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duel

  • Qu’as-tu vu ? 

    Et si l’œuvre de Ridley Scott se voyait enrichie, avec Le dernier duel, sorti l’an dernier, l’un de ses meilleurs films ? Un accueil poli avait accueilli la sortie de ce drame historique tourné en grande partie en France. Le dernier duel mérite cependant bien plus, à la fois dans sa construction narrative de dans le message résolument moderne que le vieux réalisateur veut faire passer.
    Basé sur un roman d’Eric Jager, Ridley Scott raconte le duel entre le chevalier Jean de Carrouges (Matt Damon) et l’écuyer Jacques le Gris (Adam Driver). Nous sommes en 1386 en France, en pleine guerre de Cent ans.

    Jean de Carrouges combat avec ardeur pour les troupes de Charles VI. Il devient frère d’armes avec Jacques le Gris qui peut se targuer d’être dans les petits papiers de ses suzerains, et notamment du comte Pierre II d'Alençon (Ben Affleck). Contre toute attente, Jean de Carrouges trouve un bon parti en la personne de Marguerite (Jodie Comer), une jeune noble normande. Mais le chevalier se voit déposséder d’une partie des terres qu’il a reçu avec sa dot, en raison d’une dette importante. Jean de Carrouges ravale sa rancœur contre Jacques le Gris et le comte Pierre d’Alençon pour repartir en guerre. À son retour d’une campagne malheureuse, il apprend que sa femme a été violée. Il en appelle au roi et obtient de lui un duel contre le présumé coupable, Jacques le Gris. 

    Ordalie

    Le premier intérêt du film est avant tout historique : raconter la toute dernière ordalie, ces duels judiciaires venus d’âges immémoriaux au cours desquels la justice était sensée être donnée par Dieu grâce à la victoire du combattant. Dans la dernière et longue séquence d’action pure, Ridley Scott use de son expérience et de son talent au service d’un dénouement que nous ne dévoileront pas ici. Disons simplement que la conclusion de ce duel charrie sa part de cruauté mais aussi de non-dit. .

    Mais le film de Ridley Scott est aussi un puissant récit sur un fait divers oublié, et pourtant actuel. Que s’est-il passé et qu’on vu les protagonistes ? Le film propose trois parties qui proposent les trois points de vue : celui du mari Jean de Carrouges, de l’accusé Jacques le Gris et de la victime Marguerite de Carrouges. Dans le rôle de la femme bafouée, Jodie Comer, que l’on a connu dans le rôle de la tueuse de Killing Eve, endosse un rôle incroyable de sincérité, avec une étonnante modernité. Traitement fait aux femmes, agressions sexuelles, soupçons, rumeurs jetées sur la place publique pour faire bouger les lignes : voilà qui parle au spectateur de 2022. Et qui fait de ce Dernier duel un film important et moderne.  

    Le dernier duel, drame historique anglo-américain de Ridely Scott,
    avec Matt Damon, Adam Driver, Jodie Comer et Ben Affleck, 2021, 152 mn, Canal+

    https://www.20thcenturystudios.com/movies/the-last-duel
    https://www.canalplus.com/cinema/le-dernier-duel/h/17179808_40099

    Voir aussi : "Tu n’as rien vu à Hiroshima"
    "Notre meilleure tueuse"

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  • Duel pour violoncelle et piano

    duel,cirade,staïcuAu 38, rue de Montpensier, dans une de ces vieilles ruelles du 1er arrondissement de Paris jouxtant le jardin du Palais Royal, le musée du Louvre et la Comédie française, avait lieu un Duel.

    Il se déroulait dans une des plus anciennes salles de la Capitale, sous les ors et les dorures du Théâtre du Palais Royal. Les protagonistes ? Laurent Cirade et Paul Staïcu, de retour pour Duel 2, leur nouveau spectacle créé après une première tournée triomphale dans 36 pays. Les deux musiciens s’affrontent sur scène pendant pendant près d’une heure vingt à coup de violoncelle, piano, violon, mélodica, percussions et autres instruments parfois les plus insolites – scie, didgeridoo ou fil de pêche... L’objet de ce duel ? Faire rire. Mission réussie.

    Dans un show efficace et millimétré, les deux compères, complices et adversaires le temps d’une représentation, détournent les codes du concert classique - costumes et nœuds de papillon inclus - pour en faire un spectacle comique, insolite et virtuose. Laurent Cirade le violoncelliste, a sévi dans le célèbre groupe comique multi-primé Le Quatuor, après plusieurs années à l’Orchestre National de France. Il est vrai que l’influence de cette formation burlesque est évidente dans Duel 2. L'autre duelliste est Paul Staïcu, compositeur et instrumentiste confirmé, avec à son actif plusieurs "Premiers Prix" en composition et jazz. C’est d’ailleurs dans le jazz que Paul Staïcu a notamment brillé en jouant aux côtés de Michel Portal, Steve Coleman, Winston Marsalis ou François Jeanneau. Excusez du peu.

    Ces deux musiciens, qui ne sont donc pas venus de nulle part, construisent dans Duel 2 une série de numéros enlevés où la musique devient autant une arme (le spectateur apprendra d’ailleurs comment tuer avec un violoncelle !) qu’un jouet que deux grands gosses – surdoués – convoitent jusqu’à s’entre-déchirer - pour le plus grand plaisir des spectateurs.

    Dans cet affrontement (presque) muet des deux musiciens, les scénettes s’enchaînent sans temps mort. Le non-sens et le burlesque sont la règle et nous renvoient au célèbre duo de Charlie Chaplin et Buster Keaton dans Limelight (Les Feux de la Rampe, 1952).

    L’imagination de Laurent Cirade et Paul Staïcu, sans oublier celle de la metteuse en scène Agnès Bourry, décline à l’infini le détournement des instruments et des répertoires de musique. La surprise peut surgir à tout moment : jouer du piano dans un transat, cuisiner puis déguster un violoncelle ou élever au biberon un violon. Le pouvoir de sex-appeal du violoncelle (que l’on connaissait depuis les célèbres clichés de Kiki de Montparnasse par Man Ray) est aussi raconté avec succès, jusqu’à la "naissance" d’un violon bien encombrant.

    Les moments de poésie ne sont pas oubliés : une variation sur le thème de Carmen, au piano, violoncelle et didgeridoo, fait partie de ces moments de grâce, tout comme l’interprétation tendue et inspirée de Walk on the Wild Side de Lou Reed.

    Laurent Cirade et Paul Staïcu multiplient les références au classique, au jazz, à la pop, au rock, au reggae, au contemporain, au RnB, au disco et à la soul pour détourner quelques grands compositeurs et musiciens - et tout cela au service du rire. L’auditeur attentif pourra reconnaître, entre autres, Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, les Beatles, Luigi Boccherini, Ludwig van Beethoven, Georges Bizet, Carlos Santana, Ennio Morricone (dans une scène loufoque inspirée des westerns spaghetti), Charlie Chaplin, les Village People, Johann Strauss, Charles Gounod, les Bee Gees, Sergueï Prokofiev, Vladimir Cosma, Johannes Brahms, Lou Reed ou Barry White.

    Nos duellistes font non seulement un magnifique hommage au patrimoine musical mais contribuent aussi à le désacraliser. Tout cela n’est pas sérieux, semblent nous dire les deux artistes sur scène. Mais la musique l’est-elle réellement ?

    Duel, opus 2, avec Laurent Cirade (violoncelle) et Paul Staïcu (piano),
    Théâtre du Palais Royal, du 5 février au 15 avril 2016
    Du mercredi au samedi à 19 heures
    Duel : le site 

    Duel : la page Facebook 
    Théâtre du Palais Royal