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fabcaro

  • Positiver avec le dernier Astérix

    En octobre dernier sortait le dernier Astérix, L'Iris blanc, le troisième publié après la mort d’Uderzo en 2020 et aussi le premier avec Fabcaro au scénario. Didier Conrad poursuit son travail de dessinateur pour la saga du petit Gaulois.

    Les albums d’Astérix alternent régulièrement voyages dans l’Empire romain – voire au-delà – et aventure au sein du village gaulois. Cette fois, après un périple dans de froides contrées barbares (Astérix et le Griffon), retour en Armorique où les intraitables Gaulois résistants à l’occupant romain voient débarquer un étrange voyageur.

    Derrière ses allures courtoises et affables, Vicévertus est en réalité envoyé par César pour ramollir la volonté des Gaulois. Et le moins que l’on puisse dire est que cela marche. Abraracourcix et sa femme Bonnemine sont même dans l’œil du cyclone. Heureusement, Astérix veille et n’est pas dupe de l’influence néfaste d’un Romain trop poli pour être honnête.  

    Un Romain trop poli pour être honnête

    Il faut le dire : cet Astérix est sans doute l’un des meilleurs depuis bien des années, et la présence de l’auteur de Zaï Zaï Zaï au texte n’y est certainement pas pour rien. On sent l’influence du créateur des albums Open Bar dans sa volonté de donner à cet Astérix l’allure d’un conte moderne. Car Vicévertus, derrière son physique de grand échalas à mi-chemin entre BHL et Dominique de Villepin (sic), est un gourou de la "pensée positive", un philosophe de la bienveillance mise à toutes les sauces et un adepte d’une langue de bois capable d’endormir son auditoire.

    Autant certaines BD du petit Gaulois ont le défaut de faiblir vers la moitié de l’album, autant cet Astérix reprend du poil de la bête lorsque Bonnemine se laisse alpaguer par le sournois Romain. Et là, il semble que le scénario s’emballe en se transportant vers une Lucrèce ressemblant sur beaucoup de points à notre Paris du XXIe siècle : embouteillages sur le périphérique, voies sur berges bloquées, bobos s’écoutant parler dans un sabir insupportable, auberges se gargarisant de nouvelle cuisine (hors de prix), sans oublier ces trottinettes (les "charinettes") omniprésentes, avec qui Obélix a fort à faire.

    Tout cela se terminera, on s’en doute, fort bien, avec un festin villageois indispensable.

    Un très, très bon Astérix donc. Et on peut remercier Fabcaro pour ce travail au scénario.

    Didier Conrad et Fabcaro, Astérix, L’Iris blanc, éd. Hachette, 2023, 48 p.
    https://www.asterix.com

    Voir aussi : "Le plus moderne des Astérix"
    "Fabcaro ne sauve pas les apparences"

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  • Fabcaro ne sauve pas les apparences

    Après le succès de Zaï Zaï Zaï, Fabcaro revient avec une première fournée de planches soignées et désopilantes : Open Bar, 1ère tournée (éd. Delcourt, coll. Pataquès). Les travers de notre société, les modes, les discours courants ou nos habitudes sont passées à la moulinette de ce dessinateur hors-pair.

    Les personnages, en réalité des figures anonymes dessinées à la fois avec précision mais sans jamais qu'ils soient clairement identifiables, évoluent dans des environnements qui nous sont familiers, mais avec à chaque fois un détail, une phrase ou un mot qui fait tout voler en éclat.

    Les règles de bienséance sont dynamitées par des discours peu avouables. Les soirées bobos deviennent des stands de tirs. À la naïveté des enfants, se voit répondre l’absurdité des adultes. La langue de bois est érigée en totem et Fabcaro fait du non-sens une mécanique impitoyable : un train à l’heure a l’allure d’un événement incroyable, un rendez-vous chez le coiffeur devient un improbable salon intello, un débat entre deux politiques se transforme en duel dadaïste, les soirées devant la télé sont matière à entrer dans une quatrième dimension, et lorsqu’un enfant s’étonne de voir un éléphant dans son assiette, ses parents ne voient vraiment pas où est le problème.

    La vie quotidienne, le travail, les vacances, la Poste, la SNCF, les journaux télévisés, les doublages de film, les politiques, les commerces, les préoccupations écolos, les bobos, l’éducation des enfants, les migrants, la politique, les arts, la mode ou la société de consommation : l’auteur fait de ces choses qui nous paraissent somme toute normales des incongruités où l’absurde est poussé jusqu’au bout de sa logique. Et ne comptez pas sur Fabcaro pour sauver les apparences.

    Fabcaro, Open Bar, 1ère tournée, éd. Delcourt, coll. Pataquès, 2019, 54 p.
    https://www.editions-delcourt.fr

    Voir aussi : "Comme ça, vous n’avez pas votre carte !"

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  • Comme ça, vous n’avez pas votre carte !

    Le point de départ et l’intrigue de Zaï zaï zaï zaï tient en peu de mots : un client fait ses courses dans un supermarché et s’aperçoit à la caisse qu’il n’a pas sa carte de fidélité. Un vigile l’alpague pour cette "erreur" mais le client parvient à s’enfuir. C’est le début d’une fuite à travers le pays.

    Cette histoire surréaliste de chasse à l’homme sur fond de carte de fidélité oubliée est le prétexte pour Fabcaro – qui se met d’ailleurs lui-même en scène dans le rôle du client distrait – d’une série de saynètes désopilantes. Avec un sens inouïe de concision et d’efficacité, Fabcaro fait de chaque page une histoire à part entière à partir d’une intrigue a priori banale où le loufoque et l’humour noir le disputent au non-sens. Derrière cette course à un improbable ennemi public numéro un, se cache en filigrane un discours sur l’absurdité de notre monde : société de consommation aliénante, médias hystériques ou manipulateurs ou citoyens lambda tombant dans une douce folie.

    Zaï zaï zaï zaï est servi par un graphisme épuré aux antipodes de l’histoire abracadabrantesque. Amateurs d’humour burlesque à la Monty Python, cette bande dessinée est pour vous.

    Fabcaro, Zaï zaï zaï zaï, éd. 6 Pieds sous terre, 2015
    Julien Baudry, "Fabcaro ou le comique déceptif"