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Cours, nage, chevauche et tire deux fois

Perrine Andrieux sévissait déjà sur Internet avec une série d’émissions radios consacrées à l’orthographe et à l’expression au travail, Les Pressés de l’Expression. La saison 2 devrait d’ailleurs revenir à la rentrée.

Elle propose en ce moment, toujours sur le web, l’épisode pilote L’Intello de la Bande, une série de chroniques mensuelles sur des thèmes a priori peu sexy mais qui s’avèrent en réalité d’un très grand intérêt. Le pentathlon moderne est le sujet choisi pour cette première émission radio, intitulée "Cours, nage, chevauche et tire deux fois."

Cette émission, mise en ligne le 18 août 2016, tombe à point nommé. La nuit dernière, la délégation française aux jeux olympiques a récolté une médaille inespérée en pentathlon moderne, mal connu et mal aimé. Élodie Clouvel a décroché l’argent et offre à ce sport le premier podium français de son histoire. Après une brillante deuxième place en natation, la Française n’a été battue que par l’Australienne Chloe Esposito, au terme de la dernière épreuve, le combiné tirs-course.

Perrine Andrieux fait un focus passionnant sur une épreuve des JO particulièrement exigeante mais injustement boudée par le public. Impopulaire hors de l’Europe de l’Est, le pentathlon moderne est régulièrement mis sur la sellette avant chaque olympiade. Cette compétition est si peu connue que le CIO a mis à disposition de tous, sur son site Internet, un Guide du spectateur du Pentathlon moderne, sorte de vade-mecum de sept pages pour expliquer ce sport mal aimé.

L’Intello de la Bande rappelle ses origines et fait un focus sur son histoire. Comme son nom l’indique – penta (πέντε), en grec, signifie "cinq" –, le pentathlon moderne consiste en cinq disciplines : l’escrime, la natation, l’équitation, avec des scores intermédiaires au terme de ces trois premières épreuves qui déterminent l’ordre de qualification pour les deux dernières disciplines, un combiné course-tir au pistolet.

Le pentathlon moderne a été mis en place par Pierre de Coubertin en 1910. Dans son esprit, le pentathlon moderne "était sensé trouver et reconnaître le meilleur soldat possible", capable de tirer, courir, nager et monter à cheval. Le pentathlon existait aussi sous l’antiquité, mais avec d’autres épreuves (lancer du disque, lancer du javelot, saut en longueur, course de stade et lutte) car, ajoute L’Intello de la Bande, le soldat au Ve siècle n’avait pas les mêmes compétences que celui du XXe ou du XXIe siècle.

Le pentathlon moderne apparaît comme épreuve inscrite aux Jeux Olympiques en 1912 lors de l’édition de Stockholm. Le vainqueur cette année-là est un Suédois, laissant à la cinquième place un certain George Patton, simple soldat avant d’être le général que l’on connaît, et qui rate cette année-là son épreuve… de tir au pistolet.

Pierre de Coubertin attachait une grande valeur à ce sport olympique qu’il considérait – à tort – comme une épreuve suscitant un engouement croissant. Comme Perrine Andrieux, on est en droit d'en douter : "Il a un petit peu trop rêvé sa vie", commente, amusée, l'animatrice.

Le pentathlon moderne a évolué au cours des années. En 1996, aux Jeux d’Atlanta, on est passé de plusieurs jours de compétition à un seul jour. 2000 marque une révolution avec l’ouverture de ce sport olympique aux femmes. En 2012, à Londres, la course et le tir au pistolet ont été regroupés en une seule épreuve, le combiné. De plus, les pistolets à plomb ont été remplacés par des visées laser. À Rio, l’escrime a vu apparaître un tour de bonus pour gagner des points supplémentaires. 

Aujourd'hui, chez les femmes, le pentathlon moderne est dominé par la Lituanienne - au nom imprononçable - Laura Asadauskaitė-Zadneprovskienė et l’Allemande Lena Schöneborn. Côté français, la meilleure athlète est Élodie Clouvel, fraîchement médaillée d’argent à Rio. Née en 1989 à Saint-Priest-en-Jarez, non loin de Saint-Étienne, elle est issue d’une famille sportive de haut niveau. Elle commence sa carrière sportive dans la natation, aux côtés de Laure Manaudou et sous le coaching exigeant de Philippe Lucas. Son échec pour la qualification aux Jeux de Pékin (2008) la pousse à se diriger vers le pentathlon moderne, avec le succès que l’on connaît.

La natation, première épreuve du pentathlon moderne, un 200 mètres nage libre, fait naturellement partie des épreuves de prédilection de notre sportive française. La pentathlonienne, au physique de mannequin, a un autre point fort : l’escrime. Dans le pentathlon moderne, chaque tireur rencontre à l’épée les autres compétiteurs en une seule touche gagnante (la mort subite). Pour l’équitation, les participants disposent au préalable de vingt minutes d’entraînement sur un cheval qu’ils ne connaissent pas (une spécificité par rapport aux autres sports équestres) et qui a été tiré au sort avant la course. Il s’agit d’un concours avec 12 obstacles dont un double et un triple. Un parcours sans faute donne 1200 points et chaque faute entraîne un décompte correspondant. Le combiné, enfin, consiste en une course de 3,2 kilomètres, avec des arrêts tous les 800 mètres pour tirer. Cette épreuve demande une maîtrise du corps exceptionnelle pour passer de l’essoufflement due à la course au calme et à la concentration du tir. Le compétiteur doit atteindre cinq cibles à dix mètres d’écart et ne peut repartir que s’il touche toutes les cibles. C'est dans cette épreuve que la Française avoue avoir flanché, mais sans regret tant elle a "performé", y compris en équitation, son point faible. 

Pourquoi le pentathlon moderne n’est-il pas populaire, s’interroge L'Intello de la Bande ? Il y a certes les règles compliquées des points, mais cela n’explique pas tout. Peut-être la raison de ce faible engouement, explique Perrine, réside dans la diversité et la richesse des épreuves. L’exigence demandée pour la pratique de ce sport – natation, tirs, équitation, course – fait que peu de personnes – et surtout peu d’enfants et adolescents – sont appelés à le pratiquer. De plus, d'un point de vue pratique, il faut avoir accès à des structures – de tirs, d’équitation, de natation – pour s’entraîner, ce qui s’avère bien plus compliqué que la pratique d’un sport comme le football qui ne nécessite finalement qu'un simple ballon.

Perrine Andrieux signe avec L’Intello de la Bande un premier pilote convainquant, a fortiori sur un sujet aussi peu parlant que le pentathlon moderne. Cette demie-heure d’émission, passionnante, téléchargeable en podcast, s’écoute avec plaisir. Nul doute que le pentathlon moderne a trouvé en Perrine Andrieux, une de ses meilleurs ambassadrices.

"Cours, nage, chevauche et tire deux fois", L'Intello de la Bande, épisode pilote
Épreuves du Pentathlon moderne (F/H), JO de Rio, 18 et 19 août 2016
https://www.rio2016.com/fr/pentathlon-moderne

http://ffpentathlon.fr

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