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Beaux-arts, musées et expositions - Page 24

  • Les Simonnet, en pleine(s) forme(s)

    simonnetLes Simonnet (Marthe et Jean-Marc de leurs prénoms) ont élu domicile dans le Gâtinais où ils poursuivent avec opiniâtreté une démarche artistique à la fois exigeante, originale et ouverte au public – ouverture qui n'est pas le fort, loin de là, de beaucoup d'artistes contemporains. 

    Le travail des Simonnet repose sur des créations autour de modules basiques aux formes douces, harmonieuses, mathématiquement et techniquement maîtrisées.

    Le cercle, le cylindre ou le tore constituent la base élémentaire de modules reproductibles et déclinables à l'infini, jusqu'à former des constructions parfois monumentales. Les jeux de combinaisons de ces modules – qui sont conçus en un moulage polyester travaillé par les artistes dans leur atelier – donne naissance à des constructions si naturelles et si évidentes, qu'elles en deviendraient presque vivantes : "Elles auront leur originalité propre tout en étant ontologiquement reliées entre elles par une structure, une ossature qui les innerve. Ce pourra être une surface courbe, une division, une ramification, un gonflement, un soulèvement... La multiplication des modules de base, si ceux-ci sont bien pensés, n’aboutit pas à une monotone répétition de type industrielle, mais au contraire, génère une grande variété de formes" expliquent les deux artistes.

    simonnetC'est en dehors de toutes les modes, et avec une liberté constante, que les Simonnet offrent au public la possibilité de "jouer" avec leurs créations. Il peut se les approprier sans parti pris. La manipulation, l'éphémère, la combinaison illimitée et l'imagination laissée aux spectateurs explique pourquoi leurs créations sont difficilement définissables : œuvres d'art, objets architecturaux, mobiliers urbains ou jeux pour enfants ? Sans doute tout cela à la fois, et sans doute plus encore. "Si longtemps présentée comme individuelle pour des raisons plus mercantiles que créatives, la création devient objectivée, raisonnée ludique et potentiellement collective", explique Jean-Marc Simonnet sur leur site Internet.

    Preuve que les Simonnet ont réussi à convaincre largement, leurs étranges et apaisantes formes modulaires que l'on croirait parfois sorties d'un voyage dans le temps, ont convaincu de nombreuses institutions et clients français ou étrangers : le Centre Pompidou-Metz, le Couvent des Minimes de Perpignan, la galerie Jérôme Sohier à Bruxelles, la galerie Twenty First à New York, le Pavilion of Art and Design de Londres ou le Pavillon des Arts et du Design au Jardin des Tuileries. En ce moment, et jusqu'au 31 octobre, les Simonnet exposent à Perpignan, à la galerie L'Extension

    Les Simonnet poursuivent indéfiniment leur travail et prouvent leur grande forme comme leur foi dans leur approche des formes modulaires : "Le monde qui nous entoure n’est-il pas le résultat d’une infinité de combinaisons ?"

    http://lessimonnet.fr
    lessim@club-internet.fr
    "Les Simonnet, exposition-vente",Galerie L’Extension, à Perpignan,
    du 17 septembre au 31 octobre 2015

     

  • Le Caravage primé

    J'avais parlé il y a quelques semaines du premier tome de Caravage, la bande dessinée de Milo Manara consacrée au génie de la Renaissance, et le maître du clair-obscur ("Le Caravage ressuscité en BD"). Milo Manara a su rester fidèle à la biographie (par moment lacunaire) de l'artiste italien tout en "dépeignant" l'environnement du Caravage, des palais de mécènes richissimes aux bas-fonds de la cité pontificale, en passant par les ateliers d'artistes. 

    Cette bande dessinée, élégante, passionnante et sexy, présente en plus l'avantage de faire découvrir ce peintre maudit, un "bad boy" considéré aujourd'hui comme un maître incontesté de la peinture occidentale. 

    C'est de manière tout à fait méritée que la revue Historia lui a décerné le Prix Historia de la bande dessinée 2015, pour sa "fiabilité historique, son scénario, son originalité et son graphisme". Et le magazine d'ajouter : "Ce que le jury récompense, c'est autant une excellente BD d'histoire qu'une extraordinaire œuvre d'art", dit la revue pour expliquer son choix.

    "Le Caravage ressuscité en BD" 

  • Encore une histoire de censure

    Il avait été question dans ce blog d'une représentation pour le moins "cavalière" de l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos, en fâcheuse posture (Ines Doujak, Not Dressed for Conquering / Haute couture). Cette sculpture avait subi les foudres du pays et nombre de citoyens hispaniques  s'étaient élevés contre cette œuvre (voir cet article)

    Or, il est encore question de censure ici, et de nouveau dans un pays démocratique. Et là encore, cette création a des visées politiques. L'artiste en question se nomme Makoto Aida. L'objet du délit est une vidéo présentée au Musée d'Art Contemporain de Tokyo (MOT) dans lequel l'artiste imite le premier ministre japonais Shinzo Abe, mais également une bannière verticale sur laquelle figurent des revendications politiques : recrutement de plus de professeurs et allègement des cartables. "Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas une oeuvre politique. Il n'y a pas un mot ni une expression qui vise plus particulièrement le régime actuel ou tel parti. Ce ne sont que des remarques d'ordre général à l'attention d'une structure nommée ministère de l'Education", s'est défendu Makoto Aida, par ailleurs connu pour ses créations engagées et volontairement provocatrices.

    Rien de très choquant en comparaison de son homologue de Barcelone. Sauf que le MOT a fermement invité l'artiste a enlever ou modifier ses œuvres jugées critiques par le gouvernement, et qui ont été ensuite relayées par le musée public. 

    "L'artiste Makoto Aida censuré par le Musée d'art contemporain de Tokyo",
    Le Figaro, 30 juillet 2015

     

  • Le Caravage ressuscité en BD

    S'attaquer en BD à un peintre de l'envergure du Caravage est à la fois excitant et casse-gueule. Comment un dessinateur contemporain peut-il se réapproprier la vie et surtout l'œuvre graphique d'un géant de la peinture, décrié à son époque et admiré de nos jours ? C'est le pari de Milo Manara, un pari gagné avec maestria.

    Le premier tome de cette aventure littéraire commence aux 21 ans du jeune Michelange Merisi, originaire du Caravage, un village de la région de Bergame. Nous sommes en 1592. Faire l'impasse sur les jeunes années du futur peintre maudit tient au fait que l'on sait peu de ses années d'apprentissage à Milan. Celui que l'on surnommera Le Caravage s'est déjà fait déjà connaître par "l'élégance et la légèreté" de quelques œuvres de jeunesse (Vénus, Cupidon et les deux satyres). Mais la bande dessinée de Manara passe sous silence cette période.

    Elle choisit de mettre en scène le peintre lorsqu'il arrive à Rome, une Rome ressuscitée, glauque, dangereuse et fascinante. C'est dans cette ville que Michelange Merisi côtoie les puissants et ses futurs mécènes, les ateliers d'artistes mais aussi la frange de la société – indigents, marginaux, petits filous, grands criminels et prostituées. Le Caravage a puisé dans son inspiration auprès des rejetés de tout bord. Au final, il a été souligné combien ses peintures brillent par leur réalisme noir, leur naturalisme, le sens du mouvement et du détail et aussi leur sensualité – une sensualité d'ailleurs très présente dans cette BD.

    Parce qu'il s'agit d'un biopic, le lecteur aurait pu craindre que cette bande dessinée ne soit centrée que sur les démêlés de l'artiste avec la justice de son époque. Milo Manara ne cache certes rien des crimes dont on a pu accuser Le Caravage, autant à l'aise dans les palais archiépiscopaux que dans les bordels romains, et souvent prompt à se battre. Cependant, le principal intérêt de cette biographie graphique est de montrer le travail du peintre, ses inspirations et le contexte de ses tableaux les plus célèbres. Et la magie opère !

    Non content de se réapproprier les tableaux les plus fameux du Caravage, en les reproduisant sur planches avec fidélité, Milo Manara ressuscite le peintre dans son atelier mais aussi ses modèles : le Jean-Baptiste au mouton devient le jeune protégé Mario Minniti ; la Vierge Marie du Repos pendant la fuite en Egypte prend vie sous la forme d'une prostituée, Anna, qui posera également pour un autre de ses tableaux La Mort de la Vierge.   

    Plus qu'une simple BD, Ce Caravage fera référence en ce qu'il constitue une excellente introduction à un artiste majeur de la peinture occidentale.

    Milo Manara, Le Caravage, tome 1 La Palette et l'Épée, éd. Glénat, 2015
    "Le Caravage, tome 1", Publikart.net


  • La royauté espagnole dans une mauvaise posture

    "La Bête et le Souverain" : en France, ce scandale sur fond d'art, de politique et de morale est resté relativement discret. En Espagne, par contre, cette affaire a ému jusqu'au plus haut sommet de l'État, alors que le roi Felipe VI tente de redorer l'image d'une royauté bien mal en point.

    De quoi s'agit-il ? D'une sculpture de l'artiste autrichienne Ines Doujak intitulée Not Dressed for Conquering / Haute couture. Derrière ce titre ésotérique se cache une création plastique en papier mâché représentant l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos vomissant un bouquet de fleurs et sodomisé par la syndicaliste bolivienne Somitila Barrios de Chungara, elle-même prise par un chien-loup. N'en jetez plus !

    L'artiste a eu beau expliquer que son œuvre entendait traiter du néo-colonialisme espagnol, du traitement de la politique par l'humour grinçant et qu'elle s'inscrivait dans la grande "tradition parodique, des figures de carnaval et des caricatures iconoclastes", cette sculpture a ému et profondément divisé le pays. Un vrai crime de lèse-majesté (ou de "baise majesté" ?) !

    Bartomeu Mari, le responsable du musée d'art contemporain de Barcelone (le Macba) l'a d'abord interdite, comme d'ailleurs l'exposition "La Bête et le Souverain" ("La Bestia i el Sobira") où elle devait être présentée. Mais devant une lever de boucliers venue du monde entier et des accusations de censure, le directeur du Macba a changé son fusil d'épaule en maintenant cette manifestation et en présentant ses excuses. Au risque d'être accusé, par certaines mauvaise langues, d'avoir dû baisser son pantalon ! Quelques jours plus tard, il annonce sans surprise sa démission.

    Aux accusateurs voyant dans cette création une insulte faite à une nation, les défenseurs disent ceci : "L'œuvre n'est pas censée insulter une personne privée, mais reformuler de façon critique une représentation collective du pouvoir souverain". 

    Pas sûr que la royauté espagnole apprécie la nuance !

    "La Bestia y el Soberano", Macba, Barcelone, jusqu'au 30 août 2015
    Macba, Barcelona

  • Le musée des confluences ouvre ses portes

    Alors que l'ouverture du musée des Confluences à Lyon fait parler de lui (et plutôt en bien !), c'est l'occasion pour le bloggeur de revenir sur un article publié il y a quelques semaines. Pour gentiment se moquer de ce musée, deux artistes lyonnais ont imaginé la création d'un "Musée du Conisme".

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur cet article : "Les cons vont avoir leur musée"



  • Les cons vont avoir leur musée

    Les cons vont avoir leur musée. Il devrait ouvrir à Lyon en cette fin d'année et devait porter le nom de "Musée du Conisme". Le bâtiment tout en verre, signé par un architecte japonais renommé, aura la forme d'une cocotte en papier géante (50 000 m² de surface d'exposition, un auditorium de 1400 places, un parking de 20 000 places ou un héliport !). Telle est la démarche de deux artistes lyonnais, Sébastien Brunel et Thomas Girard.  En attendant l'ouverture de cet établissement voulu par les édiles locaux, des intellectuels enthousiastes et quelques mécènes passionnés, un site Internet lui est consacré : http://www.conisme.com.

    Gageons que ce site devrait finalement être la seule contribution au Conisme puisque cette démarche artistique n'est rien d'autre qu'un canular. 

    Les Cons (ou plutôt les Conistes pour les appeler de manière précise) devront attendre quelques années avant d'avoir leur musée, et ce même si une exposition satirique d'œuvres conistes" a eu lieu récemment dans la Capitale des Gaules. 

    La démarche de Sébastien Brunel et Thomas Girard mérite que l'on s'y arrête. Imaginer un mouvement artistique, le Conisme, largement inspiré de mouvements du XIXe siècle, a demandé une  belle opiniâtreté, en plus d'un sens de l'humour certain. Les deux artistes se mettent en scène sur leur site, qui dans la peau d'un peintre  "con", qui dans celle d'un mécène aveuglé par "un mouvement reconnu à travers le monde" (20 Minutes, édition Lyon, 24 novembre 2014).

    esplanade_hidef.jpgL'univers décalé du site consacré au Conisme permet de comprendre les motivations de Sébastien Brunel et Thomas Girard. En imaginant un musée inspiré, et brocardant au passage, le musée des Confuences de Lyon, c'est tout le petit monde artistique qui est gentiment moqué. Avec un beau sens de la dérision, le site Internet ad hoc tire à boulet rouge sur des critiques d'art au discours ampoulé (gros coup de chapeau pour les critiques d'œuvres choisies), sur des artistes érigées du jour au lendemain sur un piédestal (Girard le Flamboyant, Brunel le Maudit et Buisson l'Artisan), sur des notables aveuglés par la folie des grandeurs, sur le merchandising (mugs, tongs, cabas, briquet décapsuleur) ou sur le petit monde de l'art contemporain en général.

    Les auteurs de ce canular artistique, qui affirment ne pas se prendre au sérieux et ne pas avoir une très haute opinion de leurs peintures, jettent un joli pavé dans la mare et égratignent la suffisance d'un certain milieu institutionnel et artistique. Une démarche saine, en plus d'être drôle.  

    Un (faux !) commentaire de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, vient appuyer la démarche des artistes conistes: "Nous le voyons bien aujourd’hui, notre agglomération est devenue une des métropoles européennes qui compte. L’une des plus attractives. L’une des plus créatives. L’une des plus innovantes. Oui, avec le projet du MNAC Convergence Conisme nous avons définitivement changé d’échelle".

    http://www.conisme.com
    http://www.museedesconfluences.fr


    La renaissance de Vénus - grande rétrospective... par ConvergenceConisme