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  • Également chez Hexagone

    Retrouvez également le bloggeur dans le magazine Hexagone, le magazine trimestriel de la chanson.

    Pour le numéro de cet été, je signe une première chronique sur le dernier album de Barcella.

  • Alice Zeniter et les trois âges de la vie

    alice zeniter,harkis,algérie,guerre d’algérie,immigration,racines,rivesaltes,joncquesFresque familiale, roman somptueux qui se lit d’une traite et autopsie contemporaine sur le thème du déracinement, L’Art de perdre d’Alice Zeniter (éd. Flammarion) est à placer parmi les très grands livres français de ces dernières années, un livre qui pourrait d’ailleurs sous peu devenir un classique.

    Classique est du reste l’agencement de L’Art de perdre, un agencement qui arrive paradoxalement à désarçonner le lecteur : en structurant son roman en trois parties, correspondant aux trois personnages de son récit – le grand-père Ali, le père Hamid puis sa fille Naïma – Alice Zeniter compose une histoire à trois voix, dans trois époques et avec trois membres d’une même famille, les Zekkar. Cette composition adroite donne une épaisseur et une vie indéniables à l’histoire d’une famille ballottée par l’Histoire.

    Ali est le patriarche de cette saga familiale, un ancien journalier misérable devenu, par un coup du destin incroyable, propriétaire terrien, exploitant fortuné et notable respecté. Cela se passe dans l’Algérie française des années 40 et 50. Autour de lui, tournent une famille soudée et un village hors du temps. Lorsque les premiers soubresauts de la guerre d’indépendance algériennes éclatent, Ali, qui a porté les armes du côté des Forces Françaises Libres pendant la seconde guerre mondiale, hésite sur la conduite à tenir. Le FLN pousse la population à rejeter l’occupant français. Sauf que le respectable dignitaire kabyle est tiraillé entre son statut d’ancien combattant, "la conservation de ce qu’il a acquis," son mépris pour les résistants du FLN (des "bandits"), les histoires de rivalités entre clans du village et aussi la pression de l’Histoire. Pour Ali, il est dit que la France ne laissera pas tomber l’Algérie, si bien que c’est moins par conviction que par pragmatisme qu’il devient "harki," un harki finalement moins engagé que pris au piège d’une guerre sale. À la fin du conflit algérien, cette posture et ce refus de s’aligner du bon côté lui vaut d’être un paria dans son pays, menacé de mort, et de devoir émigrer en France.

    "Le racisme, cette forme avilie et dégradée de la lutte des classes"

    La partie suivante du roman ("La France froide") est écrite sous l’angle d’Hamid. Elle est consacrée à ces déracinés de l’Algérie française, d’abord au camp de Rivesaltes, puis celui de Jouques dans les Bouches-du-Rhône, avant une installation qui sera définitive dans la froide et humide Orne. Alice Zeniter fait du fils d’Ali celui qui se détache de ses racines, les rejette loin de lui, établit une coupure avec sa famille et se marie avec Clarisse, une attachante et douce Française. Le silence, les non-dits et la souffrance muette ("C’est facile pour vous, les épargnés,"écrit l’auteure, reprenant un dialogue d’Arnaud Desplechin) constituent le cœur de son expérience d’enfant immigré. Hamid est le portrait admirable de densité de fils de harki intégré, communiste et incapable de penser au retour vers l’Algérie : "Il se dit parfois que s'échapper prend plus de temps que prévu, et que s'il n'a pas fui aussi loin de son enfance qu'il le souhaiterait, la génération suivante pourra reprendre là où il s'est arrêté." Dans les années 70 et 80, Hamid, comme son père d’ailleurs, font également l’expérience du racisme, cette "bêtise crasse [qui] est la forme avilie et dégradée de la lutte des classes [et] est l'impasse idiote de la révolte."

    Le retour vers le pays des origines sera finalement fait lors de la génération suivante, avec Naïma. C’est l’objet de la troisième partie du livre, "Paris est une fête." La Guerre d’Algérie est lointaine et ce pays est une contrée à la fois étrangère et magnétique pour la petite-fille d’Ali. Que faire de ses racines ? La jeune Parisienne bobo travaille dans une galerie d’art contemporain et vit une relation très indépendante avec un homme marié. Que de chemin familial depuis Ali, le grand-père et patriarche qu’elle a connu toute petite et qui n’a rien voulu dire de son passé ! À cela s’ajoute l’histoire qui resurgit, via cette fois les attentats terroristes en France. La route vers ses racines, Naïma le fera à travers un voyage professionnel, inattendu et bouleversant. Elle y trouvera des réponses, des questions mais aussi des visages, semblant boucler, contre toute attente, la boucle de son histoire familiale.
    Alice Zeniter, loin de faire un récit de harkis, a écrit une fresque passionnante sur ces hommes et ces femmes coincées entre deux pays.

    L’Art de perdre a été couronné par un très mérité Prix Goncourt des Lycéens en 2017. Le titre du roman, choc et énigmatique, s’éclaire grâce aux vers de la poétesse américaine Elisabeth Bishop : "Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître. / J'ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes, / des royaumes que j'avais, deux rivières, tout un pays. / Ils me manquent, mais il n'y eut pas là de désastre." Naïma, l’extraordinaire personnage féminin de L’Art de perdre, l’expérimentera dans sa chair après son premier voyage en Algérie : "Elle ne veut plus partir d’ici. Elle veut absolument rentrer chez elle."

    Alice Zeniter, L’Art de perdre, éd. Flammarion, 2017, 507 p.
    Page Facebook d'Alice Zeniter

    Voir aussi :"L'été avec Albert Camus"

  • "Étélectro" et Beauté sauvage

    C’est une électro estivale que je vous invite à découvrir avec le premier EP de Beauté Sauvage, The Sound of the Waves.

    Impossible de ne pas se laisser enrouler dans les vagues synthétiques de ce single langoureux. Les flux et les reflux de la mer accompagnent un album pop, chill et minéral (The Sound of the Waves).

    Zen attitude requise pour le duo parisien mené par Jay-b Bricklear, aux manettes d’un mini-album au son french touch, électro-pop et funky (Sunset). Les voix chaleureuses accompagnent un EP parfait pour accompagner ces chaudes et paresseuses journées d’été. 

    Leur premier EP est disponible sur Soundcloud.

    Beauté Sauvage, The Sound of the Waves, Beauté Sauvage, juillet 2018
    Disponible sur Soundcloud

    Page Facebook de Beauté Sauvage

    Voir aussi : "Nouvelle vague"

  • À la recherche de la nouvelle star avec le Prix Chorus

    Pour la 9e année, le Département des Hauts-de-Seine ouvre les inscriptions pour le Prix Chorus 2019.
    Ce dispositif entend repérer de nouveaux talents nationaux dans les musiques actuelles. Le groupe ou l’artiste récompensé sera soutenu dans sa carrière et recevra un prix d'un montant de 10 000 euros.

    Les sélections ont notamment permis, entre 2010 et 2015 de découvrir des artistes comme : Christine And The Queens, Feu! Chatterton, Hyphen Hyphen, Concrete Knives, Elephanz, Chill Bump, Jabberwocky, Clément Bazin ou encore Inüit.  

    Les groupes ou artistes candidats doivent présenter un répertoire de compositions originales, dont la durée d'interprétation sur scène est d'au moins 30 minutes. Sont exclus les groupes ou artistes étant engagés contractuellement avec une major.

    L'âge des candidats est compris entre 13 et 35 ans (pour au moins la moitié des membres s'il s'agit d'un groupe). Les mineurs non émancipés doivent être munis d'une autorisation parentale pour présenter leur candidature. Les auteurs-compositeurs au sein des groupes candidats, doivent être inscrits, ou en cours d'inscription à la Sacem.

    Christine And The Queens, Feu! Chatterton...

    Le 30 juillet a commencé l’étape des inscriptions, qui se poursuivra jusqu’au 26 octobre 2018. En novembre 2018, le jury réuni déterminera la présélection du Prix Chorus 2019, soit dix groupes ou artistes.  Le jury du Prix Chorus est constitué de professionnels représentant l'ensemble de la filière des musiques actuelles : managers, éditeurs, producteurs, diffuseurs, attachés de presse, tourneurs, programmateurs ou artistes.

    Autre date à retenir : les 19 et 20 Décembre 2018, les dix présélectionnés se produiront sur scène à l'Espace Robert Doisneau de Meudon pour un concert de 30 minutes, dans le cadre de la 31ème édition du festival Chorus. Une nouvelle sélection des cinq meilleurs artistes et groupes sera décidé par le jury, qui enverra cette ultime sélection sur scène pour un nouveau spectacle. A la fin de ces concerts, le jury se retirera et délibérera pour choisir les 5 groupes ou artistes qui constitueront la "Sélection du Prix Chorus 2019". Cette sélection se retrouvera une nouvelle fois devant le public. Ce sera à la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt pour un concert de 25 à 30 minutes, entre le 5 et 7 avril 2019, dans le cadre du festival Chorus.

    Au terme d’une rencontre avec le jury, celui-ci choisira le/la ou les lauréats du Prix Chorus.

    Ami(e)s musicien(ne)s, il est temps de tenter votre chance avec ce concours qui a fait plus que ses preuves.

    Notez aussi que dans le cadre du Labo du Festival Chorus, le Département des Hauts-de-Seine organise la Soirée de rentrée du Prix Chorus avec trois groupes des Prix Chorus 2014 et 2018, Thé Vanille, The PsychoticMonks et Jabberwocky, le samedi 6 octobre à 20h au 25 de la Vallée à Chaville. Les places sont déjà en vente

    http://prixchorus.hauts-de-seine.fr

    Voir aussi : "Qui veut être le prochain Christine And The Queens ?"
    "Toutes les musiques du 92 que l’on aime"
    "Suprême NTM à l’affiche du 30e Festival Chorus"
    "Chorus à La Défense et à La Seine Musicale"

  • Les Formento, par un concours de Circonstance

    Par un concours de circonstances, je suis tombé sur les bien nommées Circumstance des Formento, grâce au site Rocky Girl.

    Les Formento, BJ et Richeille, est un couple à la ville et dans les arts, alliés dans une photographie élégante et exigeante, réconciliant création contemporaine et pop-art. Leurs clichés sont des mises en scènes savamment travaillées dans lesquelles se devinent l’influence du cinéma américain.

    C’est du reste aux États-Unis que les Formento ont posé leur valise à partir de 2009, pour cinq mois de pérégrination dans une Amérique irréelle, figée dans une époque qui pourrait se situer entre les années 50 et 70. Ils en ont sorti la série Circumstance : American beauty on bruised knees, appelée plus sobrement Circumstance.

    La crise des subprimes est passée par là

    La date de ce projet n’est pas anodine. En 2009, la crise des subprimes est passée par là. Les États-Unis sont à terre, démolis, empêtrées dans une remise en question traumatisante de leur american way of life et du libéralisme anglo-saxon. C'est cette occasion que choisissent les Formento pour se lancer dans un voyage passionnant, traversant 25 États et photographiant 50 femmes rencontrés par hasard, dans la rue ou sur Internet.

    Dans des paysages dévastés ou désertiques, pour ne pas dire post-apocalyptiques, le couple de photographes met en scène des modèles sublimes mais aussi esseulées, abandonnées et en attente de quelque chose ou de quelqu’un. Dans des poses maniéristes, ces femmes s’abandonnent, mélancoliques, bouleversantes et attachantes. En réponse à la crise économique, il semble qu’il y a cette crise existentielle qui n’est jamais apparue aussi prenante et aussi sexy que dans cette série de Circonstances. 

    http://formento2.com

    Voir aussi : "Baigneuse sortant des eaux"

    © Formento