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kurde

  • Elaha

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Elaha. Il sera visible du 3 au 9  juillet 2024. Soirée débat le mardi 9 juillet à 20 heures 30.

    Elaha, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, cherche par tous les moyens à faire reconstruire son hymen pensant ainsi rétablir son innocence avant son mariage. Malgré sa détermination, des doutes s’immiscent en elle. Pourquoi doit-elle paraître vierge, et pour qui ? Alors qu’un dilemme semble inévitable, Elaha est tiraillée entre le respect de ses traditions et son désir d’indépendance.

    Elaha, drame allemand de Milena Aboyan avec Bayan Layla, Derya Durmaz et Nazmi Kırık, 2024, 110 mn
    Scénario : Milena Aboyan et Constantin Hatz
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1461
    https://www.waynapitch.com/elaha

    Voir aussi : "Fremont"

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  • La plume trempée dans le feu et le sang

    Attention : roman rare et exceptionnel ! La littérature kurde, très rare de ce côté-ci de l’Europe, nous offre un bouleversant récit de Jwan Awara : Nous avons traversé l'enfer que les éditions Michalon proposent dans un traduction de Ruya Marcou.

    L’éditeur nous apprend peu de choses sur l’auteure et poétesse. Elle est Kurde et vit aujourd’hui en France, ce qui donne évidemment à ce livre une portée particulière et un témoignage universel.

    Lorsque le roman commence, en 2010, alors que l’Irak est en pleine guerre, Janfida Bataman, une brillante juge irakienne d’origine kurde, est kidnappée par le parti Baas de Saddam Hussein, exécuté Quelques années plus tôt après l’invasion du pays par l’armée américaine. La prisonnière est jetée dans des cachots souterrains, sous une ancienne église de Duhok, à quelques heures d’Erbil, Souleimaniye et Mossoul, au sud du Kurdistan irakien. Janfida rencontre d’autres victimes comme elles, toutes des femmes, contraintes de fabriquer des bombes pour le parti Baas. Les viols, les tortures, les contraintes et le désespoir sont le quotidien de ces prisonnières désespérées. Janfida y croise Sharo, Sari, Berian puis, plus tard, à Bakuba, Anny Hajami qui lui raconte sa propre détention. 

    Le roman devient polyphonique, faisant se croiser et s’entremêler les récits qui s’emboîtent telles des poupées russes

    Le premier intérêt de l’ouvrage de Jwan Awara – et ce n’est pas le moindre – est de donner la parole aux victimes oubliées d’une guerre épouvantable qui a bouleversé l’ordre du monde. Le roman nous plonge dans un enfer sur terre. En cela le titre du livre n’est pas galvaudé. La guerre est là, dans toute sa cruauté et toute son injustice. Jwan Awara met chaque camp à égalité, que ce soit les kidnappeurs du Parti Baas, les militaires américains (on voit même apparaître secrétaire d’État Donald Rumsfeld), voire les gens du MI6 qui prennent une place particulière dans un récit incroyable. Un récit qui ne ressemble à rien et qu’il faut lire jusqu’à la dernière page.

    Nous avons traversé l'Enfer est écrit à la deuxième personne du singulier. Sauf que le "tu" est autant utilisé par la narratrice pour la protagoniste centrale, Janfida, que par ses codétenues – que ce soit Berian, Anny ou Najla/Malika. Le roman devient polyphonique, faisant se croiser et s’entremêler les récits qui s’emboîtent telles des poupées russes.

    Au final, le lecteur se plonge dans une histoire captivante, dense et terrible qui englobe dans un grand tout le martyr de ces Kurdes prises dans l’engrenage d’une guerre inhumaine. Que leur reste-t-il sinon l’absolue nécessité du témoignage, comme le dit Anny : "Tu n’es pas comme les auteurs ordinaires, qui écrivent avec un fond de musique et un verre de vin. Tu es la fille de cette terre et de ces eaux, Janfida. La fille de ce pays anéanti doit utiliser le feu pour écrire." Cette voix portant témoignage c’est évidemment celle, puissante, de Jwan Awara. Un très grand livre.

    Jwan Awara, Nous avons traversé l'Enfer,
    trad. Ruya Marcou, éd. Michalon, 2022, 308 p.

    https://www.michalon.fr

    Voir aussi : "Ceux qui partent et celle qui reste"

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