USA, du 1er septembre au 28 octobre 2017,
à la Fondation Louis Moret, Martigny, Suisse, du 9 septembre au 15 octobre 2017,
à la galerie Hiltauwsky, Berlin, du 23 novembre 2017 au 15 janvier 2018
© Nicolas Dhervillers