Essai & BD ••• Patrice Guérin, Hergé face à son Fétiche
Loup, où es-tu ?
Nous avions laissé Thierry Berlanda au Nigéria avec Naija (éd. Du Rocher), un sombre et beau thriller d’anticipation dans lequel il était question de crimes sordides, de capitalisme et de manipulations génétiques. Cette fois, c’est à Sancerre, au cours du XVIe siècle, que l’écrivain et philosophe français a situé l’intrigue de son dernier roman L’Orme aux Loups (éd. De Borée).
En plein règne d’Henri III, Fondari, un montreur d’ours itinérant, débarque avec son animal dans la petite ville du Berry, déchirée par les luttes intestines entre le seigneur des lieux et son bailli, et surtout traumatisée par les terribles guerres de religion.
Quelques heures après l’arrivée du voyageur et de sa bête, une fillette disparaît, avant un premier meurtre. Ce n’est que le début d’une série sanglante. Le coupable est tout trouvé, d’autant plus que l’animal a disparu. Le montreur d’ours est donc arrêté. Un jeune homme intervient pour lui apporter son soutien : il s’agit du fils du comte de Sancerre, Joachim Bueil. Les deux hommes se lient dans une course à la montre épique.
Polar historique pendant les guerres de religion
Dans son polar historique, Thierry Berlanda réussit le tour de force de nous surprendre et de nous faire voyager dans un monde à la fois sombre, inquiétant et digne des contes et légendes. Le personnage du montreur d’ours est bien entendu le principal supplément d’âme du livre. Parler des guerres de religions et de ses conséquences est l’autre bonne idée de cet ouvrage : la série de conflits épouvantables qui ont ensanglanté l’Europe au XVIe siècle vient exacerber les animosités du fascinant bailli Danlabre, du comte Bueil et du curé Jacquelin.
Thierry Berlanda, philosophe autant qu’écrivain, délaisse l’action brute au profit d’une intrigue intelligente et rondement menée où se mêlent politique, manipulations et religions, le tout dans une langue finement travaillée. La vérité saura, comme il se doit, surgir grâce à la sagacité d’un bailli caractériel, insupportable de roublardise et à la réputation sulfureuse.
Pari réussi donc pour ce polar d’à peine 200 pages, intelligemment mis en scène dans une France minée par les guerres de religion.
Thierry Berlanda, L’Orme aux Loups, éd. De Borée, 2017, 196 p.
"Naija ou mutations en chaîne"