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camélia jordana

  • Des tatoos plein la tête

    Je vous avais parlé il y a quelques semaines de Maya Kamaty et de maloya, cette musique créole venue de La Réunion. Dans Tatoo Toota, Marjolaine Karlin vient puiser elle aussi dans cette culture, mais d’abord en français, pour un album coloré. Délicieux, délicat et sensuel cet opus l’est, mais aussi riche de folies poétiques mais aussi de noirceurs : "Tombe tombe la pluie / (Tu t’en vas) / Tombe tombe sur l’incendie / (Tu t’en vas) / Qui consume ma chair / Qui consume mes nerfs . Et je vois se polliniser / Les petits bouts carbonisés / De mon âme perdue devant sa dispersion / Aux quatre vents" (Tatoo).

    Tatoo Toota se pare d’une facture légère, portée par une orchestration à la fois rythmée et colorée. Chez Marjolaine Karlin, la rupture est, par exemple, traitée avec un mélange de légèreté et de mélancolie : Comment rompre parle de séparation, des luttes conjugales, des silences cruels, des batailles autour des enfants, des incompréhensions et des propos inavouables sur un rythme lancinant : "Comment rompre un silence / Dur comme un lac gelé / Sans que cette ouverture / N’inonde le plancher."

    Avec Madame la chanson, la musicienne aborde un sujet classique dans le répertoire français : la chanson, justement, dans une conversation avec cet art "mineur" adoré : "Ma mère / Ma sœur / Ma déraison / Mon cœur / Ou bien juste mademoiselle." Marjolaine Karlin revient donc à ses premiers amours, après une parenthèse assumée pour, sans doute, l’une des meilleures raisons qui soit : "Madame la chanson si je t’ai laissée infidèle / C’est la faute au petit garçon que m’a donné la vie réelle."

    En duo avec Camélia Jordana

    Avec Boat Train, Jaipour et Jewish Cemetery, la co-fondatrice du groupe Wati Watia Zorèy Band (sélection FIP en 2016, après une carrière au sein de Moriarty) propose des titres anglo-saxons sombres et lancinantes. Elle se fait naturaliste avec Boat Train, voyage dépaysant dans des contrées indiennes, voyage qui fait sens pour une artiste bourlingueuse qui a choisi d’inscrire son opus sous le signe du maloya réunionnais. Avec Jewish Cementery, la musicienne puise par contre dans le yiddish pour proposer un titre où se mêlent mélancolie, joie contenue, douceur sensuelle et tristesse que l’on tente de déguiser, un titre auquel vient faire écho In Geto, un a capella court et à la voix sensuelle.

    Marjolaine Karlin se fait fiévreuse et terrorisée dans le récit d’un drame vécu par un enfant en proie à la violence, "au mauvais endroit, au mauvais moment" : "Au feu maman j’ai froid / Mon sang se glace et bouillonne à la fois/ Au fou maman je crois / Que tout s’écroule autour de moi." Ce récit de peur, de mort et de violence vient en contrepoint d’un album lumineux dans son ensemble.

    Avec La vérité, sans doute le meilleur titre de l’album, Marjolaine Karlin, en duo avec Camélia Jordana, propose une chanson tout en finesse et en images sur cette vérité bien cachée, adorée mais souvent tenue précautionneusement à l’écart : "Comme un vieux collier / Comme un vieux parfum / Le nom de famille / D’un aïeul lointain / Je n’ai jamais porté / La vérité / Ce n’est qu’un drap sale / Un mouchoir qui a vécu / Une veste râpée / Un sac qui ne ferme Plus / Tous ces trucs insortables / Que j’aime et que j’adore / Que je garde au grenier / Qui sont mon réconfort / Mais qui devant les gens /Même cachée m’incommode / Comme s’ils étaient honteux / Ou juste passés de mode." Aurions-nous peur de cette vérité, se demandent les deux chanteuses ? "Et si j’ai l’air de la vêtir un matin d’abandon / Ne m’en faites surtout pas compliment / Peut-être qu’elle est belle et peut-être que je mens."

    Tatoo Toota se termine par un voyage au cœur de l’océan indien, sur un rythme et des sonorités mêlant rockabilly, électro et maloya : un vrai voyage intérieur se terminant en musique, en danse, en couleurs et en flux marins.

    Marjolaine Karlin, Tatoo Toota, Les Psychophones Réunis/Modulor, 2019
    Page Facebook de Marjolaine Karlin

    Voir aussi : "Maya Kamaty, la diva du maloya"

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  • À Tanger, je me suis perdu avec Camélia Jordana

    Découvrir, avec le regard d’un artiste, une ville émergente qui pourrait bien devenir incontournable dans quelques années : telle est l’ambition de Capitales inconnues, une série au format court à découvrir sur Internet. Ses créateurs annoncent déjà les futures capitales visitées : Jakarta, Accra, mais aussi Oulan-Bator, Auckland, Téhéran ou La Paz. Les épisodes s’articulent autour de séquences récurrentes : architecture et économie, divertissements, mode, cuisine, arts, sports et personnalités. Capitales Inconnues se déclinera ensuite en capsules courtes, en un site web et en une application, avec l’objectif d’être présent sur les réseaux sociaux.

    Le premier numéro de cette émission hybride, à mi-chemin entre le web documentaire et le magazine culturel, nous fait découvrir Tanger grâce à Camélia Jordana.

    Une des villes les plus hypes d’Afrique du Nord

    La chanteuse et actrice déambule, en compagnie de Laurent Bardainne, dans les ruelles étroites et les lieux les plus incontournables de l’une des villes les plus hypes d’Afrique du Nord. À travers des séquences brèves et rythmées, le spectateur découvre la remarquable Librairie des Colonnes, le café Hafa où Jimi Hendrix, Liz Taylor et les Beatles avaient leurs habitudes, le théâtre Cervantes, le café Baba ou la première maison de Paul Bowles.

    Dans ce premier numéro de Capitale Inconnue, pas de longs discours, de lieux attrape-touristes, de regards appuyés sur des décorums ou des dorures ou de guides rébarbatifs mais une pérégrination cool, guidée par une Camélia Jordana légère et hypnotisante.Ce voyage à Tanger se termine sur les toits de l’hôtel Dar Nour, avec vue imprenable sur la bbaie de Tanger. La chanteuse y interprète Stupid Love, un titre de son nouveau projet musical, le bien nommé Lost. Se perdre dans une ville magnétique avec Camélia Jordana et au milieu de ses habitants : voilà le genre de périple touristique qui ferait rêver n’importe qui.

    Capitales Inconnues de Richard Minier et Leslie Dubest, premier épisode, Tanger,
    avec Camélia Jordana,
    26 minutes version TV / 13 minutes version Web TV / 3 minutes capsules / 1'20 teaser,
    Heavy Surf / Together, 2018
    http://www.capitalesinconnues.com

    © Heavy Surf / Together