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space opera

  • Solaris et son double

    Parlons aujourd'hui de Solaris : un titre pour deux long-métrages adaptés et tournés à trente ans d’écart, respectivement par Andreï Tarkovski et Steven Soderbergh. Quelles sont les ressemblances et les différences ? Focus sur deux œuvres différentes mais tout aussi intéressantes l'une que l'autre, en dépit de la ligne narrative semblable.

    Sur un roman du Polonais Stanisław Lem, Solaris conte une mission spatiale autour de la planète imaginaire Solaris. D’étranges phénomènes se sont déroulés lors d’une mission scientifique : des morts suspectes, dont un suicide. Lorsque le scientifique est envoyé sur les lieux, il se trouve face à une apparition, sa compagne disparue des années plus tôt. Il semblerait qu’elle émane de la planète Solaris, puisant dans l’esprit humain pour réveiller et générer des êtres plus humains que nature.

    Le Solaris de Tarkovski, sorti en 1972, transcende le space-opera, à la manière du 2001 L’Odyssée de L’Espace de Stanley Kubrick. La référence n’est pas anodine : quatre ans après le chef d’œuvre américain, la Russie soviétique voulait proposer elle aussi un film de SF mémorable. Pari – presque réussi – même si le succès public n’a pas été celui de Kubrick.

    Message philosophique

    Disons aussi que Tarkovski s’intéresse moins à la SF qu’au message philosophique. Le cinéaste boudé par les officiels soviétiques ne parviendront jamais à s'attirer les bonnes grâces d'une Russie déjà sclérosée. Le futurisme de son Solaris apparaît comme un décor et une illusion au service d’un discours philosophique et métaphysique sur l’humanité, Dieu, le sens de la vie, mais aussi la culture humaine, les traditions, les souvenirs et le cheminement intérieur, lorsque Kris Kelvin rencontre Diane – ou plutôt son double extra-terrestre (la superbe et magnétique Natalia Bondartchouk). 

    Évidemment, le remake qu’en a fait Steven Soderbegh trente ans plus tard, n’a pas manqué d’être comparé avec l’œuvre de Tarkovski. Il y a des similitudes dans l’intrigue : une mission spatiale qui tourne mal, une série de drames dans l’espace et une apparition qui vient bouleverser le personnage principal, en l’occurrence Chris Kelvin, psychologue de son état, veuf depuis quelques années suite à un drame que Soderbegh met en scène dans le dernier quart du film.

    Au message philosophique du Solaris de Tarkovski, Soderbegh répond par un film hollywoodien, avec deux acteurs au glamour irrésistible, George Clooney, Natascha McElhone ainsi que des seconds rôles convaincants (Jeremy Davies et Viola Davis). Le Solaris de 2002 est riche de ses décors soignés et d’effets spéciaux magnifiques, qui n’écrasent cependant pas le film.

    Soderbegh s’est prudemment défendu de "refaire" le Tarkovski, préférant proposer une nouvelle adaptation du roman de Stanisław Lem. Le résultat est franchement probant, même si le message philosophique du cinéaste russe devient, dans le Solaris de 2002, un drame intime, jusqu’à une conclusion sous forme d’une porte ouverte vertigineuse. Une jolie réussite. 

    Solaris, science-fiction russe d’Andreï Tarkovski,
    avec Natalia Bondartchouk et Donatas Banionis, 1972, 90 mn, en DVD, MK2

    Solaris, science-fiction américaine de Steven Soderbergh, avec George Clooney, Natascha McElhone, Jeremy Davies et Viola Davis, 2002, 99 mn, en DVD, 20th Century Fox
    https://www.dvdclassik.com/critique/solaris-tarkovski
    https://www.leblogducinema.com/original-vs-remake/1-solaris-vs-solaris-96527

    Voir aussi : "2001 en 1968"

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  • Mando, l'autre Boba Fett

    Je ne sais pas si vous avez été comme moi frustrés par la dernière trilogie de Star Wars. Mettons déjà de côté les spin-offs, très inégaux pour être gentils (Rogue One et Solo), et remontons des années en arrière. En 2015, la franchise Star Wars entre dans l’escarcelle des studios Disney qui entendent bien décliner la saga imaginée de George Lucas avec une bonne vitesse de croisière. L’idée est d’utiliser la très riche galerie de personnages tournant autour de Luke Skywalker et de multiplier les productions – et les recettes.

    Rapidement, Disney imagine des spin-offs pouvant intéresser les fans, et parmi ces spin-offs, une rumeur insistante indique que Boba Fett pourrait devenir l’un de ses personnages, après la sortie de Rogue One en 2016. Il est aussi question d’une autre déclinaison, cette fois d’un personnage beaucoup plus essentiel, Obi-Wan Kenobi – mais ceci est une autre histoire, si j’ose dire.

    Bref, voilà Boba Fett intronisé comme le futur héros d’une Star War Story. Sauf que le projet patine, comme nous l’expliquions sur ce blog. Et bientôt, ce projet mort-né rejoint le cimetière des films que les spectateurs ne verront jamais.

    Fin de l’histoire ? Pas tout à fait, car entre-temps le monde du divertissement a connu une double révolution : celle des séries et celle des plateformes à la demande – l’une n’allant pas sans l’autre. Et voilà la firme aux grandes oreilles bien décidée à participer à ce grand mouvement, à l’instar des Netflix, Amazon et autres géants d’Internet. En 2020, elle lance elle aussi sa chaîne en ligne, Disney+. Et c’est là que réapparaît Boba Fett. Ou plutôt Mando.

    Mettons nous d’accord : The Mandalorian, la nouvelle série phénomène estampillée Star Wars ne reprend pas stricto sensu le personnage devenu emblématique de la première trilogie des Skywalker. Figure secondaire, muet, au costume cheap et n’apparaissant que quelques poignées de minutes tout au long de la saga de George Lucas, Boba Fett est pourtant devenu, presque par miracle, une de ces figures familières des rassemblements de cosplayers Star Wars. Pour The Mandalorian, c’est ce modèle qui a été choisi par Jon Favreau, dans les petits papiers de Disney depuis des remakes réussis de ses grands classiques que sont Le Livre de la Jungle et Le Roi Lion.

    "Bébé Yoda", Stormtroopers, Empire : pas de doute, nous sommes bien dans "un" Star Wars

    Le Mandalorien, c’est Din Djarin, chasseur de primes retors et pugnace envoyé aux quatre coins de la galaxie pour capturer des hors-la-loi qui ont pullulé depuis la fin de l’Empire de Dark Vador. La série se situe en effet peu de temps après la fin du Retour du Jedi. Celui que l’on surnomme Mando est chargé par un commanditaire de lui ramener un mystérieux personnage, mission dont se charge le Mandalorien au cours du premier épisode. Il découvre que sa cible, âgé de cinquante ans, est en réalité un tout jeune enfant, qui a été rapidement surnommé par le public et la critique "bébé Yoda." La dernière mission de Mando, la plus simple, est de le ramener auprès de son client, entouré de redoutables Stormtroopers tout droit sortis de l’armée de Dark Vador. Mais contre toutes les règles de sa profession, le chasseur de primes se ravise et prend la fuite en compagnie du mystérieux Bébé Yoda.

    "Bébé Yoda", Stormtroopers, Empire : pas de doute, nous sommes bien dans "un" Star Wars. Mais pour cette série événement, au budget bien moins conséquent que les trilogies d’origine, Jon Favreau a réussi le tour de force de leur faire de l’ombre. Le Mandalorien muet et solitaire rappelle à bien des égards les héros blessés et désabusés des westerns. Les scénaristes imaginent dans la dernière partie de la série une enfance tragique, tout en construisant par touche ce qui pourrait s’apparenter à une mythologie mandalorienne. Car là Là où JJ Abrams récitait le bréviaire Star Wars avec application, sans fausse note mais sans non plus grande surprise (épisodes VII à IX), Jon Favreau agrandit l’univers de la Guerre des Étoiles comme jamais auparavant. Que l’on pense à cette invention géniale du "bébé Yoda", au fabuleux personnage de Kuiil (Nick Nolte), à la figure héroïque de Cara Dune, aux créatures extraordinaires (les Blurrgs) ou aux incontournables droïdes, dignement représentés par IG-11.

    Et puis, il n'est pas possible de passer sous silence la formidable bande originale de Ludwig Göransson, qui vous tient scotché jusqu'aux dernières images du générique de fin (à ne pas manquer, lui non plus). Le compositeur suédois a imaginé une BO qui fait complètement oublier John Williams en mêlant avec aplomb néo-classisme, musique tribale, percussions et électronique. 

    The Mandalorian est un bijou de SF qui prouve que Star Wars n’est pas qu’une saga à la légende tétanisante : elle peut aussi être une source d’inspiration inépuisable. À telle enseigne qu’une deuxième saison est déjà sur les starting-blocks et qu’une troisième est déjà en préparation.

    The Mandalorian, série Star Wars, space opera de Jon Favreau
    avec Pedro Pascal, Gina Carano et Nick Nolte,
    saison 1, 8 épisodes, Disney+, 2020

    https://www.starwars.com

    Voir aussi : "Boba Fett, toute une saga"

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