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Sauvage !

Une chanson française revigorée grâce au passage par le hip hop et la pop : telle était l’ambition d’Aloïse Sauvage pour son premier album Dévorantes, sorti il y a un an et demi. Pari réussi pour cet opus servi par des textes précis, âpres et riches. Grâce à lui, Aloïse Sauvage a obtenu une reconnaissance des professionnels et du public ainsi qu'une nomination aux Victoires 2020 dans la catégorie Révélation Scène.

Dévorantes, qui se déguste avec plaisir et aussi surprise, est un album que l’on imagine personnel : la chanteuse y déverse ses cris et ses combats intérieurs, à commencer par le morceau qui ouvre l’opus, "Et cette tristesse / Qui traîne, espèce / De petite peste / Laisse-moi espérer / Que ça va aller"). L’aspect autobiographique est revendiquée par l’artiste qui a fait de Dévorantes une œuvre autant personnelle qu’engagée : "Quel étrange besoin de prendre le mégaphone / Pour exposer au monde ce qui me rend méga down", chante-t-elle avec une joie communicative ("Méga Down").

Les messages d’Aloïse Sauvage sont celles de l’acceptation des autres et de soi-même. En un  mot : assumer : "Et Jimy va bien / Car Jimy sait que désormais / Elle ira loin aux côtés de celle qu'elle a choisie" ("Jimy"). C’est aussi le thème du titre qui donne son nom à l’album, une vraie confession, entre hip hop et slam : " Moi, j'ai envie de toi, t'as envie de moi / J'ai pas compris que, toi, tu voulais bien" (Dévorantes).

À l’instar d’"Omowi", grâce à des textes d’une force poétique incroyable ("Offrez sa tête au roi, / Faites en ce que vous voulez, / Vous n’la connaissez pas, / La reine veut la dévorer"), Aloïse Sauvage se fait la chantre des sexualités assumées, et non sans un humour ravageur : "Tu veux nous orienter ? / C’est gentil de proposer, / Sans vouloir t’offenser, / Va te faire enculer". Son cri de combattante est aussi un cri d’amour : "Les PD sont beaux, j’ai osé rêver / Que tout le monde le voyait… / OMOWI / L’arc-en-ciel brandi, / T’es superbe vas-y".  

"OMOWI / L’arc-en-ciel brandi, / T’es superbe vas-y"

En parlant d’amour, c’est une superbe déclaration enflammée autant que sensuelle que propose "À l’horizontale", sans doute le meilleur morceau de l’album, à écouter et réécouter : "Avec toi j'ai tout mon temps / Les bras m'en tombent / Mais tantôt je ne dis rien car ça me va bien / D'être envoûtée par tes tentacules / J'ai pas de fascicule / Pour savoir comment m'adonner à cette sainte donation/ De nos corps entremêlés faudrait-il faire attention".

Dévorantes est un album libératoire à plus d’un titre où la soif de liberté et le besoin de s’assumer est inscrit dans chaque note et chaque morceau, ce qui ne n’empêche par l’artiste de cacher les blessures et les risques de ces combats : "Et si je lâche, que reste-t-il? / Je dois choisir pour ne pas chuter / Mais tellement difficile pour moi / De me restreindre pour mieux tout vivre" ("Feux verts"). Finalement, la récompense de tout cela est tout simplement l'amour ("Si on s’aime") qu’elle chante avec une très grande justesse : "Est-ce qu'on s'aimera encore / Toute la vie ? / Même quand on ne s'aimera plus / Dis-le-moi, oui".

Aloïse Sauvage, engagée, hypersensible, combattante et musicienne à l’univers déjà bien installé, devient dans le touchant "Papa" cette fille tendant la main vers son père pour renouer un dialogue que l’on devine coupé en raison des choix personnels de l'artiste que lui n'a pas compris : "Je m'évertue à croire que tu vas oser / Revenir un jour enfin bien décidé / À balayer ce passé un peu sombre / À m'enlacer fièrement et sans attente."

Musicalement, Aloïse Sauvage a composé un album où se mêlent chanson française, rythmes rap ("Et cette tristesse"), pop-rock ("À l’horizontale", "Papa", "Tumeur"), électro ("Toute la vie"), funk ("Si on s’aime") ou encore reggae (l’irrésistible "Méga Down" ou "Feux verts"). La magie vient, singulièrement, de la très grande cohérence de ce premier opus, passionnant de bout en bout et musicalement d’une très grande richesse. Avec des artistes comme Aloïse Sauvage, la chanson française a de beaux jours devant elle.

Aloïse Sauvage, Dévorantes, Initial Artist Services, 2020
https://aloisesauvage.store
https://www.facebook.com/aloisesauvage
@AloiseSauvage

Voir aussi : "L’Yelle du Verseau"
"Clou en plein cœur"

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