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En attendant la sortie de son premier album solo, Debbie et Moi, prévue le 15 septembre, Thomas Cousin propose le premier titre de cet opus, À perdre le sommeil.
Après de nombreuses années passées à écrire et composer pour d'autres artistes et après avoir sillonné les routes de France et d’Europe au sein de différentes formations (Aron’C, Tax Brothers & the old Racoon, Shy), le guitariste se fait chanteur, le temps d’un disque splendide enregistré en solitaire, sur la durée.
"J’ai passé 25 années de ma vie à « faire chanter » les autres, à m’habiller de leur pensée pour essayer de tailler sur mesure des mélodies et des mots qui les mettent en valeur, qui leur correspondent… Il y a 8 ans, un peu avant la naissance de ma fille, j’ai commencé à ressentir le désir et le besoin d’écrire des textes plus intimes", se confie le musicien.
Thomas Cousin s’impose comme un parolier solide, dépliant sur un son mêlant pop moderne et chanson française, les souvenirs d’un couple, de leurs voyages de Gérone à Paris, en passant par Bormes-les-Mimosas ou Châtillon-sur-Seine. Ce sont des rappels de pérégrinations, qui sont ceux d’un couple de Gypsis, où la mélancolie affleure à chaque vers : "Tu n’as pas oublié ce jour où l’on s’est promis pour toujours / Que nous ferions main dans la main la dernière partie du chemin / Dis-moi est-ce que tu te rappelles combien la lumière était belle / Sur la Plantade en hiver."
Thomas Cousin fait le bilan d’un amour, avec lyrisme et sur forme d’un bilan : "Tu m’as promis les horizons, tu m’as promis les paysages, tu m’as promis que chaque saison pour nous serait un voyage, / À perdre le sommeil."
Suite de ce voyage intime le 15 septembre, avec Debbie et Moi.
Faire du rock engagé n’a rien de vraiment évident. Celui d’Ambre, aux manettes de son premier EP, Sale temps sale futur, a à la fois la franchise des artistes indépendants et le sérieux des productions personnelles qui n’entendent pas oublier la qualité artistique sous prétexte de messages imparables.
Et ces messages sont dits et chantés avec une belle audace, pour ne pas dire de la rugosité : le féminisme (Je biaise si), le patriarcat (À Troyes), l'environnement (Sale temps sale futur, qui don,ne le titre à l'opus) ou la sexualité (Backchich).
Le talent et la puissance, Ambre en a, et elle mérite de figurer parmi les artistes à suivre.
Bon, je pense qu’on sera tous d’accord pour dire que Frenchy, le dernier album de Thomas Dutronc, s’empare d’un concept imparable, pour ne pas dire archi rebattu : réadapter des grands classiques du répertoire français, mais aussi quelques standards américains. Il le fait dans une facture jazz,y largement inspirée par Django Reinhardt, d’ailleurs présent dans une reprise de deux titres : Minor Swing et Nuages (All For You).
La vie en rose, C’est si bon, Les feuilles mortes, La mer : rien que de plus classique pour le chanteur à la guitare, qui s’offre en plus le luxe de bénéficier de brillantissimes featurings : Diana Krall, Iggy Pop (C’est si bon), Billy Gibbons des ZZ Top (La vie en rose), Jeff Goldblum (La belle vie), mais aussi la chanteuse coréenne Youn Sun Nah (Playground Love), la jazz woman Stacey Kent (Un homme et une femme) et la révélation américaine Haley Reinhart (Ne me quitte pas).
Frenchy est l’album à succès de ces dernières semaines, bien que les mauvaises langues accuseront Thomas Dutronc de prendre un minimum de risque avec des tubes d’Edith, Piaf, de Charles Trenet ou d'Yves Montand.
De véritables redécouvertes
Mais c’est un peu oublier que ces adaptations font figure de véritables redécouvertes, y compris pour le public français. Alors, certes, le C’est si bon chanté par Diana Krall et un Iggy Pop a une saveur délicieusement surannée mais aussi diablement glamour, alors que La vie en rose ne surprend guère l’auditeur. Par contre, entendre (ou réentendre) le Petite fleur de Sidney Bechet ravira beaucoup d’entre nous, tant le morceau semble sortir d’un quasi oubli.
Mais Thomas Dutronc propose aussi de vraies petites surprises : les Français connaissent par cœur le Ne me quitte pas de Jacques Brel, mais beaucoup moins la version américaine, If You Go Away, rendue célèbre par Neil Diamond. Il redécouvrira avec le même plaisir la version de La belle vie de Sacha Distel (The Good Life), mais aussi Autumn Leaves – les fameuses Feuilles mortes de Jacques prévert. Moins surprenant, Comme d’habitude est ici proposée dans l’adaptation américaine de Paul Anka (le célébrissime et bouleversant My Way, que l’on est en droit de largement préférer à son original français).
Et au milieu de cet album, dont le plaisir d’écoute est irrésistible, on découvrira un joyau inattendu : Get Lucky, vieux de seulement 7 ans – pour ainsi dire, le "bébé" de cet opus. Mettre les Daft Punk au même niveau que les Piaf, Brel ou Francis Lai, il fallait oser ! Et le petit Frenchy l’a fait.
Je suis prêt à parier mon béret que les Américains vont adorer.
Après Chimie Vivante, Féloche est de retour avec un nouvel album, aussi singulier que le chanteur lui-même.
L’auteur de Tara-Tari, qu’il reprend d’ailleurs ici dans une nouvelle version, fait de la mandoline le fil conducteur d’un opus au parfum délicieusement surannée pour ne pas dire régressif. Instruments traditionnels, chanson française, reprises et même un instrument mal aimé, pour ne pas dire moqué et caricaturé : véritable chef de bande, Féloche and The Mandolin' Orchestra assume tout et ne renie rien. "Je rêvais d’un orchestre…. Un orchestre de mandolines ! Fantasme absolu puisque j’étais tombé en amour pour cet instrument. Ce serait un truc de mégalo (un orchestre quoi) mais qui ne se la pèterait pas... puisque ce ne sont « que » des mandolines !" dit-il au sujet de cet album de revisites.
Dans cet opus, le musicien propose un projet musical à la fois réjouissant et rigoureux, que ce soit dans ses textes poétiques, personnels et à vif de sa belle voix grave et envoûtante ("J'suis pas occis / J'ai longtemps vécu / Pour ça qu'aujourd'hui je suis barbu / Je suis pas foutu / C'est bizarre je me souviens de tout / De mes histoires d'oiseau un peu fou / Mais c'est monté comme un film de Godard / Mise bout à bout la vie est un peu une galerie d'art", Mémoire vive) mais aussi ses propres compositions musicales (Tous les jours, Laisse aller).
Féloche s’inscrit dans la grande famille des chanteurs français, le regard tourné vers ses aînés : que ce soit Léo féré (Mes petites amoureuses, sur un texte de Rimbaud), Bourvil (La Mandoline, une chanson écrite par Paule Gille et Michel Bernard), Dalida (une superbe adaptation de Bambino, un duo avec Dolche), mais aussi, et c’est plus singulier, L’Affaire Louis Trio. Reprenant le tube des eighties Chic Planète du regretté Hubert Mounier, Féloche en fait une version moins new wave mais plus lancinante, traversée de rayons de lumière.
Du beau travail, à découvrir absolument si vous ne connaissez pas Féloche.
On aime l’univers de MoonCCat, musicien, photographe et poète assumant à 200 % un dandysme qui se serait transporté en plein XXIe siècle. Un style fin de siècle donc, mêlant textes saturniens et musque pop-rock, à mi-chemin entre Jim Morrison (Shoot The Poet) et lo-fi nighties (Sanatorium Europa). L’artiste le dit à sa manière sur son site : "Musicien, photographe et écrivain, MoonCCat a été le premier voyageur temporel à essayer la machine à explorer le temps de H.G. Wells en 1895. Elle l'a conduit au XXIème siècle sans possibilité de retour."
MoonCCat revient avec Forget Me Knot, album autoproduit, sombre mais traversé aussi de brillants éclats de lumière. Ce côté romantique noir, le chanteur l’assume avec un bel aplomb, en mettant en musique les vers de Gérard de Nerval (Vers dorés), de Baudelaire (Baudelaire 20 décembre 1855) et même... d’Alphonse Daudet (L’oiseau bleu). Disons aussi que les influences du chanteur sont à chercher autant du côté de Rimbaud ou Verlaine Edgar Alan Poe que de celui de Bram Stoker ou de Hermann Hesse.
MoonCCat est également au texte dans des titres tout autant convaincants et acides : Le voyage ("Il ne faut pas regretter / Ce que la vie nous offre / Il ne faut pas penser que ce n’est pas assez… / Il ne faut pas espérer que les choses s’améliorent"), Le chat Haret, L’idole ou Ton souvenir.
Comme s'il était catapulté dans notre époque, MoonCCat y apporte sa part de mystère, mêlant, dans un album résolument rock, mâtinée de pop eighties (Baudelaire 20 décembre 1855, L’idole), du mysticisme (Le chat Haret), du désespoir (Le voyage), de sensualité (Morganella Morganii qui "provoque des incendies"), de la poésie (Shoot the poet) et du gothique éclatant de lyrisme (Shadow, L’obscurité des nuits).
"Le premier voyageur temporel à essayer la machine à explorer le temps de H.G. Wells"
Dans cet album d’une belle cohérence figure un morceau énigmatique. Avec Sanatorium Europa, le plus dandy des chanteurs nous transporte dans l’Europe des années 20, sur la trace de Thomas Mann et d’Herman Hesse, lors de son séjour à Monte Verità. Explication de texte par MoonCCat lui-même : "Si les deux auteurs allemands sont peut-être familiers à certains, notamment Thomas Mann et sa Montagne Magique, Monte Verità ne doit pas dire grand chose à grand monde car il s'agit d'une expérience communautaire assez étrange et aujourd'hui oubliée qui a eu lieu au début du XXe siècle en Suisse… Six jeunes gens de bonne famille se sont effectivement lancés dans une aventure unique en son genre : quitter la société moderne dont ils étaient dégoûtés pour créer un nouveau mode de vie destiné à retourner au plus proche de la nature en construisant de toutes pièces un village autarcique auto suffisant qui réunira artistes, peintres, danseurs, chorégraphes, occultistes, anarchistes, bref, une population très éclectique, en recherche d'authenticité. Le village s'éleva à Monte Verità, "la montagne de la vérité", à Ascona en Suisse… C'est une utopie communautaire qui s'est construite et a perduré durant une vingtaine d'années. Elle a brassé de grands noms comme Hermann Hesse, Carl Jung ou Isadora Duncan, entre autre… Le titre raconte le séjour de Hermann Hesse dans ce lieu hors norme. Il ne raconte pas sa rencontre avec un prophète étrange qui à ce moment là, avait quitté la communauté pour vivre en ermite dans une grotte : l'étrange Gustö Gräser, qui fut pour lui une rencontre déterminante et a certainement joué un rôle dans ses romans initiatiques comme Demian et Le Loup des Steppes, avec qui Gräser avait certains traits en commun…"
Sanatorium Europa est une vraie singularité dans un album à l’empreinte XIXe siècle, sombre, beau, érudit et douloureux : "J’ai dans mon cœur un oiseau bleu, / Une charmante créature, / Si mignonne que sa ceinture / N’a pas l’épaisseur d’un cheveu… / Et son bec fin comme une lame, / En continuant son chemin, / M’est entré jusqu’au fond de l’âme."
Il ne faut pas se fier au joli bazar musical qui règne dans Récif, le nouvel album de Marie Mifsud. Une sacrée personnalité qui annonce, dès l’ouverture avec le titre Au fur et à mesure, un opus à la fois bigarré et coloré : du rythme, des percussions, du son ethnique (Au fur et à mesure), du son jazzy (Ballade), du rock (Tabou), une orchestration acoustique soignée (Attitude), mais surtout de la chanson française (Amusette) et de la poésie (Taon des pluies).
Les textes de Marie Mifsud expriment singulièrement la retenue (Si tu savais), les approches troublantes ("Face à face nos regards se frôlent / Se faufilent au milieu de la foule", Au fur et à mesure), les hésitations ("Oui toutes ces attitudes pleines d’incertitudes / qui pourraient me laisser sans voix", Attitude), la solitude ("Solitude immense en moi / Comme une coutume", Ballade) ou les jeux de la séduction (Amusette). Pour Je ne sais pas, la musicienne propose un tango, une danse sur un crise en couple : "De nous deux qui tiendra / Le plus longtemps possible."
Il y a une réelle épaisseur dans Récif, à l’instar de Ça, un rock faussement léger qui peut se lire comme une fantaisie psychanalytique : "On dirait que ça pourrait être ça / Ça me fait vraiment penser à ça."
Fantaisie psychanalytique
La recherche musicale est à tous les étages de cet album vraiment séduisant. Pour Attitude, au texte sombre sur les incertitudes de l’artiste ("Attitude étrange autour de moi / Mouvance extrême de cet épiderme autour de moi"), la chanteuse déploie une gamme impressionnante de couleurs, démarrant avec une composition très contemporaine jusqu’à des sonorités éclatantes pop eighties et nineties.
Marie Mifsud navigue là, sur des routes incertaines et semées de récifs. Les 14 titres de son album ont un goût doux amer, à l’image de Si tu savais, qui parle d’une séparation, mais où l'espoir d'un retour n’est pas loin : "Si tu savais comme tout a changé / Ô mon amour ! Oui, tu reviendrais / Si seulement tu savais." Plus sombre qu’il n’y paraît, Récif s’affirme comme un album très introspectif, à l’image de Doute : "J’ai comme un doute sur ma façon de douter", chante-elle par exemple (Doute).
L’auditeur s’arrêtera sur le petit diamant qu’est Taon de pluies, touchant par son naturalisme confondant. Marie Mifsud est à fleur de peau : et cela s'entend. "Cet album parle avant tout de la vie et des envolées d’émotions qui nous traversent. Ou comment trouver une harmonie dans tous ces contrastes", résume-t-elle.
Que trouve-ton chez Amazone Lili, qui a sorti il y a quelques semaines son single La traversée ?
À vrai que des choses simples, à l’image du titre : des amoureux qui se quittent, des "histoires interdites" mais surtout des souvenirs plein les bagages. "Je suis allé faire un break du côté de nos souvenirs", chante-t-elle avec spleen mais aussi infinie délicatesse.
Amazone Lili fait le choix d’une pop sans chichi, grâce à une voix veloutée et impeccable. Faussement bucolique ("Les champs de marguerite ne rendent plus les gens heureux") mais vraiment nostalgique, la musicienne parle de ces voyages au long cours – qu’ils soient intérieurs ou non – et de ces retours en arrière souvent douloureux : "La traversée des longues années… / La traversée des solitudes / Des solides habitudes."
Je voudrais commencer cette chronique par un détail qui vient de me sauter aux yeux : la pochette de 24, l’EP de Barange. Le chanteur, en sweat jaune – tout ce qu’il y a de plus urbain –, est photographié sur un fond blanc. Pas tout à fait blanc cependant, car l’artiste a choisi d’intégrer à l’extrême droite une coulure de paysage que l’on dirait méditerranéen. Cela pourrait être un détail d’un cliché de Montpellier, sa ville d’origine.
Ce détail visuel n’est pas si anodin que cela : avec 24 (24, comme son âge ?), Barange entend proposer un opus tout ce qu’il y a de plus urbain, sans pour autant tourner le dos au pays qui l’a vu grandir. Ce Parisien d’adoption, ayant toujours baigné dans le hip-hop, a travaillé tour à tour avec Jeff Panacloc (pour la musique de son spectacle "Jeff Panacloc perd le contrôle"), JokaFace du groupe TheCity ou du DJ Little -A-, qui a participé d’ailleurs au "game" de son album.
Le son urbain que propose Barange est un vrai hymne à la vie et à la réconciliation : arrêter de faire de nos vies des courses perpétuelles (J’ai couru), se hâter de jouer et de s’amuser "avant qu’ils nous coupent le réseau" (Le game), aimer ("C’est pas complique", De l’amour) mais aussi chanter pour ses proches, ses parents et sa famille (Maman).
Dans ce dernier titre, ce fan d’Oxmo Puccino, de Youssoupha ou de Gorillaz démontre qu’il n’oublie rien de ses origines et propose un touchant titre commençant par ces mots : "Chaque été je descend dans le sud faire un bisou aux parents."Nostalgique et mélancolique ? Sans doute un peu, oui, tant il est visible que le jeune adulte biberonné au hip hop se revoit enfant à la recherche du temps perdu ("J'aimerais tant revenir").
Barange reste cependant ce musicien hyper doué capable de surprendre et d’électriser l’auditeur, avec notamment le titre Canterbury : de l’électro rap au rythme enlevé et construit avec élégance et précision.