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bernard tanguy

  • De BT93 à BT2023

    Voilà une des plus étonnantes résurrections du rock français. Au début des années 90, un artiste inconnu se faisant appeler BT93 envoie, sous format K7, la maquette d’un album à plusieurs maisons de disque indépendantes. Le projet se heurte à des refus polis mais, très vite, ladite maquette commence à se faire connaître en dehors de tous les circuits traditionnels (nous sommes quelques années avant le développement de l’Internet et, évidemment, les réseaux sociaux n’existent pas). L’album BT93 devient culte mais le musicien – qui chantait "La hiérarchie chie" – se range des voitures.

    Après un revival en 2020 de son album éponyme (réédité grâce à Frédéric Lo), revoilà BT93 – alias Bernard Tanguy, ex-cadre à La Défense, puis entrepreneur avant de devenir cinéaste primé – de retour avec BT2023.  Sainte Victoire a réalisé l’opus et s’est chargé, en collaboration avec le principal intéressé, des chœurs, des synthés et des arrangements.

    Dès l’ouverture, le titre "BT93", autoportrait musical, on se trouve projeté au début des années 90 : les synthés, les rêves de carrière musicale, le travail de bureau et une tenace impression d’avoir été pris au piège : "’La hiérarchie chie’ je l’ai dans le baba / J’ai créé ma boîte la hiérarchie c’est moi".  

    Est-ce à dire que BT93 a enterré ses espoirs ? Non, répond il, ça mettra un peu plus de temps qui assume avec fierté son pseudo, tout en assumant son  parcourt : "Il manque une dimension aux artistes qui n’ont jamais bossé dans un bureau". Dans un talk-over très eighties, "Où sont les puristes ?", "Où sont les altruistes ?" interroge le musicien qui se fait défenseur des poètes, des humanistes et des rêveurs – en un mot des vrais artistes – dans un monde qui semble ne pas fait pour eux ("Les altruistes").

    "Il manque une dimension aux artistes qui n’ont jamais bossé dans un bureau" 

    Avec "Sentiment vague", nous sommes dans un son lo-fi résolument ancré dans la première moitié des années 90. BT93 chante la mélancolie ("C’est un trait qui nous unit") et l’amour tout sauf mièvre et tendre. Plutôt âpre et sans concession. Encore plus touchant et personnel, "Les doigts de la main » est une déclaration d’amour passionnée et une confession de la part d’un "pauvre quinca ado qui déraille". L’auditeur gouttera avec plaisir un morceau pop influencé par des sons country.

    Plus léger et joyeux, l’instrumental "Festival" peut s’écouter comme les réminiscences d’un de ces festivals pop-rock dont l’ouest de la France est si friand.

    À côté du titre engagés et sans concession "CNC", "François I miss you" est la contribution d’un cinéaste (Parenthèse en 2016) pour François Truffaut. BT93 égraine ses films et ses personnages mythiques, dont évidemment François Doisnel. Il est toujours question cinéma avec le titre "Le boulet de l’art et essai" qui retrace le parcours sans concession de Bernard Tanguy, après dix ans dans ce milieu et la création de courts-métrages primés (un Grand Prix Unifrance et un César, tout de même).

    Poète et artiste gothique, BT93 l’est assurément. Pour preuve, le titre très fin de siècle "Mauvais rêve", sur un son pop là encore très années 80, avec un son synthétique et la voix de Sainte Victoire, hantant cet étrange morceau.

    Le rock est omniprésent dans "BT2023", à l’instar du météporite "Ventemiglia Despair". L’auditeur saluera le travail sur le texte, ode à la liberté et à l’insouciance, mis en valeur par le parlé-chanté de BT93 et les chœurs aériens de Sainte Victoire.

    L’album se clôt avec un séduisant et mélancolique duo avec Sainte Victoire ("Tu m’as aimé"). Voilà qui conclue de la plus belle manière le deuxième opus d’un artiste à la carrière passionnante. 

    BT93, BT2033, Dragon Accel / Modulor, 2023
    https://www.facebook.com/BT93.music
    https://www.instagram.com/BT93.music

    Voir aussi :"BT93 ou le miracle d’une résurrection"

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  • Hum Hum, duo né du cinéma

    Sophie Verbeeck est la voix de Hum Hum. Si cette chronique s’ouvre sur cette précision c’est qu’indéniablement son timbre marque les esprits dans le premier EP du duo qu’elle forme avec Bernard Tanguy.

    Blueberries, le premier titre qui ouvre l’album du même nom, respire une pop très nineties au goût sucré, avec une belle élégance et des plages poétiques incroyables, à l’exemple de l’onirique Rêves clandestins : "Je suis partie prenante à des rêves clandestins / Mon humeur vagabonde et se pose pour un rien / J’ai le cœur qui abonde et qui épie le tien / J’ai le cœur qui abonde des affects assassins."

    Une belle élégance et des plages poétiques incroyables

    Sophie Verbeeck n’est pas tout à fait une inconnue, pas plus du reste que Bernard Tanguy. Les deux se sont rencontrés sur un plateau de cinéma, l’un dirigeant l’autre dans le film À Trois on y va (2015). L’actrice belge (également vue dans Les Provinciales), devenue musicienne pour le duo Hum Hum qu’elle a lancé avec son complice, prend à bras le corps ce premier EP, avec conviction, audace et un plaisir évident.

    Pop anglaise ou pop française – ou plutôt franco-belge ? Impossible de trancher. Le léger accent frenchy dans Poetry a tout pour séduire le public anglo-saxon.

    Ce premier EP est un vrai petit diamant brut, dont les textes ont été écrits par Sophie Verbeeck elle-même. La chanteuse et Bernard Tanguy se sont bien trouvés. On attend leur premier album avec impatience. Eux aussi, sans doute.

    Hum Hum, Blueberries, Water Music, 2019
    https://www.facebook.com/humhum.music

    Voir aussi : "Numéro un"

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