Essai & BD ••• Patrice Guérin, Hergé face à son Fétiche
"Il n'y a pas de Requins dans la Loire" : notes d'intentions de l'auteur
Commencé en 2004, ce roman noir (qui devait au départ être publié par une petite maison d'édition spécialisée dans le polar régional) a pour but, à travers une intrigue un rien perverse, de dénoncer la folie de l'argent, de l'ambition et de la cupidité. L'immobilier ayant fait les choux gras de l'actualité ces dernières années (boom immobilier, crise des subprimes puis crise financière), il me paraissait être un sujet intéressant pour une intrigue de roman noir. N'oublions pas que les crimes sont très souvent commis pour les motifs les plus futiles. Ce livre traite aussi de la part d'ombre que chacun porte en lui. Les personnages principaux de ce roman portent en eux des secrets qui finissent par être dévoilés au lecteur dans les dernières pages.
Mes influences pour l'écriture de ce roman : Georges Simenon, Claude Chabrol, Alfred Hitchcock mais aussi Émile Zola (le nom des deux personnages principaux est inspiré du roman La Faute de l'Abbé Mouret) !
Documentation
Ce roman a nécessité une assez longue documentation. Pour parler du milieu notarial, je me suis basé sur l’enquête faite par les journalistes Arnaud de Blauwe, Michel Fleury et Carole Matricon-Delbé pour la revue Que Choisir de mai 2005 (« Succession d’embrouilles »). Pour en savoir plus, je vous invite à vous reporter à ce livre de Laurence de Charette et Denis Boulard, Les Notaires - Enquête sur la Profession la plus puissante de France. J'ajoute que de précieux renseignements sur les notaires et les clercs de notaire m’ont été donnés par Stéphanie Carreau-Flandry.
Même si le personnage d’Agnès Gibault est imaginaire, l’histoire du corps de SAS français évoqué est authentique. Les informations sur ce sujet sont inspirées d’une étude de Martial Poncet, mise en ligne et disponible sur le site du Journal de Gien : http://www.lejournaldegien.fr.
Au sujet de la marine de Loire, énormément de documents sont disponibles, notamment sur Internet. Je vous invite à consulter ce lien. Deux musées consacrées à la marine de Loire existent et sont brièvement évoqués dans Il n'y a pas de Requins dans la Loire : le Musée des deux marines et du Pont-canal de Briare et le Musée de la marine de Loire de Châteauneuf-sur-Loire.
Un artiste est évoqué dans ce roman: Pierre-Jean David d’Angers. Ce sculpteur et statuaire français de l’école romantique (1788-1856) est particulièrement admiré par l'un des personnages centraux, Bernard Starck. Il possède dans une de ses résidences une copie de la statue La jeune Grecque au tombeau de Marco Botzaris (1827). L'original de cette œuvre est exposé à la Galerie David d’Angers à Angers.
Je termine en parlant des lieux qui ont inspiré (et comment !) ce polar : Gien et Nevoy. Ces deux villes du Loiret sont le théâtre des événements tragiques évoqués dans Il n'y a pas de Requins dans la Loire. Par contre, en aucun cas elles ne doivent, elles ou ses habitants, se considérer comme visées ou critiquées directement par ce roman. Dit autrement : toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite...
Liens musicaux
La musique est très présente dans ce livre, non seulement parce qu'elle rythme l'intrigue du livre mais aussi parce qu'elle a inspiré plusieurs passages.
La citation en exergue du roman est un extrait des paroles de la chanson La Noyée de Serge Gainsbourg. Issu des archives de l'INA, ce document présente la seule interprétation connue de son auteur, La Noyée ayant été interdite par la censure à l'époque de sa création. Elle reste aujourd'hui culte et au fort pouvoir évocateur. Cette chanson a fait l'objet de nombreuses reprises (celles d'Anna Karina et de Carla Bruni parmi les plus célèbres) mais aucune ne vient à la hauteur de l'interprétation sombre et inspirée de Serge Gainsbourg.
Dans le roman, Daniel Mouret écoute Where The Wild Roses Grow, une chanson de Nick Cave and The Bad Seeds et Kylie Minogue tiré de l'album Murder Ballads (1995) au moment où il apprend la vente de Belle Rive, la propriété tant convoitée. Cette superbe - et morbide - ballade illustre selon moi parfaitement bien le climat général de ce roman noir, pervers à souhait.
Dans la scène où Bernard Starck invite à dîner les Mouret dans sa somptueuse demeure de Saint-Brisson-sur-Loire, j'ai souhaité que la musique soit présente. Il fallait pour cette scène hors du temps une musique à la fois solennelle et sombre : j'ai fait le choix de la première symphonie en ré majeur "Titan" de Gustav Mahler.
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-C'est à l'intérieur de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Gien que le même Daniel Mouret entend lors d'une célébration religieuse un extrait du Magnificat de Jean-Sébastien Bach (1702-1766). Il s'agit du Et Misericordia, extrait particulièrement poignant d'une des plus célèbres œuvres du Kantor de Leipzig.--
Autre chanson présente dans ce roman : Mistakes du groupe anglais Tindersticks, hélas injustement méconnu en France. Ce titre, du deuxième album des Tindersticks, date de 1995. L'écoute de cette chanson par Daniel Mouret intervient à un moment charnière du roman. Nul doute que ces paroles résonnent en lui comme un singulier avertissement : "Erreurs / Je sais que je les porterai toute ma vie / Mes erreurs / Comme de celle / Tu sais laquelle / Quand on a coupé mes cordes / Je me suis envolée ailleurs / On a coupé mes cordes / Et je ne redescendais pas."
Une dernière chanson a rythmé l'écriture de ce roman : il s'agit du Sable Mouvant (End of May) de Keren Ann, tiré de l'album La Disparition (2004). Comme pour La Noyée de Serge Gainsbourg, on est porté par ce morceau sombre et d'une très grande élégance: "On ne dit rien quand le temps assassin / Enterre nos amours périssables sous le sable mouvant." Le Sable Mouvant reste à mon sens l'extrait musical qui illustre le mieux l'atmosphère d'Il n'y a pas de Requins dans la Loire.
Livre en vente uniquement sur Internet, disponible sur le site de l'Éditeur ou auprès de l'auteur.
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Communiqué de presse du roman Il n'y a pas de requins dans la Loire