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  • Vanished Souls, les enfants du rock

    Les Vanished Souls, ont décidé de faire un sort au rock à papa. Pas de parti pris chez ces quatre petits Français découverts en 2013, qui sortent en mars leur nouvel album éponyme : le maître mot de cet opus est de s’aventurer sur la route longue, sinueuse et passionnante du rock et de ses nombreux dérivés. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les surprises sont nombreuses.

    DriX, Svein, Fred et Yann Forléo ne cachent pas leurs références musicales – et pop-rock – tous azimuts , que ce soit Radiohead, My Bloody Valentine, Archive, Sigur ros ou Pink Floyd.

    Pink Floyd, justement. Les Vanished Souls sont particulièrement convaincants dans leurs titres pop et psychédéliques, à l’instar de Between us and everything, No suffering ou You’re not alone. Que les VS marchent sur les pas de la bande à David Gilmour est un euphémisme.

    Dans Ghosts, digne d’une BO de film fantastique, l’auditeur se laisse porter par des étrangetés diablement séduisantes : ectoplasmes dansants, voix d’outre-tombe et cordes envoûtantes.

    Sur les pas de la bande à David Gilmour

    C’est un rock franc, mais tout autant psychédélique, qui est proposé dans My ROM : architecture de cordes séduisante, voix aériennes et riffs de guitares détonants. Tout aussi aussi robuste, figure le très efficace 3 :42, à la mélodie entêtante et à écouter à plein volume. Pour ce morceau, les Vanished Souls ont fait réaliser leur clip par Rachid Dhibou dans les studios de la Cité du Cinéma de Luc Besson (rendez-vous sur la vidéo de cette chronique pour voir le clip ainsi que son making-off).

    Le quatuor ne s’interdit rien dans les onze titres de cet album, qui n’est pas avare en bonnes surprises et en références rock aussi variées qu’étonnantes, comme si le vaisseau VS nous faisait voyager dans des univers – musicaux – parallèles  : la pop année 80 d’All forget ou de Shame, l’easy-listening de No suffering, le rock sombre et mélancolique de Nauseous, la patte new wave de You’re not alone et même le flow rap avec le séduisant Am your shadow. L’album se clôt sur le magistral Silencio, vrai final sexy, majestueux et psychédélique, invitant au voyage.

    Mieux qu’un hommage, les Vanished Souls proposent une relecture et une revisite du rock, qu’on a sans doute enterré un peu trop vite.

    Vanished Souls, Vanished Souls, Frozen Records / Chancy Publishing,
    sortie le 30 mars 2018

    http://www.vs-music.com/home
    https://www.facebook.com/vsteam

  • Archive du Nórd

    Stéphane Grangier (Nórd) et Craig Walter, le chanteur anglais d’Archive, ont uni leur force et leur talent dans un album ample et ambitieux, Ce Siècle.

    Pas moins de 14 titres mêlant textes denses à la Noir Désir ("Ce siècle a des allures d’enfer / Un point pour toi un point pour les autres / J’observe les sept têtes sortir de la mer / Un océan de gaz et de mazout", Ce siècle), rock aiguisé (Alors sans cesse) ou psychédélique (Ce siècle), pop anglaise des années 70 (Burning inside), violons lyriques (Foule étrange), chanson française (Les mots du monde) et une techno savamment dosée (Into the void).

    Le duo franco-anglais fonctionne à merveille dans cet album début de siècle sombre, romantique et élégant qui nous parle de notre époque faite d’incommunicabilité, de désespoir, de guerres et d’une nature prête à reprendre sa vengeance ("Et la mer un jour recouvrira le tout et nous nagerons / Pour toujours", Foule étrange).

    Il y a de l’épaisseur et de la grâce chez Nórd jusque dans ces chansons plus intimes, comme c’est le cas pour As-tu ("As-tu la pluie / Comme chaque automne / Qui te parle quand la fin est proche / As-tu la foi / Que je te donne") ou bien Je n’ai pas dormi ("Je n’ai pas dormi / je retenais la nuit / Je suspendais mes yeux à la lumière du jour / J’attendais qu’on me dise encore un jour un signe / Pour que j’existe"). Il y a du Noir Désir dans ces titres rock à la fois sombres et aux textes ciselés (Je m’égare). Mais il n’est pas non plus absurde de chercher chez Nórd l’influence de brillants aînés, que ce soit Alain Bashung (Ce siècle), Yann Tiersen (Un monde à part), Léo Ferré (Les mots du monde), Jacques Brel (Je ne voulais pas t’aimer), le Serge Gainsbourg des années 80 (Je fume) ou encore The Doors (Burning Inside). Le duo anglo-français cite volontiers d’autres figures musicales : Serge Reggiani, Hubert-Félix Thiéfaine, Janis Joplin ou encore The Velvet Undergound. Rien que ça.

    On ne peut qu’être admiratif devant ce qui est un authentique concept album conçu avec un soin particulier, autant dans le son que dans le texte ("Et nos mains se soignent en se caressant le corps délétère / D’une statuette de marbre / Arrogant sûr de nous-même quand l’autre répond / Je suis moi"). Nórd fait preuve d’une belle présence vocale et un engagement sans faille (Je fume). Il est servi et accompagné par un orchestre de 40 musiciens, preuve que Ce siècle appartient déjà à la gamme des albums hauts de gamme. Du bel ouvrage.

    Parallèlement à la sortir de cet album prévu début 2018, Stéphane Nórd sortira son roman Je suis célèbre (éd. Écrans) un récit initiatique explorant l’envers du monde de la musique, en résonance avec Ce siècle. Chaque chapitre du livre s’ouvrira par un texte de chanson de son dernier opus.

    Nórd, Ce siècle, Sony Music / Sterne / Canitro & Co / High Valley, début 2018
    Stéphane Nórd, Je suis célèbre, éd. Écrans, janvier 2018