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  • Jordane Tumarinson en terre inconnue

    L’écoute de Terra Incognita, le troisième album de Jordane Tumarinson frappe d’emblée : mais d’où vient cet opus et de quel univers ? Classique, jaz, pop ou contemporain ? Sans doute tout à la fois pour ce compositeur français aussi bien nourri par Chopin que par Pink Floyd. Que Jordane Tumarinson sorte des sentiers battus est un euphémisme, et c’est même ce qui fait son côté singulier. Pianiste de formation classique nourri au rock psychédélique, Jordane Tumarinson propose, avec son nouvel opus sorti sur toutes les plateformes il y a quelques jours, un voyage dépaysant à travers douze titres sonnant comme des invitations : Explore, Découvre, Savoure, Patiente, Songe, Traverse, Partage ou Aime.

    Son premier album, Capricorne (2018), a remporté un concours de composition ce qui lui a permis d’être labellisé par Blue Spiral Records pour un deuxième album, L’Envol (janvier 2019).

    Un artiste déjà très actif donc, proposant avec Terra incognita un album porté uniquement par un piano aux infinies variations, voyageant dans des contrées musicales classiques, pop et contemporaines.

    Une véritable bande originale dont il ne manquerait plus que les images

    Une grande cohésion unit les douze plages de ce qui pourrait s'apparenter à une véritable bande originale dont il ne manquerait plus que les images, à l’instar de Récolte ou d’Ose. Compositeur néoclassique et revendiquant son goût pour la musique de film, Jordane Tumarinson peut aussi se situer dans la continuité des répétitifs américains, marchant autant sur les pas de Steve Reich que d’Eric Satie. Les notes savent se détacher, tour à tour harassées, légères ou virevoltantes (Explore).

    Le musicien célèbre à sa manière la lenteur et la grâce d’un bonheur et d’un plaisir que l’on sait évanescent à l’instar de Savour ou de Patiente. Ce morceau est bien entendu une invitation à la lenteur. Mais il n’est pas non plus absurde de lire derrière Patiente une réminiscence du passé de Jordane Tumarinson puisque l’homme exerce aussi dans le milieu médical, dans l’ostéopathie et l’acupuncture, entre cabinets médicaux et salles d’attentes.

    Pour Songe, le musicien se fait lisztien, revendiquant par là-même ses influences classiques. Ce titre est contrebalancé par Traverse renvoyant aussi bien courant répétitif américain qu’au jazz.

    Jordane Tumarinson, libre de toute ornière musicale, propose une œuvre déjà singulière que les amateurs et professionnels de musique, comme les réalisateurs en mal de BO, feraient bien de découvrir de toute urgence.

    Jordane Tumarinson, Terra Incognita, 2019, sur toutes les plateformes
    https://www.tumarinson-composer.com

    Voir aussi : "Cinquante nuances de spleen"

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  • Du vin, des arts et de la fête

    Saviez-vous que Suresnes a été une terre de vignerons ? Ce patrimoine viticole est justement l’objet du Festival des vendanges et des arts de la rue. La 36 e édition aura lieu ce week-end, les 4, 5 et 6 octobre 2019.
    Comment fêter le vin dans un territoire qui, historiquement, a été l’un des plus anciens et des plus importants du pays.

    Créé en 1957, la toute première manifestation, à la fois kermesse populaire et salon de dégustation, devient dès 1983 un festival dédié aux arts de la rue. La vigne profite également d’une cure de jouvence avec la mise en place de nouveaux procédés de vinification et l’installation de cuves en inox. En 2018, Le millésime de 2016 de l’association du Clos du Pas Saint -Maurice remporte le premier prix du concours des vins blancs d’Île-de-France, organisé par Le Parisien et la Revue du Vin de France.

    Cette année encore, Suresnes célèbre le vin à travers le théâtre de rue : "Un festival qui fait confiance aux artistes et qui revendique plus que jamais la liberté de création dans l’espace public" dit Peggy Desmeules, la directrice artistique de cet événement. Pour cette nouvelle édition, les productions proposent au public des créations gratuites invitant le public à s’émouvoir, s’interroger et vivre des expériences nouvelles.

    Dès le vendredi 4 octobre à 20H30, le Collectif Plateforme présentera Trafic, spectacle grave et provocateur sur la prostitution : qui sont ces travailleuses du sexe ? La prostituée est-elle une marchandise comme une autre ? Ou bien symbolise-t-elle une nouvelle forme d’esclavage ?

    Le samedi, c’est le collectif BallePerdue qui sera à l’honneur, avec GORA, un selfie au milieu des Sioux. Ce spectacle auto-fictionnel retrace la déambulation poétique d’un gamin en skateboard. Il croisera des bisons, des sioux, dans un monde peuplée de souvenirs, de rêves et de peuples réels ou imaginaires.

    Le Festival des vendanges de Suresnes a su sortir du traditionnel salon de dégustation

    Le dimanche sera une journée particulièrement riche en spectacles. La Compagnie Hydragon mettre en place son "Service Public Facteur" à travers sa Pétillante aventure épistolaire / Les facteurs d’amour. Les facteurs d’amour offriront au public un cadre convivial et chaleureux pour prendre le temps d’écrire "je t’aime" à un parent, un ami ou à un amoureux ou une amoureuse. L’amicale des Misanthropes proposera Le barbier, l’histoire d’un homme obnubilé par cette question : "Rendre l’âme d’accord, mais à qui ?" La Compagnie La Baleine-Cargo racontera, elle, le récit de la Poulette crevette, une histoire décalée, pleine d’humour et de suspense qui parlera de tolérance.

    Acid Kostik jouera, durant l’après-midi, Sandy et le vilain Mc Coy. Les interprètes, Tony, Dylan et Jacky, bonimenteurs patentés, dévoileront leur nouvelle attraction, le BX4000, une projection cinématographique en 3D augmentée d’un chef d’œuvre incontournable, et surtout libre de droit, Sandy et le vilain Mc Coy : un western unique en son genre, avec des méchants, des Colt et des "chevals !" NonDeDieu, du duo Kumulus contera, de son côté, le pari d’un metteur en scène et "ses" comédiens de créer un spectacle.

    Le festival de Suresnes laissera également une large place aux marionnettes (Compagnie Mungo), aux arts du cirque (Compagnie Presque Siamoises, Five Foot Fingers, Compagnie des Plumés) à la danse (Totaal Theater, la Compagnie des grandes personnes, la Compagnie des mangeurs de cercle) ou à la musique (Radix, Compagnie progéniture, Audrey et les faces B).

    Le Festival des vendanges de Suresnes a su sortir du traditionnel salon de dégustation pour faire de ces trois journées un événement atypique au cœur de la cité. Trois jours de surprises et de découvertes pour rappeler l’histoire d’un patrimoine vinicole qui ne cherche qu’à revivre.

    Festival Vendanges Arts de la Rue
    Suresnes, les 4, 5 et 6 octobre 2019
    https://www.suresnes-tourisme.com/festival-vendanges-suresnes.html

    Voir aussi : "Paul Pariente au fourneau et au slam"

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  • L’art d’enculer les mouches

    Qu’est-ce qu’un musée ? Le Petit Larousse le définit ainsi : "Lieu, édifice où sont réunies, en vue de leur conservation et de leur présentation au public, des collections d’œuvres d’art, de biens culturels, scientifiques ou techniques." Le vénérable ICOM (Conseil International des Musées) a choisi en 2007 d’en faire une définition plus précise mais aussi plus complète : "Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l'humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation." L’affaire était entendue et ne méritait pas que l’on glose éternellement sur ce sujet, mais plutôt que l’on encourage le grand public à retrouver le chemin de ces établissements.

    Alors, quelle mouche a piqué l’ICOM de tout remettre en question et se lancer dans une querelle byzantine digne des disputes médiévales sur le sexe des anges ? L’objet de la bataille intellectuelle ? Ni plus ni moins qu’une nouvelle définition du musée.

    Fin juillet, lors de la 139e session de l’ICOM, nous apprend Le Quotidien de l’art (édition du 2 septembre 2019), l’institution a mouliné et accouché d’une proposition sensée moderniser le concept de musée. Au terme d’un travail de synthèse et de plusieurs mois de travaux et de réflexion, une définition du musée vient de voir le jour propre à décontenancer plus d’une personne.

    Accrochez-vous : "Les musées sont des lieux de démocratisation inclusifs et polyphoniques, dédiés au dialogue critique sur les passés et les futurs. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils sont les dépositaires d’artefacts et de spécimens pour la société. Ils sauvegardent des mémoires diverses pour les générations futures et garantissent légalité des droits et l’égalité d’accès au patrimoine pour tous les peuples. Les musées n'ont pas de but lucratif. Ils sont participatifs et transparents, et travaillent en collaboration active avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, étudier, interpréter, exposer, et améliorer les compréhensions du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à Injustice sociale, à légalité mondiale et au bien-être planétaire."

    Cette définition a été définitivement adoptée lors de l’assemblée extraordinaire à Kyoto du 7 septembre 2019. 

    Prendre la mouche

    Passés à la trappe les anciennes références aux concepts d'"institution", de "public" ou d'"éducation". Les pontes de l’ICOM parlent vaguement et pompeusement de "lieux de démocratisation", avec, certes, des objectifs ambitieux et louables : "contribuer à la dignité humaine et à Injustice sociale, à légalité mondiale et au bien-être planétaire." Mais il y a plus grave : il n’est plus fait référence aux œuvres d’art ou aux biens culturels et scientifiques mais "d’artefacts" et de "spécimens pour la société." Je vous voie déjà préparer votre prochaine sortie : "Chérie, si on sortait découvrir les derniers artefacts du Centre Pompidou ? – Bonne idée. C’est important que notre enfant puisse s’immerger dans le lieu de démocratisation afin de découvrir ces spécimens de la société !"

    Plus sérieusement, voilà une bien curieuse initiative venant de grosses têtes plus décidées à servir un discours ampoulé – on pourrais même dire vulgairement "à enculer les mouches" – qu’à faire redescendre le musée au milieu de la cité.

    Le quotidien spécialisé souligne d’ailleurs que cette initiative de renverser la table ne suscite pas l’adhésion de la majorité des conservateurs de l’ICOM, loin s’en faut. La présidente du comité national français de l’ICOM, Juliette Raoult-Duval prend déjà ses distances en disant regretter cette nouvelle (et inutile ?) définition du musée : "Un glissement politique regrettable" trop idéologique, des "termes professionnels (…) évacués ou diminués, et [qui] ne s’adossent plus solidement à notre code de déontologie."

    Juliette Raoult-Duval n’est pas la seule à prendre la mouche : un front de résistance – certes minoritaire au sein de l’ICOM – s'est mobilisé pour que cette nouvelle définition ne soit pas entérinée, en vain.

    Cette bataille consternante sur une définition aussi inutile que pompeuse pourrait bien faire une victime : les musées eux-mêmes qui, mise à part les grandes expositions événements, peinent à intéresser le grand public. Pas sûr qu’en mettant tant d’énergie dans un mot les responsables muséographiques jouent pour leur camp dans ce qui ressemble à une vaste farce.

    Sarah Hugounenq, "Musée : tempête autour d’un mot"
    Quotidien de l’art, 2 septembre 2019

    https://icom.museum/fr

    Voir aussi : "Qu’est-ce qu’un chef d’oeuvre ?"

  • Paul Pariente au fourneau et au slam

    paul pariente,cévennes,recettes,slamC’est un livre rare et étonnant dont il sera question dans cette chronique. Paul Pariente, chef cuisinier cévenol habitué aux ouvrages gastronomiques, récidive avec ses Recettes écrites et chantées, une livre de douze recettes à la fois simples et traditionnelles mais qu’il entend aussi revisiter en musique.

    Le petit sablé du Vigan, la tarte aux quatre saveurs du pays viganais, la gratin du bon docteur brochet, la pélardonade, créée par Paul Pariente lui-même, l’étonnante tarte à la brandade de morue et au foie gras, la truite en papillote imaginée par André Chamson, la pomme reinette en baluchon, le feuilleté cévenol, la canapé du maquisard, le délice de Fanny, la tare au pélardon et la traditionnelle blanquette de veau sont à l’honneur dans son tour dernier ouvrage.

    L’auteur choisit d’emblée de dérouler le tapis rouge pour des recettes souvent ancestrales, avec un goût particulier pour des ingrédients simples : pommes, pommes de terre, oignons, farine ou pélardon – qui est, rappelons-le pour les non-connaisseurs, un fromage de chèvre au lait cru de la région du Languedoc. "Moi je suis très attaché aux bonnes vieilles recette, à une cuisine simple, mais faites avec des produits de terroir, des produits frais", écrit le cuisinier en préface de son ouvrage.

    Une préface dans laquelle qui donne aussi comme un cri d’amour pour la cuisine du terroir et une revendication pour un retour aux fourneaux dans une époque où tout va trop vite et trop loin.

    Un cri d’amour pour la cuisine du terroir

    Cet ouvrage apparaît à cet égard comme une œuvre très personnelle dans laquelle le chef et traiteur confie avoir connu un burn-out, une dépression qui l’a amené aux livres mais aussi à la musique, sans jamais l’éloigner de sa passion pour la cuisine.

    Si l’on parle de musique c’est qu’elle en est précisément l’étonnant faire-valoir de ce traité culinaire. Les douze recettes de Paul Pariente ont en effet été mises en chanson et en rap par l’auteur lui-même. Le lecteur trouvera en complément du livre un CD dans lequel la pomme reinette en baluchon, le feuilleté cévenol ou la canapé du maquisard sont slamés et scandés avec générosité. On connaissait depuis Kamini et Marly Gomont le rap régional, local, voire campagnard : voilà maintenant que la culture urbaine vient se marier avec la cuisine traditionnelle. Voilà une idée astucieuse pour partager ces recettes du Vigan comme le dit l'auteur lui-même dans une interview pour France 3 : "Celui qui n’aime pas lire, il passe le CD et il voit la même chose, sauf que là il y a de la musique… Elle permet d’apprendre un peu mieux."

    Paul Pariente n’a peur de rien et délivre dans son livre de recettes une leçon de liberté qui ne laissera personne indifférent. C'est un livre unique donc, et que l’on hésitera à classer dans le rayon musical ou bien sur les étagères de nos cuisines.

    Paul Pariente, Recettes écrites et chantées
    Illustrations Michel Roman, autoédité et CD, 2017, 68 p.

    https://twitter.com/pariente

    Voir aussi : "Bombardement de saveurs au B-29"

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