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nouvelles - Page 2

  • Stella Tanagra : "J’accorde toute la légitimé aux monstres"

    Dans le cadre de la sortie de son dernier livre La Peau du Monstre, Stella Tanagra a bien voulu nous accorder une interview. Rencontre avec une artiste qui a bien failli être politiquement correcte. On l’a échappé belle...

    Bla Bla Blog - Bonjour Stella. En cette période de confinement, peux-tu nous dire comment se passent tes journées ?
    Stella Tanagra - Pendant un quart de secondes, je me suis demandée s’il fallait que je sois politiquement correcte et puis… : le naturel est revenu au galop ! Alors, pour être on ne peut plus franche, le confinement est pour moi, un enchantement. Lorsque l’on est écrivain, de surcroît sauvage sur les bords et proche de ses animaux, il tient forcément du ravissement que d’être chez soi.

    BBB - J’imagine qu’en ce moment l’écriture prend une place particulièrement importante, peut-être avec de nouveaux projets ?
    ST - Autant te dire que mes idées vagabondent. Mon esprit musarde d’un projet à l’autre. L’isolement lié au confinement m’est très prolifique tant en lecture, qu’en écriture. Mes pensées foisonnent librement sans être contraintes par le temps. De cet enfermement qui pourrait de prime abord paraître mortifère, se conçoivent de nombreuses réflexions constructives. La création naît du chaos, n’est-ce pas ? Je m’attelle par exemple à peaufiner un manuscrit tout en écrivant des chroniques de livres…

    BBB - Tu viens de sortir un nouveau livre, La Peau du Monstre, qui surprendra certainement tes plus fidèles lectrices et tes lecteurs : Il s’agit d’un recueil de nouvelles, mais pas des nouvelles érotiques. Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?
    ST - Ce recueil est une autopsie du monstre caché au fond de nos entrailles, du Monsieur "tout le monde" ordinaire au sociopathe extraordinaire ! En dix nouvelles et deux bonus, il dépeint ses différentes facettes dont cette ambivalence qui me tient tant à cœur, pouvant se décliner en des citations telles que : "Se méfier de l’eau qui dort", "L’habit ne fait pas le moine", "Le diable est dans les détails" ou encore : "Donner le bon Dieu sans confession". Quant à la sensualité, elle est toujours présente mais en filigrane, laissant le devant de la scène à de plus vils desseins !

    BBB - Dans ces nouvelles, les monstres dont il s’agit sont des monstres en quelque sorte "ordinaires." La plupart ont d’ailleurs des circonstances atténuantes. Pour lequel de ces monstres en accordes-tu le plus ?
    ST - Pour répondre de manière empirique sans donner d’indice sur mes histoires afin d’en conserver l’intrigue, je dirais que j’accorde toute la légitimé aux monstres qui sont nommés comme tel uniquement par opposition avec les standards attendus par la société. Toutes les personnes marginales que ce soit en raison de leur physique, handicap, situation sociale, idéaux ou tout simplement avant-gardisme peuvent être considérés comme des monstres à une époque puis, dans le meilleur des cas, comme des précurseurs, plus tard… Tout est donc fort relatif finalement. Se contenter de coller aux normes sociales seraient si réducteur. Entre le mouton et la brebis galeuse, l’on s’est bien, peut-être secrètement certes, qui est le plus attirant et séduisant des deux. Alors sortons des rangs de ces troupeaux de carcans !

    BBB - Parmi ces monstres, il y a des enfants. Beaucoup d’enfants. J’ai calculé que sur les 10 nouvelles du recueil (j’ai volontairement enlevé les deux derniers textes qui sont à part), il y a quatre enfants. L’enfance et l’adolescence est un thème qui t’intéresse visiblement. Pourrais-tu en faire le sujet d’un projet livre ?
    ST - Les personnages torturés qui présentent en eux, de forts antagonismes, me passionnent. L’innocence de l’enfance oscille entre une fragile vulnérabilité et l’expression libre des pulsions. L’adolescence quant à elle, est une métamorphose dans laquelle nous allons questionner notre identité en passant par toutes les possibilités du spectre (in)humain pour y positionner notre propre curseur.
    Ses ambivalences et transformations viennent interroger les instincts, la bestialité, les libertés en balance avec l’intellect, le civisme, les règles. Passionnée par les interactions humaines, je pense que je viendrai toujours les questionner dans mes livres que ce soit sous le prisme de l’enfance, l’érotisme, la monstruosité…

    BBB - Tu écris en présentation de ton recueil que "le monstre personnalise le repère par rapport auquel la normalité [et] se construit en opposition." N’est-ce pas dédouaner un peu trop vite cette monstruosité ? Car si l’anormalité peut cacher la détresse, par exemple dans les nouvelles Ventrue ou Un plat qui se mange froid ?, la monstruosité peut aussi être synonyme de crime. Je pense à Corps à corne. Le monstre serait-il donc mon semblable ou bien ce qui m’est étranger ?
    ST - Je t’avoue avoir une certaine aversion envers la normalité car, lorsque nous ne nous y conformons pas, nous subissons un rejet qui peut nous cantonner au rang de monstre au sens péjoratif du terme. Voilà l’image symbolique que j’entends en ces mots. L’être humain utilise des cases pour ranger les gens dont une partie est tenue à l’écart en raison de ses anormalités/différences. Certains préféreront les gommer, d’autres les assumeront et d’autres encore n’auront pas d’autre choix que de les subir tant leurs spécificités sont visibles. Mais, cette forme de monstruosité, que nous acceptons de la faire nôtre ou bien que nous préférions ignorer, subsiste. Le monstre est partout aussi bien semblable qu’étranger.

    "Je t’avoue avoir une certaine aversion envers la normalité"

    BBB - En conclusion de ton recueil, tu te présentes brièvement et tu écris être "étrangère aux convenances sociales [et] montrée du doigt comme un monstre sauvage loin de se conformer." Stella Tanagra serait-elle donc un monstre ? Voilà qui est une étrange confession !
    ST - Effectivement et ce, en bien des points et au moins un secret que je ne révélerai pas de sitôt… Mais qui sait, peut-être qu’un jour je ferai mon coming-out de monstresse à l’occasion d’une interview pour Le Bla Bla Blog ?!?!

    BBB - Les lectrices et les lecteurs qui te connaissent savent que l’érotisme est central dans ton œuvre. Ce n’est pas le cas ici, mise à part la nouvelle Déboutonnez-moi, et certains passages du livre. Considères-tu ton dernier livre comme à part dans ta production ou bien faut-il s’attendre à d’autres ouvrages où l’érotisme sera moins présent ?
    ST - Adolescente, ce n’est pas tant l’érotisme mais la poésie qui m’a donné le goût des mots et ainsi ai-je commencé à écrire. Ensuite, j’ai rédigé nombre de mes pensées sous forme de courts textes à chutes. Plus tard est venu l’érotisme qui m’a permis de me réaliser en qualité d’auteur. A mon sens, l’on est écrivain avant d’être spécialisé dans un domaine ou un autre. Je pourrai très bien produire un essai tout comme un recueil de poèmes, une autobiographie ou un roman érotique, fantastique et sais-je où encore pourrait me mener la passion des mots...

    BBB - Le recueil se termine par deux "bonus", deux courts textes, deux éloges : un à Battlestar Galactica et l’autre à Dagobah [la planète de Maître Yoda dans Star Wars]. Tu es donc fan de SF, et de Star Wars en particulier ?
    ST - J’aime quand la science-fiction et le fantastique se mêlent à l’étrange en mettant en scène des créatures aussi monstrueuses que fabuleuses. On peut citer bien évidemment des films connus comme Alien, Le 5ème élément ou Split, mais aussi des films complètement hors norme comme Teeth, Okja, Border ou Morse. Quant à Battlestar Galactica et Star Wars, ce sont des œuvres qui ont grandement contribué à inspirer et enrichir l’univers de la Science-Fiction. C’est pourquoi ce fut un délice d’en tirer quelques références en guise d’hommage, dans mon livre.

    BBB - Pour finir, tu as des perspectives d’ici cet été ou la fin 2020 ? D’autres publications ? Ou des projets qui te tiennent à cœur ?
    ST - Je travaille depuis quelques temps sur un projet littéraire sans aucun rapport avec tout ce que j’ai réalisé jusqu’à présent. Mon souhait, dès lors, est de ne pas aller plus vite que la musique en laissant cet écrit cheminer à son rythme et voir ainsi où il me mènera. Je constate en répondant que tous ces mots sonnent assez mystérieusement mais peut-être que cela fera du résultat, une véritable "surprise". Ainsi bouclerai-je à nouveau la boucle en apparaissant à un endroit où sans aucun doute, ô grand jamais l’on ne m’attendra !

    Merci, Stella.

    Stella Tanagra, La Peau du Monstre, IS Édition, 2020, 120 p.
    http://stellatanagra.com
    @StellaTanagra

    Voir aussi : "Tous des monstres"

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    Photos : Omega McKay

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  • Tous des monstres

    On n’attendait sans doute pas Stella Tanagra dans ce registre. Celle qui s’est illustrée dans celui de l’érotisme – Sexe cité (IS Édition), Sexe primé (éd. Tabou), Les dessous de l'innocence (éd. Tabou) – publie en ce moment un recueil à la facture plus classique, La Peau du Monstre (IS Édition) sur le thème, justement, des monstres.

    Voilà un sujet que l’auteure, qui assume être "étrangère aux convenances sociales [et] montrée du doigt comme un monstre sauvage", présente avec une belle pertinence : "Si l’on oublie le champ stricto sensu péjoratif, "étymologiquement, « monstre » provient du verbe latin « monstrare » signifiant (...) « montrer ». Si le monstre donne quelque chose à voir, c'est bien parce qu'il diffère des normes de telle sorte qu'il intrigue et surprend, suscitant des sentiments passant allègrement de la hantise au culte." Le monstre est donc notre semblable, pour ne pas dire nous-mêmes. Mais ce "nous-même" caché peut ressurgir à la lumière du jour, s’exhiber et éveiller des pulsions et des transgressions qui nous rendent finalement si humains, trop humains.

    Les dix nouvelles de La Peau du Monstre – auxquels s’ajoutent deux récits en bonus – sont autant de plongées dans des vies à la fois ordinaires et monstrueuses, qui viennent aussi en "écho aux propres enjeux de nos vies." Car ces monstres, qu’ils soient hommes (Corps à corne), femmes (Ventrue, Sacré Fils), enfants (Un plat qui se mange froid ?) ou même bébé (Naïve Orgie), nous paraissent singulièrement proches. 

    Sous forme d’un fait divers, L'Âme de Rasoir conte l’histoire d’une série d’agressions au rasoir dans un village du Morvan. Dans cette bourgade tranquille, les méfaits d’un "serial tatoueur" qui taillade plusieurs de ses habitants va devenir un sujet de terreur autant que de fascination morbide.

    Autre fait divers imaginaire et monstrueux : celui d’un encierro, un lâcher de taureaux lors d’une fête votive. Martial et Abel s’engagent dans un combat de coq mortel pour les beaux yeux d’Hermine, la femme qu’ils convoitent tous les deux (Corps à corne).

    Des enfants, dont l’innocence présupposée est lardée de sérieux coups de canif

    La Peau du Monstre regorge de personnages d’enfants, dont l’innocence présupposée est lardée de sérieux coups de canif. Il y a Valentin, neuf ans, capable d’un acte implacable contre sa mère tortionnaire (Un plat qui se mange froid ?). Le texte intitulé Barathre, terme désignant un gouffre dans l’Athènes antique où étaient jetés les condamnés à mort, est le récit d’une jeune cleptomane de 13 ans. Stella Tanagra sait se montrer particulièrement féroce dans Déboutonnez-moi ! Ce récit d’une fillette, Anna, est celui d’une obsession se cachant dans une autre, récit que l’auteure résume ainsi : "Treize monstres, trois années de supplices et une victime mystérieuse."

    Stella Tanagra sait prendre son lecteur à rebrousse-poil avec des texte d’autant plus désarçonnants qu’ils sont parfaitement maîtrisés, et d’une écriture tout en arabesques : on pense à Ma Muse, qui est le récit d’une obsession que le lecteur découvrira dans les dernières lignes et à La Malvenue, la nouvelle la plus longue du recueil. Pour ce texte, qu’Edgar Allan Poe n’aurait pas renié, une jeune femme, "fustigée telle une sorcière" par les habitants de son village, se trouve happée par une demeure majestueuse mais abandonnée. Elle décide de la visiter, des catacombes au grenier. L’auteure prend son temps pour cette déambulation inquiétante, s’arrêtant sur chaque détail : un vitrail, une statue ou même une hache abandonnée. Le lecteur apprendra peu de chose de cette demeure aux "indicibles secrets." Mais c’est la visiteuse et narratrice qui intéresse Stella Tanagra, particulièrement douée dans cette digression très fin de siècle, avec un style classique et d’airain qui ne laissera pas indifférent : "J'étais oppressée par un sentiment d'incarcération tandis que les boiseries murales bandaient les parois basses du mur comme une sorte de squame brunâtre incrustée sur la peau de ce boyau."

    La Peau du Monstre se clôt avec deux textes à part, deux hommages à la science-fiction. Le premier, Éloge à l’abominable Dagobah, donne vie à une créature secondaire de la saga Star Wars ("Dagobah est aussi lent que son nom est long à prononcer. Gigantesque mammifère mi-amphibie avec ses pattes palmées, mi-terrestre avec son squelette démesuré, sa lourde morphologie se déplace à la vitesse de la tortue"), une sorte de yak vivant sur la planète de Maître Yoda. Le second bonus est un hommage au space opera Battlestar Galactica, à travers un autre de ces monstres (Éloge au bionique Gallactica), bien loin de ces monstres ordinaires qui se nomment Valentin, Anna, Crème ou Martial.

    Stella Tanagra, La Peau du Monstre, IS Édition, 2020, 120 p.
    http://stellatanagra.com

    Voir aussi : "L’ennui avec les princesses"

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  • Borges magyar

    S’il est fait référence à Jorge Luis Borges dans cette chronique sur Le chef-d’œuvre Károly Agócs (éd. Vérone) c’est que, comme l’auteur argentin de Fictions, l’écrivain magyar a opté pour des nouvelles fantastiques, souvent très courtes même, pour des histoires où le fantastique côtoie le réalisme, dans des contes moraux et philosophiques.

    Károly Agócs a traduit lui-même ce livre paru en Hongrie en 2016 (A fekete kristálygömb – La boule de cristal noire, éd. Duna Könyvklub). L’éditeur français présente Le chef-d’œuvre comme un recueil de seize paraboles et quarante-quatre miniatures. Pour être plus exact, il faudrait parler de soixante nouvelles et micro-nouvelles de quelques lignes (Épreuves sélectives, En Route, Pénitence, Un Crime parfait, Consolation, Enfant prématuré) à huit pages (Le Labyrinthe fantôme, Le chef-d’œuvre).

    Károly Agócs propose des récits résolument anti-modernes en ce qu’ils semblent avoir été écrits pour un lecteur du XIXe siècle ou du XXe siècle, voire des siècles précédents. Pas de technologies, de personnages incarnés au sein de notre époque ou de réflexions sur le monde contemporain : l’auteur magyar fait intervenir des diable (Le Chantre du Diable), des mages venus de nulle part (Vanité), des artefacts (Le Charbonnier) ou des destins hors-normes (Le chef d’œuvre).

    Károly Agócs se fait auteur moral dans ses paraboles et ses miniatures, des dénominations qui renvoient respectivement à la tradition du Nouveau testament et à l’iconographie religieuse. La vanité, le destin illisible (Le Voyageur), la culpabilité (Captivité, La Pénitence), la puissance des rêves (Ève), l’amour introuvable (Bal masqué) ou la mort sublimée (Un crime parfait) : l’auteur hongrois fait de ses récits des constructions symboliques transmettant autant de messages universels.

    La nature, la religion et la magie sont omniprésents dans ce recueil à l’écriture précise, et dont la traduction est d’autant plus fidèle aux textes originaux qu’elle a été faite par l’auteur lui-même. Le lecteur s’arrêtera particulièrement sur la nouvelle qui donne son titre au livre et qui raconte l’histoire croisée de deux écrivains que tout oppose. Károly Agócs adresse également des coups d’œil appuyés à l’écrivain argentin dans plusieurs nouvelles, dont Le Labyrinthe fantôme et les deux hommages à Luis Borges. Logique.

    Károly Agócs, Le chef-d’œuvre, éd. Vérone, 2019, 132 p.
    https://www.editions-verone.com/auteur/karoly-agocs/le-chef-d-oeuvre

    Voir aussi : "Courts mais bons"

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  • Quelques pages de Tatiana de Rosnay sorties de l’exil

    tatiana de rosnay,nouvelles,unicef,livre de poche,exilsIl avait été question en début d’année d’un recueil de nouvelles en faveur des Restaurants du Cœur, auquel avait participé Tatiana de Rosnay. C’est d’un autre engagement de l’auteure franco-britannique dont il est question ici, cette fois pour l’Unicef.
    Pour la 3e année, le Livre de Poche s'engage en effet aux côtés d'Unicef au travers du recueil caritatif Exils. En France et dans le monde, des milliers d’enfants sont discriminés et ne peuvent accéder aux soins ou à l’école parce qu’ils sont migrants. Pour chaque livre acheté, 1,50 € sera reversé à l’Unicef qui aidera ces enfants réfugiés et migrants afin qu’ils puissent accéder à la scolarité.

    Parmi les auteurs de ces textes, des écrivains, des célébrités, M.A.G.I.C, un collectif de slameurs, et bien sûr Tatiana de Rosnay, qui nous intéresse et qui signe une nouvelle sur ce thème l’exil.

    Les mots qui sont ma Prison est un texte écrit à la première personne, en fait dix pages comme tirées d’un journal intime. De l’auteur imaginaire, on ne sait pas grand-chose, mise à part qu’il s’agit d’un garçon relatant le secret d’un "mur qui a poussé" autour de lui et d’une liberté qui, au fur et à mesure du temps s’effiloche.

    La surveillance est omniprésente et la seule camarade d’école qui veuille adresse la parole à ce "Petit Chose", une fillette nommée Ana, finit par ne pas lui adresser la parole. Mais il y a cette voisine, en face : le jeune auteur finit par entrer en contact avec elle.

    Les mots qui sont ma Prison est un texte à part dans la bibliographie de Tatiana de Rosnay : engagé, sombre et volontairement elliptique. Un manifeste en faveur de l’enfance, à lire pour une bonne cause.

    Tatiana de Rosnay, Les Mots qui sont ma Prison
    in Exils, Le Livre de Poche, Unicef, sortie le 9 mai 2019

    http://www.tatianaderosnay.com
    Unicef, recueil Exils

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Tatiana de Rosnay engagée et attablée"

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  • Voilà l’homme

    Comment qualifier le dernier livre de Nathalie Cougny, Paris-Rome ? Uchronie, roman d’amour ou conte philosophique ? Un peu de tout cela sans doute, et c’est ce qui fait tout l’intérêt de ce roman – qui est complété par une nouvelle, Rencontre à risque.

    Paris-Rome suit Charlotte K., de nos jours (la précision est importante), dans un voyage qui doit mener la jeune et célèbre peintre parisienne à Rome pour une exposition à la Villa Borghèse. Dans le train qu’elle prend, un homme s’installe dans le même compartiment : il s’agit de Friedrich Nietzsche en personne. Il va lui aussi à Rome et sa rencontre avec la jeune femme est tout sauf un hasard. Entre les deux voyageurs – l’artiste mondialement admirée pour ses œuvres "lyriques" et le philosophe légendaire – une conversation s’engage, et la personne la plus fascinée n’est sans doute pas celle que l’on croit.

    Il fallait l’audace de Nathalie Cougny pour imaginer une telle rencontre, aussi inattendue que surréaliste. Le postulat que Nietzsche soit toujours vivant en 2019 n’est ni expliqué, ni développé : cet "éternel retour" est un fait, que le lecteur doit accepter dès les premières pages.

    La vraie surprise vient de la rencontre fortuite de Charlotte et de Friedrich, dans le huis-clos d’un train. Le roman se déroule pendant un voyage qui sera tout sauf un périple ordinaire. D’ailleurs, rien ne se passe comme prévu. Des menaces font craindre pour la sécurité des passagers, en particulier pour Nietzsche, et des manifestations perturbent le voyage. Des militaires se sont installés dans le train afin de protéger le philosophe aussi célèbre que controversé. Le périple et les conversations entre Charlotte et Friedrich se déroulent dans ce climat tendu. Tout peut basculer à chaque instant. Mais pourtant les deux célébrités conversent avec une courtoisie très XIXe siècle, tout en se mettant à nu pour la première et sans doute la dernière fois.

    Faire descendre Nietzsche de son piédestal, comme Zarathoustra

    Assez singulièrement, c’est sur le passé de la peintre que Nathalie Cougny s’intéresse : son enfance endeuillée par le décès de ses parents, sa découverte de l’art, ses succès, ses dépressions ou sa vie sentimentale. Nietzsche apparaît comme un homme presque ordinaire, débarrassé d’une forme de carcan que l’histoire et la légende lui ont laissée. "Ecce homo" : semble nous dire l’auteure, pour reprendre le titre d’un de ses livres. "Voilà donc cet homme", semble répondre en écho Charlotte K., devenue l'espace du voyage l’alter ego de Nietzsche.

    Charlotte, interlocutrice et égale du philosophe dans ce roman surprenant à plus d’un titre, porte une voix universelle à laquelle lui répond une autorité morale et intellectuelle, mais dont l’armure vient se fissurer au fur et à mesure que le dénouement approche. Voilà qui est paradoxal pour ce "philosophe au marteau" ! Nathalie Cougny, avec ce dialogue philosophique défiant la logique et le temps, vient faire parler l’auteur de Par-delà le Bien et le Mal de nous et de notre monde, sans pour autant en faire la star ou la légende vivante qu’il est devenu dans le monde parallèle de Paris-Rome. Nathalie Cougny choisit en effet assez audacieusement de faire descendre Nietzsche de son piédestal, comme Zarathoustra lorsqu'il quitte la montagne pour descendre parmi ses semblable.

    La nouvelle Rencontre à risque vient compléter ce conte moderne, comme si ce récit à la première personne était celui de Charlotte elle-même, dans une autre circonstance. Mais au contraire de Paris-Rome,l’auteure délaisse le dialogue enlevé pour un texte dense, âpre et sensuel sur un amour sans retour. Nathalie Cougny ausculte une relation empoisonnée entre une narratrice et un homme plus jeune qu’elle, avec acidité et sans concession, comme autant de coups de marteau adressés à cet homme.

    Nathalie Cougny, Paris-Rome, Et Nietzsche rencontre Charlotte
    suivi de Rencontre à risque
    éd. Publilivre, 2019, 234 p.

    https://www.nathaliecougny.fr

    Voir aussi : "Nathalie Cougny, en adoration" 
    "Mes hommes"
    "En corps troublé"

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  • Des nouvelles de Tatiana

    Pour cette chronique, il ne sera pas question d’un mais de deux livres de Tatiana de Rosnay. Explication : Café Lowendal est la version enrichie d’Amsterdamnation (éd. Livre de Poche), deux recueils de nouvelles écrites entre 2009 et 2014. Par rapport à Amsterdamnation, Café Lowendal a été enrichi de quatre histoires : Un Bien fou, La Méthode « K », La Femme de la Chambre d’Amour et Café Lowendal, qui a donné son nom à la dernière version du recueil.

    Avec plus de 70 pages, Café Lowendal pourrait être qualifié de court roman, tant par sa longueur que par sa manière de laisser l’intrigue lentement infuser, en cinq chapitres aussi amers et addictifs que du café. Gabrielle Célas est une romancière qui voit débarquer dans sa vie Victoria. Elles ne se connaissent pas mais ont un point commun : un homme qu’elles ont aimé toutes les deux, Diego, mort accidentellement quelques années plus tôt. Au moment de leur rencontre, Victoria demande à Gabrielle des conseils au sujet d’un livre qu’elle s’apprête à écrire au sujet de leur amour commun. La romancière accepte, fascinée de pouvoir se replonger dans un passé encore frais. Mais en découvrant les brouillons et les notes plutôt médiocres de celle qui a partagé la vie de son ex, Gabrielle retrouve le goût de l’écriture et se décide elle aussi à s’inspirer de Diego pour son nouveau roman, qui va, contre toute attente, connaître un très grand succès. Un piège finit par se refermer sur elle.

    Cette première nouvelle porte en elle les gènes de Tatiana de Rosnay : l’importance des lieux – ce Café Lowendal, bien entendu, mais aussi la maison de village où Gabrielle Célas s’est isolée pour écrire son histoire –, les secrets indicibles et les morts toujours présents. L’auteure franco-britannique va jusqu’à inclure dans cette histoire de vengeance et de trahison un de ses personnages de roman, Nicolas Kolt, l’écrivain à succès d’À l’Encre russe (2013).

    Cette histoire sensible et romancée est somme toute moins personnelle qu'un texte singulier et biographique, traitant lui aussi de disparus et de lieux signifiants : La Tentation de Bel Ombre traite d’une aïeule, Amélie, une Rosnay installée à l’Île Maurice. L’obligation administrative de devoir "prouver" sa nationalité française oblige Tatiana de Rosnay à partir à la recherche de ses origines. Elle en vient à trouver la trace de cette Amélie, née en 1777 place des Vosges à Paris. La vie romancée de cette femme est décrite en quelques pages, avec son lot de questions et aussi la sensation que Tatiana de Rosnay pourrait bien en faire un roman dans les prochaines années, comme elle le dit elle-même dans les dernières lignes.

    Aussi amers et addictifs que du café

    Les recueils Café Lowendal, et dans une moindre mesure Amsterdamnation, proposent des histoires resserrées, pour ne pas dire minimalistes : le récit Amsterdamnation et cette escapade morne en Hollande qui vire au drame ordinaire, un autre séjour raté en vacances qui s’avérera beaucoup moins idyllique que prévu (Un Bien fou) ou cette histoire de drague sur fond de réseaux sociaux (Sur ton Mur).

    Ozalide est une histoire d’obsession d’une fan pour un écrivain, chez qui elle décroche un job de baby-sitter : un emploi rêvé qui lui permet d’ourdir un plan machiavélique et particulièrement décontenançant.

    Le lecteur s’arrêtera plus longuement sur ces histoires d’amour et de sexe qui font tout le sel des deux recueils sortis à un an d’intervalle. Il y a d’abord cette rencontre improbable, dans un lieu glauque, entre un veilleur de nuit et une femme de ménage, une rencontre soudainement éclairée par la grâce de la danse et de la musique (Dancing Queeen). On en viendrait d’ailleurs presque à rêver d’une adaptation ciné et télé. Tatiana de Rosnay nous étonne également avec La Méthode « K » : l’auteure de Boomerang propose une audacieuse nouvelle érotique mâtinée de science-fiction. Tout aussi inattendu est Constat d’adultère. Cette fois, la romancière se fait froide chroniqueuse en se mettant dans la peau d’une détective chargée de reportée fidèlement à un client, un romancier célèbre, la filature de sa femme adultère. Le constat d’adultère s’étale sur plus de quarante pages, quarante pages qui ne laissent planer aucun doute sur les secrets les plus inavouables de cette influente épouse : "Nous nous permettons de vous rappeler que certains textes provenant des SMS et des courriels sont dans un langage cru, voire ordurier, qui ne fait pas partie de notre vocabulaire habituel." Voilà qui a le mérite d’être clair.

    Café Lowendal se termine sur une nouvelle à la forte densité romanesque. La Femme de la Chambre d’Amour parle d’un lieu et surtout d’une rencontre sur fond de contrat littéraire. Mais l’intérêt de cette nouvelle réside d’abord dans la forme d’un récit construit comme une poupée russe. Pour résumer, Tatiana de Rosnay y raconte l’histoire de Roxane, minée par une séparation, parlant d’un client romancier ayant lui-même écrit sur cette femme de la Chambre d’Amour. Ces récits imbriquées apportent le lot de mystère et de romance dans un recueil aux mille nuances.

    Tatiana de Rosnay, Café Lowendal & autres Nouvelles, éd. Livre de Poche, 2014, 275 p.
    Tatiana de Rosnay, Amsterdamnation & autres Nouvelles, éd. Livre de Poche, 2013, 126 p.
    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Méfiez-vous des hommes"
    "Trahisons et cachotteries"
    "Sous l’eau"

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  • Méfiez-vous des hommes

    tatiana de rosnay,nouvelles,adultère,infidélité,maris,épouses,plonIl a été question dans notre hors-série sur Tatiana de Rosnay de son recueil de nouvelles Le Carnet rouge. J’ai choisi de m’intéresser à la première version de son livre, paru en 1995 sous le titre Mariés et Pères de Famille (éd. Plon). Il s’agit du deuxième ouvrage publié par Tatiana de Rosnay après L'Appartement témoin, dont je vous parlerai très bientôt. L’auteure n’en est qu’au début de sa carrière. La consécration viendra douze ans plus tard, avec Elle s’appelait Sarah, faisant d’elle l’auteure de best-sellers que l’on connaît.

    Mariés et Pères de Famille contient neuf histoires qui seront repris dans Le Carnet Rouge, dans un ordre différent. Si je parle d’ordre, ce n’est pas anodin. Plon sous-titre ce recueil : Roman d’adultères. Un roman, vraiment ? D’emblée, la question se pose si ce choix ne vient pas d’un éditeur, plus désireux de présenter ce livre comme un "roman", un genre plus vendeur, que comme un "recueil de nouvelles" – ce que Mariés et Pères de Famille est.

    Mais passons. Il y a bien entendu le fil conducteur de l’infidélité qui relie ces onze histoires : des femmes trompées ou soupçonnées d’être trompées, et même parfois adultères elles-mêmes : un mari fréquentant des prostituées dans Le Bois, qui ouvre le livre, le fameux Carnet rouge, le journal d’une femme infidèle ou La jeune Fille au pair, une conversation entre deux amies à propos de leur mari respectif. Le lecteur du Carnet Rouge, paru en 2014, retrouvera ces autres nouvelles : La Lettre, Le Répondeur, Le Cheveu, Le Mot de Passe et Le "Toki-Baby". La Cassette vidéo a été remaniée jusqu’au titre pour devenir, neuf ans plus tard, La Clé USB – une concession à la modernité, dans un recueil assez classique dans la facture, si l’on pense par exemple au choix des prénoms utilisés (Jeanne, Marie, Eugénie, François ou Thérèse).

    Deux nouvelles rares

    Deux nouvelles rares sont présentes dans Mariés et Pères de Famille : L’Odeur et La Jalouse. Ces deux textes peu connus méritent que l’on s’y arrêtent. Le premier, L’Odeur, a la particularité d’être une courte pièce de théâtre en un acte et quatre scènes, réduit à trois personnages, un couple, Anne et François et leur fille Gabrielle. En rangeant les vêtements de son mari, souvent en voyage d’affaire, une femme y découvre une odeur étrange : celle d’un sexe de femme. C’est le début d’une scène de ménage acide, violente et non teintée d’humour noir. La deuxième nouvelle, La Jalouse, est la correspondance d’un homme singulièrement d’une fidélité à toute épreuve. Sans doute est-ce d’ailleurs la raison de la disparition de ce texte pour l’édition 2014 du Carnet rouge. Il s’agit d’une lettre d’adieu à sa femme, Eugénie, que ce mari s’apprête à quitter en raison de la jalousie maladive de cette dernière. Il raconte avec amertume le flicage quotidien d’une épouse persuadée qu’il la trompe à torts et à travers : avec une voisine, avec des amies communs, avec une ex ou avec des inconnues croisées par hasard.

    Les fans de Tatiana de Rosnay seront très certainement heureux d’avoir dans leur bibliothèque ce Mariés et Pères de Famille, un recueil de nouvelles, donc (et pas un roman comme l’indique faussement la couverture du livre), à la fois moderne dans son écriture et la thématique classique – l’adultère. Classique et diablement romanesque.

    Tatiana de Rosnay, Mariés, pères de Famille, Roman d’adultères
    éd. Plon, 1995, 182 p.

    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Trahisons et cachotteries"
    "Juste un moment d’égarement"

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  • Trahisons et cachotteries

    Parmi les onze nouvelles de Son Carnet Rouge, publié par Tatiana de Rosnay en 2014, neuf avaient fait l’objet d’un précédent recueil, Mariés, Pères de Famille (1995). Son Carnet rouge, titre bref et énigmatique – et qui est aussi celui d’une des histoires –, s’avère plus fidèle que Mariés, Pères de Famille. "Fidèle", comme le thème de ce recueil qui entend, contrairement à la précédente version, mettre les femmes au centre du jeu – et non plus les maris.

    L’adultère est décliné à travers neuf histoires tour à tour cruelles, cyniques, drôles ou tragiques. Les protagonistes de ces récits ? Le plus souvent des femmes, des mères de famille soit trompées (La Clé USB) ou suspectes d’être trompées (La jeune Fille au Pair), soit elles-même infidèles (Son Carnet rouge).

    Tatiana de Rosnay s’empare de ce sujet sulfureux, mais pas de la manière que l’on penserait : chez elle, pas d’idylles amoureuses, de cinq à sept ou de scènes torrides (si l’on excepte un passage cocasse dans « Toki-Baby ») mais des constats. Les personnages du Carnet Rouge sont au bord du vide plus que dans le brasier d’une relation sexuelle. Ce qui est en jeu est l’après, le bilan, les conséquences et, finalement, la responsabilité dans ces histoires de cachotteries et de trahisons.

    Dans la nouvelle qui porte le titre du livre, la découverte d’un journal intime met au jour la déliquescence d’un couple. Dans Le Bois, l’auteure suit un homme dans plusieurs de ses nombreuses aventures avec des prostituées, jusqu’à l’entrée en scène de l'épouse trompée. La Brune de la Rue du Ranelagh est cette mystérieuse femme qu’un mari visite régulièrement et dont son épouse apprend l’existence.

    La vie du couple subit de sérieux coups de canif

    La vie du couple subit, tout au fil de ses onze nouvelles, de sérieux coups de canif : il est d’abord question de mensonges, de dissimulations, de secrets, voire de mépris pour le pas dire de détestations et de haines ("Guy est irréprochable. Il est d’un ennui mortel. Que faire, à part le tromper, ce qui est le cas depuis belle lurette ?", Son Carnet rouge).

    Le retour de bâton est souvent terrible dans ces histoires de personnages cocufiés : ici, c’est la réaction d’une future "ex-femme" lors de la découverte d’un cheveu suspect (Le Cheveu) ; là, c’est la vengeance toute romanesque d’Hunter, une étudiante humiliée par un professeur pour le moins goujat (Le Mot de Passe). L’infidélité est terrible mais Tatiana de Rosnay a l’art d’en parler avec une sorte de détachement, voire avec un humour tout flegmatique, à l’exemple de la conversation entre Marie et Marguerite dans La Jeune Fille au Pair.

    On trouvera dans Hotel Room la marque de la romancière dans cette histoire de rendez-vous secret se transformant en drame insurmontable. Du beau suspense, comme Tatiana de Rosnay sait en faire dans ce recueil vif et acide.

    Tatiana de Rosnay, Son Carnet rouge, éd. Héloïse d’Ormesson, 2014, 190 p.
    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Juste un moment d’égarement"

     

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