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religion - Page 3

  • Que trouve-t-on dans Charlie ?

    Comme on pouvait s'y attendre, le numéro 1178 de Charlie Hebdo, numéro historique après l'attentat du 7 janvier 2015 puis la marche républicaine du 11 janvier, s'est arraché dans les kiosques. Mais au fait, qu'y trouve-t-on ?

    Les habitués de la revue, exceptionnellement moins fournie que les numéros précédents (8 pages au lieu de 16), peuvent retrouver les rubriques et les dessinateurs qui leur sont familiers, y compris Cabu, Wolinski, Charb, Honoré et Tignous – tous décimés le 7 janvier dernier sous les balles de terroristes djihadistes. La "Vie des jeunes" de Rihad Sattouf est aussi là, tout comme le strip de Charb, "Maurice et Patapon", les planches pleines de libibo et de jolies poupées de Wolinski et la fameuse dernière page "Les couvertures auxquelles vous avez échappé".  

    La verve, le talent, la provocation et l'humour potache sont bien présents, au point que ce numéro peut être qualifié "d'excellent Charlie Hebdo" (du moins c'est l'opinion du bloggeur).

    La couverture de ce numéro a été commenté à multiples reprises (y compris sur ce site). Elle a pu susciter incompréhension, émotion ou exaspération. La figure de Mahomet pleurant, avec à la main un panneau "Je suis Charlie", reste emprunt d'émotion et de dignité, même si le "Tout est pardonné" en titre peut offrir plusieurs grilles de lecture.

    L'éditorial ne pouvait s'ouvrit que sur le rappel d'une semaine folle qui a vu la plus décriée de nos revues devenir une figure de ralliement universel pour la liberté d'expression et la laïcité : "Les millions de personnes anonymes, toutes les institutions, tous les chefs d'État et de gouvernement (...) qui, cette semaine, ont proclamé « Je suis Charlie » doivent savoir que ça veut dire aussi « Je suis la laïcité »". Pour ceux qui en doutaient encore, la revue assume ce combat, qu'elle a payé au prix fort. Et Gérard Biard ne manque pas de rappeler que pendant des années, Charlie Hebdo s'est trouvé bien seul dans ce combat (avec le trop fameux : "je condamne... mais"). Pas d'angélisme donc - y compris après la communion républicaine du 11 janvier - mais une vigilance accrue ("Nous ne sommes pas dupes") et avec, en conclusion, une demande faite au pape : "Nous n'acceptons que les cloches de Notre-Dame sonnent en notre honneur que lorsque ce sont les Femen qui les font tinter" ! 

    Les articles de ce numéro exceptionnel sont autant d'éclairages sur l'attentat qui a ensanglanté le journal : Jean-Yves Camus traite des thèses fumeuses du complot qui fleurissent sur le net, destinées à dédouaner l'islamisme et à charger un pseudo complot judéo-américain ; une enquête de Laurent Léger nous parle des failles de l'antiterrorisme ; un article poignant de Sigolène Vinson s'attache à Lila, le cocker mascotte de la revue, rescapée elle aussi de la tuerie du 7 janvier ; un autre de Sylvie Coma est un cri à la vie et au courage, après la mort de ses amis de Charlie ("Crever, c'est assez chiant comme ça, pour qu'en plus on ait la trouille") ; Antonio Fischetti, Patrice Pelloux, Zineb El Rhazoui et Jean-Baptiste Theret  offrent également des témoignages émus et des des vibrants hommages à leurs amis assassinés ce 7 janvier 2015. Signalons également une lettre de Mathieu Madenian adressée à Charlie, une double page illustrée consacrée à la marche républicaine (avec ce cri de la flamme du soldat inconnu : "Je bande !") et un coup de projecteur de Solène Chalvon sur l'attentat contre Charlie vu de l'étranger.

    Il y a surtout ces articles et ces dessins qui prennent aux tripes car ils sont autant de testaments. Les caricatures hilarantes de Cabu : l'arrivée de gamins du "9-3" débarquant dans un camp djihadiste, d'anciens soldats de Dieu devant se reconvertir à Pôle Emploi ou le pape en train de donner la communion à des divorcées. Les planches colorées et littéraires de Wolinski, imaginant le sort réservé aux otages du djihad si ceux-ci ne doivent plus être rançonnés. Les personnages esquissées de Charb, reconnaissables entre tous avec leurs yeux globuleux et leur air perdu. Les dessins d'Honoré, superbes de réalisme et de sensibilité. Les caricatures bourrées d'humour noir de Tignous.

    Et puis, il y a ces deux autres articles. Le premier est une interview de Charb datant du 11 septembre 2011, juste après l'incendie des locaux de Charlie Hebdo, et dans laquelle il invite à faire disparaître des discours l'expression de "musulman modéré". Le second est un billet de Bernard Maris (Oncle Bernard) : "Quand « Charlie » avait 20 ans" retrace la ligne éditoriale du journal créé par Cavanna (disparu il y a un an, presque jour pour jour) : "La politique de Charlie est non violente et non haineuse. Elle est gaie."

    Charlie Hebdo, en kiosque et sur abonnement

  • Tout est pardonné

    Charlie Hebdo sort son premier numéro "post-7 janvier". Un numéro qui s'avère d'ores et déjà historique, avec un tirage inédit de plusieurs millions d’exemplaires.

    La couverture de ce numéro 1178 vient de sortir sur les réseaux sociaux, avec un titre à la fois choc et digne - et une caricature de Mahomet, lui aussi "Charlie"... 

    charlie.png

  • Tous Charlie ?

    Une forme d'unanimité a suivi l'attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, unanimité qui a été illustrée par ce slogan quasi spontané : "Je suis Charlie".

    Une unanimité que les survivants de la revue satirique ont salué avec émotion mais aussi aussi avec une amertume compréhensible. La journaliste Zineb, qui n'était heureusement pas présente lors du tragique comité de rédaction, n'a pas manqué de se féliciter de ce soutien universel, tout en regrettant qu'il vienne bien tardivement et après la mort de douze personnes dans les conditions tragiques que l'on sait. Un des autres rescapés, le dessinateur Luz, va plus loin, considérant que les manifestations monstrueuses vont "à contre-sens de Charlie".

    "Je suis Charlie" ont proclamé des millions de personnes en France et dans le monde ; or, force est de constater que cela n'a pas été toujours le cas.  

    Il est certain que dans la période pré-7 janvier, l'hebdomadaire s'est trouvé bien seul dans son combat quotidien pour la liberté de la presse. Ainsi, lorsque Charlie Hebdo a publié en 2005 les caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, un certain nombre de voix ont critiqué son "manque de responsabilité". Hommes publiques, organisations religieuses et même l'Union européenne, ont pu être coupables d'une forme d'aveuglement et de mansuétude pour les adversaires (religieux) de Charlie. Le procès de 2007 contre le journal, intenté par le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), n'a pas conduit à voir les représentants publiques et républicains se lever vent debout pour défendre Charlie. Loin s'en faut ! 

    Lors du procès de 2007, ce qui était demandé par les accusateurs du titre était un respect des croyances religieuses (dit autrement, un délit de blasphème !). Or, ces respects, un journal laïc et satirique au nom de l'impertinence, du rire et de l'engagement contre les idéologies, ne pouvait et ne peut pas l'accepter ! Comme le soulignait lors de sa plaidoirie Richard Malka, l'avocat de Charlie, le magazine d'information satirique s'est en tout temps attaqué aux idéologies religieuses, qu'elles soient chrétiennes, juives ou musulmanes. Or, il démontrait que non seulement l'Islam n'avait pas été – et de loin – la religion la plus moquée mais qu'en outre elle demandait une forme de "régime d'exception"... Inacceptable!

    La publication en novembre 2011 du hors-série Charia Hebdo a été marquée par un cran supplémentaire dans la violence à l'encontre du journal : incendies des locaux, piratage de son site Internet, menaces de mort de ses responsables. "Tous Charlie" après ce nouveau coup contre la liberté de la presse ? Pas totalement. Ainsi, à l'époque, tout en condamnant cet attentat et en proclamant le principe de laïcité et de liberté de presse, le premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, mettait en garde contre "tout excès" et en appelant à "l'esprit de responsabilité de chacun". Suivez mon regard...

    Un peu plus de trois ans plus tard, un stade inédit a été franchi, plongeant notre pays dans l'effroi et la colère. "Je suis Charlie" ont – enfin ! – proclamé quasi unanimement les citoyens et responsables du pays. Quasi unanimement car, outre un groupe minoritaire intitulé "Je ne suis pas Charlie", un homme politique s'est désolidarisé du mouvement général. Jean-Marie Le Pen, le fondateur et président d'honneur du Front National a déclaré publiquement : "Et bien moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie. Et autant je me sens touché par la mort de douze compatriotes français dont je ne veux même pas savoir l'identité politique, encore que je la connaisse bien, qu'elle soit celle d'ennemis du FN qui en demandaient la dissolution par pétition il n'y a pas tellement longtemps."

    Preuve supplémentaire que le parti d'extrême-droite n'est pas tout un fait un parti comme les autres. Mais ceci est une autre histoire.  

    http://www.charliehebdo.fr
    https://charliehebdo.wordpress.com 

  • Superfeat : "Je n'ai jamais su si mon père porte une coupe au bol depuis 1965 en hommage aux Beatles ou à Cabu"

    Voici, pour une fois, un texte qui n'est pas du bloggeur mais de Superfeat, une illustratrice et graphiste talentueuse. Actualité oblige, il traite de l'attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Vous retrouverez l'adresse de son site à la fin de cet article (publié avec l'aimable autorisation de l'auteur) :

    superfeat.jpg"Je n'ai jamais su si mon père porte une coupe au bol depuis 1965 en hommage aux Beatles ou à Cabu. 

    Et les vendredi soirs, dans la voiture, après l'achat du Charlie hebdomadaire ma mère lisait à mon père certains articles. Ils riaient et je ne comprenais pas tout mais je riais avec eux. 

    Et le premier pénis que j'ai vu dans ma vie c'était en feuilletant en cachette les vieux exemplaires de l'Echo des Savanes, Charlie, Hara-Kiri que mon père conservait dans la bibliothèque familiale.

    Et un reportage sur Wolinski qui dessinait des petites pépètes dans la rue, planqué sur un banc devant une bouche d'aération de métro pour guetter le vent fripon qui soulève les jupes.

    Et ma grand-mère qui chantait "mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente".

    Et le grondement des loups qui sont entrés dans Paris.

    Et Thank you Satan.

    Et les nez poilus de Charb.

    Et le pas de côté de Gébé, et la vie, l'oeuvre et le cul de Siné.

    Et la cérémonie de presse citron où ils riaient avec leurs gros ventres (pour certains) et leurs rides joyeuses.

    Ils auraient pu être des oncles ou des amis, et d'ailleurs je crois qu'ils l'étaient dans mon imagination.

    Et puis, hier. Le choc. J'ai annoncé le décès de Cabu à mon père qui a manqué de s'évanouir, ma mère en larmes, paris en larmes. 

    La place de la république, bondée d'amour, de liberté, de Charlie, d'enfants tout cassés par la douleur qui s'apprêtent à dire "Vous les avez tués, mais nous sommes leurs enfants, et nous allons dessiner."

    Car nous sommes Charlie."

    Superfeat
    http://superfeat.tumblr.com

  • Je suis Charlie

    charlie.jpg