Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

natation

  • Jean Vigo, une étoile brève mais éclatante

    Une question se pose d’emblée à la découverte de cette intégrale "Jean Vigo" proposée par Gaumont : mais comment a-t-on pu oublier ce réalisateur français dont le long-métrage L’Atalante est considéré comme l’un des meilleurs films français de tous les temps, voire l’un des vingt meilleurs films tout court. Que Gaumont propose un coffret complet sur ce cinéaste n’est donc que justice.

    Mort à l’âge de 29 ans, Jean Vigo, fils d’un anarchiste espagnol immigré en France, laissa certes une œuvre peu abondante : outre L'Atalante, deux documentaires, À propos de Nice (1930, 22 mn) et La natation par Jean Tauris, champion de France (1931, 10 mn), le moyen-métrage Zéro de Conduite (1933) que la censure française interdira de sortie jusqu’en 1946. Le spectateur ou la spectatrice de 2021 restera dubitative en apprenant la réception de cette histoire d’enfants en révolte contre des adultes aussi autoritaires que ridicules. Film faussement insouciant et naïf, Zéro de Conduite est en réalité un brûlot contre le pouvoir et un hymne à la liberté qui se terminera sur les toits de la pension après une une fête officielle de l’école se terminant dans un joyeux bordel.

    On restera ahuri par l’audace visuelle, à l’exemple de cette Niçoise, habillée, rhabillée et déshabillée

    L’Atalante, l’année suivante, concrétise le talent de Jean Vigo, mais il est aussi son chant du cygne. En effet, de santé fragile, le réalisateur est atteint de tuberculose et termine de tourner son unique long-métrage alors qu’il est gravement malade. L’Atalante est une péniche où embarque Juliette après son mariage avec Jean, le capitaine du bateau. Parmi l’équipage, il y a Jules, le second, un Parisien gouailleur et haut en couleur, un poète au grand cœur aussi, sorte d’ange-gardien qui va bouleverser la vie de la jeune femme. Il faut voir L'Atalante comme une suite de scènes alliant expressionnisme et réalisme populaire, avec toujours un sens du cadrage incroyable, des mouvements de caméra subtils, des trouvailles visuelles et les interprétations inoubliables de Michel Simon et de Dita Parlo. L’unique long-métrage de Jean Vigo est aussi le témoignage d’un Paris disparu, celui des quais de Seine, des bals populaires et des bistrots bon marché où pullulaient des titis parisiens interlopes.

    Les deux autres films de Jean Vigo sont des documentaires. À propos de Nice (1930, 22 mn), sur une musique de Stephen Horne Franck Bockius et Marc Perrone, est moins didactique qu’artistique. Jean Vigo nous fait revivre la ville méditerranéenne et surtout ses habitants et anonymes : estivants, pêcheurs, joueurs de tennis, enfants. Il surprend par son découpage rythmé et ses plans travaillés : contre-plongées, très gros plans et clins d’œil. On restera ahuri par l’audace visuelle, à l’exemple de cette Niçoise, habillée, rhabillée et déshabillée. L’autre court-métrage, La natation par Jean Tauris (1931, 10 mn) est une leçon de natation par le plus grand nageur français de sa génération. Le film est illustré par une voix-off didactique et froide. En contrepoint, Jean Vigo choisit des images hallucinantes de féeries, avec un nageur évoluant tel un poisson dans l’eau.

    Le coffret Gaumont propose enfin un grand nombre de bonus : des actualités Gaumont de 1934-1936, des versions restaurées ou originales, le témoignage de Martin Scorcese lui-même qui insiste sur l’importance historique du cinéaste français et des documentaires en hommage à l’auteur de Zéro de Conduite et de L'Atalante. Une découverte bienvenue donc.

    Coffret Jean Vigo, Intégrale, Zéro de Conduite, L’Atalante, À propos de Nice, La natation par Jean Tauris, inédits, bonus et suppléments, restauration en 4K, Gaumont, 2018
    https://www.gaumont.fr/fr/auteur/Jean-Vigo.html

    Voir aussi : "Voir ou revoir le Napoléon d’Abel Gance"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Forçat en eau libre

    La natation en eau vive a connu un coup de projecteur malheureux durant les Jeux Olympiques de Rio. Lors de la finale du 10 kilomètres, la Française Aurélie Muller, arrivée deuxième, fut déclassée pour une manœuvre jugée anti-sportive. Contrainte de boire la tasse sur la ligne de l’arrivée, l’Italienne Rachele Bruni déposa une plainte auprès du jury qui estima que la Française avait gêné sa concurrente pour lui passer devant.

    La médaille promise lui passait sous le nez et le grand public français découvrait du même coup une sportive de haut-niveau. Canal+ propose en ce moment un documentaire sur cette "marathonienne  des eaux" que la désillusion de Rio a touché mais pas coulé. À l’occasion des championnats du monde de Budapest, le documentaire de Vincent Alix, La Chica del Rio, propose le portrait d’une sportive exceptionnelle.

    Le palmarès d’Aurélie Muller ferait pâlir d’envie pléthores d’athlètes. La nageuse de Sarreguemines a commencé sa carrière dans les bassins avec deux titres de championne du monde junior du 1500 et du 400 mètres mètres nage libre en 2006. En 2008, elle se lance dans les exigeantes mais relativement confidentielles courses en eaux libres, qui sont devenues olympiques à Pékin en 2008. La Française collectionne des performances plus qu'honorables, jusqu’à son premier podium en 2011 aux championnats du monde de Shanghai. Les années 2015 et 2016 marquent la consécration d’une athlète exceptionnelle, avec deux titres de championne du monde et championne d’Europe. De ce point de vue, la disqualification aux JO de Rio lors des 10 kilomètres pourraient faire figure de simple faux-pas dans une carrière marquée par le travail, l’opiniâtreté et le succès.

    Il faut regarder le documentaire de Vincent Alix pour mesurer le talent de ces forçats en eaux libres. En 2017, quelques mois après la déception des jeux olympiques au Brésil, Aurélie Muller se lance dans une course inimaginable, en forme de défi et de rédemption : le marathon de Santa Fe. Cette course en eau libre se déroule sur une distance de 57 kilomètres, pour 9 heures de nage, dans un fleuve sale et secoué, ce jour-là, par le vent et les vagues. Ces conditions infernales rendent d’autant plus ahurissantes ce marathon d’un autre genre. Pour Aurélie Muller, c’est aussi un moyen de se remettre à l’eau et de marquer les esprits. "C’est l’année zéro, donc il me fallait un gros truc pour recommencer. Et là, je suis servie," disait la Française dans les colonnes de l’Équipe.

    La performance d’Aurélie Muller, arrivée à une magnifique 3e place, est exemplaire. Le marathon aquatique Santa Fe-Coronda a certainement marqué la résurrection d’une nageuse qui se voit bien rester encore dix ans dans ce sport surhumain qu’elle vénère.

    Lors des championnats du monde de Budapest qui viennent de se tenir sur le lac Balaton, Aurélie Muller vient de conserver son titre de numéro un mondial au 10 kilomètres en eaux libres. La déconvenue de Rio est d’ores et déjà derrière elle. La Française a déjà en ligne de mire les JO de Tokyo en 2020. La forçat en eau libre est bien décidée à devenir une nouvelle impératrice de la natation française.

    Vincent Alix, La Chica del Rio, 2017, Canal+