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russie - Page 3

  • Tintin, back in the USSR

    Tintin au Pays des Soviets a toujours fait partie de ces albums mythiques qu’un tintinophile se devait de posséder, au même titre que L’Alph-Art : un titre historique mais dont l’attrait de la lecture était peu évident. Les éditions Moulinsart et Casterman proposent de redécouvrir cette BD sous un nouveau format. 

    En 1929, Hergé, jeune dessinateur pour la revue belge du Petit Vingtième, créé le journaliste impétueux Tintin. Accompagné de son fidèle chien Milou, le jeune reporter part enquêter en URSS pour démystifier la Russie tombée dans le communisme depuis une douzaine d’années. Le voyage débute sous les plus mauvaises augures par un attentat provoquant la mort de 218 (sic) passagers d’un train. Pourchassés par la police politique de la Guépéou, Tintin et Milou traversent le pays à toute allure, bien décidés à dévoiler aux lecteurs du Petit Vingtième la réalité du communisme.

    Les familiers de l’album originel en noir et blanc redécouvriront Tintin au Pays des Soviets avec un œil nouveau. Les studios Hergé ont en effet colorisé cette première histoire de Tintin. Livre historique, cette BD devient une authentique aventure, certes datée et naïve, mais d’une nouvelle fraîcheur et à la lecture bien plus agréable que l'ancienne version en noir et blanc.

    Les fans de Tintin s’arrêteront avec délice sur la page 7 de ce premier album : le jeune reporter démarre en trombe au volant d’une décapotable, soulevant une mèche de ses cheveux. La fameuse houppe de Tintin se redresse. Elle ne retombera plus.

    Hergé, Tintin au Pays des Soviets, éd. Casterman, Moulinsart, 1929, 2017, 137 p.

  • Bourreaux et victimes

    Le bourreau.JPGUne auto-stoppeuse aux abois est recueillie par un automobiliste : voilà le début du Bourreau de Sergueï Belochnikov. La scène se passe près de Saint-Pétersbourg au début des années 90. Le lecteur comprend vite que celle qui se prénomme Olga a été victime d'un viol collectif. Elle trouve d'abord refuge et assistance auprès d'un ami et ancien amant, qui est aussi médecin. Après de premiers soins, il lui conseille de porter plainte et de se rendre à la milice, mais la jeune femme, journaliste-photographe, n'a qu'un seul objectif : se venger, par tous les moyens. Après une première traque de ses quatre agresseurs, Olga parvient à s'acheter le concours d'un parrain de la mafia russe. Puisque la vengeance est un plat qui se mange froid, la victime se transforme en bourreau. La machine à broyer ses tortionnaires est en marche, pour le meilleur et pour le pire.

    Ce polar russe, rugueux et implacable a été un peu oublié. Il est pourtant intéressant à plus d'un titre.

    D'abord par l'histoire proprement dite : celle d'une femme refusant de rester victime et choisissant de se faire justice elle-même, seule et contre l'avis de tous. Ensuite, par le portrait de l'héroïne : Olga est une femme attachante, une Russe émancipée sous la perestoïka, reconnue par ses pairs grâce à ses reportages (signalons au passage une incursion passionnante dans l'Afghanistan en guerre, au début des années 80). Elle se trouve plongée du jour au lendemain dans un cauchemar absolu – un viol au sujet duquel l'auteur prend subtilement le parti d'en dire le minimum. Or, ce cauchemar, la brillante jeune femme choisit de l'entretenir en s'acoquinant avec un mafioso inquiétant.

    Sergueï Belochnikov écrit ceci au sujet de son roman et du personnage principal : "Je ne considère pas Le Bourreau comme un roman policier... Il représente l'âme féminine russe, qui m'a attiré toute ma vie. Olga est une femme forte... Forte et indépendante. L'agression qu'elle subit lui donne un désir de vengeance aussi fort qu'elle."

    Je vois un autre intérêt dans ce roman : son traitement littéraire. L'auteur a astucieusement choisi de changer de narrateur à chaque chapitre, faisant de ce polar une oeuvre polyphonique et subjective.

    Sergueï Belochnikov, Le Bourreau, éd. France Loisirs, 1995, 320 p.