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  • Beethoven, un jeune compositeur très ambitieux

    Œuvres de jeunesse de Ludwig van Beethoven, les six premiers quartets du compositeur allemand sont catalogués comme son opus 18. Ils ont été composés entre 1799 et 1801. À l’époque, Beethoven, âgé d’une trentaine d’années, entreprend de revisiter un genre archi-classique que dominaient son maître Haydn et Mozart, mort quelques années plus tôt. L’ambition de Beethoven est patente et le natif de Bonn ne va pas manquer de confirmer son talent par la suite. L’histoire raconte que Beethoven répond à une commande du Prince Lobkowitz et que le compositeur allemand est en concurrence avec… Haydn lui-même qui n’a finalement pu honorer l’écriture de ces quartets. L’enregistrement en 3 CD de ces six quatuors est proposé par le Calidore String Quartet, avec Jeffrey Myers et Ryan Meehan (violons), Jeremy Berry (alto) et Estelle Choi (violoncelle).

    Beethoven surfe encore à l’époque sur le classicisme XVIIIe siècle. Il y a ces envolées et ces lignes mélodiques mozartiennes de l’allegro con Brio du Premier Quartet en fa majeur. Le Beethoven génial sort pourtant de son cocon dans un deuxième mouvement Adagio affettuoso e appasionato préromantique. Il y a de l’expressivité et de l’enthousiasme (Allegro) dans ce premier quatuor écrit en 1799.

    Beethoven se pare des costumes du XVIIIe siècle (Allegro du 2e Quartet en ré majeur) pour mieux s’approprier cette musique de chambre. Les notes virevoltent dans une construction beaucoup plus sophistiquée qu’il n’y paraît. Beethoven happe l’auditeur avec ses mouvements mêlant passion romantique et enthousiasme (le vibrant Adagio cantabile du 2e Quartet), sans oublier la légèreté (Scherzo et Allegro, 2e Quartet) et l’insouciance de l’Allegro molto, quasi presto de la même pièce.  

    Beethoven fait sortit la musique de chambre des salons bourgeois

    Le 2e CD contient les 3e et 4e Quartets, toujours opus 18. C’est un Beethoven enthousiaste et juvénile qui est à l’œuvre, toujours fidèle à une fibre classique (Allegro du 2e Quartet), mais non sans tensions ni moments pathétiques.

    Romantique, Beethoven l’est dans le 3e Quatuor, élégant, touchant et avec une évidence qui en fait l’un de ses chefs d’œuvre. L’ensemble Calidore String Quartet joue à l’unisson sans qu’aucun instrument ne prenne le dessus (Allegro). L’Andante con motto, méditatif, n’est sans légèreté. Beethoven avait à cœur, disent les musiciens de l’ensemble, de ne pas composer que pour une élite mais pour toute la population. Après un court mouvement Allegro plein de rondeurs, Beethoven nous embarque dans un Presto révolutionnaire dans son essence, tourmenté et d’une grande modernité.

    Le 4e Quartet en do mineur commence Allegro, telle une série de danses. Compositeur populaire, Beethoven fait sortir la musique de chambre des salons bourgeois et aristocrates. L’Andante scherzoso quasi Allegretto s’écoute comme une jolie digression amoureuse, avant un Menuetto revisitant une danse typique typique du XVIIIe siècle. Beethoven en fait un mouvement nerveux et aux assauts répétés. Pas de demi-mesure mais du sentiment, de la passion et une soif de vivre. L’Allegretto Prestissimo vient conclure cette pièce et le 2e CD dans la fougue et des rythmes de danses dont s’empare avec enthousiasme le Calidore String Quart.Le 3e CD complète l’enregistrement de l’opus 18.

    Avec ces pièces de musique de chambre, Beethoven a revigoré un genre. L’Allegro du 5e Quartet en la majeur virevolte. Il faut toute la virtuosité de l’ensemble new-yorkais pour venir à bout d’un mouvement aussi tonique. Beethoven a beau revenir à ses "classiques" – l’élégant et non moins majestueux Menuet –, il s’affirme dans ses élans romantiques irrésistibles avec un mouvement Andande cantabile se permettant même une cavalcade réjouissante et redoutable… pour les interprètes. Incroyable de modernisme pour l’époque. Le Quatuor en la majeur se termine avec un Allegro tout aussi vif, semblant faire le lien avec classicisme mozartien et romanisme.

    Le 6e Quartet en si bémol majeur vient clore le 3e CD et le coffret de cet opus 18. Beethoven y fait preuve du même tempérament enthousiaste (l’éclatant et alerte Allegro con brio). L’Adagio de ce quartet se distingue par son élégante ligne mélodique comme par son raffinement qui nous renvoie aux salons allemands de la fin du XVIIIe siècle. L’auditeur sera séduit par le court (3 minutes 12), coloré et nerveux Scherzo et Allegro. Le coffret et les six premiers quartets se terminent par le singulier et bouleversant mouvement Malinconia, suivi de son Allegro. La Malinconia s’écoute comme le dialogue entre deux personnages, l'un mélancolique et hésitant, l'autre jovial et entreprenant. Un troisième personnage (Allegro) vient s’immiscer entre les deux premiers, donnant à ce mouvement incroyable l’aspect d’une pièce de théâtre tragi-comique.

    Ces quatuors "de jeunesse" furent très probablement composés dans l'ordre suivant : 3, 1, 2, 5, 4, 6. En proposant un ordre à la fois logique (1, 2, 3, 4, 5, 6) et inverse des dates de composition, le Calidore String Quartet entend terminer par le mouvement le plus spectaculaire et le plus théâtrale. Pour appuyer ce choix, le livret repend à son compte une citation de TS Eliot dans son recueil Quatre Quatuors : "Ce que nous appelons le début est souvent la fin / Et faire une fin, c'est faire un commencement / La fin est l'endroit d'où nous commençons". Voilà qui est " tout à fait beethovénien" !

    Beethoven, The Early Quartets, Calidore String Quart, Signum Classics, 2025
    https://www.calidorestringquartet.com

    Voir aussi : "Haydnissimo !"
    "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"
    "À Beethoven, l’humanité reconnaissante"

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  • George Eliot, une femme libre sous le règne rigide de Victoria

    george-eliot.jpgGeorge Eliot (1819-1880), de son vrai nom Mary Anne Evans, est un auteur britannique du mouvement victorien.

    Issue d’un milieu modeste, elle doit vivre avec la rigidité de la société anglaise, aux couches sociales très hiérarchisées. Elle y résiste grâce à l’école, à la découverte des arts et de la philosophie, aux voyages en Europe mais aussi aux relations considérées comme scandaleuses qu’elle entretient avec le philosophe et journaliste George Henry Lewes. Cette union libre et affichée est mal perçue et oblige la jeune femme à se tenir à l’écart de la société londonienne.

    À l’âge de 37 ans, elle écrit son premier ouvrage, Amos Barton, le premier volet des Scènes de la Vie du Clergé. Elle choisit un pseudonyme masculin, George Eliot, afin d’être mieux perçue par les critiques. Elle révèle sa véritable identité après la parution de son roman Adame Bede qui s’avère un succès. S’ensuivent une vingtaine d’ouvrages, dont Le Moulin sur la Floss (1860) et Middlemarch (1872). Ces deux derniers livres, considérés comme ses chefs d’œuvre, impose George Eliot comme une figure majeure de la littérature victorienne. Elle y excelle dans son art du réalisme, de l’érudition, de l’humour et de l’observation psychologique.     

    Ce qu'elle a pu écrire :

    "Il n’est jamais trop tard pour devenir ce que nous aurions pu être."

    "Examinez bien vos paroles et vous trouverez que, lors même que vous n’avez aucun motif d’être faux, il est très difficile de dire l’exacte vérité."

    "Les femmes heureuses, comme les nations heureuses, n'ont pas d'histoire."

    "Elle est comme les autres femmes. Elle croit que deux et deux feront cinq si elle pleure assez longtemps et fait assez d'histoires."

    "Nos actions agissent sur nous tout autant que nous agissons sur elles."

    "Dieu nous juge tous entiers et d'un regard, et non pas comme les hommes, sur des sentiments et des actes isolés."

    "Lors même que vous n’avez aucun motif d’être faux, il est très difficile de dire l’exacte vérité."

    "Les animaux sont des amis tellement agréables - ils ne posent jamais de questions, ils ne font aucune critique."

    "Nous sommes volontiers meilleurs pour les bêtes qui nous aiment que pour les femmes qui nous aiment. Est-ce parce que les bêtes ne parlent pas ?"

    "On prend parfois comme une mauvaise habitude d'être malheureux."

    "Pour récolter plus de roses, il suffit de planter plus de rosiers." 

    "Béni soit l'homme qui, n'ayant rien à dire, s'abstient d'en administrer la preuve en paroles !"

    "Je ne nie pas que les femmes soient stupides ; Dieu Tout Puissant les fit l’égal des hommes."

    "Nos actions sont comme nos enfants, qui vivent et agissent en dehors de notre propre volonté."

    "Une différence de goût en matière de plaisanteries gâte l’amitié." 

    "Une erreur vigoureuse et vigoureusement cultivée entretient du moins les germes de la vérité."