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queer

  • La vie XXL

    Tout droit venu des États-Unis, le roman de Mecca Jamilah Sullivan, Big Girl (éd. Plon) promet d’être un livre que l’on va scruter attentivement de ce côté-ci de l’Atlantique, à l’occasion de notre rentrée littéraire.

    Lorsque le roman commence, Malaya a huit ans. Fille unique, elle vit à Harlem entourée de ses parents. Elle pèse soixante-seize kilos, un poids qui est devenu un calvaire pour elle. La vie de l’enfant est rythmée par les réunions Weight Watchers où elle accompagne sa mère, les régimes que la gamine a du mal à tenir, les remarques récurrentes sur son physique, notamment par sa grand-mère "Ma-Mère", sans compter les moqueries de ses camarades à l’école, les réactions violentes des passants et les visites (inutiles) chez des spécialistes en diététique.

    Mais la jeune fille grandit. Elle se lie d’amitié avec Shaniece et, au lycée, intègre une bande d’amis chez qui son physique n’est pas un souci. L’adolescente Malaya se découvre les goûts d’une adolescente des années 90 : le rap, la mode (difficile, cependant, de s’habiller lorsque l’on a son gabarit), le dessin mais aussi l’amour. Mais il reste ce poids et cette obésité morbide. 

    KO par ippon

    Faire un roman sur un tel sujet et le rendre attrayant, passionnant et émouvant : voilà la très grande réussite de ce superbe roman de Mecca Jamilah Sullivan qui s’inspire ici de sa propre histoire.

    De son écriture fine, vivante et sans pathos, l’auteure nous plonge dans un Harlem qu’elle connaît très bien. le célèbre quartier connaît une gentrification inexorable. Les pérégrinations de la jeune fille dans un New York qu’elle connaît bien saisissent au plus près son quotidien, avec un corps qu’elle doit assumer et contre lequel elle doit également se défendre.

    Il ne faut pas par contre s’imaginer que Big Girl soit le récit d’un régime, même si la nourriture et les repas prennent une grande place au fil des pages. Il s’agit plutôt d’une émancipation contre les diktats physiques et l’histoire d’une jeune fille découvrant son identité, ses désirs et ses émois. Autour de Malaya gravitent des personnages au caractère bien trempé, à commencer par ses parents et une grand-mère souvent présente et rarement avare en discours inspirés.  

    Big Girl, cette histoire d’une jeune Américaine vivant la réalité de la discrimination physique est un message lumineux, comme si Mecca Jamilah Sullivan venait de mettre KO par ippon la cruauté humaine. 

    Mecca Jamilah Sullivan, Big Girl, éd. Plon, 2023, 496 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/big-girl
    http://www.meccajamilahsullivan.com

    Voir aussi : "À l’essentiel"

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  • Samuele met des paillettes dans sa vie

    Cinq ans après Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent (prix Coup de Cœur Chanson 2018 de l’académie Charles Cros), Samuele est de retour avec son nouvel album, Une paillette dans l’engrenage.

    Bref, incisif et racé, cette création s’appuie sur un son rock, à telle enseigne que l’on sent l’urgence dans cet opus souvent engagé (le titre country-rock "Qu’essé qu’on queer ici ?", "Pastel" ou encore le morceau post-#MeToo "« Non » est une phrase complète").

    Samuele, c’est d’abord une voix et un accent, cher à nos oreilles de ce côté-ci de l’Atlantique. Mais l'artiste est aussi une personnalité forte, qui s’assume trans et non-binaire. Elle accepte de se livrer, non sans poésie ("La noix de coco est un fruit / Je suis fruit moi aussi", "La noix de coco"). Poésie encore dans "La Machine" qui propose de vivre un monde irréel et utopique, plein de couleurs, de fêtes et de paillettes ("Qu’est-ce qui s’est passé ? / Il y a des paillettes dans mon café").

    L'artiste est aussi une personnalité forte, qui s’assume trans et non-binaire

    Retour au réel, pourtant, avec des confessions sur l’incommunicabilité et un “mecspliqueur” ("Tu parles, tu parles"). Samuele parle aussi de la vieillesse et de la mort (elle chante, dans "Par cœur" : "J’ai tellement dansé avec la douleur / J’en ai fait une prophétie"), de la peur ("Je pense que j’ai peur d’avoir peur", dans le morceau pop et jazzy "La peur"), sans oublier le tourmenté "Anxiété High" ("Il n’y a rien qui marche dans mes souliers").

    Là où Samuele vise fort c’est lorsqu’elle se livre avec pudeur. On pense au titre "Papillon", un joli morceau pop, délicat, doux et sensible : "Je suis comme un papillon / Les ailes encore mouillées dans une belle et grande maison". Et si la "paillette dans l’engrenage" du titre n’était pas dans ces belles déclarations d’amour que sont "Ta toune" et "Là pour toi" ?

    Samuele, Une paillette dans l’engrenage, InTempo Music, 2022
    https://www.samuelemusique.com
    https://www.facebook.com/samuelemusique
    https://www.instagram.com/samuelemusique

    Voir aussi : "Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent"

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